Sue Burke, Albin Michel Imaginaire, 2019, 448 p., 13€ epub sans DRM
Les hippies auraient eu le voyage spatial à disposition, croyez vous
qu'ils seraient allés s'enterrer à Katmandou ?
Non ils seraient allés fonder Pax.
Voici leur histoire :
Non ils seraient allés fonder Pax.
Voici leur histoire :
Présentation de l'éditeur :
Ils sont cinquante - des femmes, des hommes de tous horizons. Ils ont définitivement quitté la Terre pour, au terme d'un voyage interstellaire de cent soixante ans, s'établir sur une planète lointaine qu'ils ont baptisée Pax. Ils ont laissé derrière eux les guerres, la pollution, l'argent, pour se rapprocher de « la nature ». Tout recommencer. Construire une Utopie.
Mais très vite, des drames menacent leur idéal. Du matériel irremplaçable est détruit. Des morts surviennent et s'accumulent.
La nature est par essence dangereuse ; celle de Pax, mystérieuse, ne fait pas exception à la règle. Pour survivre, les colons vont devoir affronter ce qu'ils ne comprennent pas et comprendre ce qu'ils affrontent.
Mais très vite, des drames menacent leur idéal. Du matériel irremplaçable est détruit. Des morts surviennent et s'accumulent.
La nature est par essence dangereuse ; celle de Pax, mystérieuse, ne fait pas exception à la règle. Pour survivre, les colons vont devoir affronter ce qu'ils ne comprennent pas et comprendre ce qu'ils affrontent.
Mon ressenti :
50
gugusses pleins aux as en ont marre des horreurs commises sur Terre et
veulent fonder une nouvelle communauté en osmose avec une nouvelle planète. Ni une ni deux, ils remplissent le coffre de leur vaisseau spatial et vive la vie en communauté. De la
bienveillance plein les poches, cette chienne de vie va leur montrer qu'entre
idéal et réalité, les choses ne sont pas si simples.
Et cela, dès leur réveil devant une planète qui ne correspond pas à leur destination choisie. Sans compter que le déchargement du vaisseau ne se passe pas comme prévu !
L'histoire se déroule ici - Source : site de l'autrice sur le roman |
Raconté sur plusieurs générations, chaque chapitre est narré par un
protagoniste différent, le ton et le style s'accordant avec la psychologie du
personnage. C'est bien fait, voir trop, j'ai failli reposer le livre au
chapitre 2 en compagnie de cette ado chiante qui découvre que les
adultes sont de fieffés menteurs. Même gageure un peu plus loin. Immersion un poil trop réussie donc.
J'ai eu aussi quelque mal avec une autre race que nos colons croiseront durant leur périples, et dont le langage m'aura énervé au possible. (un langage "petit nègre" si vous voyez de quoi je veux parler).
J'ai eu aussi quelque mal avec une autre race que nos colons croiseront durant leur périples, et dont le langage m'aura énervé au possible. (un langage "petit nègre" si vous voyez de quoi je veux parler).
Parler aux plantes
L'histoire
nous conte le rapport entre ces terriens immigrés, les Pacifistes, et une faune et une flore différente, radicalement étrangère. Comment s'y adapter ? Comprendre l'autre surtout
si ce n'est qu'un bambou, même pas un roseau pensant ?
Rare sont les romans à nous parler d'aliens végétaux, Semiosis est de ceux là. L'autrice arrive à nous immerger dans les pensées du Bambou conscient, Bambouffon pour les intimes, et nous parle de sa biologie, de son développement et de sa communication. Elle nous parle du lien nécessaire entre les différentes formes de vie, pour que chacun puissent se développer à sa pleine mesure. Tout cela sans trop de lourdeur et de manière accessible le plus souvent.
Rare sont les romans à nous parler d'aliens végétaux, Semiosis est de ceux là. L'autrice arrive à nous immerger dans les pensées du Bambou conscient, Bambouffon pour les intimes, et nous parle de sa biologie, de son développement et de sa communication. Elle nous parle du lien nécessaire entre les différentes formes de vie, pour que chacun puissent se développer à sa pleine mesure. Tout cela sans trop de lourdeur et de manière accessible le plus souvent.
Cependant, Bambouffon n'est pas la gentille plante verte, elle est l'espèce la plus intelligente de son ecosystème, et cela l'a rend un poil arrogante, voir manipulatrice. La question de savoir si Bambouffon veux vraiment le bien de nos colons traversera le roman, même si vers la fin du roman, ce doute s'estompe un peu trop.
"Reconnais que c’est une sacrée couleuvre à avaler"
On
pourra reprocher une faune et une flore, une biosphère un peu trop
ressemblante à ce que l'on trouve sur terre, mais cela rend
l'acclimatation plus simple et rapide. Idem, on peut respirer sans problème, mais une robinsonnade en combinaison spatiale n'est pas des plus simples.
De même, le fait qu'une trentaine de personnes puisse recréer une population fiable sans bâtardise, cela peut surprendre. Mais contrairement à nombre de space-opera, il n'est pas question ici de se servir de la main d'oeuvre en hibernation pour sortir les corps de métiers nécessaires en fonction des situations.
Le récit multigénérationnel permet d'explorer les premières générations humaines sur Pax. Mais le découpage a
aussi ses défauts : lorsque au chapitre 3 une esquisse de dialogue
débute et qu'au chapitre suivant, plein de zones d'ombres sur cet
apprentissage ne sont pas développés, cela est
très frustrant. Nous sommes ici dans de la SF pour tout public, sans
aucunes connotations péjoratives, l'amateur en voudra plus, celui qui
s'initie au genre appréciera. Quoiqu'il en soit, j'ai trouvé le récit bien menée, et j'ai terminé le roman en 2-3 jours.
"Ils aspiraient à la joie, l’amour, la beauté et la communauté"
La dystopie est sur Terre, le monde bienveillant sur Pax, Sue Burke émaille cependant son récit de doutes sur les actions des uns et des autres. Alors qu'ils venaient en paix, le quotidien va leur démontrer que même dans un groupe bienveillant, la malveillance peut prendre forme. Heureusement, car lorsque je lis des phrases comme celle du dessus, mon envie de vomir refait surface (quels doux souvenirs que ma lecture du roman Les étoiles sont légion). Fascime, racisme, assimilation, meurtre, égaieront les journées de nos explorateurs.
Un roman utopique qui plaira à celles et ceux qui en ont marre du pessimisme en SF, mais qui reste mesuré.
Un roman utopique qui plaira à celles et ceux qui en ont marre du pessimisme en SF, mais qui reste mesuré.
Points de vue multiples et temporels, Sue Burke utilise aussi une autre méthode pour ne pas ennuyer le lecteur : chaque chapitre a son genre : on passe du roman d'aventure à
l'enquête policière, du roman Young Adult à l'amateur confirmé, en faisant un détour par l'ethnologie ou l'étude de moeurs...
Cela donne un côté fix-up à ce livre, des nouvelles reliées par un fil conducteur : Pax et son bambou pensant.
Cela donne un côté fix-up à ce livre, des nouvelles reliées par un fil conducteur : Pax et son bambou pensant.
Bien que le roman puisse se lire de manière indépendante, une suite existe, Interference, qui paraitra en octobre 2019 aux Etats-Unis. Et moi, malgré les bémols ici ou là (ne pas oublier qu'il s'agit du premier roman de l'autrice), j'ai bien envie de la lire. Alors, s'il te plait, sors ton porte monnaie :
J’attends de voir les premiers mois d’exploitation de Semiosis pour prendre une décision sur Interference.
L'état actuel du marché me contraint à une extrême prudence, en ce qui concerne les nouveaux auteurs.
Gilles Dumay, boss AMI sur le forum du Bélial
La blogosphère est partagée, cela va du "Oh, oui ! Encore !" au "Oui, mais", sans oublier le Beurk.
Oh, oui ! Encore !
Au pays des cave trolls - Chut maman lit - Les critiques de Yuyine - Les pipelettes en parlent - Uranie - Un papillon dans la lune -
Oui, mais - Bof, mais
Le bibliocosme - Le culte d'Apophis - L'épaule d'Orion - Les lectures du Maki - Quoi de neuf sur ma pile ? - Reflets de mes lectures -
Beurk, les bambous
Touchez mon blog -
Et pour savoir si tout cela n'est que fadaises, écoute La méthode scientifique du 22 janvier 2018
Monde végétal : une intelligence en germe
https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-lundi-22-janvier-2018
Quels sont les comportements d’adaptation et d'interaction du monde végétal ? Comment ces découvertes changent notre conception des plantes ? Est-ce qu’on peut identifier une forme d’intelligence chez les plantes ? Quelles sont les caractéristiques de cette forme d’intelligence ?
Nous parlions vendredi dernier d’émotion animale. Puisqu’il est désormais acquis que les animaux sont doués d’intelligence, à divers degrés et même d’émotions, n’est-il pas tout aussi légitime de s’intéresser au monde végétal. Certes, les plantes n’ont pas de système nerveux, il n’en reste pas moins que l’étude de la cognition végétale nous montre que les arbres communiquent entre eux, que la forêt est un ensemble vivant capable d’entraide, de mémoire, de nouer un lien entre génération et que certaines plantes seraient même en mesure d’apprendre. Mais comment penser une intelligence végétale qui serait, par nature, si différente de la nôtre ?
Et pour évoquer cette épineuse question, au sens propre comme au figuré, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Jacques Tassin, chercheur en écologie végétale au CIRAD, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), auteur de « A quoi pensent les plantes ? », chez Odile Jacob, et en duplex, depuis studios France Bleu Saint-Etienne Loire, Bruno Moulia, directeur de recherche à l’INRA de Clermont Ferrand, de l’Unité Mixte de Recherche Physique et Physiologie Intégratives de l’Arbre en Environnement Fluctuant (PIAF).
Nous parlions vendredi dernier d’émotion animale. Puisqu’il est désormais acquis que les animaux sont doués d’intelligence, à divers degrés et même d’émotions, n’est-il pas tout aussi légitime de s’intéresser au monde végétal. Certes, les plantes n’ont pas de système nerveux, il n’en reste pas moins que l’étude de la cognition végétale nous montre que les arbres communiquent entre eux, que la forêt est un ensemble vivant capable d’entraide, de mémoire, de nouer un lien entre génération et que certaines plantes seraient même en mesure d’apprendre. Mais comment penser une intelligence végétale qui serait, par nature, si différente de la nôtre ?
Et pour évoquer cette épineuse question, au sens propre comme au figuré, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Jacques Tassin, chercheur en écologie végétale au CIRAD, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), auteur de « A quoi pensent les plantes ? », chez Odile Jacob, et en duplex, depuis studios France Bleu Saint-Etienne Loire, Bruno Moulia, directeur de recherche à l’INRA de Clermont Ferrand, de l’Unité Mixte de Recherche Physique et Physiologie Intégratives de l’Arbre en Environnement Fluctuant (PIAF).
Critique réalisée dans le cadre d'un Service de presse
Les couvertures des versions électroniques, ainsi que les vignettes sur les librairies en ligne, étaient jusqu’à une époque récente préservée des affreux bandeaux. C'est désormais une époque révolue. Dommage de payer un graphiste pour saloper son travail !
A lire avec cette chanson en fond musicale ?
Challenge Summer Star Wars |
J'aime beaucoup ton gif avec le bambou :)
RépondreSupprimerExcellent!
Le monde serait sans saveur sans ce sacré Jean-Claude Van Damme !
Supprimer(merci pour le lien)
RépondreSupprimerAlain Chamfort et JCVD, quel coup (de pied) de génie, franchement !
Et nous avons, presque, les mêmes références musicales ;p
SupprimerComme d'hab j'aime beaucoup ta chronique !
RépondreSupprimerMerci pour le lien. Dans les Oh oui, encore, tu peux également mettre celle de Les critiques de Yuyine : https://yuyine.be/review/book/semiosis ;)
Yuyine a fait les frais de copier/coller intempestif, car je me souviens d'avoir relevé son avis lors de la rédaction.
SupprimerET merci pour le compliment.
Tu as un sacré coup de tatanne!!!
RépondreSupprimerJ'adore tes gifs.
Je n'ai lu qu'en diagonale, car je l'ai commandé à M GD et j'espère le recevoir prochainement. :-)
Ce qui me rassure en lisant de manière éparpillée les avis, c'est que le livre est perceptible avec des réserves, mais pas mal quand même. Alors, je n'aurai pas trop de pression. :-)
Moi, la tatanne contre le bambou, je me serais fracturé 10 os !
SupprimerC'est une belle aventure, malgré quelques bémols. Et comme tu t'y attends, cela devrait bien se passer.
Alain Chamfort m'a convaincu, je le lirai.
RépondreSupprimerOu alors c'est la présence d'optimisme. Un peu des deux sûrement.
Je savais qu'Alain allait lever les doutes de nombreux lecteurs.
SupprimerLorsque je l'ai lu, je me suis dit que cela te plairait.
Nous sommes d'accord et le récit multigénérationnel m'a bien plus aussi.
RépondreSupprimerPar contre les références à Chamfort et Van Damme c'était obligé... lol
Imagine un blurb sur ce roman :
Supprimer"La chanson qui a inspiré le roman"
JCVD : "Semiosis, c'est moi"
Purée ! Qu'est-ce que j'aurais voulu penser au gif de JCVD le premier !
RépondreSupprimerEt oui, on est fan. Ou pas !
SupprimerEn plus, cela aurait très bien collé avec ton ressenti.
Intrigant même si le côté optimiste ne m'enthousiasme pas plus que ça. A voir !
RépondreSupprimerNous sommes loin de la guimauve et cela s'est assez bien passé pour moi.
SupprimerEt bah... face à l'avalanche de chroniques sur ce livre, j'ai un peu tout zappé avant de m'arrêter sur la tienne. J'ai bien fait visiblement, ça donne envie ^^
RépondreSupprimerVoilà une personne qui reconnait le seul vrai blog SF !
SupprimerUn bon dépaysement.
Des hippies pleins aux as ^^ pas mal
RépondreSupprimerJe suis curieuse avec les avis, et je vais écouter l'épisode conseillé sur la Méthode scientifique
Oh, j'avais zappé ton commentaire, presqu'un an de retard !
SupprimerSinon, il faut toujours écouter la méthode scientifique
Terminé il y a peu. Et j'ai bien aimé globalement, même si je trouve que la seconde moitié du roman s'arrête rapidement dans l'avancée temporelle. On reste bloqué très longtemps sur l'an 107. C'est vrai qu'il y avait des choses à dire. Mais c'est dommage de ne pas avoir avancé un peu plus l'histoire d'un point de vue temporelle. On quitte Pas sans savoir ce qu'il advient de tout ce beau monde : bambou, humains et leurs nouveaux amis. Peut-être la suite bientôt ?
RépondreSupprimerLa suite existe en anglais, quand à une traduction en anglais...
SupprimerCela devait se décider au printemps, mais Covid oblige. Mais ce premier tome serait - presque - en rupture de stock. A suivre donc, j'ai toutefois posé la question sur le forum du Bélial :
https://forums.belial.fr/viewtopic.php?f=8&t=8616&start=110