Destruction

Ezechiel Boone, Alexi Zentner, Actes Sud, 2019, 368 p., 16€ epub avec DRM



Destruction de la menace arachnide ?
Destruction de l'humanité ?
Ou simplement destruction d'une bonne trilogie par un final grand guignol ?

Présentation de l'éditeur :

Toujours plus nombreuses, toujours plus grosses, toujours plus affamées, les araignées sont de retour.
Mais contre elles, que faire ? Les détruire toutes, au risque d’anéantir l’humanité elle-même dans une gigantesque explosion nucléaire ? Ou se laisser dévorer en attendant de trouver une solution scientifique et vraiment efficace ? Mourir ou mourir : il est des dilemmes plus rassurants.
Mais le monde est au bord de l’apocalypse et l’hésitation n’est plus de mise. L’heure de l’affrontement final a sonné. Face à ce monstrueux Jugement dernier en chair et en pattes, la civilisation trouvera-t-elle les ressources qui lui permettront de survivre ? S’enferrera-t-elle encore dans les conflits qui sans cesse la minent ? Saura-t-elle se transcender pour échapper à la double menace de destruction qui pèse sur elle ?
Dans cet ultime volet de sa trilogie à huit pattes, Ezekiel Boone peint le portrait halluciné d’une humanité aux prises avec ses propres démons et d’autres, rampants, qu’elle n’imaginait pas dans ses pires cauchemars.

Mon ressenti :

Après l'usage du protocole espagnol pour stopper l'invasion arachnide sur le sol américain, transformant le pays en petits îlots isolés, la Présidente des Etats Unis se laisse tenter par les militaires pour vitrifier les principales villes infectées. Résultat : plus d'une trentaine de grandes villes disparaissent du paysage américain. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin et ne pas pratiquer la politique de la terre brulée. Les bas du front ne rêvent que d'atomiser le reste.
Nous voilà de plein pied dans la politique et les enjeux de pouvoirs entre civils et militaires. Pendant ce temps, certains profitent du chaos pour établir de petites cités états, sous la menace mercenaire ou via la religion. Pendant ce temps, la menace arachnide se propage et évolue.

Une première moitié prenante qui nous emmène dans les étages où des hommes doivent décider d'appuyer sur un bouton, ou pas, comment appuyer alors que cela signe la mort de votre famille et amis ? Et à qui obéir ? Suivre le commandement civil ou militaire. On explore les les enjeux éthiques des décisions politiques et ce que veux dire obéir aux ordres, alors que des vies sont en jeu.
Pour l'anecdote, une petite histoire, bien réelle, qui failli transformer notre bonne vielle terre en territoire radioactif : le 26 septembre 1983, Stanislav Petrov, l'officier chargé d'appuyer sur le bouton russe, décida de ne rien faire, alors qu'une attaque nucléaire américaine était détecté. Plus d'infos ici

le boulot le plus important du monde ! consistait principalement à rester dans son box à tuer le temps en attendant de quitter le service, sachant qu’on ne vous demanderait jamais de faire ce que vous aviez été entraîné à faire.
Jusqu’à ce que, tout d’un coup, on vous demande de le faire.


Puis, dernier tome oblige, il faut bien conclure l'ensemble. Bien est une façon de parler, car c'est ici que la trilogie prend du plomb dans l'aile. Je ne sais pas si l'auteur devait partir en vacances, si ce sont ses enfants qui ont décidé de conclure l'histoire, mais une chose est certaine, il en fait trop, la crédibilité en prend pour son grade et on nage de plus en plus vers le grand guignol, le nanar hollywoodien.
Dommage car l'ensemble était de bonne tenue, un divertissement légèrement horrifique qui m'a embarqué avec lui durant 900 pages, les cent dernières ne servant qu'à faire effondrer le chateau de cartes.

Et puis, un roman qui vous donne l'eau à la bouche, ce n'est pas tous les jours que l'on en croise :


Aux États-Unis, ce serait sans doute un genre de resto branché qui se présenterait lui-même comme servant de la street food. Ce soir, il avait commandé un sanguche de chicharrón : un sandwich au porc croustillant avec de la sauce, des oignons et de la coriandre, accompagné de riz et de haricots.
[...] Le pain était léger et moelleux, le porc, croustillant et chaud, et la sauce coula sur sa main et son poignet quand il croqua la première bouchée. Bon Dieu, pensa-t-il, c’est le meilleur sandwich du monde. Maintenant qu’il avait mangé ce sandwich, il pouvait mourir heureux.
S'agissant du dernier tome d'une trilogie, Eclosion pouvait se lire de manière indépendante, ce n'est plus le cas ici, il faudra vous plonger avant dans Infestation, mais autant tout lire, quitte à oublier les dernières centaines de pages.

Quelques citations :


Et puis, honnêtement, quand on aura sauvé le monde, on sera des héros. On fera une cérémonie en notre honneur, avec plein de monde et des médailles comme à la fin du premier Star Wars.
— Le premier Star Wars, tu veux dire le vieux, ou l’épisode un ?
Gordo ne put pas s’empêcher de lancer un regard noir à Teddie :
— Le premier Star Wars. Le premier Star Wars, ce sera toujours l’épisode 4 : Un nouvel espoir.

Il n’avait jamais aimé Pilgrim. Ne lui avait jamais fait confiance. Il aurait probablement admis qu’il y avait une part de vérité dans les accusations de misogynie. Il était de la vieille école et assez vieux pour que l’idée de femmes exerçant des responsabilités et allant au combat lui reste un peu en travers de la gorge. Il voulait bien accepter que le monde change, mais recevoir des ordres d’une femme président… Non, ce n’était pas vraiment ça, le problème. C’était qu’elle soit cent pour cent civile. Il comprenait que la diplomatie l’emporte parfois sur la force militaire, mais la manière douce n’était pas toujours la solution. Parfois, la seule chose que les gens étaient en mesure de comprendre, c’était un bon vieux coup de pied au cul et pour ça, l’armée américaine était douée.


Mon avis

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10 commentaires:

  1. Désolé pour toi pour la fin. =/
    Pourquoi il y a deux couvertures différentes ?

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    1. That is the question, j'espérais un commentaire qui me l'apprenne...

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  2. Ah bravo... Maintenant, je ne suis plus tout à fait sûr de vouloir me lancer là-dedans.

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    1. Si tu as envie de divertissement, tu peux y aller sans crainte, il n'y a que la dernière partie qui craint.

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  3. Ben voilà. A cause de toi je viens de me taper les 3 tomes pendant ma semaine de vacances. Je ne regrette pas, très léger et divertissant, mais je pense qu'Ezekiel aurait pu faire plus condensé et nous emballer le tout en 2 tomes avec une fin moins happy end Hollywoodienne comme tu dis si bien.

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    1. Le problème des trilogies, on dilue l'intrigue pour que le pognon rentre... Vive les one shot !
      En tout cas, heureux de t'avoir convaincu de lire ces romans et que tu ais apprécié.

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  4. Mince pour cette fin. Bon, je craignais toutefois pire après t'avoir lu sur Twitter. Je garde ça dans un coin de ma tête et de ma liste d'envies. :)

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    1. C'est juste la dernière partie qui est branlante, le reste passe très bien. A lire dans des moments de détente.

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