Antarcticas
Etienne Cunge, Critic éditions, 2023, 664 p., 14€ epub sans DRM
En route vers l'utopie ?
Pitch de l'éditeur :
2050. Alors que le changement climatique fait des ravages, les
ressources commencent à manquer cruellement. Il reste pourtant un
continent tout entier à exploiter : l'Antarctique. Doux rêve pour les
industriels, cauchemar pour les militants écologistes et autres
Greenblocks.
Dans l'enfer blanc, Jérémy tente d'échapper aux
robots tueurs que sont les gardiens écologiques pour sauver son
invention révolutionnaire, susceptible de restaurer un équilibre
climatique. Mais lorsque l'Europe bascule dans le chaos social pendant
la COP qui envisage l'ouverture de l'exploitation de l'Antarctique, le
compromis ne semble plus de mise, et la tentation du terrorisme se fait
presque irrésistible.
Mon ressenti :
2050, nos gouvernements ont pris acte du
réchauffement climatique et ont décidé d'agir à la hauteur des enjeux :
l'inaction. Du moins pour les riches, pour le bas peuple, quelques tours de vis ne peut faire de mal... Résultats, les limites planétaires sont atteintes alors que
l'on nettoie à peine les dernières miettes de la galette des rois. Seule chose
positive, l'Antarctique dégèle lentement, laissant apparaitre des
ressources qui pourraient permettre de continuer de se voiler la face
encore quelques générations.
On suit les pas d'un Antarcticas, un
chercheurs d'or du 21ème siècle qui va sauver la vie d'un individu
isolé dans ce grand froid. Le début d'un engrenage infernal.
Le journaliste enchaîna sur les inondations qui ravageaient au même moment la Hollande, la Belgique, le Royaume-Uni – son pays de naissance – et le nord de la France. Mêmes scènes de désolation, mêmes secouristes et policiers, mêmes images aériennes et interviews de politiciens pleins de compassion affichée à l’égard des victimes…
Un scénario bien huilé, où des analystes catastrophistes quant au changement climatique pronostiquaient un avenir sombre à la planète, des défenseurs de l’environnement exigeaient un changement radical dans les modes de vie, et des hommes d’affaires, juristes et consultants poussaient des cris d’orfraie, soulignant que, au contraire, le salut était dans la croissance, la consommation et l’innovation.
Rien de nouveau.
On
entend souvent dire que la SF s'est pris le mur du réel dans la face,
rassurez vous, avec Etienne Cunge, demain sera pire que ce que vous ne l'imaginiez. Ne nous voilons pas la face, nous
sommes ici devant un roman très réaliste sur notre futur proche : noir
c'est noir il n'y a plus d'espoir. Quoique, car je pense ici que nous
sommes dans le Hope punk. Oui c'est la merde, mais peut être qu'un
espoir subsiste, infime, imparfait, qui sera peut-être déçu. Mais il
existe, il est là. C'est ce que j'ai trouvé beau dans ce roman, cette possible espérance d'un lendemain. Pour peu que nous la saisissons.
Deuxième élément, après une
première moitié tranquille, le monde est vaste comme le nombre de
personnages et d'intrigues, la seconde va être très dure pour tes
heures de sommeil, ta vie de famille, tes loisirs, ton taf... Que tu vas
regretter tous ces romans qui te servaient de somnifère, mais préserver tes heures de sommeil.
Les hymnes nationaux retentirent sur des images de joueurs au garde-à-vous. Ne pas chanter était passible de prison dans la plupart des pays européens depuis l’époque des gouvernements ultraconservateurs et néonationalistes. Après les pogroms qu’avaient subis certaines communautés – illégaux certes, mais combattus plus que mollement par les états en place, quand ceux-ci ne les avaient pas simplement encouragés –, une multitude de nouvelles règles citoyennes comme celle-ci avaient été promulguées deux décennies plus tôt. Le plus souvent de façade, elles ne résolvaient rien mais survivaient à leur échec pour continuer de peser dans la vie quotidienne jusqu’à ce jour.
A part quelques petits bémols, comme
la technologie qui me semble un peu trop développé en 30 ans seulement
(encore que beaucoup de technologies qui existe aujourd'hui m'auraient
paru magique dans ma jeunesse) et quelques facilités, j'ai beaucoup aimé
le tout. Entre thriller géopolitique, écoterrorisme, révolte des
masses, découvertes scientifiques et complots, Etienne Cunge voit grand
et a pondu un livre univers. Il a même réussi à me faire aimer le
personnage du mercenaire sans foi ni loi, tout en nuances.
Second roman que je lis de
l'auteur (très bon Symphonie atomique), c'est à croire que nous sommes sur la même vision de la
société lui et moi. Reste à lire son Légendes d'agrégats et espérer un
nouveau roman bientôt. Pour info, cette édition d'Antarctica est un roman précédemment publié chez Rivière blanche, le texte a été remanié et réécrit.
L'auteur est au salon Lire en poche de Gradignan ce weekend, donc si tu y vas, n'oublie pas de lui dire que j'adore ce qu'il fait. J'ai vu qu'il était régulièrement en salon, donc tout n'est pas perdu si tu veux lui faire la bise.
"C'est ce que j'ai trouvé beau dans ce roman, cette possible espérance d'un lendemain" : woh, fais attention, on est à deux doigts de penser que tu n'es plus misanthrope. Cela dit, ça pourrait bien être aussi la seule raison qui pourrait me faire lire ce livre.
RépondreSupprimerJ'ai écrit cette ligne pour toi !
SupprimerM’interesse pour le côté thriller.
RépondreSupprimerCela dit, ce n’est pas demain qu’on produira du Chardonnay en Antarctique. Quoique.
Bientôt
SupprimerAh voilà qui m’intéresse bcp plus ! En plus l’auteur est aux utopiales il me semble. Parfaite occasion.
RépondreSupprimerJe fais déjà pas de nuits complètes donc au point où j’en suis.
Tu l'as rencontré ?
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