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Exode

mai 02, 2023

 

Arnauld Pontier, Editions Ex Aequo, 2023, 354 p., 4€ epub sans DRM

 
Malgré toutes ses faiblesses, il y avait de la grandeur dans cette humanité.


Bonne nouvelle, la fin du monde est prévue le 15 mai 2034, l’astéroïde Hadès ayant décidé de jouer aux quilles avec la Terre...

Pitch de l'éditeur :

Après Les Enfants de Paradis, paru dans la même collection, Exode propose une nouvelle incursion dans la thématique des « mondes creux ».
C’est un récit eschatologique : la narration d’une fin du monde inéluctable, annoncée de longue date par des Livres sacrés.
Tout commence par une mission en Antarctique et le franchissement d’un étrange « rideau pourpre », qui va conduire un groupe de scientifiques sous la Terre, dans le royaume d’Agharta, peuplé depuis des millénaires par les Atlantes, les Mus et les Lémures.
Histoire apocalyptique, ce roman est prétexte à l’exploration de notre condition humaine, dans laquelle se mêle peur, soif de pouvoir, fanatisme mais également amour, émerveillement et espoir : l’espoir de survivre, de se perpétuer, en rejoignant, Gliese, une exoplanète, avant l’impact annoncé de l’astéroïde Hadès.


Mon ressenti :

Les légendes ont la peau dure, et toujours un fond de vérité, ce que va découvrir quelques scientifiques basés en Antarctique. Avec ce roman, Arnauld Pontier nous emmène sous la terre peuplée d'Atlantes, de Mus et de Lémures, une thématique de jadis qu'il va coupler avec celle de l'arche et bien plus encore. Roman d'aventures, d'exploration, d'hard SF ou de post apo, difficile de cataloguer ce nouvel opus de l'auteur qui va lier merveilleux et modernité. Après Les enfants de Paradis et Exode, un troisième roman devrait voir le jour autour des "mondes creux", mais il faudra attendre 2024 ou 2025...

Les scientifiques sont vraiment une engeance de mauvais augure : alors que tout se passait dans le meilleur des mondes, une découverte lors d'une expédition va signer la mort de l'humanité. Le caillou de l'espace Hadès est passé inaperçu de la surveillance des astéroïdes... Que faire en cas de fin du monde imminente ? Mettre des oeillères ? Tenter de sauver une infime partie de l'humanité ? Faire de la politique politicienne ? Se sauver dans la religion ? Ou nihiliste : après moi le déluge...

C’est une espèce qui ne peut croire à sa propre extinction, avait résumé Delos.
Même avant l’annonce de l’arrivée d’Hadès, bien avant : quand l’horloge de la fin du monde s’était symboliquement déclenchée, avec les premiers essais nucléaires, en 1947, la menace de guerre nucléaire n’avait provoqué ni limitation des armes de destruction massive, ni ralentissement dans la production militaire d’agents pathogènes, ni réduction des gaz à effet de serre, ni développement d’alternatives permettant à la Terre d’envisager un avenir. D’un point de vue existentiel, la dystopie totalitaire mondiale n’avait jamais été aussi forte, ni aussi irréversible. Hadès allait simplement précipiter les choses de quelques centaines d’années, certes ; mais que représentent des centaines d’années sur l’échelle du temps ? Rien. Une goutte d’eau dans la clepsydre de l’univers.


Un roman court et dense qui réussit à rendre science fictif les légendes qui ont bercé notre vie. J'y ai retrouvé les deux plumes de l'auteur, l'introspectif et le conteur hors pair. La fin laisse l'imagination du lecteur y mettre son point final, car l'important n'est pas de savoir où cela va nous emmener, mais bien de constater la bêtise humaine, continuant ses mensonges pour ne pas affronter la réalité. J'ai beaucoup aimé que l'auteur ne s'attarde pas sur le chaos, qui berce pourtant le texte en filigrane. Et ce que j'ai adoré est cette fusion des sous-genres de la SF, retrouvant la science fiction de pépé, mais aussi celle d'aujourd'hui.
 
Tant de rêves avaient animé l’humanité au sujet de Mars. Mais personne n’était là pour les accueillir. Nulle part à l’horizon ne se dessinaient les canaux tant espérés, vestiges d’anciennes civilisations contraintes d’affronter la sécheresse en drainant l’eau des pôles. Aucune princesse n’avait laissé la moindre trace de pas à sa surface, aucun primate non plus. Sahale sortit de l’arche, le cœur battant. C’était un rêve d’enfant qu’il accomplissait ; il se pencha et ramassa une poignée d’andésite, dont il se frotta les mains. L’interféromètre en avait déjà donné la composition exacte : ce n’était rien d’autre qu’un mélange d’argiles, comparable à celui qui servait aux peintures de guerre de nombre de peuplades humaines. Mais, ici, il n’y avait pas d’autre ennemi que le silence. La nuit tombait et le froid s’accentuait. Le thermomètre indiquait moins cent vingt-huit degrés. Il ne le sentait pas. Il suffisait de lever le pouce pour que la Terre, minuscule, s’efface derrière soi.

Ce qui m'a manqué cruellement dans ce roman, ce sont des personnages. L'histoire est là, présente, merveilleuse, mais elle n'est pas personnifiée, reste impersonnelle. Je ne me suis malheureusement jamais mis à la place de, la saga humaine intimiste m'a manqué. C'est dommage car sinon, Exode aurait pris une toute autre ampleur. Reste un texte doux amer sur le comment affronter la fin de vie de notre humanité et se confronter à l'altérité. Et j'aurai appris ce qu'est la hexakosioïhexekontahexaphobie !

Vous avez donc expérimenté, avec une ampleur telle qu’à mesure que vous ravagiez vos territoires et provoquiez en masse l’extinction d’espèces végétales et animales, ces ressources mêmes vous devenaient définitivement inaccessibles. Vous avez dû, alors, vous tourner vers la chimie ; vous en êtes sans doute devenus les champions de l’univers. À quel prix… La salive des dodos soigne très bien la schizophrénie, savez-vous ; la graisse de bison l’herpès ; le suc gastrique de certains crapauds, l’ulcère ; et la sève de cypripède est un baume de jouvence incomparable. Quant au manchot, son estomac nous fournit un puissant antibactérien, celui qui lui permet de conserver plusieurs semaines, sans les digérer, les aliments qu’il a ingérés, afin de les apporter à sa progéniture. Combien de remèdes potentiels n’avez-vous pas réduits en fumée en Amazonie, au Congo, en Indonésie ; combien d’élixirs mis en pièces en Arctique, en Sibérie, au Sahel… au fond des océans même. Vous êtes une race dangereuse, professeur. Prometteuse, mais déprédatrice.


Ce roman est une version remaniée, revue et corrigée, des deux premières parties du roman Agharta - le temps des Selkies, paru en 2013 aux éditions Asgard.

 
J'ai eu la chance que l'auteur m'accorde une interview il y a quelques temps, à retrouver ici.

Tout comme moi, Monsieur Au pays des cave trolls a trouvé le point faible au niveau des personnages, mais a apprécié l'exode.

Les enfants de Paradis

novembre 07, 2022

 

Arnauld Pontier, Editions Ex Aequo, 2022, 188 p., 16€ papier

 

PARFAIT

 

Présentation de l'éditeur :


Au fond du cratère, assis, adossé à un monticule, se tenait les restes d’un être humanoïde de grande taille, enveloppé dans ce qui semblait être une combinaison spatiale. Une armure qui, dans sa partie supérieure, ressemblait à une broigne médièvale. Mais sous ce qui restait du plastron d’écailles, aucun corps ne subsistait. Ce qui était inhabituel, outre la taille de cet être – près de trois mètres – était la forme triangulaire de ce qui avait dû être un casque…
Cette extraordinaire découverte, près d’une base lunaire russe, va conduire à l’exploration d’une lointaine planète, aussitôt baptisée Paradis, qui, si elle s’avèrera parfaitement adaptée à la vie humaine, révèlera bien des surprises…
Sommes-nous seuls dans l’univers ? Existe-t-il d’autres civilisations compatibles avec la nôtre ? Où se situe la véritable liberté ? Ce sont quelques-unes des questions que pose ce planet-opera riche en rebondissements. Ce sera au commandant de l’Anterus, Mac Bain, à son équipe de scientifiques et à son étrange partenaire, la belle Irina Kheraskov, d’y répondre.

 

Mon ressenti :

Il y a quelques jours, je finissais un classique de la SF que je n'avais jamais lu : Rendez-vous avec Rama d'Arthur C. Clarke. Et c'était plutôt pas mal. Pourquoi je vous raconte ma vie ? Car ce dernier opus d'Arnauld Pontier, m'y a fait penser de nombreuses fois et comme il n'y a pas de hasard, il est même cité dans le texte. Mais de quoi parle t-on ? Futur, une armure est découverte dans un cratère sur la lune. Dessus, est inscrit les coordonnées d'une exoplanète...

En SF, nous avons nos ritournelles : la rencontre du troisième type, la terre creuse, les petits hommes gris, les enlèvements, les robinsonnades sur des planètes étrangères, les BDO... L'auteur prend le tout et plus encore pour nous lancer dans une aventure qui m'a mis des étoiles dans les yeux sans faire dans l'esbroufe, le thriller vitaminé où les cliffhanger à foison. Une aventure au goût old school, mais bien dans l'air du temps avec des interrogations actuelles.

Des notes d'humour parsèment avec douceur le texte. L'auteur se paye même le luxe de faire rentrer le tout dans 200 pages alors qu'un vrai écrivain américain en aurait fait trois tomes de 500 pages minimum (aucune allusion à mon Robert. Wilson n'a jamais écrit de trilogie mais un one short suivi d'un diptyque, ce qui est complètement différent). 

En ces temps moroses, ce roman nous conte une aventure utopique et bienveillante en évitant le sirupeux. Moi qui aime le pessimisme, en voilà pour mes frais et j'avoue, sans honte, que j'aimerai bien faire parti de ces reclus de Paradis. Un très bon texte.



Les Enfants de Paradis est un roman d'aventures, empli de positivisme, un conte utopique, un dépaysement divertissant et cela suffit parfois à satisfaire Les lectures du Maki. Laird Fumble en aurais voulu plus, bien plus, sans pour autant ressentir la frustration totale de l’absence d’aboutissement. Petit bémol d'Anudar, mais il a apprécié un hommage amoureux à des textes anciens et aux cultures geeks.

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