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Eversion

mars 16, 2023

 

Alastair Reynolds, Le Bélial, 2023, 320 p., 12€ epub sans DRM


Sens dessus dessous


Pitch de l'éditeur :

Qui est Silas Coade ? Où se trouve-t-il ? Et quand ?
Un médecin, sans doute, à bord de la goélette Demeter, à l’orée du XIXe siècle, perdu dans les eaux norvégiennes en quête d’un Édifice dont il ignore tout ? Ou plutôt à la fin de ce même siècle, non loin du pôle Sud, sur la trace de ce même Édifice, prêt à rejouer un désastre annoncé ? À moins qu’il ne soit dans les entretoises d’un dirigeable, quelques dizaines d’années plus tard, en route pour le cœur de la Terre, sur la piste, toujours, de cette structure cyclopéenne mystérieuse ?
Silas Coade est médecin, et il se peut qu’il ne cesse de mourir à jamais, ici, là ou ailleurs… À moins d’envisager l’inenvisageable, et d’affronter l’impensable.

 

Mon ressenti :

Les vaisseaux en SF, c'est du vu, du revu, et du rerevu. A moins d'être un fan assidu et hardcore de maquettes, pas de quoi se ruer sur le pénultième roman avec un vaisseau. Ce qui est mon cas, moi qui ne suis pas en outre très friand de Space opéra.
Mais tu as beau prendre des résolutions, ne pas lire des trucs avec des vaisseaux de la mort of death qui navigue à 200% de la vitesse de la lumière, quand ce n'est pas ceux qui plient l'espace ou empruntent un trou qui les fait tomber où ils veulent (moi, lorsque je tombe, je me retrouve toujours dans une situation que je ne veux pas)... Malgré tout cela, certains (sale engeance d'éditeur) s'en contrefichent et sortent un bouquin avec un vaisseau et ajoutent insidieusement le nom de Alastair Reynolds en couverture. Moi je suis quelqu'un de faible : entre vaisseau et amour, je choisis amour. Amour d'un auteur et de sa série Les inhibiteurs. Qui se résume a des vaisseaux (et des IAs surpuissantes). Bref, tout ce que je viens de te dire que ce n’est pas ma came.
Et pour bien mettre un terme à tes putains de résolutions, ces moins que rien n'hésitent pas à mettre une putain de couverture (dont tu contrefous, car tu lis en numérique) qui envoie du lourd. Et comme tu n'es qu'un pov' clébard, tu sors la CB et tu achètes un roman avec des vaisseaux...

Après tous ses préliminaires, tu t'attends à lire une histoire avec un immense vaisseau tip top original, surtout avec Alastair à la barre. Et tu remarques qu'il s'agit seulement d'une saloperie de bateau, un vaisseau naval quoi, une putain de barque !!! J'entends d'ici que vous vous exclamez : tu n'as pas vu le bateau sur la couverture qui déchire ? Si, mais je pensais que c'était un truc de graphiste, une licence poétique... Et je ne lis plus les 4e de couverture....

Un livre, deux couvertures :
La vraie à gauche, faite par un illustrateur, Amir Zand
L'autre par une IA qui a pris le titre au pied de la lettre... (comme moi)


Plutôt méchamment pas content, je m’aperçois que je ne sais même pas ce que cela veut dire Eversion. Étant une personne intelligente, je sors mon dico qui me dit que c'est une histoire de pied. De pied !? Mais il est où le bateau dans l'histoire ? Car dans la mienne d'histoire il y a un bateau. Je réfléchis un peu et me rappelle que les distances dans ce bouquin sont en pieds (merci le traducteur ! Encore un payé à rien foutre). Voilà donc ce fameux rapport ? Ou alors que c'est pour dire que ce bouquin, c'est le pied ? Trop de possibilités pour mon cerveau canin... Je balance donc mon dico et consulte Google qui me déçoit rarement (vive les IAs), qui me dit que Eversion n'est pas une histoire de pied mais de sphère. Et c'est vrai que dans le film Sphère, il y a bien bien des vaisseaux : des bateaux, des sous marins et même une sphère et que ce film n'était pas le pied.

Plus hard que la hard-SF, la définition qui t'embrouille au lieu de t'éclairer :

"le mouvement d'éversion du pied est le fait de porter la face plantaire en latéral (vers l'extérieur), en soulevant le bord latéral du pied. Cette torsion externe associe flexion dorsale et valgus du pied (abduction et pronation). Elle s'oppose à l'inversion ou torsion interne, associant flexion plantaire et varus du pied (adduction et supination)."


Tout concorde (un avion est-il un vaisseau ?) enfin, je peux continuer ma lecture. Qui me fait rapidement boire la tasse, car le bateau à voile est finalement un bateau à vapeur ! Eh oh le traducteur, il serait pas l'heure de prendre sa retraite ? "Pfff, ces traducteurs, j'vous jure. Pas comme ça qu'on va relever la France !" Bref, c'est le bordel complet, tout est inversé, sens dessus dessous et vice versa, et plus j'avance dans ma lecture, plus je sais que je ne pourrai rien en dire et que je devrais faire une chronique qui parlera de tout sauf de l'histoire, une longue digression. Et que tu t’aperçois pauvre lecteur de mon blog, que tu viens de perdre quelques minutes pour ne rien savoir de plus.

Mais comme je suis quelqu'un de sympa tout de même, juste une constatation après la dernière page tournée : lit Eversion, c'est le pied.
Et là, enfin, l'illumination : pied - chaussures - chaussures bateau !!! Yes.

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La Millième Nuit

janvier 05, 2023

 

Alastair Reynolds, 2022, Le Bélial, 144 p., 6€ epub sans DRM

 

« Regardez ! » Quelqu’un désignait le ciel. « Une étoile filante ! »
J’ai levé les yeux assez vite pour apercevoir la traînée avant qu’elle ne disparaisse. Peut-être un bon présage, ai-je songé. Sauf que je ne croyais pas aux présages, moins encore lorsqu’ils se résumaient à des morceaux de gravier cosmique projetés sur l’atmosphère d’une planète.

 

Sans fin,  reproduire les mêmes erreurs.

 

Pitch de l'éditeur :

Dans plusieurs millions d’années…
Ayant essaimé à travers l’ensemble de la Galaxie, l’humanité s’est divisée en une myriade de cultures et civilisations adaptées à des contraintes environnementales et des modes de vie aux variétés pour ainsi dire sans limites. Ainsi en est-il de la Lignée Gentiane, mille clones immortels ou presque, issus d’une souche unique, qui arpentent les étoiles depuis des centaines de milliers d’années. Si, au fil du temps, chaque membre de la Lignée s’est singularisé, explorant et poursuivant ses intérêts propres, tous les deux cent mille ans, selon une antique tradition œcuménique, l’étrange fratrie se réunit pour partager ses expériences, souvenirs et projets – des célébrations grandioses qui culminent lors de la Millième Nuit. Jusqu’à ce qu’un grain de sable ternisse les dernières retrouvailles… Un détail, une anomalie insignifiante derrière laquelle pourrait bien se cacher un complot à l’échelle proprement astronomique…

 

Mon ressenti :

La famille, c'est important. Alors on se réunit régulièrement pour parler de ce chacun a fait durant la séparation. Et parfois certains enjolivent leurs aventures, voir parfois mentent, surtout le mouton noir, la brebis galeuse, le vilain petit canard de la famille. Voilà le topo du livre, pas très vendeur il faut bien l'avouer. Mais c'est Alastair Reynolds aux manettes, et il n'est pas un chien, il a du talent et de l'imagination. Donc sa réunion de famille est clairement exceptionnelle. On entre dans le récit comme un gendre ou une bru on ne comprend rien à tous ce qui est baragouiné. Mais peu à peu, au fil des rencontres,  le voile se lève...

Cette novella est faite pour t'en mettre plein les mirettes si tu aimes les choses impossibles, le gigantisme. C'est typiquement le sense or wonder, la came tant recherchée par les amateurs de SF. Petit plus ici, pas besoin à mon sens d'être un quincailler de l'imaginaire pour le lire, l'auteur ne s'encombre pas de technicité, les images parlent d'elles même. Seul défaut pour moi, la partie whodunit du texte. Comme le personnage principal assez indifférent, cela ne semble pas intéressé l'auteur. La révélation fait donc un peu pétard mouillé, assez décevant mis en parallèle avec l'univers créé.

Quoiqu'il en soit, l'auteur a écrit dans le même univers un roman, House of Suns, qui sera traduit prochainement par l'éditeur, et je ferai parti des lecteurs.  

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Janus

février 07, 2018
 

Alastair Reynolds, Pocket (Presses de la Cité), 2011, 896 p., épuisé

Les montagnes russes littéraires : un début prometteur, une longue et lente montée vers le frisson, une descente fracassante pour finir par un calme épilogue.

Présentation de l'éditeur :


En 2057, Janus, une lune de Saturne, quitte soudain son orbite. Unique vaisseau alentour, le Rockhopper, propriété d'une compagnie minière qui exploite la glace des comètes, est le seul véhicule spatial capable d'intercepter le satellite avant qu'il ne quitte définitivement le système solaire. En acceptant d'interrompre sa mission de routine pour effectuer une courte exploration de Janus, le capitaine Bella Lind et son équipage s'embarquent dans une aventure qui mettra à rude épreuve leur cohésion. Car, en réalité, Janus n'est pas une lune, mais un artefact extraterrestre qui leur réserve bien des surprises...


Mon ressenti :

Le prologue nous emmène dans un futur éloigné, où l'humanité a conquis les étoiles et essaimé sur plusieurs planètes. La chute de cette mise en bouche stupéfait et donne envie d'en savoir plus.
Mais pour ça, il va falloir patienter, patienter et patienter encore.

Alastair Reynolds, c'est l'auteur du cycle des inhibiteurs, un monument de Hard-SF. Un auteur qui aime écrire : le cycle fait plus de 3000 pages et reste un roman à traduire...
Janus, c'est 900 pages en poche, une quinzaine d'heure de lecture. Cela peut refroidir les ardeurs d'autant si c'est de la Hard-SF. De ce côté l'auteur la joue pédagogue et même une quiche en physique peut comprendre. Les années lumières qui ne correspondent à rien à monsieur et madame Tout le monde sont ici expliqué en termes simples, et de donner une idée des vitesses, et le vertige.

Quand ils atteindraient Janus, ils se trouveraient à treize heures-lumière de chez eux, si loin qu’un signal radio mettrait plus d’une journée à faire l’aller-retour entre la Terre et eux. Et ils ne se déplaceraient qu’à trois pour cent de la vitesse de la lumière, ce qui avait déjà de quoi inspirer une terreur justifiée. Trois pour cent de la vitesse de la lumière, autrement dit neuf mille kilomètres par seconde !
À chaque minute qui passait, ils parcouraient la distance séparant la Terre de sa lune, s’éloignant d’autant de leurs foyers.

L'auteur a la bonne idée aussi de mettre des personnages principaux féminins, ça change et apporte un petit plus. La mise en place de l'intrigue est facile à lire. L'auteur n'oublie pas les détails du "charme" des voyages galactiques : répondre au questions des journalistes; faire copain avec tous les élèves de la maternelle au lycée en passant par les interviews aux fans de SF. Voilà pour les cent premières pages.
Après, ça se gâte, il faut attendre la moitié du roman pour atteindre Janus et c'est long, très long. La quatrième de couverture parle de "remarquable justesse psychologique", moi j'ai trouvé les personnages pas assez subtils, caricaturaux. Donc leurs relations durant leur voyage vers Janus sont vites lourdes et sans intérêts, pour le lecteur et pour l'intrigue.

Arrivé à la moitié du roman cahin-caha, les pages commencent a se tourner plus rapidement, l'auteur me reprend dans ses filets (après 450 pages c'est pas trop tôt). Alastair Reynolds nous sort le grand jeu : premier contact, deuxième, troisième etc contact. Échelle de temps entrelacé, big dumb object. S'en parler du terrifiant "ange de glace". On en prend plein les mirettes, poussant des OOHHH, des AAAHHH et des OUUUAAAHHH.

Mais les relations entre les persos sont toujours aussi hasardeuses, l'auteur joue un peu trop avec les révélations. Quand on pense enfin connaître une chose, une péripétie opportune arrive et c'est reparti pour 50 pages de blablas avec des protagonistes dont je me contrefous.
La fin donne dans le pathos :  alors que tout explose dans un grand fracas, nos deux héroïnes prennent le temps de discourir sur ce qui aurait pu être mais qui n'a pas était. Les événements s'enchainent trop rapidement, donnant un sentiment de précipitation finale. Je pensais que le final allait me décoller la rétine des yeux, j'ai juste dû me mettre quelques gouttes de collyre dans les yeux après toutes ces pages lues.

Le titre Janus laissait espérer une finesse dans le traitement des personnages et de l'intrigue, tel n'a pas été le cas.

Le fil dédié sur le forum du Bélial contient quelques liens sur la chronologie de l'histoire et quelques notes et croquis de l'auteur.

La pluie du siècle

mai 19, 2016

Alastair Reynolds, Pocket, 2008, 864 p., épuisé

 

On reconnait parfois les bons écrivains à leur mélange audacieux des genres à priori sans rapport. Ici, l’auteur se permet le luxe de construire son thriller entre uchronie, voyage dans le temps, hard sf et space opera. Belle prouesse parfaitement réussie.

Alastair Reynolds nous parle des dérives de la science, notamment de la mauvaise utilisation de la nanotechnologie. Il confronte plusieurs points de vue, une science éthique, voir conservatrice, versus une science progressive, voir excessive dans ses développements. Il nous parle aussi de la montée des extrémismes qui peuvent en découler. Mais pas de manichéisme ici, l’auteur prônant un message de tolérance et de compréhension de l’Autre, si différent soit-il.

L’histoire est construite autour de deux fils narratifs au premier abord sans rapports qui finissent par se rejoindre grâce au savoir faire de l’auteur.

Fourni par Blogger.