Dépassée, la science-fiction ?

Catherine Dufour, Le Monde Diplomatique, Juillet 2017, 5€


Le Monde diplomatique chronique régulièrement certains romans SF et parfois nous fait le plaisir d'un article, ici écrit par Catherine Dufour, romancière.

Présentation du journal : 

 

Déplier les possibilités incluses dans le présent et rêver l’avenir qui le travaille obscurément sont des tâches majeures de la science-fiction. Longtemps considérée comme un foyer d’élucubrations juvéniles, elle est aujourd’hui saluée pour sa valeur prospective. Mais que va-t-elle pouvoir anticiper, quand la science et la technologie semblent l’avoir rattrapée ?

Mon ressenti :


Catherine Dufour commence par distinguer deux approches de la SF : "la science-fiction romanesque" (Space opera, post apo, ...) et "la science-fiction de proximité" "qui met en scène ce futur proche que nous préparons aujourd’hui ?". C'est de cette dernière où il sera question dans cet article. Sur la distinction faite par l'auteur, au vue des exemples cités, je ne serais pas aussi formel, à mon avis un bon roman divertissant peut aussi faire réfléchir sur notre avenir. Mais bon, on ne vas pas se lancer dans des querelles de clocher, c'est son opinion et c'est elle qui rédige l'article.
Sur la classification des genres de l'imaginaire, je vous renvoie pour ceux que cela intéresse au boulot formidable d'Apophis sur son blog : Comprendre les littératures de l'imaginaire.



L'auteur revient, avec humour, sur les représentations de la SF,
Catherine Dufour
"Malgré cette puissance prophétique, la science-fiction en général n’a pas bonne réputation. Ou du moins ne paraît-elle pas sérieuse. L’expression « Vous nagez en pleine science-fiction », où le terme « science-fiction » est strictement égal à « choucroute », est un lieu commun."
sans oublier de relativiser avec notamment la venue d'auteurs ou d'éditeurs dans des événements organisées par de grandes institutions comme l'Ademe ou le forum de la bioéthique en se questionnant toutefois "Mais cette glissade depuis l’avant-garde ou la marginalité jusqu’à l’establishment ne signe-t-elle pas un amoindrissement de son pouvoir d’anticipation ?"

Pour elle, difficile aujourd'hui de dépasser le réel scientifique, mais cette propension de prospective propre à la SF pourrait trouvé son salut dans les "sciences molles".
Un article intéressant, bien que court, que l'on soit d'accord ou pas, permettant de nous questionner sur ce qu'est la SF et ce qu'elle apporte ou peut apporter à la société.
Son texte est très référencé, permettant aux non initiés de trouver des pistes de lecture. J'y ai moi même trouvé mon bonheur : "une nouvelle de Philip K. Dick Si Benny Cemoli n’existait pas, publiée en 1963, sur fond de New York Times robotisé"

A mettre en relation avec la table ronde autour de l'appel de l'imaginaire en présence de la même Catherine Dufour, ainsi que du directeur des éditions ActuSF et du directeur des éditions du Bélial. Et aussi le dossier de Télérama La science-fiction, miroir du présent : Le présent s'écrit au futur

Disponible en version audio pour les abonnés. (Lu par Arnaud Romain)

Dans ce numéro aussi, un article Nous sommes tous des mutants de Bernard Dujon sur les bienfaits et méfaits de la révolution génétique qui pourrait aussi vous intéresser :
"Faut-il modifier le vivant en changeant l’information que les organismes se transmettent d’une génération à l’autre : leur patrimoine génétique ? On dispose désormais d’outils permettant d’intervenir sur les génomes d’une manière dirigée et précise, ce que la nature fait de manière aléatoire. Plutôt que l’extase ou l’effroi, cette perspective appelle une réflexion rationnelle : pour qui et pour quoi faire ?"

8 commentaires:

  1. Merci pour le lien et le compliment :)

    Toutes ces réflexions sont très intéressantes, merci du partage !

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    1. Il vous en prie.
      C'est assez rare de voir des articles instructifs sur la SF dans la presse, alors un peu de partage...

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  2. Je suis assez d'accord avec elle sur le salut de la SF à travers les sciences molles (que c'est drôle et moche ce terme quand même !). C'est une bonne porte d'entrée pour ensuite s'intéresser, pourquoi pas, aux sciences (bien) dures.

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    1. Le terme science molle est laid, je suis d'accord avec toi. En outre, il peut mettre le lecteur en erreur. On pourrait penser que la soft sf démarquerait des livres dont le côté scientifique est accessible, alors qu'il correspond plus aux sciences humaines et sociales avec parfois un côté trsè hard, je pense notamment à certaines nouvelles de Ted Chiang.

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  3. La distinction avec la sf romanesque - qui est un excellent vecteur de réflexion aussi - démontre déjà une certaine condescendance au sein de ce microcosme d'écrivain de sfff. Comment convaincre de la puissance des sfff ensuite quand tu opposent une catégorie "bonne" et l'autre?

    Bref, cela me chiffonne quand on veut défendre la SF. Pour tout le reste je suis d'accord et intéressée par cet article. Effectivement les sciences "môles" (beurk ce terme) sont une excellente porte d'entrée!

    Je plussoie sur les excellents articles de notre ami Apophis.

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    1. Je ne pense pas que Catherine Dufour porte un jugement sur la qualité de sa distinction, je me suis peut être mal exprimé. Mais cela sous-tend tout de même cette idée de livres mineurs et majeurs. Dans l'émission De la SF plein la valise ! de la méthode scientifique du 29-06-2017, le microcosme était présent est allé dans ce sens. Catherine Dufour disait même qu'il était bine d'alterner entre les deux pour souffler.
      Sur les sciences molles, cf ma réponse à Samuel.

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  4. Je l'ai lu aussi (pour une fois que je suis contente que Le Monde diplomatique soit inclus dans ma revue de presse), je ne suis pas complètement d'accord sur tout mais les idées soulevées sont effectivement intéressantes.

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    1. C'est chiant d'être d'accord, on ne peut plus discuter.
      Son article, au-delà de "pub" faite à la SF, permet d'amorcer la réflexion, c'est tout le monde diplo comme approche.

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