Dix Légendes des Âges sombres

 

Jean Marc Ligny, L'atalante, 2022, 236 p., 7€ sans DRM

 

Le désespoir de lendemain, ce sont mes fêtes


Présentation de l'éditeur :

S’il n’est qu’une péripétie dans la longue vie tumultueuse de la Terre, le changement climatique est un événement catastrophique non seulement pour nous qui l’avons déclenché, mais pour toute la faune et la flore qui, entre autres, nous permettent de vivre – et vivraient bien mieux sans nous. Notre civilisation est en péril, voire notre existence même, en tant qu’espèce dominante en tout cas. S’il n’y a certes pas lieu de s’en réjouir (quoique…), il n’y a pas non plus à désespérer : dans ces histoires, les personnages – héros du quotidien – parviennent parfois à s’en sortir, ou à s’adapter. La vie continuera, mais plus comme avant, c’est certain. Et c’est tant mieux, en un sens.
Ces personnages pourraient être vos enfants, voire vous-même si vous êtes assez jeune. Alors je vous en prie, faites tout votre possible pour qu’ils survivent.
Jean-Marc Ligny

Mon ressenti :

Ligny sort un bouquin, moi je le lis, c'est l'ordre des choses, pas moyen de se dérober. D'autant avec une couverture comme celle-là.
Voici donc un recueil de nouvelles, ce que ne cache nullement son magnifique titre qui donne le tempo : toi qui pénètre ici, abandonne tout espoir.
10 nouvelles dont une seule inédite, mais en regardant le sommaire, à moins d'être un bibliophile invétéré ou un lignyphile, la majorité des textes le sera. Pour moi, seulement un texte m'était connu.
La thématique est claire : le dérèglement climatique sur monsieur et madame tout le monde, des tranches de vies guillerettes à souhait qui nous dessinent demain, puisque nos politicards du monde entier préfèrent tout faire pour remporter les élections que de s'occuper de notre seul bien commun : notre planète. 

On y retrouve souvent les univers pondus dans ses romans Aqua, Exodes, Semences et Alliances, le même plaisir s'y dessine devant sa plume.
Un recueil au prix léger, dont le seul bémol est l'absence d'appendices, si ce n'est une courte recontextualisation de l'auteur. Cette réédition d'anciens textes, parcourant 20 ans de son oeuvre (2000 à 2021, est bienvenue et salutaire.




L'ouragan
Une ville près des côtes. Enfin, plutôt un reste de ville après la hausse du niveau de la mer et des violentes tempêtes. Un couple, la femme attendant le retour de son mari parti pêche des poissons immangeables à cause la pollution.
Voilà un texte coup de poing qui place de suite ce recueil sous les signes de l’âpreté, de la violence et du désespoir.

Lettre à Élise
Un ancien petit ami écrit une lettre à son ex, au chaud dans une enclave protégée, lui est devenu reco un réfugié climatique.
Plus convenu, Ligny arrive cependant à nous dépeindre un univers sombre et désespérant où la loi du plus fort règne.

La route du nord
Une famille tente de passer dans les pays du nord moins touchés par le changement climatique. Ici cependant, le sud est la France et le nord les pays nordiques permettant une mise en perspective intéressante.
Un peu trop de hasard heureux par rapport aux textes précédents où aucune chance ne souriait aux protagonistes. Ligny a t il eu un peu d'espoir pendant une courte période ? Un peu trop gentillet à mon goût, mais ce texte peut être lu par des gens moins aguerris dans le désespoir.

Le porteur d'eau
C'était la seule nouvelle non inédite pour moi. On suit le parcours de deux familles, l'une dans un village assoiffé et affamé, l'autre dans une enclave protégée.
Un road movie à pied et pattes. Ligny a retrouvé son désespoir et il ne restera rien, ou si peu.
Très bon texte.

Mission divine
Quand tout part à vau-l'eau, et que l'on reçoit un message divin, pourquoi ne pas le suivre ?
Une saynète qui aurait pu être drôle si elle n'était pas si dramatique.

Le Désert
Une tranche de vie courte autour d'un vol d'eau, un crime en ses temps où l'eau s'évapore.

2030 2300
Un texte qui dénote par rapport à ce que l'auteur nous offre habituellement : le quotidien dans l'horreur des conséquences du changement climatique. Ici on se place avant et après (à deux trois poils de cul près), il y aurait même de l'optimisme. A la mode Ligny rassurez-vous, donc avec ironie et cynisme.
Ce changement de cadre est très bien fait et offre une respiration bienvenue entre deux canicules.

La frontière
Un poste de garde avec un bas du front porté sur le tir sur migrants. Mais sous cette carapace, n'y aurait-il pas un coeur ?
L'impression de l'avoir déjà lu, ce qui n'est pas le cas d'après les sources. C'est une thématique largement traitée par ailleurs, ce qui doit expliquer min impression de déjà vu.

L'aéroport
Dans un aéroport érigé tout à la gloire du temps jadis, il ne reste que les murs. Et une personne avec une idée derrière la tête. On suit ces derniers pas dans sa réalisation.
Un texte optimiste, l'espoir fait vivre, sur la volonté humaine de trouver un but pour ne pas sombrer dans l'animalité.

La horde
C'est eux où nous.
Quelques jeunes vieillards vivent dans un petit hameau et arrivent cahin-caha à vivre frugalement, mais décemment. Un jour, à leur porte, une horde de 300 personnes. Que faire ?
Voilà la seule nouvelle inédite, Jean Marc Ligny doit commencer à se faire vieux et la crainte d'un optimisme un peu malvenue dans son univers post changement climatique se fait ressentir. Alors oui, le recueil se termine par une touche d'espoir, mais le chemin pour y aller est tout de même bien sympathique. Les hasards sont parfois heureux. 

 

Challenge
Winter short stories of SFFF

 

12 commentaires:

  1. Je n'ai lu qu'Aqua™ et je n'avais pas apprécié plus que cela.
    Et là 10 nouvelles sombres, sans espoir... désolé mais ca ne fait pas rêver !

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    1. La Terre enfin libérée du joug humain, ça ne fait pas rêver ?
      Fasciste !

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  2. En cas de coup de mou, rien de mieux qu'un petit Jean-Marc Ligny.
    Pour des raisons évidentes, et même si je ne doute pas de la qualité de l'auteur, je ne l'ai jamais lu. Je ne pense pas franchir le pas, mais je pense que si ça devait arriver je me pencherais sur ce recueil, ça me paraît plus digeste que ses gros romans.

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    1. Oui, c'est plus digeste et je pense qu'il se perd parfois dans ses romans, du moins sur la fin.

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  3. "des gens moins aguerris dans le désespoir" --> Tu sais donner le ton 😜

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  4. Ça change des pavés précédents même s’il arrive toujours à nous embarquer dans ces pavés. On adore.
    C’est OK pour moi.


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  5. Je n'avais pas trop accroché à Aqua™. Même si ton billet donne envie, 10 noires histoires ne me tentent pas trop en ce moment ! :-/

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    1. La Terre enfin libérée du joug humain, ça ne fait pas rêver ?
      Fasciste !

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  6. Hou là là rien que de lire ta chronique je suis déprimée. Je crois que je suis comme le maki sur ce coup-là, pas le moment pour moi.

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    1. La Terre enfin libérée du joug humain, ça ne fait pas rêver ?
      Fasciste !

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