Carbone modifié

 

Richard Morgan, Bragelonne, 2018 (parution originale 2002), 576p., 6€ epub sans DRM


A une époque pas si lointaine, certains se demandaient si les indiens avaient une âme. Au 26ème siècle, la question serait plutôt de savoir où elle se situe. Question cruciale lorsque la technologie permet de transférer son identité à travers différents clones.

 

Présentation de l'éditeur :


Dans un avenir pas si lointain, la mort n’est plus définitive : vous pouvez sauvegarder votre conscience et vos souvenirs et les réimplanter dans un nouveau corps. De fait, pour Takeshi Kovacs, mourir n’est plus qu’un accident de parcours : il a déjà été tué plusieurs fois. C’étaient les risques du métier dans les Corps diplomatiques, les troupes d’élite du Protectorat des Nations unies expédiées à travers la galaxie. Mais cette fois, on le ramène sur Terre pour mener l’enquête : un riche magnat veut élucider sa propre mort. La police a conclu au suicide. Or, pourquoi se suicider quand on sauvegarde son esprit tous les jours, certain de revenir parmi les vivants ? Vous tenez entre vos mains le polar du futur.

Mon ressenti :



Mystère en chambre close, flic accusé (à tort ?) de corruption, histoire d'amour contrariée, pas très SF vue de cette manière. Mais enveloppait le tout de cyberpunk, de transfert d'identité, de clones, de glauque, de sexe et de violence et vous avez un thriller nerveux qui se lit d'une traite. Richard Morgan n'invente pas la poudre, mais utilise parfaitement les éléments de l'univers cyberpunk.
Sa force est de nous dévoiler peu à peu ce monde futur où l'Homme a essaimé à travers la galaxie,  les intelligences artificielles peuvent être propriétaire d'immeubles. Chacun peut s'offrir des clones augmentés ou de vrais corps. C'est surtout ce point que j'ai apprécié. La prison n’existe plus, on "congèle" les corps délinquants et on sauvegarde l'esprit déviant durant une période plus ou moins longue. La société se rembourse de ses frais pénaux en prêtant ses corps-poupées. L'univers est cohérent, crédible.

Tout à chacun peut avoir un implant qui sauvegarde ses souvenirs et peut être réinjecter dans un clone ou nouveau corps. Enfin, tout cela contre argent sonnant et trébuchant. L'auteur brode sur cette idée de manière fort concluante, la société imaginée semble réel.
Si vous avez assez d'argent, la Camarde vous laisse tranquille et vous pouvez glisser sur les siècles, tels ces Maths. Alors pourquoi se suicider si on est immortel ? L'enquête sur ce suicide impossible tient en haleine, l'intrigue est noueuse, pleine de rebondissements.

Cependant, l'auteur complexifie parfois un peu trop la trame, et je me suis senti quelquefois perdu dans tous ses personnages assez binaires. Une caractérisation plus forte aurait pu éviter cet écueil. Et j'aurais aimé une réflexion plus poussée sur le clonage et l'identité. Mais cela entache peu le plaisir de lecture.


Un thriller techno nerveux, l'industrie du film ne s'y est pas trompé, elle en a tiré une série qui sera bientôt visionnée.

Des suites au roman existent : Anges déchus et Furies déchaînées, mais Carbone modifié peut se lire de manière totalement indépendante.

Critique réalisé dans le cadre d'un service de presse.
Je me demandais ce qu'ajoutait au roman la dernière édition à part le travail d'un illustrateur rendu caduque par toutes cette prose. Et bien rien. Pas de préface, postface, d'article sur l'adaptation de la série.



Le roman a reçu le prix Philip K. Dick en 2003


Lecture42 résume parfaitement le propos : Je me suis suicidé et je ne sais pas pourquoi.
Albedo s'est fait un fix-up de sensations et de SF d’envergure,
Tandis que RSF Blog ne s'est pas perdue dans une faille spatio-temporelle malgré les nombreuses innovations technologiques (et les néologismes qui vont de pair)

8 commentaires:

  1. Oui, j'ai bien aimé comme tu l'as souligné. C'est vrai que les personnages sont parfois binaire. J'ai une affection particulière pour l'hotel Poe!
    Nouvelle édition, d'accord. DOmmage qu'il n'y ait pas d'ajout.

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    1. Première lecture où je rencontre une IA hôtel ! Et en plus, cela ne m'a même pas fait tiquer. Fort le Morgan.
      Pour la nouvelle édition, je m'attendais à une petite postface sur l'adaptation, dommage.

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  2. Si Richard Morgan n'invente pas la poudre, comme tu le dis, il sait l'utiliser ; reste que son intrigue fait cependant long feu (pour rester dans la métaphore explosive). Plus ramassé, ce roman aurait été parfait (pour moi).

    Comme le préconisaient Dashiell Hammett & Ernest Hemingway, moins c'est mieux.

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    1. Je suis d'accord avec toi, il y a bien quelques longueurs. Mais pour une fois, le roman se suffit à lui seul, car en ce moment, entre les trilogies ou les séries avec un fil rouge.

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  3. D'accord sur tout ce qui a été dit. Je pensais que tu allais être plus virulent que cela. Finalement, tu as plutôt apprécié malgré les quelques fausses notes que tu soulignes.

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    1. J'avais quelques craintes en m'y attaquant, et je les lu assez vite, donc le plaisir de lecture était présent. Après, j'aurais pu chipoter sur deux trois détails, mais j'aurais été de mauvaise foi.
      Maintenant me voilà rassuré pour m'atteler à Station la chute.

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  4. Il faut que je le lise avant d'attaquer la série télé...

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    1. Pas encore vu la série, mais d'après les critiques sur la série, mieux vaudrait la regarder avant pour finir sur une touche positive...

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