Nécropolitains

Rodolphe Casso, Editions Critic, 2019, 729 p., 15€ epub sans DRM



Petite balade parisienne à l'heure du printemps zombie.

Présentation de l'éditeur :


Paris, un an après l'apocalypse zombie. Depuis la base souterraine de Taverny, où vit reclus et impuissant ce qui reste de l'armée régulière, le capitaine Franck Masson est envoyé en mission diplomatique au coeur de la capitale pour établir le contact avec plusieurs poches de survivants. Dans une ville lumière en lambeaux, investie par les morts-vivants et les bêtes sauvages, le soldat part en quête des derniers sursauts de l'humanité, de Dieu et de la France ! De buttes en îles, de parcs en souterrains, de chemins de fer en canaux, sa traversée lui apprendra par dessus tout que l'homme, même après la fin du monde, demeure un spécimen bien difficile à cerner. Un road movie drôle et mélancolique dans un Paris ensauvagé. 


Mon ressenti : 

Base aérienne de Taverny, le capitaine Franck Masson reçoit le cadeau du siècle par son commandant, une petite escapade parisienne en solo, avec en guise d'amuse gueule un saut en parachute en pleine nuit. Saut qui est de la roupie de sansonnet pour ce parachutiste multirécompensé, sauf si quelques piafs...
Seul bémol, Paris, la France, le reste du monde (?), est envahit de zombies. Le capitaine est chargé d’aller à la rencontre de possibles survivants disséminés en trois lieux symboliques de la Capitale. Une mission quasi suicide en quelque sorte. Mais ça ou la dépression...
Butte Montmartre, parc des Buttes-Chaumont et île de la Cité, trois communautés de rescapés, trois façons d'organiser la vie en mode pénurie.

J'avais déjà lu le Pariz de l'auteur, se déroulant un an auparavant. Le bon coté, c'est qu'il n'est pas nécessaire de le lire avant d'entrer dans Nécropolitains et nous retrouvons le ton/style de l'auteur : la musique, des notes d'humour et la gouaille.
On y retrouve aussi, malheureusement pour moi, une autre caractéristique : les descriptions nombreuses. Très nombreuses. Très très nombreuses. Trop nombreuses. Au point que je pense que ce roman aurait pu perdre facilement 300 pages en privilégiant l'intrigue ! On aime ce style ou pas, mais pour ma part, je trouve que cela casse surtout le rythme.
Autre problème pour moi, l'aventure est assez redondante : découverte d'une micro-société, découverte de ses us et coutumes, de ses vices et vertus, départ. Et on remet cela deux fois.
En outre, les personnages sont assez stéréotypés, manquent de finesse dans leur dimension humaine. Malgré le pavé, on ne connait  rien de la vie d'avant du soldat, il n'est qu'un "
Je crois en la France. Je crois en Dieu. Je crois en la discipline." Bien sûr, ses péripéties vont le faire évoluer, mais comme nous ne le connaissions pas...  Les autres personnages sont dans la même veine, pas antipathiques, mais manquant cruellement d'épaisseur.
Côté positif, ce n'est pas un roman de zombies classique. Ils sont là, au loin, une menace sourde et présente, mais ils ne sont pas au coeur du récit.

Même si j'ai aimé les petites touches anars de l'auteur, j'aurais préféré qu'il se concentre sur un seul lieu pour vraiment en faire une analyse psychologique et sociologique plus fine., avec des personnages mieux campés. Ça se lit facilement, mais un mois après lecture, les 700 pages se résument dans ma mémoire à quelques images, dont celle, magnifique, de la couverture d'Aurélien Police.
Après son Pariz, j'attendais beaucoup de ce roman dont le pitch me plaisait beaucoup. Trop d'attentes peut-être...

Ce qui n'est pas le cas de tout le monde,
La petite communauté du bibliocosme à apprécier le voyage deux fois : ici et
La chronique a forcément plus au Chroniqueur
Et l'excellence de l'ensemble a subjugué Dup

 

 

Quelques citations :


— Salut Camel, dit-elle d’une voix fluette, presque absorbée par les basses émanant du sol. Tu m’amènes un nouveau pour l’atelier tricot ?
Franck, qui se retint de rire, ne sut lire dans le regard de la couturière en chef si sa proposition tenait de la boutade ou du plus grand sérieux. Il oubliait par moments que le monde avait, pour ce qu’il en restait, changé au point qu’apprendre à tricoter un pull à l’approche de l’hiver pouvait s’avérer aussi vital que de se pourvoir en armes et en nourriture.

— Autrefois, il était convenu de considérer les militaires comme des hommes de valeur et de conviction. Et toi ? Malgré tout ce chaos, en quoi crois-tu encore ?
Franck s’accorda quelques secondes de réflexion.
— Je crois en la France. Je crois en Dieu. Je crois en la discipline.
Gilbert opina du chef.
— La discipline. Ça nous fait au moins un point en commun. Pour le reste, ni Dieu ni maître, quant à la France, je te la laisse.
— C’est ce que disent ceux qui ont toujours profité des qualités de ce pays sans jamais s’engager pour le défendre.
— Quand le mot « France » signifiait encore quelque chose, il était déjà trop abstrait pour moi.
— Je vois le genre, ricana Franck. Pas de frontières. Pas de hiérarchie. Tous frères. Tous égaux. Amour, anarchie, eau fraîche, et cætera…
Les deux hommes se fixèrent quelques secondes, avant que le petit homme ne rompe la joute silencieuse :
— Moi, je suis un paysan. Je crois en la nature, la terre nourricière et la capacité des hommes à s’insérer sans fausses notes dans cette symphonie.
Il dressa un doigt en l’air, adopta une posture de professeur et adoucit aussitôt le ton.
— Le paysan, c’est celui qui tient le pays. Le soldat, c’est celui qui se bat pour toucher une solde. Alors, bien sûr, tu peux te payer ma tête, seulement voilà : toi, tu es désormais un soldat sans solde tandis que moi (il désigna une parcelle de pelouse cultivée) je reste un paysan avec une terre.

2 commentaires:

  1. Entre "Un Éclat de givre" et celui-ci, faut que t'arrêtes les visites de Paris "post-apo", ça ne te réussit pas.

    RépondreSupprimer

Fourni par Blogger.