Souvenirs du Futur : 16 voyages à travers l'espace et le temps

Anthologie dirigée par Paul “Southeast Jones” Demoulin, Ludovic Klein, Vincent Leclercq, Arnaud “Maniak” S. et Sébastien “Herr Mad Doktor” Parisot, Les éditions des Artistes Fous Associés, 1824, 306 p., epub gratuit sans DRM


Publié en 1824, je n'ai lu cette anthologie qu'en mai 2068, mais comme à cette période, il n'existe plus trop de lecteurs, j'ai donc décidé de venir en parler dans mon passé.
Et pour ceux que cela intéresse, les numéros du tirage du loto du samedi 22 juin 2019 sont les suivants : 42 - 15 - 11 - 18 - 24 - Numéro chance : 02

 

Présentation de l'éditeur : 

Les Artistes Fous Associés foutent le bordel dans l'espace-temps : ils modifient l'Histoire, altèrent l'écoulement normal des minutes et des secondes, inventent des univers parallèles et créent des paradoxes... de quoi envoyer Chronos directement à l'hôpital psychiatrique !
Dans cette sixième anthologie 16 auteurs et autrices ont pris le temps d'écrire d'anciennes nouvelles, des chroniques du lendemain et autres contes à rebours. Autant de récits qui déchirent l'espace-temps pour vous emmener… ailleurs.

Mon ressenti :


Les artistes fous associés sont vraiment des tarés : ils proposent leurs anthologies gratuitement en numérique (une quinzaine d'euros en papier). A ce prix là, on pourrait s'attendre au service minimum, main non, le travail éditorial est bien réalisé et la version numérique de très bonne tenue. Chaque texte est présenté, comme son auteur, il y a même des illustrations. Bref, pas de quoi rougir face à nombre de recueils dits "professionnels".

Une préface ouvre l'ensemble. Je ne sais pas pour vous, soit on les lit pas, soit elles sont souvent assez chiantes, son auteur essayant d'épater la galerie avec ses connaissances. Ce n'est pas le cas ici avec ce "paradoxe du lecteur de préface" qui va jusqu'au bout du délire, en omettant le nom du préfacier. Un bon amuse gueule sur la thématique du voyage dans le temps. ET les remerciements enfoncent le clou.

J'ai beaucoup apprécié le fait que la thématique du Temps soit prise ici au sens large (paradoxe, uchronie, anticipation...), et à travers différents genres.
En outre, ils nous offrent souvent des personnages colorés, d'autres à la sexualité non hétéronormée, d'autres un peu dégingandés, voilà déjà qui changent un peu du lot commun des textes.





La Musique de l'Univers (Steve Martins)
Musique commerciale et musique céleste. Un musicien tente de trouver un sens à la musique, celle des origines, de la nature profonde de la musique. Bien écrite, la chute manque toutefois de sel. Mais reste de belles images et une interrogation sur ce qu'est l'essence de la vie. Une atmosphère entre le fantastique et la science-fiction.

La folie du Spring Break de Hammamet n’était comparable à aucune autre, loin des événements putassiers et m’as-tu-vu d’Ibiza ou Cancùn ; derniers points de chute à la mode pour jet-setteurs poseurs qui venaient y ramasser leur chèque comme des fonctionnaires. Tout cela, cette notoriété de l’esbroufe et du clinquant au service de l’entertainment, il l’avait fui comme la peste.



Reflets (Milora)
Deux jeunes filles tannent du cuir en essayant de connaître leur avenir. Elles décident d'aller interroger une source magique. La morale pourrait être : qui s'y frotte, s'y pique. Et il ne suffit pas de voir l'avenir, encore faut-il l’interpréter correctement. Je ne m'attendais pas à ce type de fin, et l'autrice arrive à faire surgir les images du textes.


God save America (Marie Latour)
Va falloir assumer vos conneries maintenant.

Alors que les Etats-Unis sombrent dans le fascisme, l'invention d'une machine à remonter le temps est peut être l'ultime solution pour vaincre le péril brun. Mais qui sème le vent récolte la tempête.
Dommage que l'argument scientifique ne tienne pas car l'idée est bonne.


Kriket et le sort interdit (Vincent Leclercq)
Un démon de l'enfer se rencontre lui même. Une nouvelle espiègle pleine d'humour dont la chute m'a laissé sur la faim.
C’est la danse des démons qui en sortant des Enfers se secouent les cornes et font caca,


Monde lent (Southeast Jones)

Et si parfois leurs yeux semblent se perdre dans le vide, c’est parce qu’ils regardent un ailleurs qui vous est inconcevable. 

Il y a un peu du roman Terminus là dedans, mais en plus humaniste. Un vieux sénile parle à son médecin de la compréhension du temps par les personnes âgées, les fous où les handicapés, dans ce monde devenu lent où la sénescence serait une évolution de l'espèce, un cinquième âge de la vie, profondément autre. Alors comment communiquer, comment comprendre l'Autre ?
Microcosme et macrocosme se rejoignent. Un très beau texte, ode à la vieillesse, à l'autre, si proche et si lointain à la fois.


Vivante ou inanimée, l’existence de toute chose n’est qu’une perpétuelle altération. Tout se déchire, s’enchevêtre, se décompose et se réagence jusqu’à créer ad infinitum de nouvelles ramifications en fonction d’événements, directs ou indirects, où la causalité elle-même est remise en question. Explorer toutes les probabilités d’un tel univers semble impossible sans sombrer dans la démence. Se défaire de la raison reste peut-être la seule alternative pour espérer comprendre une infime partie du « Grand Tout », avant d’avoir l’esprit liquéfié par la connaissance ultime.
J'avais déjà lu son recueil Il sera une fois, un auteur que je vous conseille de suivre.


SPQR (Bruno Pochesci)
L'auteur nous livre une uchronie pas très sérieuse (quoique) où l'Empire romain ne s'est pas pris les pieds dans sa jupe. J'avais lu une nouvelle, Zombies en Beaujolais, de l'auteur que j'avais beaucoup apprécié dans la revue Galaxies n.57, j'attendais donc beaucoup de ce texte, pour un résultat en demi teinte. Beaucoup d'humour, pas toujours très fin, mais parfois noir, comme dans la sous-histoire racontée par le protagoniste Tiberius. Bref, j'ai préféré le récit dans le récit.
Bruno Pochesci, sous couvert de son humour potache, critique allègrement notre monde, et ça, j'aime beaucoup.


C'est de l'argent (Sylvain Lamur)
Le temps, c'est de l'argent. Par conséquent, voler du temps rend riche. Ici, une voleuse de temps subtilise des moments, des instants de vie pour les revendre. Mais peut on impunément gagner de l'argent sur le temps des autres ? Style que j'ai trouvé assez pauvre et traitement simpliste d'une bonne idée de départ. Dommage


Trouver l'origine des rides et des vagues (Anthony Boulanger)
La trame du temps est altérée, un Spectre est chargé de trouver l'origine de l'incident pour rétablir l'écoulement normal de l'Histoire. Une enquête fantomatique à travers les siècles pour trouver le coupable, qui n'est pas celui auquel on croit.
J'ai bien aimé la chute.

Christophe Huet,
illustration de la nouvelle "
Le Corps et la Main"



A la poursuite de Paradoxe (Corvis)
Le 29 septembre 1983, 5 mois après la découverte de la particule de Dunne et du voyage théorique dans le temps, alors que la Guerre Froide entre le Bloc occidental et le Bloc Rouge faisait officieusement rage et que les relations officielles entre la Chine et les États-Fédérés d’Amérique se désagrégeaient, un homme venu du futur apparut dans un village du Nord de la France, terrifiant bientôt le monde entier par sa seule présence.
On l’appela Paradoxe.

Une belle entrée en matière qui m'a donné de suite envie de me plonger dans le récit.
Dans un monde uchronique paradoxal, un voyageur temporel sème le trouble dans la préservation de la paix mondiale sous fond de de tensions Est-Ouest. Une nouvelle qui plaira aux fans de paradoxes temporels et de chasse à l'homme.


Famille décomposée (Herr Mad Doktor)
Une pièce de théâtre sous forme de vaudeville autour d'une famille recomposée temporel. Dans le même temps, un terroriste sème la terreur en modifiant la trame du temps. L'idée du terroriste temporel est intéressante, j'ai moins adhéré à la forme.


Le Corps et la Main (Geoff "MacReady" Barbieux)
Si regarder l'immensité de l'espace vous angoisse, ne vous attarder par sur cette nouvelle qui vous emmènera a travers temps, la SF, la Magie et le Fantastique. Flippant. Plusieurs niveaux de lecture possibles.


La sensationnelle et tristement méconnue invention de l’ingénieur Ducycle (Delphine Schmitz)
Le narrateur nous met en garde au début sur un récit fort mouvementé, l'attente est grande, le risque est de décevoir.
Un ingénieur tente de prouver que son invention est le nouveau moyen de locomotion de l'avenir. Un duel entre le une locomotive et son invention est lancé. Un texte aux saveurs de jadis, hommage au merveilleux-scientifique. Cela se passe en Belgique pour vous emmener à travers temps.
Si vous aimez la SF à grand papa, cette nouvelle vous comblera. Comblé je suis.


Welcome home (Xavier Portebois)
Un ancien militaire se perd entre passé traumatisant et présent fade. Les médocs sensés calmer ses crises de violences dues a sa prothèse cérébrale. Une variation autour du stress post traumatique. Bof.


Pow-wow (Vincent T.)
Pow Wow n'est pas que ce grand groupe de musique honteusement disparu, il s'agit surtout d'un grand rassemblement indien. Dans un temps uchronique, ce pow-wow va décider d'un sort funeste, et peu importe sur quelle face tombera la pièce, certains seront toujours le dindon de la farce.
Et qu’est-ce que cela fait d’être riche quand on a, pour cela, souillé la terre de ses ancêtres ? Quand on a oublié ce que l’on est ? À quoi sert l’argent des blancs, sinon à acheter des choses aux blancs ? Riches, il n’y a qu’eux qui le deviennent.

Que jeunesse se passe (Olivier Boile)
Les voyages dans le temps sont le fait de la science-fiction, très rare d'en rencontrer en fantasy. L'auteur tente le pari via un maître voleur et son apprentie. Après avoir visité une maison bourgeoise russe, il va faire la rencontre avec son pire cauchemar
Dommage que la fin soit un peu bateau car la narration était agréable.


Tempus fugit (Xavier Watillon)


Avant ce jour, Alfène n’avait jamais rêvé de voguer parmi les étoiles – il se contentait de s’y abîmer depuis la surface de la Terre, laissant à son esprit le loisir de les peupler.
Un jeune astrophysicien fait une découverte ahurissante, et il va devoir donner de sa personne pour tenter de résoudre le problème. De la mécanique céleste appliquée en quelque sorte...


Xavier Deiber,
illustration de la nouvelle Temus fugit



L'anthologie est téléchargeable gratuitement et sans inscription depuis le site web de l’association des Artistes Fous Associés
D'autres thématiques sont présentes : Fin(s) du Monde, Sales bêtes !, Folie(s), L'Homme de Demain, MORT(S).


6 commentaires:

  1. Bonjour. Je suis porteur d'un message de 2142 : n'oublie pas de stocker du chocolat. Merci d'avance.
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    Jamais éditeur n'aura si bien porté son nom. Et cette couverture ! =O
    Ça me laisse songeur.

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    1. Je te stocke plutôt des fèves de cacao, ainsi qu'un manuel pour produire du chocolat dans un monde post apo. Car avec le réchauffement climatique à venir, le chocolat va avoir un peu de mal...

      L'éditeur assume sa folie, cela fait peur au premier abord, mais le contenu est très pro.

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  2. Ca y va le voyage dans le temps en ce moment dis donc ! Tu compenses en attendant le retour du TARDIS ? :D

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    1. Bien vu.
      Comme je n'ai pas de PAL, je fonctionne à l'envie et explore parfois la même thématique.

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  3. Je reviens du passé, tu avais l'air si gentil comme chiot :-D
    Humour à part, je m'étais procuré le dernier exemplaire papier de leur anthologie "Sales bêtes" il y a plus d'un an et je ne l'ai toujours pas lu. J'ai honte. J'ai pris l'Epub de ce dernier livre. J'espère mettre moins de temps pour le lire, lol. Beau retour de cette anthologie en tout cas.

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    1. J'ai reçu une mauvaise éducation. Ou est ce le monde qui m'a rendu méchant, vaste question...
      Chaque livre doit être lu en son temps. C'est l'avantage ici des epubs, pas besoin d'avoir de PAL, on achète dès que l'envie se présente (dans le cas présent, on télécharge gratos)
      En tout cas, je crois que je relirai leurs anthos, certaines thématiques me plaisent.

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