Le Rêveur des terres agglutinées. Le faisceau chromatique : tome 2

Roland C. Wagner, Fleuve noir, 1990, 192 p., épuisé

 

Suite directe d’Un ange s’est pendu, nous retrouvons nos six comparses essayant de rejoindre leur monde d’origine, aidés par le chien jaune. Isaak, le juif errant et Vlad le vampire de pacotille continuent leur partie de go dans le faisceau chromatique, mais les livides, sortes d’humains dégénérés et véritables estomacs sur pattes, viennent jouer les trouble-fête


Nous retrouvons avec plaisir un Roland C. Wagner qui ne se prend pas au sérieux. jouant avec les archétypes. Une certaine critique sociale de notre société et de nos modes de vie commence à transparaitre : le monde poubelle, les livides, consommateurs suprêmes.
Ici, les hommes sont insignifiants face a leurs “dieux”, comme nous le sommes face a des fourmis. Les « dieux » se concentrent sur leur partie de go, peu soucieux du sort des êtres qu’ils manipulent.


Mais Roland C. Wagner s’emmêle un peu les pinceaux entre ses mondes multiples et la multiplicité des personnages. Nos héros se retrouvent séparés mais nous n’en suivons que quelques uns, nous laissant dans le flou sur l’avenir des autres. On sent une progression stylistique par rapport à Un ange s’est pendu, le plaisir de lecture s’agrandit, nous laissant espérer un troisième tome fantastique.

Fleuve noir anticipation oblige, le roman s’arrête en pleine action, la suite dans Les autoroutes de l’aube.


"Et vous allez me sucer le sang, c’est ça ?
Il fit un pas en avant.
- Tel est mon but, en effet.
L’angoisse de Suzy se dissipait rapidement.
Cette scène était trop stéréotypée, trop téléphonée pour lui inspirer autre chose qu’un vague amusement teinté d’incertitude. Le personnage de Vlad jouait à tel point avec les archétypes qu’il en perdait toute force.
Elle recula d’un pas, afin de ne pas bousculer, pour le moment, le déroulement logique de l’action. Elle était censée avoir peur ; pour cette raison, elle avait cessé subitement d’éprouver la moindre inquiétude."

"Après lui avoir demandé d’enfiler une longue robe blanche fendue jusqu’à la hanche – ce qu’elle accepta non sans rechigner, obligeant même le pseudo-vampire à se retourner – Vlad fit visiter sa prison à Suzy. La pièce dans laquelle ils s’étaient rematérialisés appartenait à un château d’un style que la jeune femme qualifia aussitôt de « gothico-merdouillard ». Manoir tarabiscoté dont les tours massives et les créneaux se découpaient en ombres chinoises sur un ciel d’un gris plombé, il se dressait au milieu d’une pelouse parfaitement tondue qui s’étendait aussi loin que portait le regard. Ce monde semblait constitué d’une immense plaine recouverte de gazon anglais."

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