Aliens, Vaisseau et Cie



J.C. Gapdy, Editions Assyelle, 2015, 418 p., 5€ epub sans DRM


Mise à jour de février 2020 :
Suite à une rupture de contrat et à cessation de diffusion, Jean Christophe Gapdy n'est plus chez Assyelle. Le livre "Aliens, Vaisseau et Cie" n'y est donc plus disponible.
Cependant, l'auteur a encore des exemplaires papiers et la version epub.
Si vous désirez un exemplaire, vous pouvez le contacter via sa page Facebook.

 

Philip K. Dick semble être un auteur au creux de la vague, cela fait pas mal d'années qu'il n'a pas publié un texte. Pour patienter une hypothétique sortie, je vous invite à vous frotter à ce livre qui ne déparera pas dans votre étagère dickienne.


Présentation de l'éditeur :


A l’instant où la sonnerie stridente le tirait de son sommeil, Hèmèth sut que ce n’était pas un exercice. Son cœur s’emballa, mais il réagit immédiatement, dans la lumière diffuse qui baignait sa cabine. Ses pieds nus se glissèrent dans les chaussures antigrav et il bondit jusqu’à la porte qui n’était qu’à deux pas de sa couchette. Saisissant au passage un gilet antipesanteur, il se faufila par l’ouverture. Le couloir était éclairé de rouge et de jaune, strié par les lampes tournantes d’alerte du vaisseau. Une forte odeur de brûlé lui piqua les narines et son corps se mit à trembler.

Onze nouvelles où Aliens, Vaisseau et tout le reste, sans oublier les Compagnies JKil'D, Boltic® ou Trade Stellar Transit Inc., s'entremêlent dans un univers où il ne fait pas toujours bon vivre, car la folie, tout autant que le dévouement ou la tendresse, sont à jamais le propre de l'humain.
Onze nouvelles où futur et réalité se mélangent et, parfois, se rejoignent.

Mon ressenti :


Taillons tout de suite dans le vif du sujet : la couverture et le titre ne rende aucunement justice au contenu de ce recueil. Et cela est vraiment préjudiciable car le style est de bon niveau, les histoires entrainantes et l'auteur gagne à être connu, reconnu. Car des aliens et des vaisseaux il y en a, mais assez peu au final. Il sera surtout question de perception de la réalité.
Dans ce recueil de 400 pages bien tassées, nous trouvons onze nouvelles avec comme fil conducteur un hommage à  Philip K. Dick, chaque texte s'ouvrant sur une citation de l'auteur. Je ne suis pas un grand fan de Dick, connaissant peu son oeuvre, mais cela ne m'a pas empêché d'entrer dans l'univers de J.C. Gapdy.

Entre Cyberpunk, Post apocalyptique, Uchronie, Aliens, Religion, tous les textes ont en commun une profonde humanité, un humour grinçant, souvent noir, parfois caustique. La critique sociétale n'est jamais loin, mais l'auteur n'oublie pas qu'il écrit avant tout des histoires d'évasion.
J'ai beaucoup aimé le mélange des genres à l'intérieur des nouvelles, on passe de l’anticipation au space opéra, de la dystopie aux mondes parallèles, sans que cela coince aux yeux du lecteur. J'ai souvent cru savoir où tout cela allait me mener, mais J.C. Gapdy m'a souvent pris en défaut !
Mes nouvelles préférées sont Cибирский (mais je préférerai mourir plutôt que de le dire à voix haute !), Shojan survolant les rizières, Les rescapés de l’Éridan et Neutral game.

Un bémol tout relatif : le recueil souffre à mon sens de sa trop grande prodigalité : sur les deux-trois derniers textes, le fonctionnement des nouvelles est désormais connue, la surprise n'est plus de mise. Cela enlève en rien à la qualité des textes, je conseillerai juste aux futurs lecteurs de lire d'autres romans entre les nouvelles afin d'en savourer toute les qualités. (Et voilà que je râle désormais qu'il y a trop de textes dans un recueil !)

Au final, une très bonne découverte, surprenante aussi dans le fait que l'auteur soit méconnu alors que le niveau des textes est assez élevé. Lorsque je lis certains textes de Grands Auteurs parus chez de Grands Editeurs, je me dis que le monde du livre est un monde bien étrange.
Ce livre m'avait été conseillé  par Southeat Jones, les deux auteurs ont un projet de livre à quatre mains. Si cela se concrétise, nul doute que je ferai parti des lecteurs.


Vous pouvez retrouvez des liens vers des interviews de l'auteur sur la site Les aventuriales

Chroniqué dans le cadre d'un service de presse.

Allez, petite revue de détails des différents textes composant le recueil :

Vivez, éliminez !
Boltic® promet la vie éternelle à tous ceux qui ont le portefeuille bien remplie. L'idée est de faire une copie du cerveau, et de sa conscience (le connectome) dans une réalité virtuelle. Pour les plus pauvres, ou ceux dont le cerveau est trop endommagé, il est toujours possible d'injecter une partie des souvenirs de la personne dans une sorte de Google Homme. Mais pensez à renouveler votre abonnement. Le détective Philippe enquête sur une vague de suicide assez spécial, les suicidés utilisent maints procédés pour que leur cerveaux ne résistent pas à leur trépas.
Un questionnement sur les dérives du transhumanisme virtuel. A nous promettre une vie numérique meilleure, les entreprises High Tech pourraient être les nouveaux médiums-charlatans du 21ème siècle.

L’enfant électrique dans l’œil du vaisseau
Pour savoir ce que signifie ce titre énigmatique, il va falloir lire jusque la dernière ligne de cette nouvelle. Deux frères orphelins sont acteurs dans une série pour adolescent. Leur mère est morte dans le vaisseau pour Mars qu'elle commandait
Nous retrouvons certaines technologies utilisées dans la nouvelle précédente : plastination du cerveau, connectome, cerveaux-computers, neurocomputers.
A jouer avec le cerveau, on risque de s’emmêler les neurones. L'auteur y parvient parfaitement.
Si l'on sait que nous sommes dans un monde irréel, peut-on faire fit de la morale ?
J'ai beaucoup aimé ce texte.

Importance toute relative
Les deux nouvelles précédentes jouaient avec nos neurones, ce texte parait plus facile d'accès.
Milieu du 20ème siècle, une uchronie ou réalité alternative, L’Allemagne a gagné la guerre, l'Afrique a été partagé entre grande puissance. Malgré les bruits des bombes qui se sont tues, les grandes puissances jouent au jeu du chat et de la souris à travers leurs espions. Importance toute relative est l'histoire de l'un deux.
Difficile d'en dire plus, d'en dévoiler les thématiques, mais nous sommes encore dans l'univers dickien. Un bon texte qui joue avec les genres de la SF pour mieux nous prendre, perdre dans ses filets. Le tout avec humour et humanisme.

À peine deux millions de morts, avec quelques génocides au milieu – même s’il faut attendre que la communauté internationale les qualifie ainsi pour que ce soit vrai –, avec quelques chefs de guerre qui répondront, peut-être, dans quelque temps, de crime de guerre et qui se retrouveront, peut-être, un jour, devant un tribunal. Ce qui, hélas, ne changera pas grand-chose pour les survivants, pas plus que pour les morts d’ailleurs.

L’homme est un animal qui a besoin de son territoire, de son clan et de ses divinités comminatoires ; tout ce qui n’en fait pas partie est source de batailles et de conflits. La religion, la couleur de peau, l’habit, la langue, la maison ou simplement la forme d’un nez ou la coupure d’un prépuce, quand ce n’est pas un simple regard, ne sont que de fausses raisons pour l’homme de justifier sa haine et sa volonté de domination et de mort.

Et souviens-toi aussi que, dans l’histoire, jamais les affamés n’ont été ceux qui tuaient le plus, ni ceux qui commettaient les crimes les plus horribles…



Aliens, Vaisseau et Cie
Hercule Poirot en mode space opera.
Juana-Pilestra Inès Figuera est capitaine en second sur un vaisseau Cargo. Ils doivent embarquer avec eux trois races aliens dont deux sont en bisbille. En outre, une épidémie se déclare à bord.
Un texte à la mode humoristique avec un capitaine hurleur, un second secret et un mousse à la mémoire pharaonique.
Une petite friandise et pause humoristique pour reposer nos méninges.

Apparemment, le virus-bactérie se transmet uniquement par la salive, les larmes, voire la sueur, et nécessite un contact. Sa durée de vie est assez courte et il disparait à la mort de celui ou celle qu’il attaque.
– Oh ! Vous avez donc procédé à la destruction des porteurs pour accélérer notre départ, j’espère.



Cибирский
Au bout d'un moment, l'équilibre de la terreur, c'est bien mais vite lassant. Les gouvernements décident donc de faire mumuse avec leur missile radioactif. Résultat, un no mans land englobant toute la région méditerranéenne et une partie de l'Europe. Dans un village alsacien, quelques habitants ont préféré rester plutôt que d'aller remplir les zones d’accueil pour réfugiés nucléaires en Asie. Une vie faite de rien et de méfiance de l'autre, jusqu'au jour où apparait au loin deux silhouettes avançant dans la neige.
Un post apo qui va vous emmener bien loin. J'ai bien aimé le retournement de point de vue : ici ce sont les européens les réfugiés.

Shojan survolant les rizières
Un texte qui répond au précédent. Lorsque les gouvernements décident de s'amuser avec les atomes, certains s'envoyaient en l'air dans une station orbitale. L'angoisse d'être isolé dans l'espace. Las, les asiatiques lancent une opération de sauvetage.
Un texte qui navigue et nous perd dans différents sous genre SF pour un final surprenant. Qu'est ce qu'être humain, qu'est ce qu'une famille ? L'auteur réussit à nous parler des deux faces de l'humanité de bien belle manière.

Les rescapés de l’Éridan
Pas facile de se faire réveiller par un message d'alerte tonitruant et de découvrir un incendie. D'autant si on se trouve sur un vaisseau se trouvant à quatre années-lumière d'une civilisation. De l'équipage, il ne reste qu'un jeune qui a réussi à emprunter une capsule de survie grâce à un robot androide. Mais la rencontre avec un Big Dumb Object pourrait s'avérer salutaire.
Un début classique cependant entaillé par des émotions assez fausses du jeune garçon par rapport aux évènements. Je tique, les autres textes n'étaient pas aussi bancal dans la psychologie des personnages. Mais après quelques pages tournées de plus, la révélation se fait. Sacré auteur !
SF horrifique et psychose infantile, de quoi passer une nuit sereine après lecture.
J'aurais cependant préféré que le texte s’arrête au départ de planète EPK 987-15, la dernière partie étant trop didactique et déjà sous-jacente dans ce qui avait été dit.
J'ai particulièrement aimé le robot androide d'un nouveau genre, très empathique.

Neutral game
Le triple effet kiss kool. Et basta !
Futur indéterminé , dans un lycée lcpea, le tout sécuritaire est la norme : vigiles aux portes de l'établissement, vidéosurveillance généralisée. Et quelques gadgets bien fun : des chiottes pourvus de taser pour éviter tout débordement et rappeler aux jeunes les règles de bases d'une bonne hygiène (un coup de taser sinon ? ).
L'auteur s'amuse de son lecteur et le lecteur se délecte de la tournure des évènements. Une réussite pleine d'humour grinçant.

Monoamine Oxydase A
Un futur pas très reluisant dont un jeune paumé va se perdre dans un jeu de dupes. Et duper le lecteur par la même occasion ?

La réalité n’a d’existence que dans l’instant où nous la percevons. Dans le passé, ce n’est qu’une question de croyance ou d’étude, d’analyse, de déductions plus ou moins justes, plus ou moins fausses. Dans le futur, c’est une question de croyance, ou d’empathie, voire de charlatanisme savamment géré.

Votre Sainteté
Une théocratie future très rigide et très surprenante où nous suivons les pas d'un enfant qui se rêve spationaute. Si une religion arrive à mener son troupeau, quel résultat si trois religions se liguent ?


Rêve d’aliensIl ne me semble pas que Philip K. Dick est fait de la SF militaire, J.C. Gapdy comble ce manque.
Nous sommes sur une planète où une petite équipe de militaires s'amusent à nettoyer les affreux aliens qui la composent. Mais quand l'armée est à la solde de grande multinationale, il faut bien lire les petites lignes du contrat.
Un texte dont malheureusement j'ai vu venir la chute assez vite.


10 commentaires:

  1. Je le note, Dick faisant de la SF militaire (ahaha!) comment pouvais-je y échapper ?...

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    1. J'ai pensé à toi à la lecture de cette nouvelle, mais d'autres devraient te plaire aussi.

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  2. Je ne connaissais pas mais ça à l'air intéressant !

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    1. Ça l'est. Les petits éditeurs cachent parfois quelques pépites.

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  3. Un recueil hyper intéressant, je recherchais justement des auteurs peu connu et de qualité donc je vais me ranger à ton avis et le lire prochainement (d'autant plus que les thèmes me parlent, ça aide��). Je reviendrai faire un retour plus poussé

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    1. Pas cher en outre au vue de la qualité et du nombre de textes.
      J'attends ton retour.

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  4. C'est juste pour dire que j'ai passé l'acte d'achat chez l'éditeur suite à ce texte flatteur. Et je suis un peu désappointé de récupérer un PDF, et non un epub. C'est beaucoup moins pratique ... J'avais vu epub dans le titre. Voilà quoi

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    1. Je confirme que j'ai bien eu un fichier epub.
      Je t'invite à contacter les éditions Assyelle pour qu'ils te fassent parvenir la version epub, d'autant que sur leur site, il n'est pas précisé que c'est une édition pdf.
      Si l'éditeur ne te répond pas ou ne donne pas suite, contacte moi via mon mail lechiencritique@gmail.com, je ne voudrais pas que tu passes à côté de ses textes à cause d'une indélicatesse éditoriale (et je modifierais mon billet en conséquence le cas échéant)

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    2. Effectivement l'éditeur m'a fournit un Epub. Il suffisait de demander 😅

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    3. Cool.
      N'hésites pas à me faire un retour après lecture

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