Olangar : Bans et Barricades


Clément Bouhélier, Critic, 2018, 400 p. (tome 1), 448 p. (tome 2), 15€ le tome epub sans DRM





C'est la lutte finale...
Ou comment transposer Germinal dans un univers de Fantasy.


Présentation de l'éditeur :



Dix-sept ans ont passé depuis la bataille d'Oqananga, où la coalition entre les elfes et les hommes a repoussé les orcs par-delà les frontières. A l'approche des élections, Olangar est une capitale sous tension, véritable poudrière où seule manque l'étincelle. Tandis que les trois candidats noircissent les journaux de leurs promesses, les ouvriers s'épuisent dans les usines, les accidents se multiplient sur les chantiers navals et la Confrérie des nains menace d'engager un mouvement de grève d'une ampleur sans précédent.
Leur meneur, Baldek Istömin, ira jusqu'au bout. Au même moment, Evyna d'Enguerrand, fille d'un ancien seigneur de guerre, débarque en ville pour chercher la vérité sur la mort de son frère, assassiné au Grand Mur dans d'étranges circonstances. Pour l'aider, elle fait sortir de prison Torgend Aersellson, un elfe banni par les siens et vieil ami de son père. Ensemble, et avec l'aide de Baldek, ils se lancent dans une enquête acharnée qui les mènera des bas-fonds de la cité aux confins du royaume, là où l'ombre des orcs menace encore.



Mon ressenti :


Des nains cégétistes revendicatifs, des trolls immigrés bouc émissaires, des elfes individualistes et conservateurs, et des hommes, la pire engeance ?

Le conflit, ça signifie aussi des cadavres sur le pavé, et des gamins sans père et sans mère. Tu devrais essayer de pas l’oublier.

J'ai dévoré ce roman en moins de temps que de l'écrire. De l'action, du thriller, de la politique, du suspense. Bref, un concentré de page turner bien troussé. Des méchants bien méchants et fourbes, des politicards ne pensant qu'à leur réélection.
En fait, c'est notre monde transposé dans un univers fantaisie. On croirait voir les Macrons et autres populistes prêt à tout pour accéder au pouvoir ( ce qui ne doit pas être un hasard, comme les sans-dents).
Et ça marche, l'auteur n'oubliant jamais son histoire au détriment de la diatribe.

Une société qui accepte de vivre sur l’écrasement de certains de ses membres ne mérite pas mieux. Elle est coupable dans son ensemble…

Je ne suis pas un adepte de la fantasy, mais l'auteur a su me prendre dans ses filets. Pas de magie ici, il y a des armes à feu, des canons, et même une attaque de trains, on se croirait parfois en plein western situé en révolution industrielle.
Les races imaginaires deviennent ici bien réel, l'imagerie folklorique est rebattue : même si les nains travaillent dans des mines, ils le font sous le joug d'un patronat qui n'a rien a envié à un Germinal.
Lutte des classes et des races, les revendications sociales trouvent ici un souffle épique et somme toute assez nuancée, les personnages étant avant tout des individualistes mais leur combat est pour un monde plus juste.
La thématique sociale est assez variée, que ce soit au niveau de l'environnement/écologie, ou la place accordé aux, aux une au aux autres. Mais je vous laisse découvrir...
Je savais que la SF politique existait, Clément Bouhélier me montre que la fantasy politique existe aussi. Et j'en redemande.

La cité de Olangar nous est présentée sans verser dans des descriptions longuettes, mais par petites touches. On s'y promène du port aux auberges malfamées, des lieux de pouvoirs aux officines des basses oeuvres. Une ville qui lorgne peu à peu vers la révolution industrielle.

Les plus aisés profitent du fleuve tel qu’il sort de la montagne. En bas, les quartiers ouvriers doivent se contenter d’une eau chargée des détritus et excréments des hauteurs de la capitale. Un siècle plus tôt, la Révolution a accouché d’une monarchie constitutionnelle démocratique, mais elle n’a pas aboli les clivages sociaux. Dans les provinces du Sud, depuis longtemps, la vieille noblesse a renoncé à bon nombre de privilèges. Ici, à l’inverse, elle semble les afficher ostensiblement et s’y accrocher comme un chien à son os. Et qu’importe le terrible symbole de la richesse qui prospère au-dessus de la misère.

Source


Une fois la dernière page tournée, j'ai embrayé de suite avec le second tome, qui est sa suite directe et qui pourrait se résumer ainsi :

Les ennemis de mes ennemis sont mes amis.

Un tome plus introspectif et plus axé sur le jeu politique, les révélations se feront peu à peu sur Olangar et sa clique au pouvoir.
Moins flamboyant, ce tome permet de prendre plus connaissance avec nos compagnons de route, l'occasion d'en apprendre plus que les semi-hommes et les peaux vertes et de quitter la capitale pour visiter la région. Cap sur la ville de fer, une usine métallurgique géante, une fournaise ou les hommes, nains, elfes et orcs suent sang et eau.
C'est aussi l'occasion d'aller vers l'ouest, vers ce mur (Usa et Mexique ?) fait pour que les orcs ne rentrent pas sur le royaume, quelque-chose semble s'y terrer et éveiller les intérêts des puissants.
Une fin un peu plus crépusculaire, laissant présager une époque plus moderne.


Seul ombre au tableau, le prix : 30 euros en numérique pour les deux tomes, c'est encore le patronat qui va en profiter !

Le diptyque se transforme en trilogie, Une cité en flammes devrait sortir sous peu (18 juin ?), et la trilogie se transformer en tétralogie en cours d'écriture (source Facebook de l'auteur)
Mais comme Bans et Barricades 1 et 2 ne forment qu’un tout, Olangar est donc une trilogie.
Étonnant non ! Pas trop, Baroona nous avait fait deux jolis billets sur la "trilogie" Rois du monde de J.-P. Jaworski: partie 1 - partie 2
Cependant, Bans et barricades 1 et 2 peut se lire de manière totalement indépendante du reste, le roman concluant toutes les pistes, tout en restant ouverte à l'imagination et aux suites..




Clément Bouhélier répond aux questions de Dyonisos et d'un troll


Petite recension des avis avis des uns et des autres, en commençant par celle d'Apophis, celui qui m'avait donné envie de lire ce livre

une Fantasy aussi originale et de bonne qualité ne se rencontre pas tous les jours !

Clément Bouhélier est de la trempe d'un Frédéric H. Fajardie ou d'un Serge Lehman. Ces deux auteurs n'ont jamais hésité à écrire, qui des polars qui de la Sf, où la politique était certes vitale aux intrigues, mais jamais au détriment du divertissement et de l'évasion. Clément Bouhélier non plus.
Artemus Dada

Clément Bouhélier signe avec le premier tome de ce diptyque un roman et un univers très prometteurs

Olangar est non seulement un roman prenant avec une intrigue addictive et rythmée mais aussi un texte intelligent

Un premier tome très réussi et plein de surprises

Cette première partie se lit avec un plaisir non dissimulé

24 commentaires:

  1. Si le troisième, puis le quatrième tome sont du même tonneau que les deux premiers, j'en reprendrai volontiers.
    Au sujet du "mur", l'idée est au moins dans l'imaginaire européen depuis Hadrien.
    [-_ô]

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    1. Oui, pour le mur, je ne mettais que l'allusion à l'actualité, comme avec les sans dents.
      J'attends aussi la sortie de la prochaine aventure;

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  2. Il est dans ma PAL depuis un an... tu me donnes envie de l'en sortir !
    J'aime beaucoup la plume de Clément Bouhélier, ces trois précédents livres valent le détours ;)

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  3. Un très bon moment de lecture, en effet ! Hâte de découvrir Une Cité en flammes. :)

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  4. (merci pour le lien)
    Excellente critique ! J'étais certain que tu aimerais, je ne m'étais pas trompé ;)

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    1. Merci pour la découverte, tu connais parfaitement mes goûts.

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  5. Pas sûre que ce soit pour moi mais c'est chouette de savoir qu'il existe des romans de ce genre typés fantasy.

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    1. Tu devrais y jeter un oeil, je pense que tu devrais aimer

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  6. Merci pour la découverte ! Pourquoi pas à l'occasion, mais en grosse promo quoi...
    Quelqu'un sait pourquoi on ne peut pas commander les ebook directement sur le site de l'éditeur "Critic" ?

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    1. Peut être qu'avec la sortie de La cité en flammes, il y aura une promo ?
      Quand au pourquoi pas de vente de leur epub sur leur site, c'est un grand mystère pour moi aussi.

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  7. J'étais content, confirmé dans mon envie de le lire... et j'apprends que des suites sont prévues. Est-ce que "one-shot" est devenue une insulte sans qu'on me prévienne ? Même si ce diptyque se suffit à lui-même, ça me refroidit un peu - chacun ses tocs.
    (Je me retiendrai de dire que si on écoute Lucius Shepard, tu as déjà lu et apprécié de la fantasy politique avec "Le Dragon Griaule", on aurait l'impression que je fais une fixation.)

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    1. Olangar est un peu plus direct dans son engagement.
      Ce diptyque peut vraiment se lire indépendamment, mais je te confirmerai cela fin juin après ma lecture du dernier épisode.

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  8. J'aime le roman prolétarien mais peu la fantasy. Que faire ?

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  9. Intrigant, à voir s'il croise mon chemin.

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  10. Oh ça fait envie tout ça :)

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  11. Intéressant!! J'avais totalement oublié la chronique de Lorhkan, tu me rafraîchis la mémoire. C'est amusant car Tigger Lilly et moi venons justement de relire Germinal...

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    1. Alors plus question de lambiner et on s’attèle à Olangar

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  12. Oh non, je croyais que 2 bouquins et c'était tout, y en a marre des séries à rallonge, bon si les 2 tomes restent indépendants ça peut le faire, je vais réfléchir, merci pour les infos ^^

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    1. Je reconfirme que cela se lit de manière indépendante.
      (et puis pour ceux qui aime l'univers, il y a du rab !)

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