Catherine Dufour, 2020, Le Bélial, 384 p., 10€ epub sans DRM
Présentation de l'éditeur :
Et si, après plus d’un siècle de vie, vous vous retrouviez dans un corps tout juste sorti de l’adolescence ?
Et si, en guise de petit boulot, le huitième cumulé depuis le début du mois, on vous proposait enfin un vrai job : mourir ?
Et si, finalement, votre meilleur ami était ce machin bizarre aux allures de R2-D2 laissé par votre coloc’ dans l’appartement ?
Et si vous n’étiez pas vous, mais le clone de vous ?
Et si Patrick Bateman était… une femme ?
Et si l’Intelligence Artificielle avait déjà gagné ?
En dix-sept récits comme autant de coups de couteau, Catherine Dufour
esquisse les contours d’un futur qui ne parle que de nous-mêmes, la
place qu’on y prendra et, de fait, la manière dont il nous traitera. Une
science-fiction radicale, à l’os, à en faire mal parfois, souvent à en
rire, à en pleurer toujours — de joie comme de tristesse.
Mon ressenti :
Et voilà, ce qui devait arrivait arriva : à force de se partager les
tréteaux au salon du livre de Paris, de se faire des barbecues, ou de
trainer ses guêtres du côté de Zanzibar, des rapprochements se font et
le volté Damasio se met à préfacer les recueils du Bélial... Est ce un
bien ? est ce un mal ? chacun décidera en fonction de ses atomes crochus
avec le monsieur. Pour moi, il ne dit pas que des conneries, comme sa
préface sur ce recueil, mais il en dit un peu tout de même, pour notre
bon plaisir et celui des réseaux sociaux :
Tel est ce recueil : un contre-poison à l’infobésité.
L’avers du divertir : subvertir.
Voici donc
le dernier Dufour, parfaitement éco responsable : seule une nouvelle
inédite, le reste ayant été publié ici ou là. Mais à moins de vouer un
culte à la dame, la majorité vous seront inconnues.
Les nouvelles sont entrecoupées par de petites saynètes - Glamourissime ! - qui m'ont laissé assez circonspects, une sorte de pub du futur...
Quand
au cœur du recueil, on retrouve l'autrice telle que j'en ai une
représentation, farfelu, fondé intelligent foutraque. Il y a aussi surtout de
l'outrage et de la rébellion. Bref, la verve habituelle de l'autrice.
Avec ce titre, je pensais avoir des textes assez sombres mais non, je n'ai pas trop eu l'envie de me suicider après
lecture, même plutôt l'inverse, l'envie de sortir, gueuler contre toutes les
conneries, inventer un nouveau monde, de nouveaux espoirs. Mais une
certaine noirceur se fait jour de temps en temps, comme avec Pâles mâles
ou Enemy Isinme ou encore La tête raclant la lune.
La Vie
sexuelle d’Alfred de M. est un peu à part (et signalé comme tel), il
s'agit d'une biographie de Musset, à la mode Dufour. N'en ayant rien à
faire de ce poète, j'ai passé outre.
La nouvelle inédite Coucou les filles, hors SF aussi, plutôt dans le genre gore-home-staging-beauty, un mélange, audacieux, entre trucs de fille et torture extrême. Un seul conseil pour les lecteurs masculins, mettez une coque pour vous protéger, vos attributs vont être mis sérieusement mis à mal. C'est assez particulier, à tel point que je l'ai lu en diagonale.
Ce qui ressort de ma lecture, c'est la facilité de l'autrice à nous pondre un univers
en quelques lignes, sans qu'on s'en aperçoive, au détour d'une phrase,
d'un élément sans conséquence. Cela rend les histoires hyper réalistes,
palpables.
Au final, un sentiment un peu mi-figue mi-raisin, je m'attendais à être un peu plus secoué, avec des textes un peu plus féroce sur la misère du monde.
Pour te faire une idée du personnage et de l'ouvrage, va lire un entretien sur le site du Bélial, et
va écouter La méthode scientifique du 02 octobre 2020.
Tu peux même tenter de gagner un exemplaire si tu cliques ici avant le 11 octobre
Si tu veux entendre d'autres sons de cloche, c'est par ici
J'aime bien quand avec un mot ici, une référence là, un poil de descrition, Dufour arrive à proposer un univers qui a du chien, que l'on a envie de caresser
RépondreSupprimerElle sait y faire, comme toi avec tes jeux de mots.
SupprimerJe viens de le terminer et j'ai beaucoup aimé (jusqu'à ce malheureux appendice qui tombe comme un cheveu sur la soupe et ruine la cohérence du recueil) !
RépondreSupprimerAprès, il est indiqué comme tel (à l'intérieur) mais oui, cela tranche avec le reste.
SupprimerPas assez sombre et féroce ? Mais c'est qu'elle n'aurait donc pas menti - dans son interview à la Méthode Scientifique, une bonne émission, je ne sais pas si tu connais - en disant rechercher plus de positif ? Je n'ose y croire.
RépondreSupprimerIl faudra que je prenne le temps de découvrir cette émission parle, cela a l'air vraiment pas mal !
SupprimerAprès son goût de l'immortalité, tout parait lumineux.
Je viens d'emprunter un de ses livres, je vais enfin découvrir cette autrice. C'était son passage dans C'est plus que de la SF qui m'avait convaincue de la lire.
RépondreSupprimerBravo pour cette formule mathématique, j'adore!
Un peu de maths ne peut faire de mal.
SupprimerTu as emprunté lequel de ses livres ?
C'est Au bal des absents, une histoire de maison hantée. Je l'ai commencé hier et c'est très sympa.
SupprimerIl me fait de l'oail aussi, j'attends ton retour.
SupprimerJ'ai adoré. Je pense que tu devrais aimer car c'est assez mordant comme humour et vision du monde. 😁
SupprimerJe vais le recevoir en SP, donc obligé de le lire, quelle torture...
SupprimerJ'ai commencé L'accroissement mathématique du plaisir pour pouvoir lire celui-ci même si c'est pas des "tomes" qui se suivent, je préfère découvrir les premières nouvelles de Catherine avant
RépondreSupprimerCe premier recueil est aussi dans ma liseuse. On va pouvoir savoir si on préfère la jeune ou la vieille Dufour
SupprimerTant de textes de Catherine Dufour à rattraper... je vais m'occuper de son précédent recueil d'abord vu que je l'ai en stock !
RépondreSupprimerPour ma part, je vais aller voir du côté du bal des absents
SupprimerTa formule m'angoisse : où sont les parenthèses ?
RépondreSupprimerC'était ta première incursion en territoire Dufour ?
Non, j'avais déjà lu son formidable Goût de l'immortalité, et quelques nouvelles ici et là. Sans compter ses interventions dans La méthode scientifique et Le monde diplomatique. J'aime bien sa gouaille.
SupprimerQuand à la formule mathématiques, c'est vrai, pourquoi je n'ai pas mis des parenthèses ?
J'ai enfin lu le recueil ! Je suis un peu plus emballé que toi, à part par la couverture, dont je m'étonne d'ailleurs que tu ne l'ais pas critiquée... (J'aurais préféré de l'Aurélien Police, ç'aurait été plus en phase avec le contenu...)
RépondreSupprimerJe parle des couvertures souvent lorsque j'ai peu à dire, mais tu as parfaitement raison, ce n'est clairement pas dans le style que j'aime.
SupprimerContent que tu ais apprécié ce recueil.