La Dernière colonie

John Scalzi, L'atalante, 2007, 382 p., 10€ sans DRM

 

Une bien hideuse couverture.
Je suis d'accord avec L'Atalante pour dire qu'il ne faut pas se fier aux apparences, pour dire un grand merde aux dictats de la beauté et de la mode. Mais là vraiment, quel militantisme !


Présentation :

Troisième tome des aventures de John Perry, ancien militaire de 90 ans des Forces de l'Union Coloniale. Après quelques années comme chair à canon, il prend sa retraite dans une colonie pépère en compagnie de sa femme, une ancienne membre des brigades fantômes et de leur fille adoptive. Mais le ronron quotidien ne peut durer qu'un temps...



Mon ressenti :

Il est question dans ce tome de diplomatie et de manoeuvres politiques. Et surtout des questionnements autour de la création de colonie. Utile pour tous ceux qui ont préféré faire l'école buissonière plutôt que d'assister au cours d'histoire.
Comme dans les précédents volumes, l'humour assez présent. Que dire des deux Obins, deux aliens dépourvus de conscience et assez portés sur l'homicide, prénommés Pirouette et Cacahuète.
Le meilleur de la réflexion est entre les lignes : les malfaits des colonies, l'arrogance de l'être humain, le cynisme des dirigeants et le peuple simple pion sur leur échiquier.

Dans les dernières cent pages, le rythme s’accélère. le combat final est un monument d’absurde et d'humour.
Les adeptes de space opera et de sf anti militariste en seront sûrement pour leur frais, tout ceci n'etant pas très orthodoxe. mais pour les autres comme moi, c'est un roman plein d'humour cassant les codes du genre. Si vous n'êtes pas trop regardant sur les événements qui arrivent au moment opportun, les fameux deus ex machina, vous passerez un agréable moment de lecture. John Scalzi aurait pu faire un très bon roman, il a préféré  faire de la bonne littérature populaire, ce qui n'est déjà pas si mal.

Autant Le vieil homme et la guerre pouvait être considéré comme antimilitariste, ce tome nuance plus le propos et il est beaucoup moins manichéen à mon sens car ce qui ont la charge de la colonie sont des anciens militaires, qui grâce à leur ancienne profession, excelle dans la gouvernance. Mais d'un autre côté, John Perri n'est pas le dernier à cracher à la gueule des militaires. Ni Pro, ni Anti.
Attention point très important avant de vous lancer dans cette lecture, vous refermerez ce livre avec une fâcheuse tendance à fredonner la célèbre ritournelle enfantine : il était un petit homme, pirouette cacahouète...
Ritournelle dont je ne résiste pas à vous offrir la vidéo, l'occasion de la mettre sur ce blog ne se représentant plus à mon avis. 


Autres romans du cycle :

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Quelques citations :


Voici une méthode de colonisation : prenez deux ou trois cents individus, laissez-les accumuler toutes les provisions dont ils jugeront bon de se munir, larguez-les sur la planète de leur choix, dites-leur « À la prochaine », et revenez l’année suivante pour ramasser les restes, tous étant morts de malnutrition du fait de leur ignorance, d’un manque de vivres ou de leur élimination par une autre espèce ayant jeté son dévolu sur le même monde.



Débarquer cent mille personnes sur une planète pour les laisser s’en faire balayer dans la foulée revient aussi à un gaspillage de colons par ailleurs tout à fait satisfaisants. En outre, même si c’est surtout dans les pays du tiers-monde que l’Union coloniale s’approvisionne en colons, si on se met à en perdre cent mille à chaque échec d’une nouvelle implantation, on finit immanquablement par manquer de main-d’œuvre.



Deux mille cinq cents colons suffisent largement pour lancer le processus consistant à transformer une planète en un monde humain. Dans le même temps, leur nombre reste assez insignifiant pour qu’en cas de disparition l’UC puisse aller de l’avant après avoir écrasé une petite larme. De fait, le lacrymal de l’affaire reste strictement facultatif.



Mais un colon suffit pour que la colonie existe. Un colon suffit à mourir pour l’Union coloniale. J’ai une responsabilité envers ma colonie et ses habitants. J’aurais refusé de livrer Roanoke. J’aurais également fait tout ce qui était en mon pouvoir pour assurer la survie de mon peuple. Sur le plan pratique, deux mille cinq cents colons ne sont pas plus capables qu’un seul de tenir tête à toute une flotte de vaisseaux de guerre. Ma mort aurait suffi à faire comprendre le message que l’Union coloniale voulait me voir passer. Si vous croyez que j’aurais forcé tous les autres colons de Roanoke à mourir pour satisfaire à quelque mystérieuse définition de la destruction d’une colonie, mon colonel, vous êtes vraiment le roi des cons.




— Autant j’aimerais pouvoir considérer définitivement Trujillo comme un connard bouffi d’orgueil parmi tant d’autres, autant je crois qu’il nous faut être prêt à accepter qu’il puisse effectivement agir pour le bien de la colonie. Quoi qu’il en soit, c’est exaspérant.
— Il faut aussi envisager qu’il soit un connard bouffi d’orgueil et qu’il agisse pour le bien de la colonie, suggéra Jane.
— Tu vois toujours le bon côté des choses, toi.



— Heureusement que tous les dirigeants de colonie ne sont pas aussi pénibles que vous.— Je suis facile à vivre, moi, pourtant. C’est ma femme, la peau de vache.


 

2 commentaires:

  1. Merci pour cette critique et pour la ritournelle qui risque de m'accompagner la journée durant.
    J'ai lu les deux premiers tomes qui m'ont bien plu. Je vois que tu es passé directement à La Colonie en excluant Zoé. J'en déduis que cette lecture là n'est pas obligatoire ( et comme Jane se voyait offrir la possibilité de terminer son service, Jo inclus dans le tome 2...)

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  2. C'est un plaisir d'offrir cette ritournelle qui tourne dans la tête...
    Le roman Zoé est paru après La dernière colonie, mais tu as vu très juste, il est très dispensable à mon sens, critique à venir très prochainement.

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