Trackés

Christophe Nicolas, Argyll éditions, 2021, 376 p., 10€ epub sans DRM

 
L'été fut morose, tu as envie de te faire un bon thriller au cinéma ?
Mais toi, on ne te l'a fait pas, tu n'as pas envie de faire implanté une puce GPS comme Akhenaton. Donc pas de pass sanitaire, pas de cinoche !
Bonne nouvelle pour toi, pas besoin de pass pour rentrer dans une librairie et acheter Trackés.

 

Présentation de l'éditeur :

France, pays des droits de l’homme et du citoyen. Dans un climat de tensions sociales, un célèbre journaliste et lanceur d’alerte est froidement exécuté dans son appartement parisien.
Sur les lieux du crime, alors que certains concluent déjà à un acte terroriste, la capitaine de police Florence Roche exige d’être chargée de l’enquête. Placardisée pour raisons politiques, elle est déterminée à découvrir la vérité, quitte à ce que celle-ci déplaise à sa hiérarchie.
La policière trouve une alliée naturelle en Julia, fille du journaliste, mêlée malgré elle à l’affaire lorsqu’une des sources de son père la contacte, et la pousse dans les rouages d’une machination qui pourrait ébranler jusqu’aux fondations de notre démocratie.


Mon ressenti :

De nos jours, lors de manifestations en soutien au décès d'un jeune dans l'affrontement avec les forces de l'ordre, un jeune se fait arrêter par la police pour avoir participé à la manif.
D'un autre côté, un journaliste d'investigation qui a eu son heure de gloire est sur la piste d'un scoop. Peu de temps après, il est retrouvé assassiné.
Toute ressemblance avec des faits réels est totalement assumée : nous sommes à l'époque de Nuit debout et de la mort de Rémi Fraisse. L'auteur change les noms des personnes et des entreprises permettant un côté intemporel et fait quelques raccourcis avec la réalité pour nous dérouler son histoire de complot politique.

Trackés est construit comme un thriller mais ne fait pas l'impasse sur la réflexion autour du secret d'Etat, des lanceurs d'alerte, de l'informatique et des médias. Une fois commencée, l'écriture de Christophe Nicolas ne nous laisse qu'une seule échappatoire : finir au plus vite pour connaitre le dénouement. Une franche réussite.

Deux bémols afin que l'auteur garde les pieds sur terre :
Certains événements font un peu trop gros, trop irréalistes, l'impression d'une main un peu lourde dans le dosage des faits. Cela donne un côté légèrement caricatural. Ceci dit, lorsque l'on se remémore tous les bla-bla leaks, les révélations tonitruantes autour des GAFAM et tout le toutim, on se dit que l'espèce humaine à une propension phénoménale à l'oubli. Et qu'au final, l'histoire de Trackés pourrait très bien être réelle.
Le second bémol est plus éditorial : j'aurai aimé retrouver à la fin un mot de l'auteur sur ce qui est véridique et ce qui a été romancé pour les besoins de l'histoire.

Mais Trackés est un thriller qui se dévore et peut faire réfléchir sur le fonctionnement de la société.
J'ai pris un immense plaisir à lire et je vais donc de ce pas me replonger dans la plume de l'auteur avec son Projet Harmonie dont il est fait allusion dans le roman.

Le réactionnaire Yogo a trouvé le roman binaire, et l'orientation politique ne l'a pas laissé Dup
Heureusement, les progressistes sont là pour rétablir la vérité : Le Syndrome Quickson qui s'est pris quelques mandales, et Lune qui nous sort son programme : lisez Trackés !


Je ne peux que conclure en mettant le texte de Daniel Mermet en Hommage à Rémi :

C’est l’histoire de deux enterrements.
Voilà deux enterrements qui tombent nez à nez, face à face.
Le premier c’est un enterrement très important…
C’est l’enterrement du roi du pétrole, le patron de Total mort accidentellement.
Hommage de la nation unanime !
Hommage de tous les médias !
Hommage de la terre entière ! Un hommage vibrant !

Le deuxième enterrement…
C’est celui de Rémi, Rémi Fraisse, 21 ans, tué par une grenade offensive tirée par un gendarme, dans une manif’ contre le barrage de Sivens.
Hommage beaucoup moins vibrant !
Le premier ministre parle de « casseurs », on parle de « bavure », on dit que « si l'on veut mourir pour des idées il faut assumer ».

A l’enterrement du patron de Total le roi du pétrole, on l’a peu souligné, il y avait des oiseaux.
Des oiseaux endeuillés. Des mouettes. Des goélands tout en noir.
Le noir de la marée noire.
Le noir de l’Erika. Le naufrage pour lequel Total a été condamné.
C’était des oiseaux du parti des oiseaux, le parti de Rémi, le parti des « djihadistes verts ».
Rémi Fraisse est un « djihadistes verts » ! C’est l’expression de Xavier Beulin de la FNSEA.

Passé le respect à l’égard des morts, les deux figures en quelques jours sont devenues les symboles de notre présent.
Deux symboles inconciliables.
Il faut choisir son camp : l’assassinat ou l’accident.
L’oligarchie a choisi !
Le gouvernement a choisi !
Le cynisme, la violence, le mépris, et tout ce qui dégoute et fait gonfler les rangs de la Marine.
Alors choisi ton camps camarade.
Le vent se lève, il n’y a pas d’arrangement.
Cours camarade !
Les oiseaux noirs en mourant te regardent.
Cours camarade !
Le vieux monde est derrière toi !



8 commentaires:

  1. Bah ça donne envie quoi! J'étais déjà amplement convaincue par la propagande de Lune et du Syndrome Quickson mais cette critique ajoute à ma hâte.

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  2. "un jeune se fait arrêter pour avoir participé à la police" : je crois qu'il y a ton subconscient qui a parlé dans cette phrase.
    "Certains événements font un peu trop gros, trop irréalistes" : c'est le problème de la réalité, ce n'est absolument pas crédible.

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    1. Voilà un lecteur attentif, merci.
      Complètement d'accord avec toi : le problème de la réalité, ce n'est absolument pas crédible.

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  3. Entièrement d'accord avec ton premier bémol d'où mon conservatisme ! :p

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  4. Moi c’est un roman qui m’a tenu en haleine.Ça va très vite. Très bien fait.

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