L'invasion des profanateurs

Jack Finney, Folio SF, 2000 (parution originale 1955), 256 p., épuisé




Méfie-toi lors de ta prochaine corvée d'écossage de petit pois !


Présentation de l'éditeur :

"Chaque cosse avait éclaté, laissant échapper une partie de la substance grise qu'elle contenait. L'enchevêtrement de ce qui semblait du crin de cheval grisâtre glissait lentement hors des cosses membraneuses et s'assemblait de lui-même, les fibres se redressant et s'alignant pour former approximativement une tête, un corps et des membres miniatures.
Il est impossible de dire combien de temps nous restâmes immobiles, fascinés par notre découverte. Assez longtemps toutefois pour voir les têtes informes et les membres embryonnaires grandir à mesure que la substance s'écoulait, et devenir... quatre mannequins de cire, aux visages encore dépourvus de traits ou d'expression, et qui n'attendaient plus que la touche finale. Il y en avait un pour chacun de nous, nous le savions bien."



Mon ressenti :


Une hallucination collective semble s'emparer d'une petite ville américaine sans histoire, en effet, quelques personnes pensent que leur proches sont en fait différents, même si leur apparence physique et mental semblent identique. Le médecin de la ville, accompagné d'autres spécialistes, enquêtent.

De Jack Finney, on connait surtout son roman autour du voyage dans le temps " Le Voyage de Simon Morley", et L'invasion des profanateurs reste surtout en mémoire pour ses trois adaptations cinématographiques dont la première version à ma préférence et reste assez proche des événements contés dans le roman.
Donc tout le monde connait le pitch, une histoire d'invasion extraterrestre sournoise (oui, comme les communistes, les aliens sont sournois !). L'auteur joue le froid et le chaud, nous ne savons pas si tout cela est bien réel ou tiré du cerveau paranoïaque des personnages.

Je préfère vous avertir tout de suite : le récit que vous commencez à lire regorge d’incohérences et de questions sans réponses. Il s’achèvera sans beaucoup de précision ; tout n’y sera pas résolu, ni expliqué avec logique. Du moins pas par moi. Je ne peux même pas affirmer que je sache exactement ce qui s’est passé, ni pourquoi, ni comment ça a commencé, comment ça a pris fin, ou seulement si ça s’est terminé ; pourtant j’ai été aux premières loges. Maintenant, si vous n’aimez pas ce genre d’histoire, désolé, mais vous feriez mieux de lire autre chose. Je ne peux raconter que ce que je sais.

Avec un début qui s'ouvre de cette manière, difficile de reprocher par la suite les hiatus de l'histoire.
Les actions des personnages sont parfois abracadabrantes, comme lorsque le médecin laisse sa fiancée rentrée chez elle alors qu'elle lui dit que son père est différent. Mais cela permet à notre valeureux docteur de se précipiter chez elle quelques heures plus tard pour la sauver. Paru en 1955, l'image de la femme est celle de la société : elles  préfèrent tomber en évanouissement dans les bras musclés de la gente masculine.

Mais somme toute, cela se lit très facilement et permet de passer un agréable moment de lecture. D'un thriller paranoïaque, on entre par la suite en pleine science-fiction et quelques passages montrent une certaine vision de l'Autre assez réjouissant.


Quelques citations :


Ces cosses auraient pu être propulsées dans l’espace sous l’effet de la lumière. Ça m’intéresse.
— Eh bien, ça a beaucoup intéressé le petit Beekey aussi. Je ne lui avais livré qu’une partie de la théorie, il a voulu savoir le reste. Il n’y a rien de mystérieux là-dedans, docteur. La lumière, c’est de l’énergie, comme vous le savez, et tout objet dérivant à travers l’espace serait poussé par cette force. La lumière possède une force définie, calculable ; elle a même un poids. Le soleil qui inonde un hectare de terre pèse plusieurs tonnes, croyez-le ou non. Et si des graines, par exemple, dérivant dans l’espace, tombent dans un faisceau lumineux qui atteint la terre la lumière des étoiles ou toute autre source elles flotteront jusqu’à la terre sur ce courant de lumière.
— Le voyage serait plutôt lent, non ?
— D’une lenteur infinie. Si lent qu’on pourrait à peine le mesurer. Mais qu’est une lenteur infinie dans l’infini de l’univers ?

Je sais, vous croyez que je vaticine, que je suis devenu complètement fou, et c’est bien naturel, car nous sommes victimes de nos propres concepts, docteur, prisonniers de notre mode de pensée et de nos notions élémentaires et limitées du phénomène de la vie. De ce fait, il nous est presque impossible de concevoir tout ce qui diffère par trop de nous-mêmes, et particulièrement la vie qui, outre la nôtre, existe sur notre petite planète. La preuve en est que lorsque des hommes veulent décrire, dans leurs romans de science-fiction ou leurs bandes dessinées, des Martiens ou des Sélénites, ils ressemblent toujours à des versions caricaturales de nous-mêmes ! Nous ne pouvons rien imaginer d’autre ! On leur attribue six jambes, trois bras, une petite antenne sur la tête, on les peint en vert, mais ce sont toujours de petits hommes ! »



6 commentaires:

  1. Et oui, ça sent le clap de fin pour ce roman.

    RépondreSupprimer
  2. Ca doit se trouver en occas, je pense !


    RépondreSupprimer
  3. Du coup, ce début, bonne excuse pour pouvoir écrire n'importe quoi ou vraie proposition de récit ? =P
    Ça ressemble un peu à un roman "ça passe ou ça casse". J'ai toujours "Le Voyage de Simon Morley" à lire, j'opterai plutôt pour celui-là.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vraie proposition de récit.
      C'est un livre qui se lit facilement, mais ce n'est pas non plus indispensable, surtout si tu as en tête la première adaptation.
      Simon est beaucoup plus intéressant par son approche du voyage dans le temps (mais ne lit pas surtout sa suite)

      Supprimer
  4. Super intéressant. J'ignorais que le film était tiré d'un roman. Je ne pense pas chercher à le lire, vu que tu ne le signales pas non plus comme un chef d'œuvre, mais qui sait.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si ta télé est cassée et que tu voulais regarder le film, c'est un bon palliatif, sinon...

      Supprimer

Fourni par Blogger.