Galaxies SF n.57 : Zombies



Galaxies SF, janvier 2019, 226 p. (numérique), 5€ epub sans DRM



Non seulement les Ch'tis sont pédophiles, chômeurs et consanguins, mais en plus ils lisent de la SF. Et en font même une revue. Alors les Ch'tis, bons pour l'euthanasie ou juste des représentations nauséabondes ?

Nouvelles



Diplopie, de Philippe Curval
Un ado souffre du syndrome de diplopie, le fait de voir deux images qui se superposent. Mais est ce vraiment cette maladie ?
Servie par la plume de Curval, nous sommes dans une veine satirique, un pastiche des romans SF de papy. C'est rigolo à défaut d'être mémorable.

Lupihaques, de Léa Fizzala
Nous sommes à la lisière du monde réel et virtuel. Pour des raisons obscures, le serveur d'une des réalités virtuelles va être formaté, ce qui n’est pas au goût d'une personne. Très bien écrit, ce texte devrait être la prémisse d'un futur roman. Réinventer le réel serait la thématique. Mouaih.

Dans la nécropole troyenne, de Jean-Louis Trudel
Deux archéologues sont en concurrence pour découvrir la tombe d'un homme. Une nécropole d'un nouveau genre qui m'a fait penser à la pollution de l'espace. Bien aimé le fait que les protagonistes ne s'appelle pas Pierre, Paul, Pierrette ou Paulette, ce n'est pas grand chose, mais si. Un space opera légèrement hard SF très plaisant.

Rex (Tremendae majestatis), de Pierre Stolze
Je connais l'auteur à travers sa feu rubrique dans Bifrost "À la chandelle de Maître Doc Stolze"
Assez rare la musique classique en SF, surtout lorsque le mélomane est sidérurgiste. Bien que le lien avec les littératures SFFF soit assez tenue, permet de passer un agréable moment de lecture.

Guerre contre la Lune, de André Maurois de l’Académie française
Une nouvelle énergie est disponible, et va mettre la Terre à feu et à sang. D'un autre côté, le peuple, suite à une presse uniforme et sans saveurs, s’ennuie. Et l'ennuie n'est jamais bon. Comment lutter contre la guerre qui se profile ?
Un texte patrimonial de 1928 d'un membre de l'Académie française, excusez du peu. Et il nous livre une anticipation qui n'a pas pris beaucoup de rides, j'ai beaucoup aimé.

Dès 1930, les théoriciens de la politique avaient commencé à comprendre que toute démocratie, étant un gouvernement d'opinion publique, est en réalité aux mains de ceux qui font l'opinion publique, c'est-à-dire des propriétaires de journaux. Dans tous les pays, de grands industriels, de grands financiers s'étaient efforcés d'acquérir les journaux importants et y avaient peu à peu réussi.
Très adroitement, ils avaient respecté les formes extérieures de la démocratie ; les peuples continuaient à élire des députés, ceux-ci à faire des ministres et des présidents, mais présidents, ministres et députés ne pouvaient durer qu'en acceptant les directives des maitres de l'opinion publique. Ils le savaient et se montraient soumis.

Vous connaissez nos lecteurs ; vous savez combien il est facile de les diriger... Ne les avons-nous pas vus guéris par des remèdes qui n'avaient d'antre mérite que d'être bien lancés ? Ne les avons-nous pas connus fous de livres dont ils ne comprenaient pas un mot, d'une peinture qui les ahurissait, simplement parce qu’une adroite campagne d'éditeurs ou de marchands de tableaux les avaient préparés à tout accepter ?

Dans tous les cas, dans tous les pays, on observe les mêmes phénomènes… La haine de l'ennemi est créée, puis maintenue par des récits de crimes, d'attentats, à peu près semblables dans les deux camps. L’esprit critique disparaît entièrement, le bon sens devient un vice, la crédulité un devoir. L'invention la plus invraisemblable est aussitôt acceptée par une opinion publique affolée... A un peuple irrité, on peut tout faire croire de l'ennemi...


Exodust, de Carol Bedouet
Une expédition scientifique est envoyée sur une planète d'Alpha du Centaure.
Beaucoup trop de maladresses pour être efficace et un texte trop explicatif pour le lecteur avertit de SF, qui a déjà lu ce genre d'histoires. Pourra plaire à celles et ceux qui font leurs premiers pas dans le genre, la chute faisant le sel du récit.

La Malédiction de Vaucanson et autres Contes, de Patrice Lussian
Trois petits contes fantastiques assez introspectif. Pas assez frappant pour rester en mémoire.


Copyright Galaxies SF

Dossier Zombies

On commence par une courte approche historique et une analyse psychanalytique de la figure du zombie. Pour moi qui ne me suis pas trop attardé sur la question zombiesque, c'est instructif, mais il m'a manqué une analyse bien plus poussée avec d'autres dimensions, notamment sociale, pour être pleinement satisfait. J'avais l'impression d'être plus devant un ressenti qu'une réelle analyse. même si une courte bibliographie conclue l'ensemble, des notes de bas de page aurait été bienvenue pour connaitre d'où viennent certaines affirmations de l'article.
En outre, l'article nous apprend les origines haïtiennes du zombie, pour 20 pages plus loin nous dire que le zombie haïtien n'a rien à voir avec le zombie moderne !!!

il faut vraiment considérer le zombie haïtien et le zombie moderne comme deux personnages qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre, hormis le fait qu’ils partagent le même nom.

On poursuit avec un entretien avec un zombie, où Ïan Larue se prend pour un zombie qui a de l'humour, les questions au ton doctorale et les réponses humoristiques font que c'est un peu bancal. Mais Ïan Larue par son franc parler éructe quelques sentences bien senties :

La société, en vrai, a horreur des « femmes » et des hybrides. Elle persécute les « étranger·es » et les « migrant·es », elle hurle à la mort quand on manipule des cellules, elle refuse les personnes transgenres, non binaires ou intersexes. Mais quand il s’agit de fiction, au contraire, ça l’enchante !
Mi-humaine mi-vampire, la fille de Bella ! Mi-humain mi-animal, le patron du Merlott ! La fantasy regorge d’hybrides et de « femmes » – peut-être parce que « le lecteur » est avant tout une lectrice, soyons mercantiles !

Un autre article est un petit guide du zombie dans la littérature, au cinéma, à la télé et dans les consoles. Ludivine Picot, qui a rédigé le dossier, est peut être très sympathique dans la vie, elle donne dans le ton léger, mais il ne faut pas confondre légèreté et foutage de gueule : Romero est balancé en quelques lignes, un jeu comme Resident evil n'est même pas cité, et plein de romans singuliers autour du mort vivant n'ont pas le droit de cité... Elle cite tout de même la série In the flesh.qui renouvelle le genre.
Moi qui déjeune rarement avec des zombies, j'ai l'impression que ma culture en la matière me permettrait de citer beaucoup plus de références. Pour sa défense, elle dit dans son article 

J’ai essayé de t’énumérer quelques exemples qui me semblent pertinents vis-à-vis du sujet traité, mais ce n’est qu’une toute petite partie des œuvres consacrées au zombie et, surtout, ce n’est que mon avis. 

Mais nous sommes dans un dossier. Ne pouvoir mettre tout le monde d'accord, pas de problème, mais je pense qu'il y a des figures incontournables. Quels sont les oeuvres majeures qui ont modifié, apporté du sang neuf à la figure du zombie, détourner les codes... Devant un tel dossier, j'attends de pouvoir lire, visionner, jouer avec les références majeures de la thématique.
Je pensais que Ludivine était une incollable sur le sujet,  vu qu'elle en a eu la charge, ce guide me fait douter, l'article suivant confirme :

Avant de travailler sur la figure du Zombie, j’étais une jeune padawan qui ne savait rien. You know nothing Jon Snow… enfin, Ludivine. J’ai commencé à lire des livres et des essais généralistes

Le dossier se clôt par quelques conseils assez léger sur les zombies, glanés par ses lectures sur cette thématique clairement dispensable, même si deux trois passages relèvent le niveau.

Plus sérieusement, la confrérie zombie possède une qualité que nous avons beaucoup de mal à intégrer en tant que genre humain : la tolérance. Les zombies ne font aucune distinction, vous ne trouverez jamais chez eux la moindre trace de discrimination. Et c’est une chose dont nous, les êtres humains, ne pouvons pas nous vanter. Vous ne subirez jamais plus le racisme, l’homophobie, la misogynie, rien de tout cela. Les zombies sont purement égalitaires


Zombi de lait, de Mémoire-du-Temps
Original dans son approche du mort vivant, un peu moins dans son traitement. Je n'aime pas trop les bons sentiments et ici ils ont la part belle. En outre certains éléments de l'intrigue m'ont paru pour le moins pas très logique, me faisant sortir de l'histoire. Mais pourra contenter les lecteurs bienveillants si ils aiment les relations bébés-adultes.


Zombies en Beaujolais, de Bruno Pochesci
Un salon de l'imaginaire avec ces auteurs et éditeurs entre caresse et rancœur. Puis l’imaginable arrive.
Je me suis éclaté à lire ce récit à l'humour ravageur. En plein dans l'actualité du moment que ce soit avec les gilets jaunes ou la place de la femme, ça grince et cela fait énormément de bien. Un auteur que je suivrais les sorties.

Puis il rature le tout, se demandant une fois de plus comment il a pu tomber si bas. Qu’est-ce qu’il lui a pris, bordel de Sauron, de se mettre à écrire de la fantasy ? Une trilogie, en plus, pour être original ! La science-fiction et le fantastique ne lui rapportaient certes pas un kopeck, mais au moins jubilait-il en écrivant.

John Gunash et Valerio Zuccadura se croisent en faisant mine de ne pas se connaître, le regard de l’un tourné vers un étalage à l’opposé du champ visuel de l’autre. Raccords sans le savoir sur le fait qu’il y a bien mieux à faire dans la vie qu’attendre d’une rivière qu’elle charrie sous vos yeux le cadavre d’un ennemi présumé, ou de simples connards. Intuition d’autant plus pertinente que, d’une part, même un fleuve de la taille de l’Amazone, du Nil et du Mississippi réunis, ne saurait contenir l’ensemble des ceusses reconductibles à cette dernière catégorie ; et de l’autre, qu’il y a de fortes chances pour que nombre de nos semblables nous classent d’office dans ce vaste club de nuisibles, brise-miches et autres peine-à-laisser-jouir.

 

Articles

Midnight Nation : la Marche des invisibles, de Franck (Zaïtchick) Jammes
Midnight Nation est une série de comics écrite par Joe Michael Straczynski et dessinée par Gary Frank, cet article revient en long et en large sur cet oeuvre où les invisibles deviennent visible. N'étant pas très fan de comics, j'ai survolé son analyse, mais cela m'avait l'air de bon niveau.

Le cinéma apocalyptique, représentation de la catastrophe, par Marine Gruchet
C'est quoi l’apocalypse au cinéma ? Et bien des nanars mais pas que. Petit tour d'horizon avec quelques films apocalyptique et post apo les plus représentatifs du genre. Un très bel article

Musique de films SF
Alors que les aliens détruisent l'humanité, la musique classique vient adoucir le tout. Des débuts de la musique dans les films SF à aujourd'hui, les oeuvres majeurs du genre sont analysés par Jean-Guillaume Lanuque. Encore du très bon niveau.

Ces deux derniers articles n'ont rien à voir avec la qualité du dossier et je m'étonne qu'ils n'aient pas été mis à l'intérieur de ce dernier, en révisant un peu leur propos.

6 Mois de cinéma SF et F
Jean-Pierre Andrevon est un écrivain assez prolixe bien connu de nos genres, on pourrait penser de prime abord qu'il ne s'éloigne pas trop de son clavier. Et bien détrompez vous, il fréquente assidument les salles obscures, je crois qu'il a vu tous les films SFFF de ces derniers mois, de quoi me donner l'envie d'en visionner moi aussi : Dans la brume, Pacific rim uprising, Jurassic world : fallen kingdom, Sans un bruit, Kin : le commencement, Ant-man et la guêpe, Détective dee : la légende des rois célestes, L’ile aux chiens, The cloverfield paradox


Conclusion :


Le site de la revue fait peur, la mise en page de l'édition pdf frôle l'amateurisme (et je me demande avec quelques appréhensions si la mise en page est identique pour la version papier), mais pour la version epub que j'ai en main, elle fait très bien le boulot. Si je compare aux dernières livraisons de la revue Bifrost, cette dernière devrait en prendre de la graine.

Le dossier Zombie n'est ni fait, ni à faire, mais les articles hors dossier sont très instructifs et j'ai savouré quelques nouvelles. Le numéro suivant est consacré à Julia Verlanger, Dame-Homme de la SF que j'ai découvert récemment. Et il y a quelques jolis noms à l'affiche : Ken Liu, Xavier Dollo, Serge Brussolo et Thomas Geha entre autres.

Pour vous faire une petite idée de la revue, un supplément gratuit existe au format numérique
Ce supplément concerne l'édition papier qui comprend 192 pages. Si vous achetez la version électronique, les pages supplémentaires y sont déjà insérées


Anecdote 1 : si vous êtes comme moi lecture numérique, vous savez comment on commande. 24h sur 24, on met le livre dans son panier, on dégaine sa CB et quelques secondes plus tard, le livre est téléchargeable. Mais ici, après avoir eu la confirmation que mon règlement était accepté, rien. Pas de lien pour télécharger la revue, pas d'email. Il est tard, on attend le lendemain, et on reçoit un email avec la revue électronique. Résultat, pas de robot derrière cette revue, mais de vrais humains. Pas très grave au demeurant, mais un petit mail après le paiement pour expliquer cette réalité ne serait pas du luxe et éviterait quelques frayeurs après avoir renseigné son numéro de CB

Anecdote 2 : J'ai acheté les numéros 57 et 58 en même temps, mais le lendemain, le mail m'indique que la version électronique du 58 n'est pas encore prête et que je la recevrai d'ici quelques jours (ce qui a été le cas). Moi, quand j'achète un epub, c'est souvent pour le lire de suite. En outre, je trouve qu'il aurait été judicieux et honnête de mettre sur le site en Précommande plutôt qu'En commande. 

Anecdote 3 : Je râle, je râle, mais j'ai tout de même envoyé un email à la revue pour leur dire ce que j'en pensais, avec humour, car il n'y a pas eu mort d'hommes. J'ai adoré la réponse du rédacteur en chef : "Merci pour votre message"




12 commentaires:

  1. La présence d'un auteur de l'Académie français pour une revue consacrée aux zombies, on peut dire que c'est thématique ?

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    1. Mais où est le respect mon cher Baroona. Mais j'aurais aimé trouvé cette petite phrase !
      Une des meilleures nouvelles de ce numéro, avec celle de Pochesci

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  2. Tant de livres à lire que j'ai abandonné les revues.
    Mais un spécial Verlanger me titille la CB!

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    1. D'ici une semaine environ, tu devrais savoir si tu dois dégainer ta CB

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  3. Je ne comprends pas bien l'intro sur les Ch'tis. C'est assez violent.

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    1. Je suis de nature très provocatrice, il faut prendre mes propos au second degré.
      Pour info, lors d'un match de football PSG-Lens le 31 mars 2008, des supporters parisiens avaient déployés une grande banderole dans les tribunes "Pédophiles, chômeurs, consanguins : Bienvenue chez les Ch'tis" qui avaient fait beaucoup de bruit à l'époque.
      Et l'important dans mon accroche reste "représentations nauséabondes"

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  4. J'adore tes péripéties!
    Et le Velanger sera dans mon panier.

    Ah! ton intro fait fureur. Tout le monde ne te connait pas. LOL

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    1. Lu le dossier Verlanger, critique à venir, mais c'est du bon.

      Pour mon intro, cela fait toujours bizarre la première fois...

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  5. Je crée le LCCFC (Le Chien Critique Fan Club) demain matin à la première heure !

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    1. En tenant compte du week end prolongé, j'imagine que le fan club n'est pas encore lancé

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  6. Mouais, j'étais emballé mais au final non. Les nouvelles ne me disent finalement pas grand chose et faire un dossier zombie sans parler d'un monument (jeux + films et autres dérivés) tel que Resident Evil (après on aime ou on aime pas, là n'est pas la question), je trouve ça improbable. Et 4, 5 lignes sur Romero, l'une des figures de proue du genre zombiesque au cinéma, c'est middle.
    Bref, merci pour ce retour ami canin.

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    1. Le dossier Zombie n'en ai clairement pas un, ce qui aime ce sous genre en connaissent plus. Je déconseille fortement d'acheter ce numéro pour le dossier. Pour le reste, certains articles sont intéressants, comme certaines nouvelles.

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