En quête de Jake et autres nouvelles

 

China Miéville, Fleuve éditions, 2020, 360 p., 18€ epub avec DRM

 

 Joli titre, joli couverture et magnifique contenu.

Présentation de l'éditeur :

Entrez dans un Londres post-apocalyptique ravagé par des créatures surnaturelles, à la fois étranges et familières… Dans la novella récompensée par le prix Locus en 2003 « Le Tain », Miéville imagine que nos miroirs abritent des êtres d’une nature incertaine, dangereux. Enfermés et réduits à une condition de simple reflet après avoir été défaits par les hommes dans une guerre très ancienne, ils attendent leur heure... Une fois libérées, ces créatures se mettent à assouvir sans merci leur désir de vengeance. Un seul survivant au milieu de l’apocalypse, Sholl, va tenter de rassembler ce qu’il reste de l’humanité pour résister.

 

Mon ressenti :

Je connaissais le China Miéville romancier, je le découvre désormais nouvelliste, mais tout aussi talentueux. J'avais un peu peur au début, comme il écrit surtout des pavés, est ce que ce format concentré allait pouvoir contenir sa fougue imaginative ? Les textes sont tous inédits en français et leur écriture s’étale entre 1998 et aujourd'hui.

Je pourrai vous dire que dès les premiers paragraphes, on entre dans les différents univers qu'il installe;
Je pourrai vous dire que son imagination  est toujours foisonnante, faisant naître les images des mots;
Je pourrai aussi vous dire qu'il instaure un climat de tension dans chacun de ses textes...
Mais il faut le lire pour le croire.

Dans tous ces récits, les personnages principaux sont Londres, et surtout ce qui se tapi dans l'ombre, les reflets, les apparences. A chaque fois, ce que l'on croyait connaître de la réalité se révèle faux. Parfois, la réalité est la plus sécurisante, mais bien des fois, c'est l'irréel qui semble le plus sûr. China Miéville nous ballade entre les genres, tire l'essence de ce qui n'est pas écrit, dit, montré.L'impalpable prend toujours un chemin étrange pour nous faire parvenir sa malignité, qui peut même, parfois, te refléter. 

Mais tout n'est pas que ténèbre, l'auteur nous emmène dans des ambiances beaucoup plus consommatrice, en hissant au sommet Ikea ou les fêtes de Noël. Pas de craintes cependant, China Miéville est un sale petit gauchiste et avec beaucoup d'ironie et de second degré, cela va devenir soit un grand foutoir, soit vous vous baladerez différemment dans les allées meublées suédoises.
Un seul défaut, le livre contient une courte BD dont l'impression est trop petite pour pleinement apprécié.

Une fois la dernière page tournée, un seul mot, quel talent !
Un recueil à grignoter au fil du temps, pour bien se repaitre de toutes les atmosphères sombres et cauchemardesques.


Concours

Tu le veux dans ta bibliothèque ?
Comme c'est du papier, je te l'offre.
Mais pour le gagner, il va falloir me montrer que tu es un(e) valeureux(se) lecteur(rice) et que tu sais affronter tes peurs devant tout le monde.

Raconte en commentaire ta plus grosse frayeur
et envoie dans le même temps ton adresse postale à lechiencritique@gmail.com

L'anecdote qui m'aura le plus empêché de dormir remporte la mise.
Fin du concours le lundi 23 novembre à 06h06mn06s


Avis réalisé dans le cadre d'une opération Masse critique Babelio

 

 

12 commentaires:

  1. Mais arrêtez avec tous vos avis très positifs sur ce recueil. J'ai des souvenirs "moyens" de mes lectures de China Miéville et vous me donnez presque envie de lui donner une nouvelle chance. J'espère que tu es prêt à en assumer les conséquences !

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    1. Tout dépend pourquoi tu n'aimes Miéville. Si c'est pour ses univers étranges, passe ton chemin.
      Si tu trouves le chemin long, fonce.
      J'en assume l'entière responsabilité. ET puis, tu peux l'avoir gratos...

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  2. China Miéville, c'est toujours une aventure :)

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  3. Tu donnes envie avec ta chronique :)
    Ma plus grosse frayeur est de te raconter vraiment ma plus grosse frayeur. d'une parce que ça serait trop long, de 2 parce que je suis une grande timide et de 3 parce que ça fait vraiment très peur.
    Merci pour ton concours :)

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    1. Il vous en prie.
      Bon, tu bottes u peu en touche, mais comme cela ne se bouscule pas au portillon, tu as toutes chances.
      (bien reçu ton adresse)

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  4. En espérant qu’aucun jeune public – à l'âme pure et aux yeux de traviole – ne se soit égaré en ces lieux de dépravation où l’on parle SF et ne puisse lire ce blog, je suis prêt à narrer cette frayeur. Quoique ce ne soit pas très joli-joli, voire même horriblement horrible et effrayant, je compte assume ce récit. Il est vivement conseillé d’ailleurs de vérifier la pile de son pacemaker avant d’en lire plus… Et vous reconnaissez être majeur, vacciné du tétanos, de la syphilis et du H1N1-25 modifié 2020. Vous certifiez que vos lunettes ne risquent pas d’éclater inopinément et de vous blesser à la lecture de quelque mot latin, que vous avez lu au moins trois romans de Robert et que vous vouez un culte dérisoire à Baal et à Bastet.
    Signez et cochez la case adéquate avant de poursuivre.
    Et validez aussi les cookies au lieu de les bouffer bêtement.
    Ces préliminaires établis, sachez que…
    Si vous n’avez aucune idée de la peur, vous la découvrirez ici ce soir. Oh, il n’y eut ni morts-vivants ou zombies, ni tronçonneuses ou esses de boucherie, pas plus que de cafards mutants ou de rats triturés par quelque docteur Frankenstein ou Moreau, aucune créature des marais, aucun joker ou man-bat. Pas plus que ce ne fut lors quelque rencontre effroyable d’être passé trop près de la dernière maison à gauche, celle qu’entoure une aigre odeur d’ozone et de vinaigre blanc qui vous envahit les narines, celle qui, même loin de son entrée, est déjà chargée de miasmes et de relents fétides de la mort, accompagnées des remugles des égouts pendant qu’une plainte se fait entendre – celle d’une latte du plancher pourrie du grenier – que des volets claquent alors que ne règne aucun vent, mais que pendouillent soudain des lianes sombres et que les yeux rouges des lycanthropes se devinent derrière les fenêtres, accompagnés des ricanements de quelque démoniaque cousin de Vlad III l’Empaleur ou des gloussements du Traqueur de la nuit, du Fou de Pologovsky quand ce n’était pas ceux du Vampire de Sacramento…
    Non, ce fut bien pire encore. Une nuit sans lune, sans vent, sans air, alors que les chats crachaient, feulaient et se battaient au-dehors, que les chiens hurlaient à la mort, que les sirènes gueulaient leurs féroces litanies à l’approche des terribles Stukas et des V2. Une nuit où j’ai hurlé et tremblé soudain de froid et pourtant couvert de sueur, les draps entortillés qui s’en souviennent – bien que je sois sûr de ne pas avoir rêvé d’elle – et le souffle court, oppressé, alors qu’il ricanait et éclatait de rire en brandissant la couverture de mon dernier livre et en criant follement : « Celle-là, je l’aime ! Tu es perdu ! » …
    La plus terrible, la plus horrible des horreurs horribilistiques : LE chien critique aimait la couverture d’un de mes livres… Cette nuit-là, mon cœur n’a tenu que parce que je serrai encore mon doudou contre moi. Et, si ce soir, je suis toujours vivant, c’est que le cauchemar s’est arrêté quand j’ai ouvert les yeux… Pourtant, depuis ce soir terrible, j’ai encore des frissons au coucher et je vérifie chaque soir que le monstre du placard et celui de dessous le lit sont là et prêts à me protéger s’il le faut…

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    1. Pas pu résister.
      Désolé comme disait Denisot.

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    2. Magnifique, rien à dire de plus
      (et maintenant, je suis dans deux de tes histoires, je te hante vraiment !!!)

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  5. Un régal de lire J.C. Gapdy.Un grand talent. Merci à lui.Des commentaires comme ça on en redemande.

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