Black Mirror - Saison 5

Série créée par Charlie Brooker, 2019, 3 épisodes d'1 heure environ

 

Alors, qu'en est-il de cette cinquième saison de cette série dont il faut se mettre en position latérale de sécurité avant de regarder les épisodes ?
En regardant un épisode de Black Mirror, difficile de ne pas ressentir un certain malaise. Cette cinquième saison n'échappe pas à la règle, malheureusement pour d'autres raisons.


Après un film interactif, Bandersnatch, assez décevant, la saison 5 se composent de trois épisodes abordant les thématiques des jeux vidéos, des réseaux sociaux et des robots compagnons interactifs.
Je ne vais pas vous faire lambiner plus longtemps, cette saison n'est pas celle où il vous faut impérativement tester le "Un mois gratuit" cher à Netflix.
Là où les anciens épisodes placaient les dérives technologiques au coeur de l'intrigue, ces dernières sont désormais au second plan. Ici, la série vous dit simplement que si votre identité sexuelle vous titille, mieux vaut s'en tenir à la réalité virtuelle et préserver la norme sociale, l'homosexualité refoulée, c'est trop cool ! Vous aurez le droit à des messages publicitaires de la prévention routière : "Smartphone au volant, attention danger" et "Celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas". Et vous saurez enfin que l'industrie musicale est une industrie.

Les sujets sont juste effleurés, la critique de la mainmise technologique dans notre quotidien n'est même plus interrogée, c'est une réalité et sa mauvaise utilisation n'est due qu'à son utilisateur.
Reste alors des tranches de vie parfois bien faites, à part le dernier épisode qui n'aurait pas à rougir devant certaines séries Z tant les événements deviennent de plus en plus rocambolesques, pour ne pas dire invraisemblables.
Pas de futur proche, nous sommes dans notre présent. Est ce que le manque de distance qui a a provoqué ce manque de créativité ? Ou l'argent de Netflix ?

Pour moi, Black Mirror est une critique de la technologie à outrance, le message de cette livraison est beaucoup plus ambigüe et rejette la faute sur l'usager. Au revoir esprit critique.


Petite recension des épisodes:



Striking Vipers

Réalisé par Owen Harris, 2019, 1h


Quand deux vieux amis de fac se retrouvent dans la réalité virtuelle de leur jeu vidéo préféré, les longues soirées à jouer donnent lieu à une étonnante découverte.

Deux amis d'enfance se retrouvent après quelques années, l'un à une vie familiale rangée, tandis que l'autre vit au jour le jour au fil des rencontres. A l'occasion d'un cadeau, "Street Fighters X", nos deux amis vont découvrir un penchant de leur sexualité qu'ils ne connaissaient pas. Toutes les personnes ayant été ados dans les années 80 vont sentir un élan de nostalgie pour ce célèbre jeu vidéo.



Le corps à corps entre combattants portent ici bien son nom. Mais le sadomasochisme d'une telle relation à base de coups est vite relégué aux oubliettes, l'intrigue préférant se focaliser sur l'élan amoureux. Le réalisateur désamorce l'homosexualité latente des protagonistes en leur faisant jouer des rôles hétéronormés dans le jeu vidéo. Et comme pour éviter d'aborder frontalement l'homosexualité, l'épisode joue sur la corde l'humour.
Ne vous inquiétez pas, la morale reste sauve, vos enfants ne deviendront pas d'affreux pervers déviants en reluquant cette épisode. Ouf, on a eu chaud ! Navrant.






Smithereens

Réalisé par James Hawes, 2019, 01h10


Un chauffeur londonien provoque une crise internationale lorsqu'il kidnappe un employé travaillant pour un grand réseau social.

Même si l'intrigue est un peu longue à se mettre en place, la tension autour de la prise d'otage m'a clairement pris dans ses filets. L'épisode vaut surtout pour la prestation de Andrew Scott, le Moriarty
de la série Sherlock.




On explore ici la culpabilité face à un accident et la facilité de rejeter la faute sur un tiers plutôt que d'assumer ses responsabilités. Bref, Facebook ou Twitter ne sont pas responsable si vous utiliser leurs applications au volant. L'addiction aux réseaux sociaux est juste effleurée. En outre, ce ne sont pas les dirigeants les fautifs, mais bien leur équipe ou leurs utilisateurs. Eux profitent juste du business pour se ressourcer loin de la technologie. Il y avait tant à dire...



Rachel, Jack et Ashley Too

Réalisé par Anne Sewitsky, 2019, 01h05


Une ado solitaire se prend de passion pour une poupée robotisée inspirée d'Ashley O, sa chanteuse préférée, alors que la vie de la vraie starlette s'effiloche peu à peu.

Voici la pépite de la saison. Si vous aimez rire, cette épisode va vous faire travailler vos zygomatiques pour un final en feu d'artifice. Même si le robot compagnon est mis en avant, ce n'est clairement pas le sujet. Vous vouliez une interrogation sur le transfert de conscience dans un robot, les conséquences d'un face à face clone-cloné ? Passez votre chemin.



Ici, le réalisateur préfère évoquer le miroir sombre de la célébrité des idoles des jeunes. La mise en abime apporté via Miley Cyrus est cousu de fil blanc, c'est ridicule par moment, grand guignol la plupart des autres moments. La star des gosses qu s'en met plein les poches et rêve en secret de monter son groupe de rock alternatif. No comment.
Et je n'ose même pas vous parler de l'histoire digne d'un téléfilm Disney.


La série avait ma faveur grâce à son côté effrayant, critiquant sans réserve la technologie par rapport à l'humain. Ne reste qu'un beau gâchis tant les sujets abordés dans cette saison avaient un potentiel en terme d'anticipation.


4 commentaires:

  1. Ça parait incroyable de passer d'un quasi-sans-faute (ou en tout cas d'une très bonne qualité générale, il me semble ?) à un 0/3. Je suis content de ne pas suivre la série en tout cas, ça doit être frustrant. C'est peut-être pour recommencer à faire d'eux et pour sortir de la routine qualitative qui n'est même plus remarquée ? Ou alors ça prépare un twist de saison 6 ? =P

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Frustrant pas tout à fait, nous sommes désormais tellement habitué avec les séries qui ne durent que pour la rentrée d'argent plutôt que pour l'intérêt du scénario.
      Je ne sais pas de quoi sera faite la saison 6, mais mes attentes seront de toute manière très faible.

      Supprimer
  2. C'est pas la meilleure saisons c'est sûr, même si j'ai été meilleure public que toi. Le premier est en effet très mauvais (sur un tel sujet y'avait moyen de faire quelque chose de bien plus intéressant). Le 2e est intéressant mais je suis restée un peu perplexe quand à la fin. J'ai bien aimé le 3e mais plus pour le côté complètement improbable du truc que sur le message. Effectivement c'est comme s'ils avaient oublié de creuser les problématiques en écrivant leur scénario...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ou ils veulent prendre un tournant plus grand public, il ne faudrait pas faire peur aux honnêtes citoyens.

      Supprimer

Fourni par Blogger.