Liu Cixin, Actes Sud, 2017, 816 p., 20€ epub avec DRM
La civilisation humaine n’était encore qu’une enfant.
Elle avait entrouvert la porte de sa maison pour jeter un regard vers l’extérieur,
mais elle avait été terrorisée par la nuit sans fin qui régnait au-dehors.
Devant l’immensité et la profondeur de ces ténèbres,
elle avait frissonné,
et avait rapidement refermé la porte.
Ça vous dit une petite ballade dans l'univers sur quelques éons ?
Et au bout du voyage, la réponse à la grande question sur la vie, l’univers et le reste que je vous dévoile sans tralala : pourquoi ce titre à la con ?
Présentation de l'éditeur :
Un demi-siècle après l’Ultime Bataille, l’équilibre précaire dû à la dissuasion de la forêt sombre continue de maintenir les envahisseurs trisolariens à distance. La Terre jouit d’une prospérité sans précédent grâce au transfert des connaissances et des technologies trisolariennes. La science humaine connaît des progrès pour ainsi dire quotidiens, les Trisolariens découvrent avec fascination la culture humaine et l’espoir grandit que les deux civilisations puissent bientôt coexister pacifiquement sans la terrible menace d’une annihilation réciproque. Mais lorsqu’une ingénieure en aéronautique originaire du début du xxie siècle sort de son hibernation, elle réveille avec elle le souvenir d’un programme qui menace cet équilibre. Bientôt, l’humanité aura à faire un choix : partir à la conquête d’autres univers ou mourir dans son berceau.
La Nuit étoilée - Vincent van Gogh |
Mon ressenti :
Liu Cixin nous ayant très gentiment éviter le gros cliffhanger à la fin du tome 2, l'enjeu en début de cette mort immortelle (il me tue ce titre) était assez vague. L'auteur nous prend à contrepied en nous transportant en 1453, durant la chute de Constantinople.
Après cette interlude, l'auteur nous reprend à rebrousse poil en nous narrant les aventures des précédents tomes d'un autre point de vue. La
ligne politique paraissait assez claire lors des premiers évènements
mais voyons y de plus près. Liu Cixin nous montre le cynisme des
dirigeants, qui sous prétexte d'empathie se servent des populations à
leur guise. La démonstration est sans bavure a travers l'histoire d'un
petit scientifique solitaire déclarant secrètement sa flamme. C'est
magnifique de cruauté.
Autant les deux précédents tomes péchés par
une certaine froideur dans l'histoire et les personnages, ici les
premières pages sont clairement d'un autre style.
L'intrigue principal va se concentrer sur une astrophysicienne, Cheng Xin et son compatriote Luo Ji.
La psychologie des uns et des autres est plus fine et permet de mieux cerner qui est qui, malheureusement vers la fin, les personnages redeviennent plus caricaturaux, voir un peu benêt.
L'intrigue principal va se concentrer sur une astrophysicienne, Cheng Xin et son compatriote Luo Ji.
La psychologie des uns et des autres est plus fine et permet de mieux cerner qui est qui, malheureusement vers la fin, les personnages redeviennent plus caricaturaux, voir un peu benêt.
Récit
sur plusieurs siècles, cela permet une vue d'ensemble des progrès - ou non - sociétal, économique et scientifique. Mais cela donne aussi un écueil, celui de la répétition :
hibernation réveil présentation du nouveau monde lancement de
l'intrigue et re-hibernation. Bref, cela casse le rythme et donne parfois l'impression que l'histoire n'avance pas.
Autre
écueil, l'auteur nous a habitué à nous balancer des indices
incompréhensibles pour les positionner plus tard dans son puzzle. Au tome
3, l'effet de surprise ne joue pas et il faut attendre la révélation.
Ceci dit, son récit crépusculaire sur une éternité de temps permet un émerveillement scientifique, permet de jouer sur tous les registres de la SF, entre utopie, dystopie, avancées majeures. La métaphore se joue à tous les niveaux, individuels, mondiales et universelles. C'est grand, c'est immense, c'est prodigieux. Le tout en continuant de nous parler de l'instant présent, de notre humanité, de notre perception des événements, à travers le prisme de l'Histoire, et de ses revirements.
C'est clairement le tome que j'ai le plus apprécié. Et malgré le tragique de l'ensemble, la dernière page tournée, c'est bien un sentiment d'espérance qui prédomine, le sombre se fait lumineux.
Difficile de ne pas parler du titre La mort immortelle. Titre qui a eu des vertus assez positives car il m'a fait étrangement penser à un épisode de Kaamelott, Le poème :
Et ben c'est nul. Nul, nul, nul, zéro.
« L’arbre moqueur », déjà ; ils peuvent pas s’empêcher de foutre des épithètes à tout ce qui bouge, ces poètes, même à ce qui bouge pas !
« La fleur goguenarde »,
« L’abeille malicieuse »,
« Le roseau pliable »,
« L’ourson rabat-joie ».
Et même, des fois, ils le mettent avant le mot, comme ça, ça fait genre !
«Le gai souriceau »,
« Le prompt madrigal »,
« La frisottée moustache » !
Si vous voulez connaitre le pourquoi de ce titre, allez faire un tour sur le site du traducteur
http://gwennaelgaffric.blogspot.com/2018/10/parution-de-la-mort-immortelle.html
(référence trouvé sur le site de Gromovar
La mort n'a laissé aucun souvenir désagréable à Anudar, à même captiver Maman et à donner un avenir plausible à BlackWolf
Quelques citations :
Comme tous ceux qui avaient étudié la navigation spatiale, Yun Tianming était terrifié par l’espace. Plus que quiconque, il connaissait ses dangers, il savait que l’enfer ne se trouvait pas sous terre mais dans le ciel.
Pourquoi un meurtrier était-il passible de peine capitale ? Réponse : parce qu’il avait tué. Mais ce n’est qu’une réponse parmi d’autres. On pourrait aussi répondre : parce qu’il avait tué trop peu. Le meurtre d’un individu vous valait la peine de mort, et c’était la même chose si vous en tuiez deux, ou des dizaines. Tuez des milliers, et vous étiez condamné à des milliers de sentences capitales. Plus encore, des centaines de milliers ? Bien entendu, encore la peine capitale. Mais pour ceux qui connaissent un peu l’histoire, la réponse devient maintenant moins évidente… Et en allant encore plus loin : si le meurtrier tuait des millions de gens ? Eh bien, il n’était pas condamné à mort, pas même puni. Si vous refusez de me croire, vous n’avez qu’à relire vos manuels d’histoire : ces criminels à l’origine de la mort de millions de gens étaient appelés héros ou grands hommes ! Et si le meurtrier détruisait un monde entier, ôtant d’un seul coup la vie de tous ses habitants ? Eh bien, on faisait de lui le sauveur du monde !
Mon avis |
Mon avis |
Il faudrait que je lise le tome 2... mais ça fait tellement longtemps que je le dis que je suis quasi sur de ne pas le faire !
RépondreSupprimerC'est l'histoire du lièvre et la tortue : beaucoup se sont précipités sur le tome 1, moi j'ai pris tout mon temps et je passe la ligne d'arrivée dans les premiers
SupprimerJe suis partagé. D’un côté ce cycle a l’air assez génial, d’un autre je ne suis pas sûr d’avoir le courage de m’y lancer. Je vais laisser l’idée faire son chemin, il faut que ça mûrisse...
RépondreSupprimerFaut savoir prendre son temps et attendre le bon moment. Et puis tu auras cette chance comme moi de pouvoir lire tout d'une traite si le coeur t'en dit
SupprimerIl claque tellement ce titre (et encore plus avec l'explication que j'avais ratée chez Gromovar, merci).
RépondreSupprimerC'est un titre mémorable
SupprimerTop la référence vers le site de la traductrice ! J'adore les titres alternatifs :D
RépondreSupprimerC'est au final une trilogie SF très marquante, mais je suis contente de l'avoir lu au fur et à mesure, vu la taille des tomes 2 et 3 je ne suis pas sure que je me serais lancée une fois la trilogie terminée...
Traducteur, pas traductrice ! Et pas parce ce que je suis contre la féminisation des fonctions, mais tout simplement car c'est un monsieur. ;p
SupprimerJe n'aime pas trop ce titre, mais on a échappé à bien pire.
Lorsque j'ai commencé la trilogie, je n'ai pas fait attention aux nombres de pages, puis j'ai pensé que tous allaient avoir la même taille...
Au final, les genres et thématiques de cette trilogie sont assez différents selon les tomes, de quoi renouveler le plaisir de lecture. Et j'ai trouvé certains romans beaucoup plus longs alors que c'étaient des textes courts.