2019
Craig Viveiros
Série
Vidéo
The War of the Worlds - La Guerre des Mondes - BBC
Série réalisée par Craig Viveiros, BBC, 2019, 3 x 1h
De la scientific romance, au sens littéral !
Une série tirée du fameux roman de Wells réalisée par la BBC laisse présager le meilleur.
Une diffusion sur TF1 laisse présager le pire.
Présentation :
Woking, 1905, en Angleterre. Intelligente et en avance sur son temps, Amy étudie les sciences naturelles à l’université. La jeune femme entretient une relation qui fait scandale avec le passionné George, un homme marié. Lorsque la population doit faire face à une invasion martienne, les deux amants n’hésitent pas à se mettre en danger pour venir en aide à leurs proches.
Mon ressenti :
On connait tous les grandes lignes du récit de Wells : des tripodes débarquent sur Terre et ravagent tout sur leur passage. Cette série respecte assez la trame originelle, tout en modernisant certains aspects.
Début du XXème siècle, dans une Angleterre puritaine, un couple de la
bonne société commet le pire : l'adultère assumée. Scénario écrit au 21ème siècle, Madame est un esprit libre qui étudie les sciences et se
joue de la norme. Mais les martiens eux n'ont que faire de la morale...
On inverse les personnages du roman original, c'est une femme sur le devant de la scène, une femme forte émancipée, qui rompt avec les conventions. Cependant, c'est bien beau de jouer la corde féministe, mais les gros plans sur son visage, sa beauté, sa force de caractère finissent par avoir l'effet strictement inverse : on en reste à l'image d'Épinal de faire valoir de la femme ! Son homme prend donc le rôle dévolue habituellement au féminin, il est faible, ne pense qu'à lui. Mais par amour, le sens du sacrifice sera t-il vainqueur ? Le récit se concentre un peu trop sur leur merveilleuse histoire d'amour, envers et contre tous. Et chose qui m'a irrité fortement, la femme devient une icône quasi christique, sonnant le renouveau.
Autre nouveauté, on complète l'oeuvre de Wells en y insérant une suite sous forme de flash forward, qui nous emmène dans un monde post apocalyptique rouge sang qui n'est pas des plus réussi. En outre, ces sauts dans l'avenir démontent toute possibilité de tension, le spectateur connaissant déjà la fin.
Fidèle à l'oeuvre par contre, c'est le ressenti des habitants face à cette chose tombée du ciel. Alors on fanfaronne un peu, on prend la pose devant cet ersatz de météorite (comme quoi, les selfies ne datent pas d'aujourd'hui !) et on s'en prend plein la gueule juste après lorsque la menace apparait. Années 1900 obligent, les communications sont ce qu'elles sont et avoir des retours sur ce qui se passe est pour le moins délicat.
Les effets spéciaux font un peu cheap, sauf les tripodes que j'ai trouvé très convaincant dans leur modernité high tech face à ce 20ème siècle. Budget oblige, la production a aussi du faire avec la contrainte des figurants, qui sont assez peu nombreux, rendant les scènes de foule assez comique.
Le message politique du roman, la violence de la colonisation, est quasiment absent. Pour faire bonne figure, 2-3 sentences lors du dernier épisode et puis s'en vont. Comme la place de la femme avait déjà été abordée, restait le sujet du moment, l'écologie, aussi vite abordé et oublié.
Oh, une éclaircie ! L'espoir ? Dieu ? |
Autre nouveauté, on complète l'oeuvre de Wells en y insérant une suite sous forme de flash forward, qui nous emmène dans un monde post apocalyptique rouge sang qui n'est pas des plus réussi. En outre, ces sauts dans l'avenir démontent toute possibilité de tension, le spectateur connaissant déjà la fin.
Fidèle à l'oeuvre par contre, c'est le ressenti des habitants face à cette chose tombée du ciel. Alors on fanfaronne un peu, on prend la pose devant cet ersatz de météorite (comme quoi, les selfies ne datent pas d'aujourd'hui !) et on s'en prend plein la gueule juste après lorsque la menace apparait. Années 1900 obligent, les communications sont ce qu'elles sont et avoir des retours sur ce qui se passe est pour le moins délicat.
Les effets spéciaux font un peu cheap, sauf les tripodes que j'ai trouvé très convaincant dans leur modernité high tech face à ce 20ème siècle. Budget oblige, la production a aussi du faire avec la contrainte des figurants, qui sont assez peu nombreux, rendant les scènes de foule assez comique.
Le message politique du roman, la violence de la colonisation, est quasiment absent. Pour faire bonne figure, 2-3 sentences lors du dernier épisode et puis s'en vont. Comme la place de la femme avait déjà été abordée, restait le sujet du moment, l'écologie, aussi vite abordé et oublié.
Un enfant lit une bande dessinée et je me demande si il ne s'agit pas des illustrations d'origine. Si quelqu'un connait... |
Je n'ai jamais réussi à m'attacher aux personnages (dont la direction d'acteurs m'a paru faiblarde), l'histoire étant connue, il ne reste pas grand chose à laquelle s'accrocher et les quelques éléments de modernité apportés ne m'ont guère convaincus.
Pour moi, une adaptation ratée.
Me reste à regarder l'adaptation qu'en a faite Canal +, transposant le récit dans notre présent.
Je vous conseille d'écouter la superbe émission que lui a consacré La méthode scientifique
La Guerre des mondes : Mars, et ça repart
La méthode scientifique du 17 janvier 2020https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-emission-du-vendredi-17-janvier-2020
La page contient en outre un lien vers une magnifique critique du roman original ! (merci)
Téléchargement direct (Enregistrer sous)
Retour sur le roman d’H. G. Wells paru en 1898, ainsi que les différentes adaptations qui ont suivi. Comment Orson Welles a-t-il révolutionné la fiction radiophonique ?
Le Père-Noël des amateurs de science-fiction est passé avec les bras chargés de cadeaux en fin d’année dernière et parmi ces cadeaux, non pas une, mais deux adaptations du chef d’œuvre de H.G. Wells, La guerre des mondes. Une britannique, produite par la BBC, qui situe l’action à l’époque du tournant d’origine ; une autre, plus libre, produite par la Fox et Canal Plus, qui la situe dans l’Europe contemporaine. Et c’est peut-être à ça que l’on reconnaît un chef d’œuvre. Chaque époque y projette ses propres problématiques. Naguère, la montée du fascisme, la guerre froide, puis le terrorisme et aujourd’hui l’apocalypse climatique et la crise des réfugiés.
La guerre des mondes : Mars, et ça repart ! C’est le programme destructeur qui est le nôtre pour l’heure qui vient. Bienvenue dans La Méthode scientifique.
Et pour remonter à la racine et évoquer le chef d’œuvre d’H.G. Wells, sa postérité et ses multiples adaptations, nous avons le plaisir de recevoir Pierre Lagrange, sociologue des sciences, chercheur associé au laboratoire interdisciplinaire d’étude sur les réflexivités et Jean-François Merle, éditeur chez Omnibus, qui a publié à peu près tous les grands classiques de Wells et plus récemment, une édition illustrée de La Guerre des mondes, dessins d’Alvim Correa.
Retour sur le roman d’H. G. Wells paru en 1898, ainsi que les différentes adaptations qui ont suivi. Comment Orson Welles a-t-il révolutionné la fiction radiophonique ?
Le Père-Noël des amateurs de science-fiction est passé avec les bras chargés de cadeaux en fin d’année dernière et parmi ces cadeaux, non pas une, mais deux adaptations du chef d’œuvre de H.G. Wells, La guerre des mondes. Une britannique, produite par la BBC, qui situe l’action à l’époque du tournant d’origine ; une autre, plus libre, produite par la Fox et Canal Plus, qui la situe dans l’Europe contemporaine. Et c’est peut-être à ça que l’on reconnaît un chef d’œuvre. Chaque époque y projette ses propres problématiques. Naguère, la montée du fascisme, la guerre froide, puis le terrorisme et aujourd’hui l’apocalypse climatique et la crise des réfugiés.
La guerre des mondes : Mars, et ça repart ! C’est le programme destructeur qui est le nôtre pour l’heure qui vient. Bienvenue dans La Méthode scientifique.
Et pour remonter à la racine et évoquer le chef d’œuvre d’H.G. Wells, sa postérité et ses multiples adaptations, nous avons le plaisir de recevoir Pierre Lagrange, sociologue des sciences, chercheur associé au laboratoire interdisciplinaire d’étude sur les réflexivités et Jean-François Merle, éditeur chez Omnibus, qui a publié à peu près tous les grands classiques de Wells et plus récemment, une édition illustrée de La Guerre des mondes, dessins d’Alvim Correa.
Mon avis |
Mon avis |
Mon avis |
Moi qui attendais un article mettant en confrontation les deux séries, voilà qu'il me faut attendre pour savoir laquelle est la pire.
RépondreSupprimerBon, je ne comptais pas la regarder, mais me voilà au moins pleinement confirmé dans mon choix. ^^'
Je suis en cours de visionnage de l'adaptation de canal+. Du bon et du moins bon, mais le réalisateur sait capter l'attention. Et heureusement vu les défauts...
SupprimerMmh... j'avais envie de la regarder mais finalement plus trop.
RépondreSupprimerJe ne vais pas te dire le contraire. Mais après, les go^ts et les couleurs.
Supprimer"Son homme prend donc le rôle dévolue normalement au féminin, il est faible, ne pense qu'à lui. " normalement dans le sens de habituellement, on est d'accord ? :D
RépondreSupprimerC'est un peu chiant les produits culturels qui manquent à ce point de subtilité. Je sais pas trop si je verrai un jour mais ce n'est clairement pas une priorité.
Tu as parfaitement raison, c'est bien habituellement, et je rectifie de ce pas.
SupprimerCette adaptation n'est toujours pas celle qui sublimera le roman de Wells.
Ok merci pour les infos. Je ne regarde pratiquement pas de série donc je ne pense pas y venir un jour, mais c'est intéressant d'en savoir un peu plus. J'aimais bien l'idée de garder l'époque historique d'origine plutôt que de transposer à notre époque.
RépondreSupprimerIl y a eu un petit glissement historique, de l'époque victorienne à l'époque edouardienne si j'ai bien compris.
SupprimerJe pensais préférer cette série du fait de l'époque aussi, mais après visionnage de la série de Canal+, la transposition de nos jours est plus réussie.
Dommage, je pensais regarder cette adaptation, mais je vais peut-être m'en passer du coup, mon betaséries m'en remerciera !
RépondreSupprimerMême si j'ai toujours raison, il faut se méfier, j'ai parfois tort. Si la curiosité est plus forte, n'hésite pas.
Supprimer