Une autre moi-même
M.R. Carey, L'Atalante, 2023, 560 p., 10€ epub sans DRM
La vie malgré tout.
Présentation de l'éditeur :
Il y a Liz, mère aimante et dévouée, impuissante face aux agressions de
son ex-mari. Et il y a Beth, cette autre présence en elle, plus féroce ;
plus inquiétante aussi.
Fran, enlevée et séquestrée à l’âge de six
ans, est une adolescente tourmentée. Heureusement dame Guigne, la fidèle
renarde veille sur elle, en chevalière armée de son épée.
Mon ressenti :
Voilà un roman lu sans trop connaitre de quoi il en retournait, je savais juste que c'était du fantastique et que c'était M.R. Carey aux manettes et comme j'avais beaucoup apprécié son Celle qui a tous les dons... On suit les pas de Liz, mère célibataire tentant d'élever ses deux gosses malgré les fins de mois difficiles. Et Fran, une ado tourmentée qui parle à une amie imaginaire et est la fofolle de son lycée. Dès les premières lignes, j'ai eu un doute car on y parle rapidement de violences conjugales. Encore un bouquin qui surfe sur la mode... Et puis les pages se tournent.
Une femme victime d'une agression de son ex, une ado traumatisée par son
enlèvement lors de son enfance. Deux parcours plus ou moins brisés, deux individus qui font leur vie malgré tout. Avec tous ses drames, la peur du pathos commence à
s'emparer de mon esprit. Seulement c'est Carey aux manettes et il est
un formidable conteur et ce n'est pas ce sujet qui l'intéresse. Car
malgré leurs traumas, ce sont deux femmes qui vivent leurs vies et font
avec. Point fort du récit, nous ne sommes pas face à des CSP++, mais
chez les gens qui ont du mal à boucler leur fin de mois, jonglent avec
l'accès aux soins difficile. L'auteur parvient à rendre leur quotidien
réel, toujours sans pathos avec justesse.
M.R. Carey est un véritable conteur d'histoire : tu t'installes près de ta cheminée, et lui te raconte son histoire. Pas d'échappatoire, il faut écouter jusqu'au final. Il sait croquer ses personnages, des gens simples en prise avec un quotidien pas très reluisant. Comment faire pour s'en sortir ? Comment vivre avec le traumatisme ? Comment faire confiance ? Des questions à priori assez chiantes et communes qui sont magnifiées par la narration impeccable. L'auteur aborde plein de sujets - discrimination, pauvreté, santé mentale - qui infusent tranquillement son récit et nous le rend réel. Pas fleur bleue pour
un sou, pas misérabiliste non plus, le quotidien dans toute sa cruauté,
mais aussi ses moments de joie et d'espoir.
Lors de son
agression, la mère de famille arrive à se défendre malgré la peur, mais a
eu l'impression que ce n'était pas elle aux manettes. Quand à la jeune
ado black, elle a un ami imaginaire qui l'a protège. Est-ce dans leurs
têtes ? Sont-elles folles ? Tout le talent de Carey est là, dans ce
doute qui maintient le lecteur en haleine, il nous suggère des pistes, les referme et relance le récit vers autre chose.
Au final, un excellent moment de lecture, qui ne se focalise pas sur le misérabilisme, sans voyeurisme ou ne finit pas en conte de fées gnangnan. La vie tout simplement. Un livre qui me fait poser cette question : pourquoi n'ai pas lu déjà tous les bouquins de l'auteur ?
Même les trolls ont aimé : "une belle réussite qui croise les destins de deux personnages forts, qui marie habillement thriller et imaginaire pour former un roman fantastique."
Un excellent roman, qui se lit vraiment vite tellement on est happé par l'histoire
RépondreSupprimerParfaitement
SupprimerJe ne sais pas trop pourquoi, j'ai associé dans mon esprit "M.R. Carey" et "pas pour moi" - surement parce que ses romans précédents ne l'étaient pas ? Mais vu ce que tu dis de celui-ci, il faudrait peut-être que je révise mon jugement.
RépondreSupprimerC'est sombre toutefois
SupprimerComme Baronna...
RépondreSupprimerEt je suis étonné que tu aies aimé ce genre de livre. Tout fout le camp !
Effectivement ce roman ne semblait pour toi, mais c'est cool que ça ait marché pour moi (et moi je le mets en wish-list, ça me paraît très bien pour moi!)
RépondreSupprimerAlors, tu l'as lu ?
SupprimerIl faudrait que je lise un de ses romans un jour, j'avais adoré son travail sur le comics The Unwritten (dont la traduction n'a jamais été terminée en VF). Au moins avec un roman je suis sûre de connaître la fin !
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