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Antarcticas

octobre 05, 2023

 

Etienne Cunge, Critic éditions, 2023, 664 p., 14€ epub sans DRM

 

En route vers l'utopie ?


Pitch de l'éditeur :

2050. Alors que le changement climatique fait des ravages, les ressources commencent à manquer cruellement. Il reste pourtant un continent tout entier à exploiter : l'Antarctique. Doux rêve pour les industriels, cauchemar pour les militants écologistes et autres Greenblocks.
Dans l'enfer blanc, Jérémy tente d'échapper aux robots tueurs que sont les gardiens écologiques pour sauver son invention révolutionnaire, susceptible de restaurer un équilibre climatique. Mais lorsque l'Europe bascule dans le chaos social pendant la COP qui envisage l'ouverture de l'exploitation de l'Antarctique, le compromis ne semble plus de mise, et la tentation du terrorisme se fait presque irrésistible.

 

Mon ressenti :

2050, nos gouvernements ont pris acte du réchauffement climatique et ont décidé d'agir à la hauteur des enjeux : l'inaction. Du moins pour les riches, pour le bas peuple, quelques tours de vis ne peut faire de mal... Résultats, les limites planétaires sont atteintes alors que l'on nettoie à peine les dernières miettes de la galette des rois. Seule chose positive, l'Antarctique dégèle lentement, laissant apparaitre des ressources qui pourraient permettre de continuer de se voiler la face encore quelques générations.
On suit les pas d'un Antarcticas, un chercheurs d'or du 21ème siècle qui va sauver la vie d'un individu isolé dans ce grand froid. Le début d'un engrenage infernal.


Le journaliste enchaîna sur les inondations qui ravageaient au même moment la Hollande, la Belgique, le Royaume-Uni – son pays de naissance – et le nord de la France. Mêmes scènes de désolation, mêmes secouristes et policiers, mêmes images aériennes et interviews de politiciens pleins de compassion affichée à l’égard des victimes…
Un scénario bien huilé, où des analystes catastrophistes quant au changement climatique pronostiquaient un avenir sombre à la planète, des défenseurs de l’environnement exigeaient un changement radical dans les modes de vie, et des hommes d’affaires, juristes et consultants poussaient des cris d’orfraie, soulignant que, au contraire, le salut était dans la croissance, la consommation et l’innovation.
Rien de nouveau.


On entend souvent dire que la SF s'est pris le mur du réel dans la face, rassurez vous, avec Etienne Cunge,  demain sera pire que ce que vous ne l'imaginiez. Ne nous voilons pas la face, nous sommes ici devant un roman très réaliste sur notre futur proche : noir c'est noir il n'y a plus d'espoir. Quoique, car je pense ici que nous sommes dans le Hope punk. Oui c'est la merde, mais peut être qu'un espoir subsiste, infime, imparfait, qui sera peut-être déçu. Mais il existe, il est là. C'est ce que j'ai trouvé beau dans ce roman, cette possible espérance d'un lendemain. Pour peu que nous la saisissons.
Deuxième élément, après une première moitié tranquille, le monde est vaste comme le nombre de personnages et d'intrigues, la seconde va être très dure pour tes heures de sommeil, ta vie de famille, tes loisirs, ton taf... Que tu vas regretter tous ces romans qui te servaient de somnifère, mais préserver tes heures de sommeil.

 

Les hymnes nationaux retentirent sur des images de joueurs au garde-à-vous. Ne pas chanter était passible de prison dans la plupart des pays européens depuis l’époque des gouvernements ultraconservateurs et néonationalistes. Après les pogroms qu’avaient subis certaines communautés – illégaux certes, mais combattus plus que mollement par les états en place, quand ceux-ci ne les avaient pas simplement encouragés –, une multitude de nouvelles règles citoyennes comme celle-ci avaient été promulguées deux décennies plus tôt. Le plus souvent de façade, elles ne résolvaient rien mais survivaient à leur échec pour continuer de peser dans la vie quotidienne jusqu’à ce jour.


A part quelques petits bémols, comme la technologie qui me semble un peu trop développé en 30 ans seulement (encore que beaucoup de technologies qui existe aujourd'hui m'auraient paru magique dans ma jeunesse) et quelques facilités, j'ai beaucoup aimé le tout. Entre thriller géopolitique, écoterrorisme, révolte des masses, découvertes scientifiques et complots, Etienne Cunge voit grand et a pondu un livre univers. Il a même réussi à me faire aimer le personnage du mercenaire sans foi ni loi, tout en nuances.

Second roman que je lis de l'auteur (très bon Symphonie atomique), c'est à croire que nous sommes sur la même vision de la société lui et moi. Reste à lire son Légendes d'agrégats et espérer un nouveau roman bientôt. Pour info, cette édition d'Antarctica est un roman précédemment publié chez Rivière blanche, le texte a été remanié et réécrit.

L'auteur est au salon Lire en poche de Gradignan ce weekend, donc si tu y vas, n'oublie pas de lui dire que j'adore ce qu'il fait. J'ai vu qu'il était régulièrement en salon, donc tout n'est pas perdu si tu veux lui faire la bise.




 

Symphonie Atomique

septembre 30, 2021

Etienne Cunge, Critic éditions, 2021, 428 p., 14€ epub sans DRM

 

 

La devise « no future » n’avait plus rien de punk depuis bien longtemps


Ça c'est de la bombe !


Présentation de l'éditeur : 

« N’oubliez pas notre baseline : soyez écoresponsable, suicidez-vous. »-
Le monde d’après s’effondre.
Malgré l’odeur de fin des temps, des restes de civilisations subsistent, au bord du chaos, et chacun lutte pour donner du sens à sa vie. Les quatre modèles des puissances atomiques, aux abois, dominent cette désolation et se confrontent, prêts à en découdre : ultra-capitalisme américain, écologisme européen, nationalisme russe et totalitarisme social chinois. Dans ce climat délétère, l’équilibre ne tient plus qu’à un fil, sur le point de rompre.
Parmi le concert des forces nucléaires spatiales, l’Europe en Transition fait figure de naine. Pour autant, alors qu’émerge une crise dans la crise, le sort de l’humanité va peut-être dépendre des décisions de deux de ses membres, que rien ne prédisposait à cela : Juan et Agathe.
Dans cette nouvelle ère, à l’Europe reconfigurée et où l’espace constitue le terrain névralgique des conflits, leurs actes vont faire écho à l’étrange soulèvement en cours dans les steppes d’Asie centrale – sous le commandement du jeune Ashkat –, et les confronter à l’énigme qu’incarne Ulan Moltov, l’âme de la rébellion, le cœur du jeu de poker à grande échelle qui débute.


Mon ressenti : 

Début septembre, je reçois un mail de l'éditeur pour me faire part d'un de leur prochain roman. Dans la présentation, une phrase : "N’oubliez pas notre baseline : soyez écoresponsable, suicidez-vous." Comment résister à cette punchline ? Moi, j'ai signé de suite (pour le roman, pas pour le suicide, il faut que je lise le dernier Jean Baret).
Avec ce mantra, on se doute que ce texte ne va pas être très gai, mais sûrement bien jouissif. Et c'est le cas, lu en deux trois mouvements.

Les prévisions les plus pessimistes des modèles climatiques du début de siècle n’arrivaient pas à la cheville de la réalité. Les cataclysmes se succédaient à un rythme effréné. Les scientifiques nommaient ces vagues les « marqueurs de l’effondrement ». Au nombre de cinq, ils portaient les doux noms de réchauffement climatique, désagrégation des écosystèmes, montée des eaux, incendies géants et, enfin, dernier en date : rupture du cycle de la matière organique… Le fondateur de la très apocalyptique secte des Témoins des Derniers Jours popularisa, plus tard, un autre terme : les Plaies. Un vocable passé depuis dans le langage courant.

L'auteur nous conte le monde dans 50 ans. Et le moins que l'on puisse dire, il va mal, très mal. Il a été placé en soins palliatifs même si l'espoir guide encore quelques esprits. L'Europe s'est lancée dans une décroissance contrainte. Les États-Unis restent sur leur lancée, il ne faut pas restreindre la liberté d'entreprendre, la Chine et l'Union soviétique musellent leur population.
Un nouvel équilibre de la terreur a été établi entre ses 4 puissances, mais certains aimeraient bien que tout ce merdier se termine au plus vite. Un voyage sans retour sur Terre et dans l'espace.

Deux ans plus tôt, sa maman aurait dû participer au Jour du Don, le nom attribué à la cérémonie de suicide assisté, autrefois volontaire, désormais imposé, aux anciens à leurs soixante ans. Selon le gouvernement, c’est indispensable pour réduire leur impact environnemental, comme les coûts sociaux, à un niveau acceptable.

Voilà un roman assez désespérant sur le monde des puissants, dirigeants politiques ou économiques. Si tu es riche, très riche, tu t'en sortiras, sinon... Un thriller sur fond écologique où l'on suit quatre personnages qui vont tenter de faire l'histoire parfois à leur corps défendant. Et tous vont devoir faire des choix qui auront leur empreinte sur le futur.
Chaque chapitre s'ouvre sur un extrait de Radio Collapse, la radio qui vous fout le bourdon en racontant des tranches de vie bousculées par le dérèglement climatique. 

Et pourtant, comme beaucoup, elle ne parvenait pas à s’empêcher d’écouter Radio Collapse. La fréquence qui foutait le bourdon et encourageait ce genre d’idées. Un véritable vice… comme on ne peut s’abstenir, malgré la douleur, de jouer avec sa langue sur une dent branlante.

J'avais peur que le roman soit un peu didactique, un cri d'alarme pour agir au plus vite, mais Étienne Cunge (prononcé queunnege et pas quinge comme je le pensais), bref un texte à message au forceps, mais que nenni, place au thriller 48h chrono qui va vous empêcher de dormir (par sa qualité et par sa noirceur). J'avais peur aussi que ce soit un roman rempli de bienveillance sirupeuse, ce qu'il n'est pas du tout, c'est dur et c'est âpre : Réfugiés climatiques, écoanxiété et difficultés à changer sa mentalité consumériste, rien ne nous est caché.

Son doigt presse la détente, le silencieux fait son office et seul un court éclair blanc trahit leur présence. L’octogénaire ressent une grande jouissance en voyant le corps s’effondrer. Il enchaîne les coups au but, exterminant en à peine une minute sept des huit migrants.
Pour cette traque un peu spéciale, Grisham débourse plusieurs dizaines de milliers de dollars, mais, selon sa philosophie, l’argent sert à se faire plaisir. Et puis, un quart de ce montant est déductible des impôts, alors…


Un petit bémol, les relations entre grandes puissances m'ont semblé un peu maladroites, mais la raison d'État est bien rendue.
Et un gros bémol, je trouve cependant le prix du livre un peu cher, mais comme nous allons bientôt crever, autant se faire plaisir...

En proie à des montées d’angoisse soudaines, il ne put retenir une bouffée de haine envers les générations de la seconde moitié du vingtième siècle et du début du vingt et unième. Leurs grands-parents, leurs aïeux, tous les avaient abandonnés. Tous étaient des traîtres à leur descendance. Et celle-ci payait le prix du désespoir.
Pouvait-on concevoir crime plus abominable ?
Comment ne pas considérer leurs prédécesseurs comme responsables ? Ou plutôt, comme irresponsables ?

L'éditeur a cependant eu la bonne idée de demander à son auteur de réaliser deux vidéos sur son parcours et qui présente le livre. 

Attention toutefois , risque de torticolis élevé lors du visionnage, car Etienne Cunge a une grosse tête avec beaucoup de neurones à l'intérieur. La preuve ? Sa tête penche d'un côté, puis de l'autre, puis... Jamais droite. Mais on lui pardonne, il a l'air très sympathique et son roman est de la bombe !

Et n'oubliez pas, soyez écoresponsable, suicidez-vous. 


8/10 selon Gepe

Avis réalisé dans le cadre d'un service de presse

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