Nouvelles éparses

 

Quelques nouvelles lues au fil du temps pour le projet Maki...

La montagne sans nom
Robert Sheckley, Le passager clandestin, 2015 (parution originale 1955)

Voilà le but ultime pour un chef de chantier : terraformer une planète. Mais à trop vouloir que la nature ressemble à nos idéaux...
Un texte classique autour de la colonisation, du besoin de l'homme d'asservir son prochain, la nature. Paru en 1955, cette nouvelle devait être à l'époque à contre-courant de l'idéologie dominante, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
A lire par intérêt historique ou pour, selon l'intro de la revue Fictions n.192, pour connaître le seul texte pessimiste de l'auteur. Pour le reste, cela m'a paru très anecdotique.

 

Un anneau gris ajouté à l'emblème olympique

Ada Palmer, ActuSF, 2019

Un titre, 4 lignes et l'intrigue est posée : 2275… les JO qui se déroulent en Antarctique. Conséquence du réchauffement climatique ? Que représente cet anneau gris ?
4 pages plus loin, tout est dit et cela esquisse un univers immense d'un lendemain qui chante, avec malgré tout certaines choses qui ne changent pas. J'aurai aimé en apprendre plus, mais n'est ce pas les bons textes qui laissent un goût de trop peu ?

Journal d'un AssaSynth
Martha Wells, L'Atalante, 2019

Joli titre que ce AssaSynth qui donne le contexte en juste un seul mot.

Prix Hugo, prix blabla, je m'attends donc à du lourd avec ce titre. Mais comme souvent, la promesse n'est pas tout à fait tenue. Nous suivons les pas d'une sorte de cyborg de sécurité protégeant une équipe de scientifiques sur une planète promise à être un gros caillou plein de ressources. Mais très vite, des évènements vont entacher les prélèvements scientifiques.
Ostracisme, marchandisation des planètes, mainmise de l'économique, les sujets sont présents mais ne font partie que de la toile de fond. Tout est focalisé sur cet AssaSynth. Problème, son accès à la conscience a déjà eu lieu et on se doute rapidement que ce vigile futuriste a un bon fond malgré l'ostracisme dont il fait l'objet. On suit cependant les aventures avec plaisir, cela se lit tout seul, mais j'avais espéré des développements plus poussés. J'ai tenté le tome 2 qui reste dans la même lignée, je n'y ai pas vu d'intérêt, j'ai arrêté en cours de lecture.

En Adon, je puise mes forces
Dominique Lémuri, Walrus, 2013

Petite promenade durant le 1er millénaire av. JC au Liban alors appelé Byblos lors de l’enterrement d'Ahiram.
Je vous conseille fortement la lecture de l'article sur le sarcophage d'Ahiram sur wikipedia si vous ne connaissait pas.
L'autrice mêle histoire, fantastique et surtout science-fiction dans cette nouvelle pleines d'actions. J'ai trouvé la course poursuite un peu légère, mais j'ai adoré le fait de partir d'une histoire réelle et de la revisiter afin de construire le mythe.
Un grand merci à Baroona, sans qui je n'aurais pu lire ce texte.

Noirs vaisseaux apparus au sud du Paradis
Caitlín R. Kiernan, Le Bélial, 2020

Voilà comment est introduit cette nouvelle dans Bifrost :

"Sunand Tryambak Joshi, le grand spécialiste américain d’H.P. Lovecraft, dit de Kiernan qu’elle « compte déjà au rang des stylistes les plus notables de notre domaine, aux côtés d’Edgar Allan Poe, Lord Dunsany et Thomas Ligotti. » Vous allez comprendre pourquoi…"
Et cela est très juste.

R'lyeh est enfin là, et on assiste à la Fin, ou au Commencement, c'est selon.
Fichtre, quel texte ! Un grand bravo à la traductrice, Mélanie Fazi. Ambiance angoissante et oppressante, apocalypse poétique, d'une noirceur et d'une beauté à ranger Lovecraft au statut d'écrivaillon.
Seul Hic, c'est la suite des Agents de Dreamland que je n'ai pas lu. Pas grave, je me reprendrai un shot d'horreur cosmique, si les étoiles brillent toujours d'ici là...

Les dingos de la conspiration, adeptes des théories marginales et autres pseudo-scientifiques s’en étaient donné à cœur joie, leur quinze minutes au soleil. C’était leur instant de gloire car, de toute évidence, tout ça résultait d’opérations clandestines top secrètes de la NSA DOD ESA CIA NASA acronyme acronyme acronyme ancien astronaute Roswell Zone 51 chemtrails armes secrètes électromagnétiques à énergie dirigée fusion froide et strangelets engendrés par le Grand collisionneur de hadrons et puis, et puis, et puis perturbations captées dans la ionosphère par le projet HAARP et les fantômes de John F. Kennedy, Nikola Tesla et Madame Blavatsky. Tout ça se mélangeait exactement comme ça dans la tête de Susannah, comme de l’acier fondu. Naturel­lement, les apôtres de la fin du monde avaient eu leur mot à dire eux aussi. Il devait s’agir du ravissement, de la seconde venue, de l’ouverture des Sept Sceaux. Que pouvait bien être cette chose qui progressait en rampant depuis cette Nouvelle Terre, sinon l’Antéchrist ?

 

 

 

 

La souris
Shirley Jackson, Bélial, 2020

Les apparences sont parfois trompeuses. Un jeune couple emménage dans un appartement hanté. Par quoi ? Une souris ?
Une nouvelle fort brève mais qui devrait longtemps rester en mémoire. 

 

Par les visages,
Olivier Caruso, Bélial, 2020

On suit les pas d'une famille et de leur bébé, tandis qu'une maladie affecte un de nos sens d'étrange manière. Nous sommes dans une atmosphère intimiste mais la pandémie qui sévit prend de plus en plus d'ampleur et l'auteur arrive à nous montrer les conséquences qui en découlent au delà du seuil de la maisonnée. Cependant, n'ayant pas adhéré au concept de cette maladie, je suis passé à côté de ce texte.

 

 

 

La voie de la liberté
Tang Fei, Jentayu, 2019
A lire gratuitement en ligne sur le site de la revue

Une famille se retrouve enfermée dans un appartement, de leur plein gré sous la houlette de la grand mère. Alors que le monde extérieur semble devenir dangereux...
Une nouvelle fanstatico-SF, autour de l'enfermement et de la post-humanité. J'ai pris plaisir à lire cette nouvelle, tout en tension, étrangeté, et attendre son dénouement qui revisite avec bonheur une grande thématique de la littérature fantastique.

J'ai découvert cette revue grâce à Gwennaël Gaffric, traducteur et grand défenseur de la littérature asiatique, qu'il en soit ici remercié.

La mémoire de l'univers
Nicolas Martin, ActuSF, 2019

 

Lorsque l’on est chercheur, on peste devant les limitations financières, technologiques ou conceptuelles. Pas moyen d’avancer dans ce cas. Mais si on découvre un moyen de contourner ce problème ?
C’est l’histoire qui arrive à un groupe de scientifiques et qui va les mener dans un grand trip vers la mémoire de l’univers.
Une nouvelle hard SF qui relie macro et micro et qui va vous faire voir ce que personne n’a jamais vu.
Nicolas Martin revisite la SF des années 60-70, avec ses drogues, son côté mystique pour nous donner une nouvelle au goût du jour, profondément scientifique. Il nous montre l’addiction de certains savants pour leurs projets, ne vivant que par et pour lui, jusqu’à frôler le danger.
L’écriture est en osmose avec l’état d’esprit du narrateur, les pensées s’écoulent parfois dans un grand maelstrom nerveux, avec des moments plus calmes lors des descentes. Même si le tout fait une quarantaine de pages, le personnage principal devient vivant. L’auteur nous prouve aussi que l’on peut parler d’amour sans tomber dans la niaiserie et la mièvrerie. Et que l’on peut intégrer des personnages homosexuels, de manière naturelle pour refléter notre société plurielle...
Avec ce texte, j’ai eu l’impression de revivre une des scènes de Spin avec Jason luttant et syntonisant avec les Hypothétiques.  
Petit bémol sur la fin que l’on devine assez rapidement, j’aurai aimé un retournement de situation, une chute inattendue.
Pour tous ceux et celles qui aiment l’astronomie et voudraient comprendre les grands mystères de l’univers...