Redshirts - Au mépris du danger




John Scalzi, L'Atalante, 2013, 336 p., 10€ epub sans DRM




Et on rigole, et on s’amuse !

Des morts à foison, une boite mystérieuse, un lieutenant poisseux, une machine à café bien utile, il s'en passe des événements étranges sur l'Intrépide. Au mépris du danger, la nouvelle cargaison de chair fraiche a bien l'intention de changer les choses.

Présentation de l'éditeur :  


Années 2460. Lʼenseigne Andrew Dahl vient dʼêtre affecté à bord de lʼIntrépide, le prestigieux vaisseau amiral de lʼUnion universelle. Génial ! Pas tout à fait. Les jeunes recrues de lʼéquipage ne tardent pas à sʼen apercevoir, les sans-grade comme eux ont une fâcheuse propension à trouver une mort spectaculaire au cours des missions dʼexploration alors que leurs supérieurs – le commandant, le premier officier scientifique et lʼhéroïque lieutenant Kerensky – sʼen tirent toujours à bon compte. Il faut bien lʼadmettre : les « redshirts » sont éminemment périssables. Compris. Sʼils tiennent à survivre en dépit de la couleur de leur tenue, Andrew et ses compagnons sont condamnés à résoudre le mystère et à trouver une parade.


Mon ressenti :


Bienvenu à bord de L'Intrépide, le vaisseau phare de la Flotte de l'Union universelle, celui qui exécute "avec brio" le plus de missions diplomatiques, militaires et de recherche délicates.
Celui aussi où les pertes en personnel sont les plus fortes et les plus étranges : mort par requin de glace, par vers géants de Borgovie, par désintégration, ... Un vaisseau où les membres de l'équipe vont tous chercher du café à l'approche de leur état major, un vaisseau dont les scientifiques utilisent une "boîte magique qui [leur] sert pour tout ce qui est impossible". J'ai beaucoup apprécier le concept de cette boite. Sans parler de Kerensky qui " Au cours des trente-six derniers mois, Kerensky s’est fait tirer dessus à trois reprises, il a attrapé quatre maladies mortelles, il s’est fait ensevelir sous un éboulis, blesser dans un crash de navette, brûler au visage dans l’explosion de son panneau de commandes sur la passerelle, il a subi un accident de décompression, un accès d’instabilité mentale, la morsure de deux animaux venimeux et il s’est vu arracher le contrôle de son organisme par un parasite extraterrestre. Tout cela avant ses récents déboires avec bactéries et robots."
Comme le dit l'auteur, "Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce vaisseau"
L'équipe de chair à canon bien fraiche qui arrive va tenter de comprendre cette épidémie de bleusaille. Et découvrir une réalité peu reluisante.

Pour tous ceux à cheval sur la véracité scientifique, changez de trottoir, de rue et de ville et passez votre chemin. Scalzi s'en moque et va jusque dans la caricature. Pour preuve cet extrait "Le prix d’un hyper [appel téléphonique] de cinq minutes représentait une semaine de solde. Dahl ne s’en étonna pas : il fallait une quantité considérable d’énergie pour ouvrir un tunnel dans l’espace-temps et connecter en temps réel deux terminaux séparés de plusieurs années-lumière. Or l’énergie n’était pas donnée." Mais toutes ces invraisemblances sont au service du récit.

Un humour léger, parfois moins, mais qui m'a fait rire ou sourire
— Pour ça, je te devrai une pipe, dit Duvall.
— Hein ? s’écria Dahl.
— Hein ? répéta Hester.
— Pardon, dit Duvall. Dans les forces terrestres, quand quelqu’un te rend service, tu lui dois une faveur sexuelle. Pour un petit service, c’est une branlette. Moyen service : une pipe. Grand service : la totale. J’ai dit ça par habitude. Ce n’est qu’une expression.
— Compris, fit Dahl.
— Pas de fellation en vue, précisa Duvall. Que ce soit bien clair !
— C’est l’intention qui compte, la rassura Dahl avant de se tourner vers Hester. Et toi ? Tu veux me devoir une gâterie, toi aussi ?
— Laisse-moi y réfléchir.
— Moi aussi, je me ferais bien sucer ! s’exclama Kerensky en arrivant enfin d’un pas incertain.
— Bon, d’accord, dit Hester. Je t’en devrai une.

Arrivé à mi parcours, Scalzi nous délivre le secret de ce vaisseau. A temps, car les péripéties de nos comparses, aussi cocasses fussent-elles, auraient pu commencer à faire tourner en rond le lecteur. Le livre prend une route que je n'avais pas vu venir, lui donnant une réflexion que tout à chacun s'est posé une fois au moins dans sa vie.
Le roman se termine par trois Codas permettant d'explorer l'effet "miroir" (difficile d'en dire plus sans dévoiler l'intrigue). Bien que permettant d'aborder finement la psychologie des personnages, j'ai eu du mal à me départir d'un  : "mais pourquoi ne pas l'avoir intégré à la trame principale ?" A partir de là, je me demandais si l'auteur a voulu par ce subterfuge masquer une construction bancale de son récit. Mais même à cette critique, le roman donne une réponse : cela reste l'un des mystères de la création !

De tous les Scalzi lus, c'est aussi dans une veine humoristique et ironique, mais je n'ai pas retrouvé le sérieux qui suintez en filigrane de ses autres écrits. Malgré sa brièveté, j'ai parfois trouvé le temps long.
A lire comme un divertissement assumé et assuré, un roman qui fera sourire les fans des séries Star Strek ou SG-1 ou autres séries SF, pour peu qu'ils aiment le second, troisième et zéro degré.

Ce roman a reçu les prix Hugo et Locus en 2013
(Il ne devait pas avoir beaucoup de concurrents cette année !)

Baroona a trouvé le tout très fun, et Alias a eu l’impression que ça tirait sur la corde




12 commentaires:

  1. J'avoue que c'est de loin le Scalzi que j'aime le moins, j'ai moins accroché à l'humour et dans celui ci comme tu le souligne il n'y a pas vraiment de fond autre :/

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    1. Une petite parodie assez légère sans prétention que le fait de massacrer du redshirts

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  2. J'avais noté de le lire un jour celui-là. J'y pense chaque été mais j'ai toujours d'autres space opera à lire avant ^^

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    1. Il n'est pas indispensable, et il faut plus le prendre comme une parodie que comme du space opera, sinon tu risques d'être déçue.

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  3. Celui-ci ne me tente pas du tout... ;-)

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    1. A le lire après sa controverse, cela risque de mal passer.
      Mais après des nanards SF, il a de quoi faire réfléchir.

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  4. Ah! tu confirmes mes craintes sur cet opus. 3 raisons attisaient mon intérêt :
    Scalzi
    Pris hugo et locus
    le pitch

    Merci de prévenri une belle déconvenue pour ma pomme.
    Même l'humour, ne me faitas tant rire ou sourire.

    Je Passe! Effectivement, il ne devait pas y avoir de nombreux concurents...

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    1. Pas sûr que cela te corresponde en effet. Par contre La controverse devrait plus te plaire.

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    2. cela se voit que j'étais sur mon smartphone (pas si smart, il ne corrige pas les fautes de frappes).
      Zara XIII est nettement plus dans mes goûts

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    3. Rien ne remplace un PC avec un vrai clavier.
      Content que Zara te plaise

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  5. Oh que oui, c'est fun à lire, et qu'est ce que ça fait du bien de temps en temps un livre comme ça ! Même si cette citation ne lui rend pas trop hommage. =P
    Je ne sais pas non plus comment il a pu avoir tant de prix, ça paraît un peu exagéré. ^^

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    1. J'ai mis cette citation pour ton ressenti, ce qui est le plus important.

      Pour le prix hugo, voici les concurrents
      Captain Vorpatril’s Alliance, Lois McMaster Bujold (Baen)
      2312, Kim Stanley Robinson (Orbit)
      Throne of the Crescent Moon, Saladin Ahmed (DAW)
      Blackout, Mira Grant (Orbit)

      Locus :
      The Hydrogen Sonata, Iain M. Banks (Orbit US; Orbit UK)
      Captain Vorpatril’s Alliance, Lois McMaster Bujold (Baen)
      Caliban’s War, James S.A. Corey (Orbit US; Orbit UK)
      2312, Kim Stanley Robinson (Orbit US; Orbit UK)

      Je n'en ai lu aucun, difficile de se faire un avis. Je sais seulement que 2312 fait l'unanimité contre lui avec sa sortie française

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