FreakShow

Anthologie de Frédéric Czilinder, Armada éditions, 2020, 254 p., 6€ epub sans DRM

Edit du 21 mai 2022 :
Attention, l'éditeur semble ne plus honorer les commandes passées sur leur site ou vie les librairies. Je vous déconseille donc fortement de les acheter sauf si vous voyez les livres physiquement.
Les autrices et auteurs ont souvent un compte FB ou twitter, passez directement par eux, ils ont parfois quelques exemplaires papier qui trainent  chez eux.
J'avais eu écho d'une lectrice qui avait eu un problème avec sa commande, là, ce sont deux autrices : Anaïs Cros et Dominique Lémuri

Sous une couverture moche, se cachent quelques pépites, et quelques horreurs aussi, il faut bien être raccord...

Présentation de l'éditeur :

Approchez Messieurs Dames !
N’ayez pas peur, ne soyez pas timides !
Entrez sous le chapiteau et venez découvrir nos phénomènes tantôt attachants, tantôt repoussants, toujours extraordinaiiiiiiires : dix auteurs arrachés à leur milieu naturel et réunis ici en exclusivité mondiale !
Dix plumes issues des quatre coins de l’espace et du temps venus charmer vos sens de leurs talents fabuleux. Tour à tour dompteurs, monstres de foire ou bien ensorceleurs… Ouvrez grand vos mirettes, vous en aurez pour votre argent !
Que le spectacle commence !


Mon ressenti :

J'ai acheté ce livre sur la base d'un seul auteur au sommaire, Jean Christophe Gapdy, et je ne pense pas que j'aurai sauté le pas au vu de la thématique : les arts forains, même si l'imaginaire a donné quelques très beaux textes jusque la moitié du siècle dernier, puis vient le lent déclin.
Cette anthologie s'ouvre sur la préface de Frédéric Czilinder qui a choisi les nouvelles qui explorent chacun à sa manière l'univers du nomadisme et/ou du cirque. Loin d'être un simple hommage, les auteurs et autrices se sont emparés du sujet en explorant les différentes facettes et en lui amenant sa dose de modernité.


Le Sabbat - Sofee L. Grey
Où l'on suit des forains vers leur future destination.
Les textes poétiques ne sont pas ma tasse de thé, ce qui laisse augurer un départ un peu foireux. Et pourtant.
Ici, pas de roulottes sur les routes, mais une vieille péniche sur un canal, parfois achalandée par des gadjos. Dans un univers fantastique, l'autrice parvient à poser l'ambiance étouffante et oppressante, et nous dévoile un léger pan de la manière de vivre de jadis de ce peuple nomade. Quelques semaines après lecture, j'ai encore sa petite musique qui me trotte dans la tête.
Le Sabbat pose l'ambiance de cette anthologie de manière forte. Une réussite.


Aubeline dans la fosse aux monstres - Pierre Stolze
Un groupe d'enfants va sortir de son quotidien suite à l'annonce de l'arrivée d'une fête foraine.
Nous avons le droit aux freaks, qui vont se révéler différent de ce quoi on pourrait s'attendre, tout comme l'histoire qui prend les chemins de traverse avec la fraîcheur et la bizarrerie de cette bande de gosses. Nous sommes dans de la SF qui rappelle les textes anciens, avec des clins d'oeil à van Vogt, Théodore Sturgeon et Charles Grandison Finney, tout en restant moderne avec la thématique actuelle autour des animaux de cirque.
Une ode à la liberté pour tous les marginaux, réels ou imaginaires.


Des insultes, des coups… - Patrick Eris
Un père, un fils, une différence et un cirque de monstres.
Une histoire un peu trop classique peut-être, mais emplie d'humanité et d'amour paternel. Malgré sa brièveté, l'auteur arrive à nous immerger dans la relation père-fils sans être démonstratif. Et à nous montrer les sentiments derrière.

Le Cirque des maudits - Frédéric Livyns
Alors qu'un cirque arrive dans un village, une étrange roulotte un peu à part va intriguer un jeune garçon.
Un texte sur l'absence et sur la représentation que l'on a des forains, jetant les malédictions. Même si je n'ai pas vu venir la chute, cela reste un peu trop sage et classique à mon goût.

Les Loges du savoir - Élie Darco
Une planète éloignée, de drôles de bestioles et un vaisseau spatial.
Dès les premières phrases, j'ai su que ce n'était pas pour moi. J'ai eu beaucoup de mal avec le style d'écriture qui manque cruellement de musicalité, rendant la lecture difficile. J'en ai lu la moitié sans y déceler d'originalité, mais y percevant un côté vieillot.

Une nouvelle poupée - Linné Lharsson
Un jeune pick pocket, élevé seul par sa mère depuis que le père n'est pas revenu de sa dernière ballade se voir offrir une place pour assister à un cirque.
Voilà une fable cruelle autour des représentations que l'on a des forains et de leurs mauvais tours. L'auteur retranscrit bien l'ambiance. Sans trop connaître Stephen King, je pense que ce texte aurait pu plaire au maître.

Le Dernier tour de piste - Alexandre Ratel
Des extra-terrestres, un dompteur de morts vivants et un cadavre embarrassant .
Soit un pitch improbable qui laisse augurer du pire...
Qui n'est pas atteint, mais d'une courte longueur. J'ai trouvé le tout un peu brouillon et les zombies et l'humour sont à manier avec prudence. Seule la chute misanthrope sauve le texte, et cette citation : "Notre ami zombie se sentait léger et prêt à dévorer le monde."

Samudaripen - Sandrine Scardigli
Une tranche de vie de la petite Perla dans les années 40.
La poésie du texte est contrebalancée par l'horreur qui sourd entre les lignes. Souvent camp d'extermination riment avec juifs, en oubliant que d'autres populations ont subi les foudres des nazis, dont les gens du voyage. Une belle et triste histoire.

Le dernier train-fantôme - Jean Rébillat
Une jeune fille et un jeune garçon passent la soirée dans une fête foraine. Le garçon espère conclure durant la soirée. Mais un tour dans le train fantôme va tout chambouler.
Pas trop compris l'un des tenants de l'histoire avec une histoire de Guetteur extra terrestre. L'autre tenant est plus convenu. Cela se lit tout seul, mais une relecture du texte n'aurait pas été du luxe.

Les forains de Walpurgis - Jean Christophe Gapdy
Nous voici contés une mésaventure arrivée à un jeune ado lors de la nuit de Walpurgis.
On se croirait presque dans un conte, avec ce jeune lycanthrope métis dont l'extraordinaire et horrible nuit vont le hanter.
C'est dans ce texte que l'attraction-répulsion de la fête foraine et de ses us et coutume se fait le plus ressentir avec ce côté intemporel des attractions, les rites et croyances sur les gens du voyage.
Jamais je n'aurai cru qu'une nouvelle avec un "loup-garou" et une fête foraine puisse fonctionner, l'auteur me prouve le contraire avec brio.




4 commentaires:

  1. Quelle est ta préférée du coup, "Le Sabbat" ou "Les forains de Walpurgis" ?

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  2. Pourquoi pas. Le Sabbat me donne suffisamment envie pour tenter la découverte (en plus moi j'aime bien les textes poétiques... chacun ses faiblesses :p)

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