Howard Phillips Lovecraft, Tiers livre éditeur, 2015, 1180 p., 10€ epub sans DRM

 

Pourquoi retraduire Lovecraft ? François Bon trouvait que les anciennes traductions avaient pris beaucoup (trop) de liberté avec la texte d'origine, il a donc décidé de s'atteler à la tache en respectant au plus près la lettre et le style de Lovecraft. Pour exemple, cela donne Les montagnes de la folie pour le titre Les montagnes hallucinées. En anglais : At the mountains of madness

France culture, La compagnie des auteurs, 2016, 1h, podcast

 

Début juin, La compagnie des auteurs sur France culture a consacré quatre émissions sur  H.P. Lovecraft disponible jusque juin 2017 en podcast.


La qualité de ces émissions est due en grande partie au choix des intervenants : connaisseurs, chercheurs, traducteur ont rendu la personnalité et la construction de Lovecraft intelligible.
Plutôt que de se centrer sur les textes, le dossier s'est focalisé sur l'analyse de Lovecraft au travers des nombreux documents qu'il a laissé à sa mort : lettres, carnets, articles.
Pour ceux, comme moi, qui connaissent Lovecraft par ces nouvelles, c'est l'occasion d'en apprendre beaucoup plus et de revenir sur quelques idées recues.

Quelques anecdotes amusantes : son appétit pour les crèmes glacées, les astuces pour voyager de manière économique, son divorce non finalisé qui fera de son ex une bigame...

Et surtout de revenir sur la pensée politique de  H.P. Lovecraft : puritain, réactionnaire, élitiste, antisémite et raciste. Avec, vers la fin de sa vie, un glissement plus démocrate, sans pour autant renier ses idées malsaines.
Alors, faut-il continuer à lire Lovecraft ?
Je vous laisse juge et reviendrai sur cette question dans un prochain billet à propos de ma "lecture" de Fictions surnaturelles : 25 récits, romans & nouvelles.

Plus de détail sur les différentes émissions, les intervenants et les liens directs aux podcast.

1/4 : Le Monstre de Providence
2/4 : Ambiguïtés politiques
3/4 : Les lieux du cauchemar
4/4 : Légendes lovecraftiennes 

France culture, La compagnie des auteurs, 2016, 1h, podcast

 

Dernier chapitre d'une exploration lovecraftienne aux confins du fantastique et du mystère avec Christophe Thill, et Florent Montalcair.

Les invités reviennent sur le "mythe" chez Lovecraft, le Necronomicon, le bestiaire monstrueux, sa "science-fiction pessimiste"...

Lovecraft avait un certain dédain pour les auteurs d'horreur non cosmique. Pour Christophe Thill, ce terme renvoie a des livres dont le sujet concerne un massacre pour des raisons idéologiques, un sérial killer... Par conre, si ces meurtres sont perpétrer en guise d'offrandes/sacrifices à des puissances supérieures, nous sommes dans l'horreur cosmique.

La nouveauté avec Lovecraft, c'est qu'il ne s'appuie pas sur le bestiaire monstrueux fantastique classique. Son style est différent de l'époque, il joue avec les adjectifs, qualificatifs sans décrire complétement l'évènement afin de laisser travailler l'imaginaire du lecteur.

Lovecraft, auteur fantastique, de science-fiction ou d'horreur ?
Ses débuts sont clairement dans la veine fantastique. Puis, il glisse des éléments typiques de la SF et de l'horreur (La couleur tombée du ciel). A l'inverse de la pensée d'Auguste Comte, le monde chez Lovecraft n'est pas totalement explicable par la science. Il existe dans les interstices d'autres possibilités, notamment les Grands Anciens.

France culture, La compagnie des auteurs, 2016, 1h, podcast

 

En compagnie de Gilles Menegaldo, l’émission se découpe en deux parties, l’une sur les lieux lovecraftiens, l’autre sur la réception de son œuvre, la dernière sur les adaptations cinématographiques de son univers.

Nous parcourons les villes chères à Lovecraft, que ce soit dans la réalité, avec sa ville natale qu’est Providence à Rhode Island. Ville ouvrière structuré entre la ville haute d’architecture georgienne, et la ville basse d’inspiration moderne. Et aussi de son université de Brown qui sera chez Lovecraft l’université Miskatonic où sont détenus le fameux Necronomicon et autres textes interdits.
L’émission parle de New York, ville dont Lovecraft adorera l’architecture mais détestera son côté cosmopolite, mais où il fera la connaissance de sa future femme de confession juive. L’occasion de revenir sur son antisémitisme « culturel » et son racisme.

Nous voyageons dans les lieux imaginaires de son œuvre tel que Insmouth, le village de Dunwich ; la ville d'Arkham ; ou la cité engloutie de R'lyeh.

Concernant la réception de son œuvre en France et aux Etats-Unis, Gilles Menegaldo revient sur l’importance des surréalistes et sur la mouvance ésotérique dans la découverte de l’œuvre de Lovecraft, ainsi que de Michel Houellebecq.

France culture, La compagnie des auteurs, 2016, 1h, podcast

 

"La littérature d'Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) sous-tend une idéologie parfois raciste, voire suprématiste et puritaine dans un univers matérialiste et macabre. Quels étaient les liens de Lovecraft avec la politique ? Deuxième volet lovecraftien aux questions encore épineuses." La compagnie des auteurs

En première partie l’artiste et écrivain, Jacky Ferjault, grand admirateur de Lovecraft, auteur notamment de Moi Howard Phillips Lovecraft et Lovecraft et la politique aux éditions L’œil du Sphinx nous parle de la pensée politique de Lovecraft. C'est l'étude de sa correspondance abondante qui a permis de comprendre un peu mieux ses ambiguïtés. Tout d'abord, il était un partisan du déclinisme.

Concernant son racisme et antisémitisme, il ne s'en cache pas dans ses correspondances. Partisan de l'élitisme, il trouvait dans le fascisme et Mussolini ses propres pensées. Concernant le nazisme et Hitler, il l'appelait Adolf, voir "mon bel Adolf", Jacky Ferjault relève quelques ambiguïtés : Lovecraft pense que ce qui fait l'individu est sa culture au sens large (passé, environnement,...), le programme national-socialiste n'a donc pas ses faveurs sur ce point.
Bien qu'il faut relativiser en se replaçant dans le contexte historique, il ne fait plus de doutes grâce à l'étude de ses lettres que Lovecraft était un gros raciste.

Jusque dans les années 1933, Lovecraft est pour le capitalisme, mais révisera sa pensée en votant Roosevelt et approuvant le New Deal. Mais jusque sa mort, il ne reniera ni son racisme, ni son antisémitisme.

France culture, La compagnie des auteurs, 2016, 1h, podcast