Les enfants d'Icare

Arthur C. Clarke, Milady, 2013 (parution originale 1953), 336 p., 6€ epub sans DRM


Les étoiles ne sont pas pour l’Homme

Des aliens bienveillants, mais asociaux et taiseux, veulent à tout prix faire notre bonheur. Il est où le loup ?

Présentation de l'éditeur :

Ils sont apparus sans crier gare, leurs immenses vaisseaux flottant au-dessus des plus grandes capitales mondiales.
Les Suzerains, des extraterrestres infiniment plus avancés, et qui affirment être là pour le bien de l’humanité. Et effectivement, même s’ils refusent pour le moment de se montrer, tout ce qu’ils font pour la Terre s’avère bénéfique : désarmement général, éradication des maladies, de la faim et de la misère.
Pourtant... ne faudrait-il pas se méfier de ces mystérieux bienfaiteurs ? Et se demander quelles sont leurs véritables intentions quant à l’avenir de l’espèce humaine ?

Mon ressenti :


Un début qui happe le lecteur : Les américains et les soviétiques se lancent dans une course à l'espace, alors que le décompte débute, des vaisseaux apparaissent dans le firmament terrestre. La futile tentative humaine de défier l'espace stoppe net devant la démonstration de notre petitesse face à la technologie alien.
Les extraterrestres sont bienveillants mais du genre taiseux et asocial : ils ne se montrent pas et quand à dire les raisons de leur présence, si ce n'est un lapidaire nous sommes là pour votre bien... Cependant, ils apportent avec eux une haute technologie qui va modifier radicalement le mode de vie terrestre : la baisse du temps de travail entrainent une hausse spectaculaire des loisirs festifs ou formatifs; la société politique se métamorphose, un gouvernement planétaire voit le jour, les conflits stoppent. Le bonheur à l'état pur. mais tout cela est régi par les fameux suzerains à la main de fer dans un gant de velours. Une utopie dictatoriale ou une dictature bienveillante, à vous de voir. Certains sont dubitatifs sur la bienveillance alien mais l'"ignorance" des extraterrestres quand aux actes violents est redoutablement efficace. Voilà pour la première partie excellente.
Première incursion chez Mr L’Odyssée de l’espace et suite à la lecture de ces premières pages, je me demande comment j'ai pu passer à côté de cette pépite autant d'années.

Mais, mais...
Autant la première partie m'a emballé, la deuxième m'a assoupi et la dernière m'a laissé pour le moins perplexe. L'intrigue s'étale sur une centaine d'années, les protagonistes changent, le rythme s'en ressent et l'auteur choisit de changer radicalement le fil de son récit, le paranormal vient à la rescousse et on se demande où veut nous amener l'auteur.
Puis les choses se gâtent  sérieusement. Arthur C. Clarke a passé une bonne partie du roman à nous tuer Dieu par la science pour nous le remplacer par une spiritualité scientifique et mystique. Ah quoi bon ? C'est vraiment dommage car les idées sont très intéressantes et il y a de très bonnes trouvailles : ah la fameuse apparence des aliens ! La construction du récit est efficace, chaque interrogation du lecteur trouve sa réponse dans le final. Cependant, le plan du récit est un peu trop visible, le lecteur remarque les différentes pièces du puzzle (sans pour autant voir le dessin/dessein final) et leur ajustement manque cruellement de sens.
Après quelques recherches, il s'avère que la première partie était une nouvelle dont l'auteur a quelque années plus tard tiré un roman en y ajoutant les deux autres parties...
Assez frustrant au final car sans cette mystique et avec une construction mieux faite dans les deux dernières parties, nous aurons eu affaire à un chef d'oeuvre. Néanmoins, après la dernière page, les idées restent et la réflexion se poursuit. Et que dire de cette fameuse apparence alien ? Certains éléments de l'histoire m'ont fait penser au film Alien Prometheus.

Le titre original Childhood's End, la fin de l'enfance, correspond mieux, bien que le titre français soit aussi évocateur.
Une série Childhood's End a été tiré du roman.

Petit digression,  j'allais commencer mon avis de cette manière :
Des vaisseaux extraterrestre surviennent dans le ciel de la terre et ne se montre pas. Un récit sur plusieurs décennies. Des protagonistes assez lambda. Non vous n'êtes pas dans un roman de Robert Charles Wilson bien que l'histoire ressemble assez fortement au roman Le vaisseau des voyageurs. On pourrait même croire à une réécriture. Cependant, là où RCW nous emmenait dans un suspense et une course contre le temps, Clarke adopte un ton assez lent au suspense quasi inexistant.
Et bien, après vérification, Bingo, Wilson a bien fait une réécriture de ce classique. A lire ici, attention, spoil inside. Si vous ne connaissez pas ces romans, lisez la première partie de Clarcke, puis passé au roman de Wilson.

 

Quelques citations :

Bien qu’elle fût la plus importante, et de loin, la Ligue de la Liberté n’était pas la seule organisation hostile à Karellen – et, par conséquent, aux humains qui coopéraient avec les Suzerains. Les arguments et la ligne de conduite de ces différents groupes variaient considérablement. Certains adoptaient une attitude religieuse alors que d’autres ne faisaient qu’exprimer un sentiment d’infériorité. Ceux-là ressentaient, non sans raison, à peu près ce que les Indiens cultivés du XIXe siècle avaient sûrement ressenti en face de l’autorité impériale britannique. Les envahisseurs avaient apporté paix et prospérité à la Terre. Mais quelle serait la facture à payer ?

Aucune Utopie ne saurait contenter tout le monde en permanence. À mesure que leur situation matérielle s’améliore, les hommes regardent plus loin et les pouvoirs comme les possessions dont ils disposent et qui auraient jadis dépassé leurs rêves les plus échevelés commencent à leur paraître étriqués. Et même quand le monde extérieur leur a donné tout ce qu’il pouvait leur donner, l’inquiétude des esprits et la nostalgie des cœurs subsistent.

Vous rendez-vous compte que les programmes de radio et de télévision fournissent au total plus de cinq cents heures d’écoute quotidienne ? Si vous n’aviez aucune activité et si vous ne dormiez pas, vous ne pourriez capter que le vingtième des programmes qu’un bouton qu’il suffit de tourner met à votre disposition ! Il n’est pas étonnant que les gens soient devenus des sortes d’éponges passives qui absorbent mais ne créent pas. Saviez-vous que chaque personne passe désormais en moyenne trois heures par jour devant le petit écran ? Bientôt, on cessera purement et simplement de vivre. Suivre les épisodes des divers feuilletons familiaux, voilà qui sera avant longtemps un travail à plein temps !


4 commentaires:

  1. Je l'ai lu il y a bien longtemps et je n'en ai aucun souvenir.... ça ne m'évoque rien même après ta critique. UN livre mineur de Clarke.
    Je garderai en mémoire : Rama et l’Odyssée de l'espace.

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    1. Une bonne idée mal développée.
      Merci pour les conseils de lecture, Rama ne me dit rien du tout.

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  2. Je l'ai lu il y a un moment (2 ans peut-être), j'en garde un souvenir mitigé et j'ai eu à peu près le même ressenti que toi. Pour la série je l'ai trouvé plus que dispensable.

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    1. Mitigé et frustrant du coup.
      Pour la série, elle se regarde mais a aussi un goût "Ils auraient pu faire tellement mieux"
      Mais j'aime le thème du contact...

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