Sept morts à vivre

Southeast Jones, Rêveur d’étoiles/Paul Demoulin, 2019, 156 p., 3€ epub sans DRM





Sept morts, sept nouvelles et une funéraille...


Présentation de l'auteur :


Vous allez tous mourir ! Il va falloir vous y faire, un jour tout va disparaître : vous, moi, le monde sur lequel nous vivons, et même l’univers ! D’aucun parmi vous se diront que ce n’est pas la fin, car après tout, la mort n’est peut-être qu’une option parmi d’autres ; à moins qu’il ne s’agisse d’une étape nécessaire à notre évolution… A la fin des temps, Dieu a rouvert les portes du paradis, mais les bienheureux y errent sans but et leur existence semble bien morne. Un homme, un seul, se refuse à les rejoindre, mais à quel prix ! Comment la vie est-elle apparue sur Terre ? Comment va-t-elle finir ? La réponse à ces questions risque fort de ne pas vous plaire ! L’horreur se dissimule parfois derrière le masque de la beauté, mais comment ne pas avoir envie de mourir lorsqu’elle se dévoile ? Et si nous n’étions que les acteurs d’une pièce de théâtre mise en scène par d’inconcevables entités cosmiques ? Que se passera-t-il lorsque tombera le rideau sur le dernier acte ? Quel rapport il y a-t-il entre un homme aux portes de la mort, un dragon et une créature qui se dit aussi vieille que l’univers ?


Mon ressenti :


Lorsque l'on veut citer des auteurs de SF, certains ne le seront jamais, soit parce qu'ils ont été injustement oubliés, soit parce qu'ils n'écrivent que de simples textes. Simples, mais non dénués de talents. Ils ne vont pas inventer de nouveaux concepts, les transcender en quelque chose de plus neuf, de plus cosmique. Non, ils vont écrire des histoires, des tranches de vie proche de ce que nous pourrions vivre, ils n'inventent pas le feu mais savent nous emmener avec eux dans leur monde.
Southeast Jones est de ceux là. C'est peu, mais c'est beaucoup.
Alors si comme moi tu aimes les récits banals mais qui nous parlent de notre humanité, peut être que ces Sept morts pourraient te faire vivre quelques bons moments.
Recueil auto-édité de sept nouvelles, dont 3 rééditions parues dans diverses anthologies, la couverture pique les yeux de prime abord, mais à y regarder de plus près, offre une jolie vue d'un bout de notre univers. Cependant, trop d'étoiles, tue l'étoile !

Petite revue de détail


Monde lent
Publié initialement dans le recueil Souvenirs du Futur, je vous colle ce que j'en disais à l'époque :
Et si parfois leurs yeux semblent se perdre dans le vide, c’est parce qu’ils regardent un ailleurs qui vous est inconcevable. 

Il y a un peu du roman Terminus là dedans, mais en plus humaniste. Un vieux sénile parle à son médecin de la compréhension du temps par les personnes âgées, les fous ou les handicapés, dans ce monde devenu lent où la sénescence serait une évolution de l'espèce, un cinquième âge de la vie, profondément autre. Alors comment communiquer, comment comprendre l'Autre ?
Microcosme et macrocosme se rejoignent. Un très beau texte, ode à la vieillesse, à l'autre, si proche et si lointain à la fois.


Vivante ou inanimée, l’existence de toute chose n’est qu’une perpétuelle altération. Tout se déchire, s’enchevêtre, se décompose et se réagence jusqu’à créer ad infinitum de nouvelles ramifications en fonction d’événements, directs ou indirects, où la causalité elle-même est remise en question. Explorer toutes les probabilités d’un tel univers semble impossible sans sombrer dans la démence. Se défaire de la raison reste peut-être la seule alternative pour espérer comprendre une infime partie du « Grand Tout », avant d’avoir l’esprit liquéfié par la connaissance ultime.

L'antre de la bête
Un homme qui se meurt veut apaiser le fardeau qui pèse sur ses épaules à quelques amis. Il leur conte sa terrible histoire.
Une SF horrifique au goût de Providence. L'ambiance retranscrit bien l'odeur des textes anciens, où un narrateur raconte au coin du feu sa terrible mésaventure, sans oublier le twist final qui permet de revoir l'histoire sous un nouvel angle. Une longueur supplémentaire aurait pu cependant rendre l'ambiance un peu plus oppressante.

Anamnèse
Un homme est victime de malaises et de pertes de mémoires. Son quotidien devient de plus en plus halluciné et fragmenté.
Je me demandais où voulait m'emmener l'auteur. Et bien précisément la ou je ne m'attendais pas. A relire de suite pour comprendre mieux le fonctionnement du texte qui parvient à retranscrire fidèlement les pensées du protagoniste.

Mon dragon et moi
Malgré le titre, pas de fantasy ici, mais un space-opera : un pirate de l'espace doit se charger de livrer un bien étrange colis. Nous rencontrons ici une espèce d'aliens bienveillants qui vont croiser la route d'une espèce belliqueuse, l'homme.
Un sujet sombre pour un texte empreint d'une profonde nostalgie et empathie.

Le temps des moissons
Les espèces vivantes reviennent à la vie après leur mort. Un scientifique étudie cette maladie dans un labo militaire. Il nous livre ses mémoires.
Pas des zombies méchants, ils aiment ici prendre le soleil et se prélasser à longueur de journée.
Assez classique dans sa thématique, son final rompt avec ce que l'on est en droit d'attendre de ce genre de récit pour mon plus grand bonheur.
En outre, un passage m'a fait penser à un texte de Léo Ferré : 'Tu nais tout seul tu meurs tout seul entre les deux, il y a des faits divers, des faits divers que je te souhaite de choisir, parce que la plupart du temps, ces faits divers, ils te sont imposés, alors fais tout ce que tu peux pour garder tes faits divers à toi"
Je ne sais pas si l'auteur connait, mais dans la nouvelle, ce passage en est clairement une paraphrase :

L’existence peut se résumer en trois étapes : la naissance, la vie et la mort ; bien que seules la première et la dernière aient une réelle importance. À l’échelle d’un univers que l’on suppose infini et dont la durée de vie est, de notre point de vue humain, ce qui se rapproche le plus de l’éternité, tout ce qui se passe entre les deux n’est qu’une succession de points de détail insignifiants.


Dernière maison avant le paradis.
Un reclus vit dans un coin perdu avec sa chienne, une petite vie tranquille à tenter de digérer le décès de sa femme. Un jour cependant, alors que la fournaise bat son plein, un étranger frappe à la porte.
Bien aimé ce texte irrévérencieux envers le Tout puissant. Nous n'avons qu'une vie, alors autant en profiter tant qu'elle est présente, l'après n'est jamais certain.


Épilogue

Une vieille bande d'amis fête  la quatorzième fin du monde dans l'insouciance. Mais la vraie fin du monde est parfois en retard.
Beaucoup aimé ce texte simple dont le twist final, tout bête, fonctionne admirablement.

Nous étions si souvent réunis qu’on eut pu nous croire de la même famille. 2012 avait été une première, le monde avait continué de tourner, pas toujours très rond, mais nous étions encore là, ensemble, pour le pire et le meilleur. J’ai toujours pensé que ce ne serait pas Dieu, ou la nature, ou même un géocroiseur qui causerait notre disparition, mais bien l’homme et sa folie. Qu’importe le moyen : le feu nucléaire, la guerre bactériologique, ou plus vraisemblablement la destruction de notre environnement, la machine était en route, et rien ne pourrait l’arrêter. Nous n’avions tous qu’un vœu : celui de ne plus être là lorsque cela arriverait.

In memoriam
Texte en hommage à...
Un jour d'enterrement, le deuil, la vie, après.


On peut être auto-édité et savoir se vendre, voici le teaser du recueil
https://youtu.be/12GAJ4Dv7ww


Critique réalisée dans le cadre d'un service de presse

2 commentaires:

  1. Je n'arrive pas trop à savoir si ça m'intéresse ou pas. Pas convaincu par le teaser…

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    1. Je réfléchis donc à trouver un moyen pour faire pencher la balance...
      Et si ? à suivre...

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