Un Pont sur la brume

Kij Johnson, Le Bélial, 2016, 140 p., 4€ epub sans DRM


Prix Nebula, Hugo et prix des lecteurs Asimov's en 2012.
Pour le prix du chien 2017, on repassera.



Présentation de l'éditeur :


Kit Meinem d’Atyar est peut-être le plus doué des architectes de l’Empire. Peut-être… et tant mieux. Car il lui faudra convoquer toutes ses compétences, l’ensemble de son savoir pour mener à bien la plus fabuleuse qui soit, l’œuvre d’une vie: un pont sur le fleuve de brume qui de tout temps a coupé l’Empire en deux. Un ouvrage d’art de quatre cent mètres au-dessus de l’incommensurable, cette brume mortelle, insondable, corrosive et peuplée par les Géants, des créatures indicibles dont on ne sait qu’une chose : leur extrême dangerosité…

Mon ressenti :


Voyage de Stefan Baxter, 800 pages : trois jours de lecture.
Un pont sur la brume, 140 pages : sept jours de lecture.
Bilan sans appel.

Soit un monde qui rappelle vaguement la fin de notre Moyen Age. Le progrès s’invite doucement dans la société. Pour unifier l’empire, des infrastructures sont lancées, dont la construction d’un pont au-dessus d’un fleuve. Un architecte est dépêché sur les lieux pour superviser le chantier qui va mettre en péril le sacerdoce de la batelière chargée de faire passer les gens de l’autre côté du fleuve.

Nous suivons donc par ellipse ce chantier, l'amourette de l’architecte (Avec qui ? Quelle suspense !), et les changements impliqués par l’édification du pont sur les deux bleds jouxtant le fleuve.
Le tout pour illustrer la symbolique du pont et saupoudrée d'une ode au progrès.
Mouaih !

Ah si, j’oubliai, nous sommes dans les genres de l’imaginaire, donc l’auteure a eu la bonne idée de remplacer l’eau du fleuve par une brume mystérieuse hantée d’ombres animales esquissées rapidement et de doubler la lune.
C’est tout.
Et c’est trop peu pour moi.
"Une Heure-Lumière, ce sont des romans courts et de facture élégante : assez brefs pour être lus d'une traite, mais riches en sense of wonder, faisant la part belle à une science-fiction ambitieuse, celle du vertige et de l'émerveillement. "
Voici la présentation de cette collection. Pour le sense of wonder, j'ai du louper la ligne qui en avait. Pour la science fiction ambitieuse, la symbolique du pont est usée jusqu'à la corde. Pour le vertige, il y a bien un personnage à un moment qui le subit. Pour l'émerveillement, j'ai raté le passage.
Je ne dis pas que c'est mauvais, mais la quatrième de couverture laisse présager des monstres merveilleux et la collection de la SFFF dans laquelle est publiée ce texte me laissait augurer d'autres émerveillements.
En achetant ce bouquin, c'était la brume qui m'intéressait : d'où vient-elle, pourquoi, que cache-t'elle ? Sur toutes ces questions, l'auteure n'apporte aucune réponse, préférant s'attarder sur le personnage de l'architecte. Je ne suis pas contre le fait de laisser l’imagination du lecteur travailler, parier sur son intelligence, mais de là à ce que le lecteur construise lui même l'ensemble de l'imaginaire par les deux trois pavés donnés par l'auteure, il y a un pont que je ne franchirais pas.

Le texte a cependant de bonnes recensions critiques, alors si vous voulez d'autres opinions : Albédo Univers imaginaire, Le culte d'Apophis, Lecture42, Les lectures du Maki, Lorhkan et les mauvais genres, 233°C


12 commentaires:

  1. Ce que tu es dur (et drôle !)... mais cette novella est un moment de poésie, divertissante et humaniste.

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  2. LOL, même quand tu n'aimes pas, il est impossible de s'ennuyer!

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    1. Oué...
      (Je recommence, parce que j'avais oublié un truc.)
      Je pense que la brume est la vie. Et cette brume (qui est la vie, donc) est, à mon sens, bel et bien le centre de ce texte.
      C'est, il me semble (mais je peux me tromper !), explicite à plusieurs endroits du texte de Johnson.
      Ça lui apprendra à croire que ses lecteurs pourraient être subtils voire intelligents.
      (Bon, je ne t'ai pas couvert d'insultes cette fois et je m'adresse à toi dans ton enclos. Ça mérite pas un bon-point, c'est sûr. Mais... Une mousse ? Non ?)

      Aldaran

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    2. Je n’avais pas pris la brume comme une métaphore de la vie mais comme un symbole de l’ « obscurantisme », de la peur du progrès face au progrès, au changement. En lien donc avec la symbolique du pont pour relier les époques, les gens. Faire société en gros.
      Le problème pour moi de ce texte n’est pas dans ce que l’auteur a voulu dire – à chaque lecteur de se faire son opinion – mais je n’y ai pas trouvé matière à pâmoison. Après, ce n’est que mon avis, le texte à l’air de combler une majorité de lecteurs.

      Je remarque un effort certain de ta part pour rendre l’échange cordial, ça change de la dernière fois.
      Peut-être une mousse lors d’un concert alors, qui sait ?

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    3. Merci d'avoir noté l'effort, il était conséquent.

      Oui, le texte a reçu un très bon accueil mais j'ai l'impression que beaucoup de monde est passé à côté de la chose.

      Pardon de m'étaler chez toi, je cite ce que je disais sur le sujet dédié au bouquin sur le forum du Bélial' :

      « Par ailleurs, certains ont noté une métaphore du progrès dans le texte de Kil Johnson. J'ai un autre avis : si métaphore il y a (et j'en suis convaincu), c'est celle de la vie.
      Ce qui me permet (même si je me trompe) de répondre à la question de W : la brume, c'est la vie.
      D'ailleurs, Rasali le dit elle-même à la page 68 : « Mais ça aura quand même été merveilleux de traverser la brume. », la discussion qu'elle a eu avec Kit dans les pages précédentes accentuant cette comparaison.
      Et elle en rajoute une couche à la page 102 : « Je vais sur la brume ou je n'y vais pas. Je vis ou je ne vis pas. »
      Encore une fois, il ne s'agit peut-être que d'un délire perso, hein... »

      Le pont, la brume (concrètement parlant), les bacs, Kit, Rasali... si je puis le dire ainsi, on s'en cogne. Mais sans tout ça, pas de roman

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    4. Pas très convaincu par cette histoire de Brume/Vie. Même si...
      L'auteure seule doit savoir ce qu'elle voulait représenter par cette brume. Et on serait parfois étonner, combien de fois j'ai lu des interviews d'auteurs qui avaient une symbolique différente des lecteurs.

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    5. C'est tout l'intérêt !
      Du coup, question posée à l'intéressée. Si elle comprend rien, c'est la faute au traducteur google (chuis une vraie quiche en anglais).
      Si réponse il y a, je te dis...

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    6. La réponse de la dame, donc :
      (à laquelle je ne suis pas sûr d'avoir tout pigé de manière précise, le traducteur google étant plus nul au retour qu'à l'allée...)

      « I'll try to answer your questions.
      All good literature is built around metaphor and the readers' extrapolation from the specific (THIS person doing THIS thing) to the general (this is a way people are). The mist in the mist bridge story is a physical mist, an organic monocellular aerofoam that sustains a small but viable ecosystem -- so it IS life, in the most literal sense. Because I designed it as a real piece of this world, it could operate in the story in all the ways a real-world river would in a story set in this world: it can be central to the story's plot, or it can be the background against which the engineering story is told, and/or it can be a metaphor that advances the other elements of the story: the river symbolizes love, or nature's dominance, or death or something else.

      I intended the story to be an engineering story. I am interested in the first person to build a bridge across the Mississippi River, or the Suez canal, or a cathedral: tasks that take decades or longer, and the labor of hundreds or thousands of people. The mist gave me an interesting challenge for Kit to overcome, and a gorgeous visual I could use again and again in the story. As I wrote and the story got longer and longer, it became possible for the river to symbolize multiple things. I never thought about it symbolizing death, you can certainly make that argument, even though some people cross the barrier repeatedly. It also could symbolize political divisions or city/country differences.

      Does this help at all? Feel free to pass this on to the people you're talking about the story with. »

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    7. Et bien, on dirait que tu avais raison. Je ne l'avais pas du tout pris dans ce sens, mais comme elle dit, le lecteur y symbolise ce qu'il veut.

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