Dernières nouvelles (lues) de Wilson

 

Robert Charles WilsoN, nouvelles de-ci, de-là


J'ai (re)lu et chroniqué l'ensemble des romans et recueils publiés de Robert Charles Wilson, plus rien à lire, le manque est là.. Mais heureusement, les éditions du Bélial (un grand merci) ont eu la bonne idée de mettre une bibliographie dans leur recueil Les perséides. En y regardant de plus près, je remarque que certains textes n'ont pas été traduits, et que d'autres sont parus dans des revues ou anthologie. Ni une, ni deux, j'arrive à dégotter les deux trois miettes restantes et moisissantes collées dans de veux parchemins.
Il s'agit essentiellement des premières nouvelles de l'auteur parues dans différents numéros de la revue Fiction et aussi une nouvelle plus récente publiée dans l'anthologie fêtant les 10 ans  de la collection Folio SF (papier seulement)


Haut de gamme

Fiction, n.376, juillet 1986.


Présentation par la revue : Ce récit, sur un mode ironique et humoristique, traite d’un sujet terriblement sérieux. Pour sa première apparition dans Fiction, Robert Charles Wilson nous propose une nouvelle parfaitement construite, avec un personnage que son obsession rend inoubliable.

"Est-ce si important ?"
Le dindon de la farce.
Un homme dans la force de l'âge ne se reconnait plus dans le miroir et dans le regard des autres. Alors, quelques petites améliorations à droite et à gauche ne peuvent pas faire de mal. Quoique !
En quelques pages, Wilson nous brosse le portrait du dictat des apparences, du consumérisme, du transhumanisme et du capitalisme outrancier dans une veine satirique et humoristique. Sans aucun développements sur cette société future, il arrive à nous la faire imaginer.
Sans être inoubliable, ce texte permet de nous donner une autre vision de l'auteur



Un chevalier de l’Antiquité

Fiction, n.384, mars 1987.

Présentation de la revue : La découverte de Morgan est certainement le rêve secret de tous ceux qui vivent dans une maison isolée au bord de l’océan. Le passé, toutefois, refuge des déçus du présent, n’est véritablement élégant, raffiné et intelligent que de loin.

Un homme récemment divorcé secourt une jeune femme naufragée. Mais elle serait surtout une naufragée du temps !
Wilson questionne souvent les notions de progrès à travers les âges, notamment dans ses romans A travers temps ou encore dans La cité du futur. Ici il nous conte une fable d'un antiquaire ayant une préférence pour le mode de vie du passé, plus chevaleresque à son sens. Le chevalier errant au secours de la dame en détresse va faire les frais de son idéal. Une nouvelle dans une veine fantastique, bien écrite, mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable.




Des ballades à trois temps

Fiction, n.397, mai 1988.

Présentation de la revue : Les droits de l’homme nous paraissent acquis pour toujours. Puissent ces exclus de l’avenir nous conduire à une réflexion salutaire sur les exclus du présent.

Nous ne savons toujours pas si les androïdes rêvent de moutons électriques, mais nous savons désormais qu'ils rêvent d'une extension de la définition des droits de l'homme.
Un texte qui n'est pas sans rappeler la série Westworld, de par son univers rappelant  le Far West, et aussi par l'utilisation des androïdes, les Fictifs. On suit les pas de Lafe et d'Idella, en service dans un "saloon" de passe. Face aux malhonnêtetés du "foutu pourri de fils de pute" de Toby, leur proprio, et afin de pouvoir vivre libre, ils décident de le tuer. Mais comment tuer alors que votre conditionnement programmé vous interdit toute violence envers les Humais Complets ? Comment se rebeller quand la loi est contre vous ?
Une petite fable sans prétentions dont l'originalité vient de la chute.

 

Les Figurants

Fiction, n.405, février 1989.

Présentation de la revue : « Les figurants » raconte l'histoire d'une équipe de cinéma qui arrive dans une bourgade du Dakota du Nord, perdue au milieu d'une lande battue par les vents. Le tournage en extérieurs doit durer un mois. Parmi les figurants engagés surplace, il y a l'Indien, et Candy, celle qui dira : « Être dans un film. Cela peut changer toute une vie non ? »


"Deux paumés, dans une minable ville perdue dans la prairie" américaine voit arriver une équipe venue tourner un film dans leur ville. Les paillettes dans cette vie où tout semble courue d'avance, où certains des habitants se disent être "spéciaux" pour se voiler la face, pour ignorer son insignifiance.
Un texte simple et magique qui questionne notre place dans le vaste monde : et si nous n'étions pas seulement les figurants de la vie ?


On m'appelait : « L'Indien » à cause de mon père. Ce n'était pas un Sioux, comme vous pourriez le penser – le Dakota du Nord est « La Patrie des Sioux » – mais un Kiowa métissé qui arriva du Nord dans les années soixante pour travailler dans les bases de missiles qui poussaient alors un peu partout dans la région. Il mourut quand j'étais très jeune. Quand j'y repense, je trouve qu'il y a une ironie du sort, dans le fait qu'il aie dû chercher une femme chez les blancs du Dakota, cette « tribu » de paysans autant condamnée à disparaître – je le crois parfois –, que les Hurons, les Nanticokes ou les Mohicans.
Comme ma mère était blanche, nous n'étions acceptés nulle part. Même les gens du faubourg de Clapham, d'« au-delà de la voie », nous rejetaient. Pas vraiment des proscrits, mais des gens à qui personne ne voulait avoir à faire. Pour une grande part, c'était du racisme ordinaire, le rejet inconscient d'une différence trop évidente.


Je pense maintenant qu'il affrontait la mort comme il faisait face au vent : conscient de la puissance dressée devant lui, et de son caractère inéluctable et mystérieux, il lui parlait. Il ne pouvait pas plus l'éloigner qu'il n'aurait pu brider une tornade ou adoucir la brutalité d'un orage. Il pouvait cependant la distraire un peu, cette puissance. La faire danser.


Utriusque Cosmi

Anthologie composée par Pascal Godbillon : L’O10ssée. 09/2010 (Folio SF, spécial 10 ans).

Présentation
: "Voici l'histoire de la Flotte, fillette, et de la manière dont j'y ai été ravie. Tout cela concerne le futur... un futur plus vaste que celui auquel tu crois, alors prépare-toi."


Big bang bound, la boucle est bouclée.

Erasme, le micro-onde demande à Carlotta avec la voix de Morgan Freeman de faire un choix : rester ou venir avec lui, le manteau de la terre se disloque. Ou si vous préférez, c'est l'histoire d'une boucle imbriquée métastable intégrée dans l'activité de la Flotte. Ou simplement le récit de Carlotta vieille de milliard d'années racontant une nuit de son adolescence dans une famille marginale.
Non non, Wilson n'a pas fumé la moquette mais a pris le meilleur de Spin, du Vaisseau des voyageurs et de Darwinia pour nous construire cette nouvelle. Si vous vous êtes toujours demandé où Wilson voulait en venir avec ses Hypothétiques, voici le texte qu'il vous faut lire. On pourrait dire que ce texte est la pensée wilsonienne de l'univers, son testament cosmique. Un très bon texte, exigeant, hard SF mais avant tout humain. L'auteur relie le macrocosme et le microcosme, le fameux Utriusque Cosmi. Magnifique.


Quand il sera temps de partir, pars. N'aie pas peur. N'attends pas. Ne te fais pas prendre. Mais pars. Vite.

En replongeant dans l'univers (maintenant que l'univers est un objet fini, empaqueté et enrubanné du bang jusqu'au rebond), Carlotta calcule des lieux encore plus précis sur les coordonnées figées de l'espace-temps, jusqu'à aboutir enfin dans un terrain de mobile homes près d'une ville de l'Arizona appelée Commanche Drop. Désincarnée, simple soupir d'imprécision dans la géographie feynmanienne de certaines particules virtuelles et par conséquent incapable du moindre effet sur le monde matériel, elle traverse sans mal la paroi d'aluminium pour aller flotter au-dessus d'un matelas occupé par une jeune fille au sommeil agite.




Et voilà, j'ai enfin lu tout Wilson publié en français. Reste quelques textes en anglais : un roman à quatre mains faisant parti d'un cycle, et quelques nouvelles. Cela attendra que je me mette à lire en anglais, mais que ne ferait-on pas pour le dieu Wilson.
Si une personne a ces revues anglaises, je ne suis pas contre des scans !

Roman
Magic Time: Ghostlands
Zicree, Marc Scott and Robert Charles Wilson

Nouvelles
« Equinocturne ». In : Analog Science Fiction, février 1975. [Sous le pseudonyme de Bob Chuck Wilson].

« The Blue Gularis ». In : The Magazine of Fantasy and Science Fiction, juillet 1985.

« Boulevard Life ». In : Isaac Asimov’s Science Fiction Magazine, décembre 1985.

« This Peaceable Land: or, The Unbearable Vision of Harriet Beecher Stowe ». In anthologie composée par Jay Lake & Nick Gevers : Other Earths. New York : DAW, 04/2009.

« Fireborn ». In anthologie [audio] composée par Gardner Dozois : Rip-Off!. Newark, NJ : Audible Frontiers, 12/2012.

Extrait de la bibliographie tirée du recueil Les perséides, parue aux éditions Le Bélial

2 commentaires:

  1. Oh! mais c'est vraiment cool que tu aies pu trouver tout cela. Donc, au final, tu as tout lu de Wilson! Du moins en VF.

    un énorme bravo!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mon Grand Chelem à moi. Les nouvelles dans Fiction ne sont pas mémorables, mais je te conseille vivement son Utriusque Cosmi, une petite pépite.

      Supprimer

Fourni par Blogger.