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Amatka

mars 25, 2018



Karin Tidbeck, La Volte, 2018 (parution originale : 2012), 320 p., 11€ epub sans DRM


Quand le matin vient rappelons-nous : tout est comme hier.

Amatka, pour des lendemains qui chantent

Présentation de l'éditeur :


C'est une colonie sans soleil, enclavée dans un désert glacial. Une communauté de pionniers défend une société égalitaire contre un environnement hostile. Ici, les mots façonnent la réalité et protègent le collectif du chaos.
Vanja de Brilar d'Essre Deux arrive à Amatka pour réaliser une étude de marché. Les allusions séditieuses du bibliothécaire, les contradictions du Comité et la désagrégation inhabituelle des objets la troublent, attisent ses doutes et ravivent des interrogations enfouies. Refusant de respecter plus longtemps des tabous devenus intolérables, elle explore les failles de la ville pour découvrir la vérité sur cet écosystème inouï, au risque d'en rompre le fragile équilibre.
Une fable politique sur le contrôle social, la peur du changement et la plus insensée des révolutions.

Mon ressenti :


Amatka est le nom d'une des cinq colonies situées dans un monde étrange : s'agit il du futur de la Terre comme certains indices le laissent  à penser; Ou d'une planète inconnue dont l'histoire aurait oublié les origines ? Ou des aliens ayant redécouvert la Terre après notre départ ou mort ?

Chaque colonie est spécialisée dans un domaine : agriculture, sciences... Les us et coutumes sont étranges, comme cette manière de nommer et marquer les choses afin que ces dernières ne perdent leur substance : le stylo est marqué Stylo et nommé Stylo, sous peine de le voir se transformer en mélasse. Ainsi en est-il de chaque construction, vêtements, meubles... Seuls quelques vestiges d'un temps ancien résiste à la dégradation.

Amatka, c'est l'histoire de Varja, venant de la colonie principale Essre. Elle doit mener une étude de marché à Amatka. Peu sûr d'elle, sa mission est en outre assez floue. Sans oublier que le Marché est un bien grand mot pour des colonies ayant comme politique un ersatz de communisme. La majorité des objets quotidiens proviennent de firmes d'Etat et les concitoyens d'Amatka ne sont pas très réceptifs à la nouveauté.

Peu à peu, dans les pas de Varja, nous devinons quelques éléments sur le fonctionnement totalitaire du gouvernement, de l'administration (le Comité) et de la vie quotidienne. Une vie faite de routine : travailler, marquer et nommer les choses. Et se multiplier !
Malgré cela, les habitants semblent satisfaits de leur situation, mais quelques éléments vont jeter une ombre sur ce bonheur, et la dissidence pourrait bien exister.

J'avais un peu peur d'un livre à message écrit au forceps, doublé d'une théorie ardue sur le langage, il n'en est rien. L'écriture est simple, l'atmosphère étouffante malgré le froid glacial, et les quelques éléments donnés sur la colonie donne envie de découvrir les mystères d'Amatka et de ses colonies-soeurs. Peu de réponses seront données, l'imagination du lecteur remplira les blancs. A la fin du roman, l'étrangeté demeure.

On ne peut s’empêcher de penser au célèbre 1984 d'Orwell et Amatka ne déparera pas à son côté sur l'étagère. On pourra reprocher des personnages assez binaires mais qui participent à l'atmosphère du livre. Je n'ai pas compris le parallèle avec le collectivisme. A l'époque d'Orwell, cela faisait sens, mais de nos jours... 
Entre fable dystopique, SF et fantastique, une réflexion tout en douceur autour du pouvoir, de l'Etat, du langage et l'oppression qui peut en découler. Une très belle découverte. J'avais découvert l'auteur via la nouvelle Appel aux Armes pour la défense des droits des auteurs décédés sur le podcast de Coliopod. Nul doute que Karin Tidbeck sera sur ma liste des auteurs à suivre.

Au final, Amatka, c'est "un chant du faire et du défaire. Ils ne chantaient pas les choses telles qu’elles étaient, mais telles qu’elles pourraient être."
Et vous saurait à la fin comment plier les choses à votre volonté

Elle avait découvert la méthode la plus efficace : allier la parole, l’écrit et la pensée pour décrire en détail un objet n’existant pas au préalable. Et le faire advenir.


Vous pouvez allez lire aussi la critique excellente de Quoi de neuf sur ma pile ou celle des lectures du Maki et aussi sur Unwlakers

Appel aux Armes pour la défense des droits des auteurs décédés

décembre 06, 2017

Karin Tidbeck, Coliopod, 2017, 30mn, podcast


Étrange de s'intéresser aux droits des auteurs morts alors que ceux des auteurs vivants sont des plus précaires. Après écoute cependant, cet appel aux armes est des plus nécessaires face aux éditeurs aux dents longues.

Présentation de l'éditeur :

La nouvelle de ce mois est le premier texte publié en français de l’autrice suédoise Karin Tidbeck : « Appel aux Armes pour la défense des droits des auteurs décédés », parue en 2015 dans les pages de la revue Uncanny Magazine (no. 7, novembre/décembre 2015). La nouvelle, traduite par Cécile Duquenne, lue par Ségolène Janne d’Othée, flirte, comme la plupart des textes de Tidbeck, avec le fantastique et le surnaturel; ses écrits font partie du genre « New Weird ».
Karin Tidbeck écrit en suédois et en anglais (elle s’occupe elle même de la traduction / adaptation de ses textes) et est rôliste, GNiste et professeur de « creative writting ».


Mon ressenti :

Vous vous êtes parfois interrogé sur l'origine des textes posthumes de certains de vos auteurs, cette nouvelle va vous en dévoiler les coulisses !
Le ton est bercé par une douce ironie sur le rôle des éditeurs et le métier ingrat d'auteur à travers l'utilisation des prêtes plumes. Mais l'auteur n'oublie pas qu'elle écrit une nouvelle fantastique est le récit est une réussite. On commence doucement par la révélation d'un complot de l'"Agence" à la connotation fantastique pour finir dans l'horreur indicible de la réalité concrète de cet état de fait. Le lecteur est immergé peu à peu dans cette sombre affaire, immersion d'autant plus réaliste par la lecture de Ségolène Janne d’Othée qui passe de la froideur à l'effroi en passant par l'empathie.
Je ne suis pas un grand fan de fantastique, mais ce texte m'a emballé.

Lecture indispensable pour les auteurs n'ayant pas encore été contacté par l'"Agence", pour les écrivains en herbe et pour tous les autres car c'est un plaisir à écouter.




Son premier roman Amatka paraitra en mars 2018 chez les éditions La Volte :

Amatka est stupéfiant. Proche des œuvres de Le Guin et de Margaret Atwood, le roman joue avec les propriétés du langage dans une colonie austère et normative ; un 1984 pris dans les glaces, les Dépossédés dans un monde où la réalité n’existe qu’aussi longtemps qu’on la nomme.
Marie Surgers, traductrice et responsable de la littérature étrangère, La Volte sur le site Unwalkers

Quoi de neuf sur ma pile en parle ici
Nul doute que je serais de ceux qui  liront la prose de l'auteur.

Le podcast est à télécharger ici


Les anglophones pourront lire la nouvelle sur le site de Uncanny magazine 
Fourni par Blogger.