Symphonie Atomique

Etienne Cunge, Critic éditions, 2021, 428 p., 14€ epub sans DRM

 

 

La devise « no future » n’avait plus rien de punk depuis bien longtemps


Ça c'est de la bombe !


Présentation de l'éditeur : 

« N’oubliez pas notre baseline : soyez écoresponsable, suicidez-vous. »-
Le monde d’après s’effondre.
Malgré l’odeur de fin des temps, des restes de civilisations subsistent, au bord du chaos, et chacun lutte pour donner du sens à sa vie. Les quatre modèles des puissances atomiques, aux abois, dominent cette désolation et se confrontent, prêts à en découdre : ultra-capitalisme américain, écologisme européen, nationalisme russe et totalitarisme social chinois. Dans ce climat délétère, l’équilibre ne tient plus qu’à un fil, sur le point de rompre.
Parmi le concert des forces nucléaires spatiales, l’Europe en Transition fait figure de naine. Pour autant, alors qu’émerge une crise dans la crise, le sort de l’humanité va peut-être dépendre des décisions de deux de ses membres, que rien ne prédisposait à cela : Juan et Agathe.
Dans cette nouvelle ère, à l’Europe reconfigurée et où l’espace constitue le terrain névralgique des conflits, leurs actes vont faire écho à l’étrange soulèvement en cours dans les steppes d’Asie centrale – sous le commandement du jeune Ashkat –, et les confronter à l’énigme qu’incarne Ulan Moltov, l’âme de la rébellion, le cœur du jeu de poker à grande échelle qui débute.


Mon ressenti : 

Début septembre, je reçois un mail de l'éditeur pour me faire part d'un de leur prochain roman. Dans la présentation, une phrase : "N’oubliez pas notre baseline : soyez écoresponsable, suicidez-vous." Comment résister à cette punchline ? Moi, j'ai signé de suite (pour le roman, pas pour le suicide, il faut que je lise le dernier Jean Baret).
Avec ce mantra, on se doute que ce texte ne va pas être très gai, mais sûrement bien jouissif. Et c'est le cas, lu en deux trois mouvements.

Les prévisions les plus pessimistes des modèles climatiques du début de siècle n’arrivaient pas à la cheville de la réalité. Les cataclysmes se succédaient à un rythme effréné. Les scientifiques nommaient ces vagues les « marqueurs de l’effondrement ». Au nombre de cinq, ils portaient les doux noms de réchauffement climatique, désagrégation des écosystèmes, montée des eaux, incendies géants et, enfin, dernier en date : rupture du cycle de la matière organique… Le fondateur de la très apocalyptique secte des Témoins des Derniers Jours popularisa, plus tard, un autre terme : les Plaies. Un vocable passé depuis dans le langage courant.

L'auteur nous conte le monde dans 50 ans. Et le moins que l'on puisse dire, il va mal, très mal. Il a été placé en soins palliatifs même si l'espoir guide encore quelques esprits. L'Europe s'est lancée dans une décroissance contrainte. Les États-Unis restent sur leur lancée, il ne faut pas restreindre la liberté d'entreprendre, la Chine et l'Union soviétique musellent leur population.
Un nouvel équilibre de la terreur a été établi entre ses 4 puissances, mais certains aimeraient bien que tout ce merdier se termine au plus vite. Un voyage sans retour sur Terre et dans l'espace.

Deux ans plus tôt, sa maman aurait dû participer au Jour du Don, le nom attribué à la cérémonie de suicide assisté, autrefois volontaire, désormais imposé, aux anciens à leurs soixante ans. Selon le gouvernement, c’est indispensable pour réduire leur impact environnemental, comme les coûts sociaux, à un niveau acceptable.

Voilà un roman assez désespérant sur le monde des puissants, dirigeants politiques ou économiques. Si tu es riche, très riche, tu t'en sortiras, sinon... Un thriller sur fond écologique où l'on suit quatre personnages qui vont tenter de faire l'histoire parfois à leur corps défendant. Et tous vont devoir faire des choix qui auront leur empreinte sur le futur.
Chaque chapitre s'ouvre sur un extrait de Radio Collapse, la radio qui vous fout le bourdon en racontant des tranches de vie bousculées par le dérèglement climatique. 

Et pourtant, comme beaucoup, elle ne parvenait pas à s’empêcher d’écouter Radio Collapse. La fréquence qui foutait le bourdon et encourageait ce genre d’idées. Un véritable vice… comme on ne peut s’abstenir, malgré la douleur, de jouer avec sa langue sur une dent branlante.

J'avais peur que le roman soit un peu didactique, un cri d'alarme pour agir au plus vite, mais Étienne Cunge (prononcé queunnege et pas quinge comme je le pensais), bref un texte à message au forceps, mais que nenni, place au thriller 48h chrono qui va vous empêcher de dormir (par sa qualité et par sa noirceur). J'avais peur aussi que ce soit un roman rempli de bienveillance sirupeuse, ce qu'il n'est pas du tout, c'est dur et c'est âpre : Réfugiés climatiques, écoanxiété et difficultés à changer sa mentalité consumériste, rien ne nous est caché.

Son doigt presse la détente, le silencieux fait son office et seul un court éclair blanc trahit leur présence. L’octogénaire ressent une grande jouissance en voyant le corps s’effondrer. Il enchaîne les coups au but, exterminant en à peine une minute sept des huit migrants.
Pour cette traque un peu spéciale, Grisham débourse plusieurs dizaines de milliers de dollars, mais, selon sa philosophie, l’argent sert à se faire plaisir. Et puis, un quart de ce montant est déductible des impôts, alors…


Un petit bémol, les relations entre grandes puissances m'ont semblé un peu maladroites, mais la raison d'État est bien rendue.
Et un gros bémol, je trouve cependant le prix du livre un peu cher, mais comme nous allons bientôt crever, autant se faire plaisir...

En proie à des montées d’angoisse soudaines, il ne put retenir une bouffée de haine envers les générations de la seconde moitié du vingtième siècle et du début du vingt et unième. Leurs grands-parents, leurs aïeux, tous les avaient abandonnés. Tous étaient des traîtres à leur descendance. Et celle-ci payait le prix du désespoir.
Pouvait-on concevoir crime plus abominable ?
Comment ne pas considérer leurs prédécesseurs comme responsables ? Ou plutôt, comme irresponsables ?

L'éditeur a cependant eu la bonne idée de demander à son auteur de réaliser deux vidéos sur son parcours et qui présente le livre. 

Attention toutefois , risque de torticolis élevé lors du visionnage, car Etienne Cunge a une grosse tête avec beaucoup de neurones à l'intérieur. La preuve ? Sa tête penche d'un côté, puis de l'autre, puis... Jamais droite. Mais on lui pardonne, il a l'air très sympathique et son roman est de la bombe !

Et n'oubliez pas, soyez écoresponsable, suicidez-vous. 


8/10 selon Gepe

Avis réalisé dans le cadre d'un service de presse

6 commentaires:

  1. bonjour
    moi j ai aussi un bon souvenir de son précédent un pavé chez rivière blanche(35 e) oui cher "antarticas" sur le thème identique des enjeux environnementaux, économiques et humains jean pierre frey

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    1. Je vais regarder si ses autres livres sont dispos en numérique.

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  2. Encore un livre pour nous rendre "heureux"... avec ta chronique je ne sais toujours pas si c'est un livre pour moi ou pas ! :-/

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    1. Je pense que tu pourrais apprécier, de l'action et du rythme ;p

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  3. "Et un gros bémol, je trouve cependant le prix du livre un peu cher" : surtout qu'il y a la même chose gratuitement dans chaque journal d'informations. 👀
    Tu donnes presque envie de se lancer, alors que bon, hein, voilà quoi. Mais tu le vends bien.

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    1. Je ne pense pas que ce soit pour toi, mais ce n'est pas un roman très sombre non plus. Disons qu'il envisage l'avenir sur nos bases actuelles qui ne sont pas franchement réjouissantes.

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