1984


George Orwell, Folio, 2013 (parution originale 1949), 416 p., 8€ epub avec DRM


Certains termes de la SF sont aujourd'hui des lieux communs. Il y a le nombre 42, mais aussi Big Brother, la novlangue, la Police de la Pensée et la Salle 101. Pour comprendre la signification de ces quatre derniers, 1984 est tout indiqué.

Présentation de l'éditeur :


Dans un monde futuriste et totalitaire où Big Brother répète que la guerre c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, et l'ignorance, la force, Winston Smith, employé au ministère de la Vérité, falsifie l'histoire pour ne pas compromettre le pouvoir qui se serait trompé dans le passé. Dans une société où les sentiments de l'humain ont été éliminés, il cherche l'amour et la liberté.



Mon ressenti :


Les dystopies sont à la mode, qu'apporte 1984 face aux Hunger Game, Divergente et autres Labyrinthe ?

Et bien déjà, 1984 n'est pas une dystopie, mais une utopie. Une douce utopie où quelques dirigeants clairvoyants ont permis à une société fraternelle d'exister.
Fini à chaque réforme structurelle son lot de critiques, de manifestations. Ici, chaque citoyen est ravi des décisions prises, car elles vont dans le sens de l'histoire et du progrès. Les gouvernants et les gouvernés sur la même longueur d'onde, pas de prise d'otages des usagers par quelques syndicalistes mécontents.
Les ennemis du peuple sont clairement identifiés, et l'Etat organise chaque semaine un happy few permettant aux citoyens de leur balancer leur haine. Vindicte récompensée une fois l'an par une semaine de festivité ou chacun peut s'abandonner à ses pires instincts envers le bouc émissaire du moment. Car oui, nous sommes dans le monde réel, les ennemis d'aujourd'hui sont les alliés de demain, le changement est possible, la société progressiste.
Un monde idéal cependant entaché par quelques illuminés subversifs dénonçant un pseudo totalitarisme. Mais que ces déviants réfléchissent un peu, si surveillance il y a, c'est bien à cause d'eux. Pour éviter ce genre de débats creux, l'Etat a du prendre quelques mesures et surveiller chaque membre du Parti afin de détecter dès les premiers troubles et d'éviter qu'ils ne brouillent le bonheur des autres. L'Etat a aussi eu la brillante idée de réviser l'Histoire, afin qu'elle corresponde à la réalité du moment et qu'elle ne donne pas prise à ces exaltés. Une psychiatrie moderne et créative est présente pour ramener à la raison ces individus qui une fois guérie peuvent profiter pleinement de cette utopie de ce monde enchanteur.

1984 prouve que l'utopie dans les romans est possible. L'action est présente, les scélérats révolutionnaires vont ils renverser le pouvoir ? Big Brother saura t-il déjouer le complot ? Bref, lisez le et reprenez confiance en l'avenir. Oui, un autre monde est possible.
Le parfait guide du dictateur éclairé, à mettre sur sa table de chevet en compagnie de Fahrenheit 451 pour parfaire l'abrutissement des masses bêlantes et de Soleil Vert pour prendre à bras le corps le problème du vieillissement...
Réjouissant !

Une nouvelle traduction aux choix parfois étonnant vient de paraitre, plus d'infos sur le site de France Culture ou sur le fil dédié du forum Le Bélial

Quelques citations :


Novlangue, double-pensée, mutabilité du passé. Winston avait l'impression d'errer dans les forêts des profondeurs sous-marines, perdu dans un monde monstrueux dont il était lui-même le monstre. Il était seul. Le passé était mort, le futur inimaginable. Quelle certitude avait-il qu'une seule des créatures humaines actuellement vivantes pensait comme lui ?

Maintenant qu'il s'était reconnu comme mort, il devenait important de rester vivant aussi longtemps que possible.

Que peut-on, pensa Winston, contre le fou qui est plus intelligent que vous, qui écoute volontiers vos arguments, puis persiste simplement dans sa folie ?


15 commentaires:

  1. « qu'apporte 1984 face aux ...» ; La vraie question, c'est dans l'autre sens...
    Sinon, ma lecture remonte à fort longtemps, trop pour être précise, mais j'en garde un bon souvenir.

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    1. C'était du second degré. Comme de nos jours les grandes dystopies se résument à Hunger Game, Divergente et autres Labyrinthe, je voulais montrer que la nouveauté faisait bien pâle figure face aux mammouths.
      Je suis dans ma période "classique", je relis donc Fahrenheit, 1984 et j'enchaine avec Soleil vert. Et comme ils ont eu chacun leur adaptation cinématographique, j'en profite pour faire des pauses lectures et sortir les pop corn

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    2. Ok, je considérerai désormais toujours que tu es malin et que tu fais du second degré quand je pense que tu en fais. =P
      Et "Le meilleur des mondes" ?

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    3. Il est dans la liseuse aussi...

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  2. J'ai du le lire aussi mais il y a bien longtemps et c'est très flou et je ne suis pas tenté pour le relire. ;-)

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    1. Cela faisait aussi quelques décennies que je l'avais lu, mais comme j'avais tout oublié...
      Même pas tenté par la nouvelle traduction ?

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  3. Un de mes ouvrages préférés !!

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    1. Faut bien le potasser pour devenir un bon dictateur. Et pour le jour où tu accèdes au pouvoir, je le (re)dis, j'adore ton blog !

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    2. "Le parfait guide du dictateur éclairé", c'est parfait comme titre :)
      Merci bien, le tien est pas mal non plus :)

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  4. Quelle excellente critique. J'adore l'ironie de ton propos et le ton totalement décalé.
    Tu es en train de te faire les claissiques en ce moment ?
    Enfin, tu n'as jamais tout à fait laisser de côté ces lectures!

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    1. Merci.
      Les nouveautés ne m'attirent pas des masses en ce moment, alors quoi de mieux que les vieux pour relativiser. Et j'aime bien les vieux, l'odeur de naphtaline peut être ? Ou tout simplement car ils aiment les chiens les vieillards.

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  5. Je l'ai lu y'a longtemps, je l'avais pas trouvé si extraordinaire que cela à l'époque mais les idées restent en tête tout de même.

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    1. Je suis d'accord avec toi, ce roman est incontournable pour ses idées, moins pour sa prose un peu datée et un côté didactique parfois appuyé.

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  6. Amusant !
    Je l'ai lu il y a quelques années, quelques passages un peu trop philo pour moi mais une lecture que je ne regrette pas.

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    1. Un roman indispensable pour tous ceux qui aiment les dystopies et anticipation. Je te conseille de lire Amatka, moins philo, plus poétique, mais dans la même veine

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