PariZ


Rodolphe Casso, Editions Critic, 2016, 464 p., 7€ epub sans DRM


Zombie or not zombie, zat is the question !

 

Présentation de l'éditeur :


Dans un Paris ravagé par l’apocalypse zombie, trois clochards tentent de survivre, tapis dans les souterrains d’une station de métro. La Goutte, vieillard alcoolique au dernier degré, a déjà un pied dans la tombe. La Gâchette, originaire du Mozambique, est un ex-enfant soldat. Quant à La Gobe, jeune teufeur frappé de débilité, il ne doit son salut qu’à Goa, son chien d’attaque et cerveau auxiliaire.
Dans les entrailles de la cité, ils rencontreront deux membres de la Restauration Française, en mission suicide pour un colonel putschiste qui a fait main basse sur l’Assemblée nationale. Si cette paire de nazillons s’imagine pouvoir sauver la ville lumière, les vagabonds poursuivent un objectif plus modeste : renflouer leur stock d’alcool.,


Mon ressenti :


Trois clodos, deux barbouzes, un clebs et des zonards affamés, voilà pour la galerie de personnages hauts en couleurs. Une histoire assez classique : l'Apocalypse zombie. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Et 500 pages, de quoi me faire peur plus que les zombies : est ce que tout cela n'aurait pas pu tenir en 200 pages ?
Alors, pourquoi vouloir m'attaquer à ce roman ? Je voulais lire Nécropolitains, mais comme le pitch se déroulait un an après les évènements de PariZ...

Et puis, étonnamment, je me vois tourner les pages assez rapidement pour découvrir les aventures de cette bande d’hurluberlus : un jeune écervelé, littéralement, un clochard puant et un noir en proie aux démons. Au fil du récit, c'est leur histoire qui nous est contée ou comment ils sont devenus des zombies aux yeux de la société ou plutôt comment la société les a zombifié, clochardisé.

Quelques épisodes haut en couleur, comme ce festival de la chanson sur les champs Elysées qui finit par un feu d'artifice de sons et d'images, avec notre feu rocker national en guest star.
Le récit est entrecoupé des pérégrinations d'une goule à travers les rues parisiennes, ses monuments historiques noyés dans la société de consommation. Le chapitre 67 nous met clairement dans ses pensées. Brrr, effrayant. Et magnifique coup de l'auteur.
La majeure partie se passe dans le métro, loin du Paris touristique mais que tout à chacun a emprunté si il est descendu ou monté à la Capitale. L'auteur se prend parfois un peu trop comme un guide du tourisme, et se perd par courts moments dans la description des bâtiments, couloirs du métro, cassant le rythme du récit. Mais l'ambiance est bonne, le gore peu présent et les personnages gouailleurs remportent la mise, le tout sous une magnifique couverture.

Une lecture addictive, divertissante, plaisante et pleine d'humour,. que demande le peuple ?


Un entretien de l’auteur est disponibles sur Temps de livres :
Pour compléter vous pouvez toujours écouter les podcast des Chemins de la philosophie consacré à Philosophie du gore (3/4) Anthropologie du zombie
ou vous attablé autour de la grande table et vous questionner sue le Pourquoi les zombies sont-ils si populaires ?
ou encore explorer Culturesmonde et ses Variations sur le thème du futur (2/4) - Zombies, déluges, pandémies : les fins du monde


Quelques citations :


— Nous ne faisons pas partie de l’armée française, répondit Thibault avec une pointe d’orgueil. Nous appartenons à un groupe armé dissident, sous les ordres du colonel Grandchamp.
— Connais pas.
— Nous sommes les membres de la Restauration Française.
— Hein ?
— C’est le nom de notre organisation.
La Goutte se mit à ricaner.
— Restauration… Française ? reprit-il entre deux gloussements.
— C’est bien ça, répondit le lieutenant en fronçant les sourcils.
— On dirait le nom d’un self-service ! Hé, Gâchette ! L’espace d’un instant, j’ai cru que ces mecs bossaient chez Flunch !
La Gâchette sourit de toutes ses dents en dodelinant de la tête.
— Ah, ah, ah ! s’esclaffa La Goutte. Restauration Française ! J’ai jamais entendu un nom de milice aussi con !


Des affiches, La Goule ne cesse d’en croiser ; abris-bus, kiosques à journaux, bouches de métro… Un cornet de glace saupoudré d’éclat de cacahouètes, un sac à main en agneau, une bague en acier anti-allergique, Astérix et Obélix dos à dos, devant des montagnes russes : « Chez les Gaulois, on sait recevoir ! », un chameau rigolard à onze bosses aux couleurs d’une compagnie aérienne low cost : « Agadir – 39 € – Paris va être désert ! » Images et messages dont La Goule rate tout du propos. Choix des typographies, netteté des photographies, qualité des infographies, précision des détourages, pertinence des accroches… Il ignore tout de cette mutualisation de savoir-faire au service du langage universel de la publicité.
Que penseront de cette infinité d’inscriptions les archéologues du futur ou les visiteurs de l’espace ? Parviendront-ils, en découvrant cette cité de pierre de taille, de verre et d’ardoise, à déchiffrer ces runes aussi énigmatiques et omniprésentes que les hiéroglyphes des temples égyptiens ? Si d’aventure, au prix d’un opiniâtre travail scientifique, ils trouvaient la pierre de Rosette de ce patrimoine écrit, recelant les secrets d’une civilisation éteinte, ils pourraient enfin lire : « Conforama, le pays ou la vie est moins chère ». Et comprendront-ils le sens des graffitis que La Goule, sur son passage, a tout autant ignorés ? Certains, anciens, sont les signatures de vandales désireux de laisser la trace de leur passage dans l’immensité urbaine. Mais feront-ils la différence avec les autres, très récents, encore frais, qui maculent les façades de la rue du Faubourg Saint-Antoine ? « Visez la tête », « Seigneur, ayez pitié de nous »…

Il atteint l’angle de la rue des Lavandières-Sainte-Opportune et croise la boutique des frères Lissac, prospères opticiens du XXe siècle, auteurs du fameux slogan, au temps de l’occupation nazie : « Lissac n’est pas Isaac ».

Alors maintenant vous allez me dire combien vous pesez ! Vous verrez, vous me remercierez !
— Mais j’en sais rien combien je pèse, moi ! Je suis clodo, ducon ! Tu crois que je surveille ma ligne ?


11 commentaires:

  1. Une lecture qui a l'air bien fun !
    Tu attaques nécropolitains ensuite ?

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    1. Pas de suite, mais oui, j'ai bien aimé l'univers de l'auteur.

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  2. Une lecture addictive, divertissante, plaisante et pleine d'humour,. que demande le peuple ?

    Moi personnellement, rarement plus. Et c'est déjà tellement d'avoir un livre qui rassemble ces qualités. ALors, c'est un gros oui. En plus, j'ai fait ton test... et je suis un zombie!!!!!

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    1. Cool, j'espère que tu vas t'éclater avec les clodos.

      Pour ceux qui ne sont pas abonné à ma page Facebook, le test était mon accroche : Tu aimes le tartare, le carpaccio, les sushis ? Bref, tu aimes la chair fraiche. Peut-être es tu un zombie !

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  3. Je peux demander la même chose mais sans zombie ni once de gore et compagnie ? Non ? Alors j'ai la réponse : zat's horz de queztion.

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    1. Ben tant piz pour toi.
      Et puiz zi on enlève les chozez que tu diz, cela ne zert à rien de faire un roman zur les zombiez !

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    2. Je zuiz totalement d'accord, mais je ne faizaiz que répondre à ta queztion. Quoi ? Queztion rhétorique ? Connaiz paz.

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    3. Je vouz demande de vouz arrêter !

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  4. Il y a un lien avec "Nécropolitain" (si ce n'est l'auteur) ?

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    1. Nécropolitain se passe un an après l'invasion zombies. D'après ce que j'ai lu à droite et à gauche, cela doit être le seul lien. Je devrais le lire dans le mois, je te tiendrais au courant si tu veux.

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  5. Un post-apo qui met en scène trois clochards, voilà qui me rappelle beaucoup "Abandonati" de Gary Killworth :http://sfemoi.canalblog.com/archives/2019/02/10/37089696.html
    En tout cas j'ai bien envie de lire celui-ci. Et "Nécropolitains" aussi !

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