La seconde Loi du Caméléon

 

Jean-Marc De Vos, Autoédition, 2022, 224 p., 4€ epub avec DRM

 

Si tu veux savoir pourquoi les écureuils domineront le monde un jour futur...


Pitch de l'autoéditeur :

Dans la mégapole hypersécurisée de Bruxelles, sous le contrôle oppressant des caméras de surveillance, Max Samoa déplace ses 120 kilos de quadragénaire noir bedonnant sans éveiller l’attention. C’est qu’il a ses petites combines à faire tourner, le Max, avec ses deux potes : Pirlouit et Juju. Le genre d’affaire où l’on évite la publicité. Que Pirlouit soit paranoïaque, et que Juju tapine illégalement en taxi n’y change rien, on ne choisit pas ses amis. Et puis, Max est un caméléon, le gars que votre mémoire a effacé avant même qu’il ait quitté votre champ de vision.
La pire chose qui pouvait arriver à Max était de se retrouver assis sur une chaise en fer, dans une cave aux murs de béton, encadré par deux barbouzes pas commodes, en face de la Sorcière, une fonctionnaire en chignon de la Sûreté de l’État. D'autant qu’elle lui balançait sous les yeux une photo susceptible de l’envoyer quelques années en prison, à moins qu’il ne lui rende un petit service…

 

Mon ressenti :

Oui je sais, la couverture est ce qu'elle est. Mais n'oublie pas que c'est un roman autoédité et qu'il ne faudrait pas qu'il ressemble à un livre d'une maison d'édition, on a sa fierté tout de même !
Mais qu'importe le flacon tant qu'on à l'ivresse. De Jean-Marc de Vos, j'ai quasiment tout lu et que l'on ne s'y trompe pas, le mec sait écrire de très bonnes histoires, il a le sens du rythme et une fois commencé, ça se lit d'une traite. De vraies page turner.

Le caméléon, c'est le mec qui se sent toujours chez lui. Pas le m'as-tu-vu, mais le mec juste à ces côtés qu'on ne remarque jamais, que l'on oublie dès que l'on ne le regarde plus. Et c'est du boulot que de passer inaperçu lorsque l'on est basané et pèse plus de 100kg. Pas de bol pour lui, dès les premières lignes, il se retrouve attaché à une chaise face à une ponte du renseignement qui a remarqué son talent si particulier. Le début d'une aventure trépidante avec ses deux comparses, une pute et un mec qui revend des trucs tombés du camion.

Son anarchie avait atteint un tel paroxysme qu’il respectait scrupuleusement le code de la route et traversait dans les clous pour ne pas avoir à parler à un policier. Eh ben, moi, c’est un peu ça, à la puissance dix et ça tombe bien : depuis Brassens, les flics aussi sont passés à la puissance dix.

Cela ressemble à un triller d'anticipation classique, mais nous avons ici une belle touche d'originalité : on y parle écureuils (non non, pas de caméléons !). Tu en connais pas mal de bouquins de SF avec des écureuils ? J'ai beau creuser, cela ne me rappelle aucune lecture. J'ai déjà eu des mammifères marins, des ours, des chiens, des chats, des fourmis, mais pas d'écureuils. Autre originalité, nous sommes en terre belge, et les Belges, ils ont le sens du second degré. C'est enlevé, il y a de l'humour, de bons mots, tout cela sans céder trop à la facilité, en construisant son intrigue comme il se doit.

Coté physique, j’exhibe une jolie teinte dorée aux parfums de l’Océanie, des cartes postales et des vahinés, sans oublier les rondeurs qui vont avec et qui me confèrent un look de nounours apaisant. Il ne me manque que le collier de fleurs de tiaré. Hélas, la catégorie « jolie teinte dorée » n’est pas reconnue dans les fiches signalétiques. Du coup, me voilà étiqueté « Noir », pas vraiment l’idéal vis-à-vis du personnel et des dispositifs de surveillance. Par chance, j’ai le bon bronzage sur la peau. Pas celui de mes frères subsahariens ni celui du Maghreb avec la barbe – ça, c’est pire que tout, ça équivaut à se dessiner une cible sur le front, il y a des clichés qui ne s’effaceront pas de sitôt. Non, moi je suis le gros basané standard anonyme, au milieu d’un million d’autres venus se réfugier en Europe quand leurs îles ont disparu sous l’océan. Et pour les experts autoproclamés en sécurité publique, les migrants de l’Océanie s’inscrivent en vert dans toutes les cases : quoi de plus pacifique et de moins turbulent qu’un Polynésien ? « Ces gens-là ne causent jamais de problème, mon bon Monsieur. Si tous les Noirs étaient comme eux… » Pour une fois qu’un stéréotype jouait en ma faveur, je n’allais pas les détromper.

Ça se lit tout seul, j'ai pris un plaisir fou à suivre cette aventure et la fin est comme je les aime, remettant en question ce que l'on croyait. Allez, encore un petit effort en ayant un sous texte un peu plus marqué (ici surveillance, citoyen de seconde zone et pollution) et c'est bingo, on a notre John Scalzi belge. 

4 euros l'epub, c'est que dalle. Si tu n'aimes pas Amazon, tu contactes l'auteur et tu passes un très bon moment de lecture.

3 commentaires:

  1. Moi je trouve que le Chien, lui aussi, écrit bien, quand il parle de mes bouquins comme ça!!! Merci, très honoré.

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  2. "Tu en connais pas mal de bouquins de SF avec des écureuils ?" : Spirou ? Mais j'admets que les écureuils sont un argument de poids.

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  3. Merci pour la review. J'avoue que c'est la pire couv de la nouvelle mouture des JMDV.
    J'ai lu mes 2/3 de l'auteur, et je suis plus tenté pour l'instant sur ces recueils de nouvelles.
    Je prie pour la prochaine couv' 🙌🏻

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