Mysterium : les nouvelles

Robert Charles Wilson, Denoël Lunes d'encre, 2008, pp.529 -728, 30€ papier


Dernier détour sur l'omnibus Mysterium comprenant les romans Mysterium, La cabane de l'aiguilleur déjà chroniqués, ainsi que 5 nouvelles et une novella Julian, un conte de Noël. Le tout préfacé par Jacques Baudou et les nouvelles sont introduites par Robert himself.
Deux nouvelles se situent dans des univers déjà exploré dans des romans : Le Mariage de la dryade qui poursuit la découverte de la planète Isis du roman Bios, et Les affinités avec le texte éponyme.
Une novella clôture cet omnibus, transformée en roman quelques années plus tard : Julian.

Autant vous le dire de suite, ce volume est indispensable dans votre bibliothèque wilsonienne, papier malheureusement : Les nouvelles n'ont jamais été publiées ailleurs si ce n'est YFL-500 et Le mariage de de la Dryade paru en 2011 en Folio 2€ que vous pourrez dégotter d'occasion.
Les textes sont traduits par Gilles Goullet, traducteur de la plupart des livres de Robert.
Les citations ci-dessous sont tirés des introductions aux nouvelles par Robert Charles Wilson

Le mariage de la dryade :
Vous avez adoré Bios et aurez voulu rester sur la planète Isis un peu plus longuement ? Cette nouvelle est faite pour vous. Une centaine d'années après les événements de Bios, la colonisation de la planète est devenu concrète. Bios nous parlait de biosphère galactique, l'auteur précise ici le propos.
"Le mariage de la dryade constitue aussi une de mes diverses tentatives d’imaginer la conscience à laquelle pourrait conduire l'évolution dans une strate radicalement non humaine... une conscience qui ne serait pas enfermée à l'intérieur d'un crâne humain, une conscience plus grande ou plus petite que la nôtre, ou largement repartie dans l'espace et le temps."


Le Grand Adieu :
Une nouvelle à chute. C'est l'histoire d'un adieu entre un grand-père et son petit fils. Nous sommes ici quelques années dans le futur et la science a fait d'énorme progrès en terme de post-humanisme.  Après, tout dépend de ce que l'on met derrière le terme de progrès !
Disponible en ligne gratuitement, mais en anglais : ici
" « Le Grand Adieu » a connu pas mal de succès et de rééditions. Ce qui me plaît dans cette histoire, c'est le sous-entendu que le voyage spatial est une entreprise plus adaptée aux machines qu'aux êtres humains, et que si nous explorons un jour le Système solaire (et ce qu'il y a au-delà), nous le ferons sans doute avec des machines, ou en tant que machines"


Les affinités :
Dix ans avant le roman Les affinités, l'idée était déjà en germe, autant dire que RCW avait une prescience de l'avenir en écrivant cette nouvelle un an après le lancement de Facebook et de son phénoménal succès. Cette très courte nouvelle revient sous la forme d'une interview quelques années après la disparition des affinités. Heureusement qu'il y a eu le roman, la nouvelle étant intéressante pour ceux qui ont lu le livre et voudrait y ré-goûter.
Disponible en ligne gratuitement, mais en anglais : ici

"Le deuxième texte, Les Affinités », n'avait jusqu'alors jamais été réédité, bien que son thème me paraisse tout aussi intéressant. Si on pouvait choisir de ne fréquenter que des gens exactement comme nous (en disposant d'une manière fiable de s'en assurer), le ferait-on? Et si on le faisait, cela nous plairait-il? Et même si cela nous plaisait, cela serait-il bon pour nous?"




"Les deux prochaines nouvelles nous transportent dans un monde post-pénurie apportant le déclin de la population et la Rationalisation via le SEE : le système expert entrepreneurial."

Le théâtre cartésien:
Une époque où le revenu universel (Macron a lu Wilson ?) existe et les premiers échelons dans l'existence de l’androïde vont été franchis et la cruauté animale bannie. Wilson se joue de ce que l'on entend par la notion de morale acceptable.
Fabuleux. Et lorsque la fin arrive et que le lecteur pense se trouver sur une fin ouverte, la chute magnifique arrive en quelques lignes.

YFL-500 :
Gordo fisk, un artiste transreprésentationnaliste, adepte des œuvres d'art statiques souffre de fugue anonirique. Vous voilà bien avancer avec un résumé pareil. En langage courant, cela donne : Gordo fisk, un artiste dont la démarche est de transformer les données du monde réel en belles abstractions, souffre de ne pouvoir rêver.
Le rêve comme inspiration artistique. Que ne ferait-on pas pour remédier à cette maladie ?


Julian, un conte de Noël :
Je suis rentré a reculons dans cette novella. Pourquoi ? Une inversion dans la trame de deux livres de ma part. Je pensais lire l'histoire de la cabane de l'aiguilleur qui ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.
Donc Julian qui donnera quelques années plus tard le roman du même nom, ce texte étant repris et remanié dans les sept premiers chapitres du roman.
Un siècle et demi après notre époque, le pétrole n'existe plus, s'est ensuivi une récession avec un impact important sur la société. Les Etats-Unis sont désormais sous la coupe de l'église du Dominion dans un monde qui rappelle étrangement le 18-19ème siècle. Et encore une fois RCW nous conte une aventure qui sort des lieux communs de la post apo. On suit ici l'histoire de deux personnages, l'un issu de haute famille, l'autre du bas peuple. Robert Charles Wilson, c'est avant tout une ballade avec des personnages qui nous sont proches, nos amis tant ses personnages sont caractérisés. Si Spin vous a transporté grâce entre autres à ses personnages, Julian est fait pour vous car comment ne pas faire le parallèle entre Julian/Jason et Tyler/Adam ?
Cet texte est aussi une variation de l'histoire de Julien l'Apostat
Après sa lecture, je n'ai qu'une hâte, celle de me plonger dans le roman et ses 600 pages.


Un recueil hautement recommandable donc, le seul bémol étant le texte La cabane de l'aiguilleur, le reste est de bonne tenue. Il faudra cependant alléger votre porte-monnaie, l'omnibus faisant 30€. Au final pas très cher pour deux romans, une novella et 5 nouvelles.
Je suis parfois très critique envers les éditeurs, pondant des livres au prix fort sans contenus supplémentaires que le texte. Mais quand un éditeur fait - bien, très bien - son travail, je salue haut et fort. Merci à la collection Lunes d'encre pour ce fabuleux recueil.
A quand le prochain ?

Challenge Lunes d'encre


3 commentaires:

  1. J'étais déjà assez convaincue avec Mystérium même si j'étais un peu réticente vu le prix. Désormais, c'est pour moi un objectif. Il faut que je lise BIOS et Julian auparavant. Les Affinité c'est déja et Mystérium est un de mes prochaine cible....

    Merci de ce retour alléchant!

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    1. C'est bientôt l'époque où l'on peut faire des listes de souhait. Si tu as été sage cette année, tous les espoirs sont permis.
      Et sinon, il doit se trouver d'occasion assez facilement.
      Ne tarde pas trop à lire du RCW, une rumeur dit qu'un troll est en embuscade.

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  2. je vais le manger tout cru le troll....

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