Les chronolithes


Robert Charles Wilson, Folio SF (Lunes d'encre), 2003, 336 p., 9€ epub avec DRM


Les coïncidences n’existent pas.


Présentation de l'éditeur :


La vie de Scott Warden bascule le jour où il est témoin de l'apparition du premier Chronolithe à Chumphon, en Thaïlande. Ce monument hors du commun célèbre la victoire du seigneur de la guerre Kuin. Mais cette victoire n'aura lieu que dans vingt ans et trois mois. Qui peut bien être ce Kuin dont on ignore tout? Et comment ce monument a-t-il pu venir quasi instantanément du futur? Autant de questions auxquelles vont tenter de répondre Scott et son ancien professeur de physique, Sulamith Chopra, pendant qu'autour d'eux le monde semble s'écrouler, dans l'attente de l'avènement de Kuin. 

Mon ressenti :


Je n'en pouvais plus d'attendre la parution de La cité du futur (le D-day est aujourd'hui), alors pour patienter, et comme le futur roman parlera de voyage dans le temps, quoi de mieux que de me replonger dans les Chronolithes. Lorsque j'ai lu ce texte pour la première fois, j'y ai découvert un formidable roman, et surtout un auteur. Depuis, j'ai lu tous ses textes, allant même dénicher un de ses vieux roman épuisé.
Donc, ceci est un avis d'un fan inconditionnel, pas très objectif. Mais je vous le dit, redit et reredit, tout est bon dans le Wilson.

Avec un sujet pareil, beaucoup d'auteurs auraient jouer la corde du blockbuster avec effets
pyrotechniques à l'avenant, mièvrerie et tout le toutim jusqu'à en avoir mal aux yeux et aux oreilles.
D'autres auraient laisser parler la Grande Histoire, celle des vainqueurs, des gouvernants et autres pouvoirs, avec moultes personnages et détails sur les bouleversements de cette apparition du futur. Certains se seraient emparés du sujet en en faisant un roman de Hard-SF, ployant le récit sous de nombreux et complexes concepts scientifiques.
Wilson a choisi une autre voie, celle du regard d'un individu plus ou moins lambda sur ce bouleversement du futur dans le présent. Il prend son temps, s'attarde tranquillement sur son personnage, ses relations avec ses parents, avec son ex-épouse, sa fille, avec lui aussi. La grande histoire vu par la petite, un récit de vie en sorte. De toute manière, ce roman n'est que le journal Scott Warden...

Wilson se concentre sur l'effet de l'arrivée des chronolithes, moins la cause. L'effet qu'à sur la vie de Scott Warden, père de famille qui se laisse peu à peu porter par les événements d'une vie trop rangée. Quelles sont les conséquences psychologiques d'un tel événement ?
En filigrane, Wilson nous donne un aperçu des effets sociaux, politiques et humains sur la société. Et force est de constater que certains n'attendent que le pire pour se laisser aller à leurs travers.
Certains pourront penser que l'intrigue comporte quelques facilités, mais comme le dit l'auteur dans le roman, les coïncidences n'existent pas, surtout lorsqu'il s'agit de paradoxes temporels. Une fin assez ouverte à l'imagination du lecteur, qui laisse quelques questions en suspens. Je ne vous en dis pas plus, lisez le.

Voilà la science fiction telle que je l'aime, quand l'extraordinaire vient se confronter à l'ordinaire. Quand un auteur arrive à rendre réaliste l'extraordinaire, nous faire oublier le fameux Et si ? pour nous emmener avec lui dans le récit, c'est la preuve d'une très belle réussite.
J'ai aussi beaucoup penser à un autre de ses romans, Les affinités, en le lisant. 

Roman lu dans le cadre du challenge Robert je t'aime !


Challenge Lunes d'encre

https://lechiencritique.blogspot.fr/p/challenge-robert-je-taime.html

Quelques citations :

Je connais l’odeur de l’avenir.
En fait, l’avenir abuse du passé ; passé et avenir se mélangent telles deux substances inoffensives qui, une fois combinées, produisent une toxine. L’avenir a une odeur de poussière alcaline et d’air ionisé, de métal brûlant et de glacier. Et aussi pas mal de cordite.

Le soleil a l’air de briller plus fort, le monde (tel qu’il est) nous appartient, et l’avenir brille de mille feux. Nous finirons forcément par être déçus. Mais pas trop, j’espère.

C’est Hitch Paley qui, en poussant sa moto Daimler déglinguée sur la plage de sable à l’arrière du Haat Thai Dance Pavillon, m’a invité à assister à la fin d’une époque. La mienne, et celle du monde. Mais je ne lui jette pas la pierre.
Les coïncidences n’existent pas. Je le sais, maintenant.

Je ne voulais pas que Kait (ni Janice, ni même Whit) sache qu’on m’avait viré… du moins pas tout de suite, pas tant que je n’aurais rien à ajouter à cette histoire. Une fin heureuse, ou ne serait-ce qu’un deuxième chapitre, une suite…
… qui est arrivée sous la forme d’un autre coup de fil inattendu.
Pas une fin heureuse, non. Pas une fin du tout. Et certainement pas heureuse.

« En fin de compte, les Chronolithes ont presque complètement inversé le concept de monument, m’a dit Sue tandis que je regardais ces images. Un monument sert à laisser un message au futur, à permettre aux morts de parler à leurs descendants.
« Contemplez mon œuvre, ô puissants, et vous désespérez »
— Exactement. Sauf qu’avec les Chronolithes, c’est l’inverse. Ils n’annoncent pas « j’étais ici » mais « j’arrive. Je suis votre avenir, que cela vous plaise ou non ».
— Contemplez mon œuvre et tremblez.
— C’est d’une perversité admirable.
— Tu l’admires, toi ?
— Pour tout te dire, Scotty… j’en ai parfois le souffle coupé.
— Moi aussi. » Sans dire que cela m’avait aussi séparé de ma femme et de ma fille.

La pulsion parentale la plus fondamentale est celle de nourrir et de protéger son enfant. Pleurer son enfant revient en fin de compte à avouer son impuissance. On ne peut protéger ce qui va en terre. On ne peut border une couverture sur une tombe.




6 commentaires:

  1. Tu donnes envie de le lire... de suite!
    Je l'ai au programme, j'hésite du coup à lire celui-ci, ou Les affinités ?...

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    1. C'était le but.
      Difficile de conseiller, de toute façon il faudra que tu les lises tous. Autant respecter l'ordre de parution et de pouvoir déceler les évolutions de ce formidable conteur.

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    2. C'est une bien bonne idée que celle-ci.... même si j'avoue que celui qui m'attire énormément en ce moment est BIOS...

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    3. Faut écouter son intuition, va donc te perdre dans une biosphère étrange en compagnie d'un clone.

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  2. J'aime bien les personnages simples, lambdas et j'avoue que cette histoire de monolithe est intriguante. Faudra faire un choix pour mon premier Robert Charles Wilson :)

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    1. Ah, que j'aimerai être à ta place. Découvrir Wilson pour la première fois. Tu vas atteindre le nirvana !

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