Fictions surnaturelles : 25 récits, romans & nouvelles

 Howard Phillips Lovecraft, Tiers livre éditeur, 2015, 1180 p., 10€ epub sans DRM

 

Vous êtes un salaud d'un genre très conventionnel
dans le documentaire Howard Philipps Lovecraft, le cas Lovecraft de Patrick Mario Bernard et Pierre Tridivic

Depuis 2010, François Bon travaille à de nouvelles traductions des récits de Lovecraft.Voici le fruit de ce travail (en fin de billet, le détail des titres contenu dans ce recueil).
Pour plus de renseignements autour de François Bon et/ou de Lovecraft, mon billet sur un podcast : ici 
Une introduction est présente dans la majorité des textes, permettant de replacer l'oeuvre dans son contexte, son histoire ou des difficultés de traduction.

Pourquoi retraduire Lovecraft ? François Bon trouvait que les anciennes traductions avaient pris beaucoup (trop) de liberté avec la texte d'origine, il a donc décidé de s'atteler à la tache en respectant au plus près la lettre et le style de Lovecraft. Pour exemple, cela donne Les montagnes de la folie pour le titre Les montagnes hallucinées. En anglais : At the mountains of madness



Mieux qu'un grand discours, à gauche, la traduction de François Bon du texte La maison maudite, à gauche, celle de Yves Rivière dans l'édition Bouquins.

https://goo.gl/photos/SP2aBN18R71E9Hpd9

Je ne rentrerai pas dans le débat traduction littérale / traduction libre, au lecteur de choisir ce qui lui correspond le mieux.
Le problème pour moi se situe ailleurs.


J'ai commencé ma lecture par La maison maudite et Celui qui hante la nuit, nouvelles bien dans l'univers lovecraftien. Puis j'ai attaqué Horreur à Red Hook.

Le dossier consacré à Lovecraft dans l'émission La compagnie des auteurs parlait d’ambiguïté à la lecture de certains passages, mais faisait l'impasse sur ces textes ouvertement raciste.
Tous les poncifs sur les étrangers sont présents : le bruit, l'odeur, la délinquance, la magie noire/sorcellerie... Le tout enveloppé d'une idéologie nauséabonde.

La population est une confusion sans espoir, une énigme ; des Syriens, des Espagnols, des Italiens et des Noirs empiétant les uns sur les autres, avec quelques souches de Scandinavie et des confins américains pas si lointains. C’était une Babel de sons et de crasse, et en émanait une étrange rumeur répondant au sourd éclatement des vagues huileuses contre ces sinistres appontements et la litanie qu’est la monstrueuse musique d’orgue de chaque port.

De cet enchevêtrement d’une putrescence matérielle et sordide, les blasphèmes d’une centaine de dialectes assaillaient le ciel. Des hordes de rôdeurs chantant et braillant le long des ruelles et traverses, des mains furtives qui à l’occasion éteignaient soudain la lumière et tiraient les rideaux, tandis que des visages basanés et comme pris en faute se retiraient des fenêtres lorsque que les passants s’y frayaient chemin. Les policiers désespéraient d’y mettre de l’ordre ou d’en rien réformer, et cherchaient plutôt à établir des barrières protégeant le monde extérieur de la contagion. À l’approche de la patrouille répondait une espèce de silence spectral, et ceux qu’on y arrêtait n’étaient jamais très communicatifs. Les délits constatés étaient aussi variés que les dialectes parlés, et on y reconnaissait toute la gamme, depuis la contrebande de rhum et autres marchandises prohibées, jusqu’au meurtre et la mutilation dans leurs variantes les plus aberrantes. Que de telles affaires publiques ne soient pas plus fréquentes n’était même pas en leur faveur, à moins que le pouvoir de dissimulation soit un art à mettre à leur crédit.
Dans les taudis grouillants de Parker Place – depuis rebaptisée –, où Sudyam avait son sous-sol, s’était développée une très inhabituelle colonie de quidams aux yeux bridés qui utilisaient l’alphabet arabe, mais étaient répudiés avec évidence par la grande masse des Syriens vivant aux alentours d’Atlantic Avenue. Ils auraient pu être expulsés faute de papiers, mais le légalisme progresse lentement, et on ne vient pas déranger Red Hook à moins que l’opinion publique ne vous y force.

Impossible pour moi de continuer de lire Lovecraft, je garderai toujours sa putride idéologie en mémoire.
Pour paraphraser Desproges qui disait "Il est plus économique de lire Minute que Sartre. Pour le prix d'un journal on a à la fois La nausée et Les mains sales.", je dirai
Il est plus économique de lire Lovecraft que Sartre.
Pour le prix d'un livre on a à la fois La nausée et Les mains sales.
Je reprend à mon compte une phrase de Pyjam : Il y a des livres que j'ai jetés à la poubelle après les avoir lus, celui-là je l'ai brulé.


Ce recueil contient : La maison maudite, Celui qui hante la nuit, Horreur à Red Hook, La couleur tombée du ciel, La chose sur le seuil, Chuchotements dans la nuit, La peur en embuscade, Les rats dans les murs, La musique d'Erich Zann, L'appel de Cthulhu, Montagnes de la folie, Dans l'abîme du temps, Dagon, La ville sans nom, L'étrange maison haute dans la brume, Lui, La rue, Dans le caveau, Le temple, Le chien, L'Innommable, Un air glacial, Par delà le mur du sommeil, L'étranger, Le livre.

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