De la SF plein la valise

France culture, La méthode scientifique, 2017, 1h, podcast



Vous lisez plus vite que je ne rédige mes billets et vous pensez manquez de lecture pendant les vacances, La méthode scientifique a pensé à vous.

Présentation de l'émission : 

Suite de la journée spéciale « Pour le livre » sur l’antenne de France Culture et avant dernière émission, avant la très estivale, nous avons donc choisi de réunir autour de la table de La Méthode Scientifique des voix que vous avez pu entendre tout au long de l’année pour parler de littérature et de science-fiction. Des auteurs à découvrir, des romans attendus comme le loup blanc, des classiques indispensables sans oublier quelques détours coupables par le grand et le petit écran. Bref, tout pour vous mettre de la SF plein la valise.
De la SF plein la valise, c’est le programme et la mission qui est celui de La Méthode scientifique pour l’heure qui vient.
Et jamais le studio de l’émission n’avait été aussi peuplé, et je réalise par là-même une sorte de rêve d’enfant, puisque nous avons réunis autour de la table notre Académie des 9 à nous.
Catherine Dufour, romancière, deux fois lauréate du Grand Prix de l’Imaginaire pour « Le Goût de l’Immortalité » chez Mnémos et « L’immaculée Conception » au Bélial. Caroline Tourbe, responsable des pages Santé du magazine Science et Vie. Cécile Lestienne, directrice de la rédaction de Pour la Science. Roland Lehoucq, astrophysicien au CEA de Saclay, et patron de l’indispensable festival Les Utopiales qui se tiendra en novembre prochain comme chaque année à Nantes. Benjamin Bayart, président de la fédération des Fournisseurs d’accès à internet associatifs et co-fondateur de la quadrature du net. Jérôme Vincent, directeur des éditions ActuSF. Olivier Lascar, rédacteur en chef du pôle numérique de Sciences et Avenir. Sébastien Carassou, créateur de la chaîne Youtube Le Sense of Wonder. Sans oublier l’indispensable Simon Riaux, rédacteur en chef du site Ecran Large.



Mon ressenti :

Une très jolie table ronde autour de la SF. Ce que j'ai aimé :
- la pluralité des points de vue
- une émission instructive avec une bonne dose d'humour et de dérision
- ne s'intéresse pas qu'aux nouveautés
- s’intéresse aux différents médias.
Alors, que nous conseillent la bande des neuf, petit tour d'horizon :
Le film Premier contact de Denis Villeneuve, tiré d'une nouvelle de Ted Chiang L'histoire de ta vie nous est conseillé par Roland Lehoucq. Une recommandation de sa part, ne cherchez pas des noises à quelqu'un qui maitrise la gravité, il pourrait vous arriver des problèmes. (Le docteur aussi le sait). Je partage son avis, très beau visuellement, un sujet autour de la linguistique assez rare pour être signalé, des extraterrestres évitant l'anthropomorphisme mais manque un petit quelque chose pour en faire Le film. Pour info, le scienti-fiction du Bifrost n.87 revient sur le film et la nouvelle.


Catherine Dufour nous parle de la novella de Ken Liu, L'Homme qui mit fin à l'histoire, aux éditions du Bélial. Je n'ai pas lu ce texte, remettant toujours au lendemain sa lecture. Pourquoi ? Je n'avais pas été emballé par le recueil de nouvelles La ménagerie de papier.
Jérôme Vincent, des éditions ActuSF cite Rencontre du troisième type, sa bible cinématographique. Un film avec des "extras terrestre qui ne cassent pas tout". 
Sébastien Carassou nous parle de Black Mirror, une série  dystopique qui vous met dans "la position latérale de sécurité la plus profonde". Trois saisons à ce jour. Une série que je ne peux que vous conseiller moi même, des épisodes magnifiques pour la plupart qui nous interroge sur les technologies et la société. Benjamin Bayart est du même avis, signale le contenu politique très réaliste de la série. Pour lui, "une des missions de la SF n'est pas de faire peur aux gens, on a un gouvernement pour ça, mais de donner des éléments d'analyse". A déconseiller aux déprimés et aux âmes sensibles sous peine d'atteindre rapidement le stade du "coma dépassé".

Olivier Lascar a un faible pour Philip K. Dick et nous parle du roman de L'univers de carton, de Christophe Miller, paru au Cherche midi, un abécédaire burlesque grotesque de l'oeuvre dickienne à travers son double Phoebus K. Dank. L'occasion de revenir sur Philip K. Dick. La pluralité des  intervenants jouent ici à plein, passant des amateurs de l'oeuvre à ceux plus nuancé. Les intervenants conseillent en outre Ubik, une porte d'entrée à la Sf indispensable d’après eux. L'émission m'a donné l'envie de le lire. Catherine Dufour nous cite une des phrases de cet américain à l'humour britannique : "J'ai écrit 43 romans, ils sont tous épouvantables sauf un. Mais je ne sais pas lequel".
A noter pour les anglophones, Sébastien Carassou nous indique une série documentaire Prophets of Science Fiction, produit et narré par Ridley Scott.

Kim Stanley Robinson a justement soutenu une thèse sur Dick. Kim, auteur de la trilogie Mars la rouge, la verte et la bleue. Benjamin Bayart qui nous conseille chaudement de lire ses trois romans, mais pas les autres autour de cette série qui sont "chiants". Une colonisation et une terraformation qui tient la route, posant des questions politiques sur comment faire société "agitant des tas d'idées inintéressantes".
Le présentateur Nicolas Martin nous parle d'un roman de son auteur phare, Robert Charles WIlson ( il est très bien ce présentateur !), avec Spin, prix Hugo. "Le grand roman de ces quinze dernières années", "une idée par pages"dixit Jérôme Vincent.
La planète des singes, les adaptations et le roman nous sont conseillés par Cécile Lestienne qui a une légère préférence pour le livre. L'occasion de se poser la question pourquoi on s'y intéresse toujours ? Un livre plus second degré avec la peur de la déchéance, pouvant être lu sous la peur du déclassement, avec une critique du dogmatisme. Catherine Dufour nous conte une anecdote, le manuscrit de Pierre Boulle qui s'intitule La planète des X, ne sachant pas si cela aller être des ragondins ou des singes. De quoi relativiser toutes les analyses simiesques...
Livre et adaptations qui ont des twists différents, histoire de faire durer le plaisir

Alan Moore nous revient côté roman avec un gros pavé : Jerusalem chez les éditions incultes le 30 août 2017. certains intervenants ont eu le plaisir de le découvrir en avant première. Premier constat, 1000 pages écrit tout petit. Un roman monde de cet auteur qui a révolutionné les comics. Deuxième constat : c'est "rugueux". A conseiller à ceux qui aime lire en ayant l'impression d'escalader la face nord de l'Everest.
Je ne connais pas trop cet auteur qui a l'air assez étrange humainement : il a brulé ses papiers d'identité, ne sort plus de sa ville de Northampton et s'est mis à la sorcellerie.



Pour finir, un petit mot sur la Hard Sf avec Greg Egan et sa Cité des permutants.mettant en jeu la création d'un univers informatique s'auto-développant. de quoi s'interroger sur l'identité. Cela "retourne le cerveau". A réserver au plus scientifique d'entre vous, hard Sf oblige. Roland lehoucq nous conseille de nous laisser porter par la poésie des mots de la science, après si on veut comprendre le détail, cela peut être difficile. Suit une anecdote sur une nouvelle autour du foot quantique. Football quantique dont il existe une simulation sur internet si toutes ses lectures et films vous laisse du temps, de quoi marqué un but et en même temps non. Ça se passe sur le site de Greg Egan, java nécessaire.


A signaler, les intervenants ont une préférence marquée pour la SF qui questionne, qui interroge, laissant parfois poindre un léger dédain pour la "SF divertissante".

C'était l'avant dernière émission de la saison, la dernière ayant été dédié Robert Charles Wilson; nous y reviendront.

A écouter ici jusqu'en juillet 2018.

2 commentaires:

  1. Écouté en live, une émission sympathique avec une sacré tablée. Pour le dédain sur la SF divertissante, je ne l'ai pas autant ressenti, mais je comprend leur volonté de défendre et promouvoir une SF qui questionne, interroge, cela donne de la crédibilité à un courant littéraire qui en a besoin. Même si on sait tous que c'est le cas, c'est toujours bien de le dire.

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    1. Sympathique est bien le mot.

      C'est juste parfois que je les trouve un peu condescendants, surtout de la part d'acteurs de la chaine du livre qui font parfois leur beurre avec de la SF divertissante...

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