Dormeurs

Emmanuel Quentin, Mü éditions, 2016, 312 p., épuisé


Un premier roman est toujours un roman bancal
Voici l’exception à la règle.

 

Présentation de l'éditeur :


Il en est des rêves comme de la vie. Comment les traverser, comment les affronter ? On peut être endormi et se rêver poète, espion, astronaute, plongeur, aventurier, voyageur le long des côtes, sur la route, sombrant dans n’importe quel abîme ou contournant les obstacles.
Dans une société dévastée par une crise économique sans précédent, des « Dormeurs professionnels » ont été sélectionnés pour la richesse structurelle de leurs rêves.
Fredric Jahan est l’un d’eux. Les images de son sommeil, enregistrées à l’aide de capteurs nanotechnologiques pour une clientèle fortunée, caracolent en tête des ventes. Mais un jour, ses rêves, trop réalistes, ne s’enregistrent plus...


Mon ressenti :

Mais ça ne va pas dans la tête d'Emmanuel Quentin de nous faire lire une histoire pareille ? Comment fait-on pour dormir en paix désormais ? Comment ne pas avoir peur de voir des choses dans nos rêves et de se dire que, peut-être... 

Bonne nouvelle pour toi, ce roman est désormais épuisé, tu ne gratteras pas sur tes heures de sommeil pour le terminer au plus vite. Seconde bonne nouvelle, tu ne pesteras pas sur l'auteur non plus qui va te faire flipper de rêver, c'est toujours cela de pris !
(L'auteur étant publié chez Mnémos, 1115 éditions et Pocket, j'espère que l'un d’eux va se bouger les fesses et le rééditer)

Fredric Jahan fait partie de la cohorte des exclus suite à une crise sans précédent (ce point sera le seul bémol du roman, ce point n'étant pas développé, mais l'histoire haletante permet d'oublier ce manque). Les lendemains déchantent et quoi de mieux que vendre du rêve en ces temps sombres ? Du vrai rêve, fourni pas des dormeurs professionnels pour la fange des élites. Fredric rejoint ce club très fermé et devient la poule aux oeufs d'or. Jusqu'à ce que...

Je fus pris par cette peur qu’on éprouve tout gamin lorsqu’on se retrouve face à un couloir affreusement noir, un couloir dont notre esprit a ôté murs et limites pour en faire un espace illimité de dangers et d’angoisses insurmontables. Un espace que l’on doit franchir coûte que coûte parce qu’on a oublié notre foutu jouet à l’autre bout. Un défi lancé à notre imagination.

Alors, qu'est-ce qui fait que c'est un roman haletant ? Le talent pardi. Ayant lu tout ou presque mon Emmanuel Quentin, je peux te certifier que tu peux acheter ses bouquins sans problème, c'est du bon. Mais dans le cas présent, je m'attendais tout de même avec ces Dormeurs à une petite désillusion, c'est tout de même son premier roman ! Las, l'auteur ne m'accorde même pas cela.
Emmanuel Quentin nous rend ses personnages réalistes, il sait mener son intrigue, distillant ici et là quelques pistes, quelques traquenards pour te tenir en haleine. Pire, son thriller SF va prendre des tournures dont je n'osais m'imaginer. Il est fort ce bougre.

Une question demeure : son personnage s'appelle-t-il Fredric en hommage à un certain Freddy ? Non, c'est ce que je pensais, mais après interrogatoire de l'auteur, il s'agit d'un hommage à Fredric Brown, un auteur qu'il apprécie fortement. Autre point, quelques allusions à une de ses futures nouvelles, Céder la place, me semblent présentes, un clin d'oeil par anticipation ?

Dormeurs est un roman que je prendrai sûrement plaisir à relire dans quelques années (lors de sa réédition ?)  pour le disséquer et voir tous les indices posés ici ou là.


Je remercie chaleureusement Emmanuel Quentin de m'avoir donné la version électronique de ce roman. Il m'avait accordé une interview il y a quelques mois, n'hésite pas à y jeter un oeil :  Emmanuel Quentin : L'écriture comme exutoire.

2 commentaires:

  1. Ca a l'air à la fois très intrigant et à la fois flippant pour mon sommeil tout pourri !

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    1. Si ton sommeil est déjà tout pourri, cela devrait passer

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