Strange Crazy Tales of Pulpe !

 

Nicolas Pagès, Denis Labbé, Nicholas et Séverine Maire, Jean-Pierre Favard, Jean Christophe Gapdy, Bruno Pochesci, Henri Bé, Gwen Geddes, Yoann PS Anderson, Frédéric Lyvins, Jean-Marc De Vos, Southeast Jones
Éditions des Artistes Fous, 2020, 164 p.,  9€ papier, epub à venir

 

Les nostalgiques du pulp vont retrouver la recette originale.
Tandis que les nouveaux consommateurs vont découvrir une formule vieillotte.
Mais si on secoue bien, l'oranginalité se fait jour...

Présentation de l'éditeur :

Une anthologie de 13 nouvelles pulp inspirées de l’âge d’or des littératures de genre où des couvertures colorées et racoleuses cachaient des héros aux aventures rocambolesques, des cauchemars indicibles et des monstres de toutes origines. Des confins de la galaxie aux recoins oubliés de notre Terre, suivez-nous dans un voyage composé de 13 décors dépaysants.


Mon ressenti :

C'est quoi le Pulp ? Si on écarte les magazines des années 40-50, reste pour moi de la littérature populaire, avec du très mauvais et du très bon, balançant dans les genres de l'imaginaire. Ce qui est vrai ici. Pas de mensonges sur la came que l'on va y trouver. Seul bémol pour moi, publier du Pulp en 2020 est synonyme de se réapproprier ce style de publications et de le transcender ou du moins le moderniser. Ce que je n'ai malheureusement pas toujours ressenti lors de ma lecture. Mais peut-être aussi était-ce la demande de l'anthologiste, retrouver le bon goût de jadis ?

Côté positif, la magnifique couverture de Christophe Huet, avec son côté vieilli et un rosé que je n'aurai oser imaginer et qui magnifié l'ensemble. Cerise sur le gâteau, cette anthologie comporte quelques illustrations intérieures de belles factures (Maniak, Cham, Stef W et Christophe Huet), rappelant les couvertures de ces pulps d'antan. En point d'orgue, ce faux bon de commande permettant d'acquérir des objets divers et variés, très second degré. Ou à l'humour parfois hard, ma préférée.




Côté texte, c'est l'anthologiste, Southeast Jones, qui remporte de très loin la palme du meilleur texte. Je ne peux que vous conseiller de lire cet auteur qui n'est jamais aussi bon que lorsqu'il pond des récits à l'atmosphère mélancolique et légèrement sombre.
Je ne peux aussi que t'encourager à aller trainer sur leur site voir leurs autres livres, dont une bonne partie est téléchargeable gratuitement. L'antho Mort(s) est de très bonne qualité. 


Rapide tour d'horizon des différents textes :

Opération Nectar, de Nicolas Pagès

Une chasseuse de primes s'envole vers un astéroïde en compagnie d'un militaire burné qui n'est pas insensible à ses charmes. Objectif de sa mission ?
Voilà une nouvelle pulpée, ou plutôt stuprée : c'est rempli de sexe et de stupre. La seule chose que je n'ai pu voir venir est la chute, le reste étant un texte assez bateau qui ne fait renverser les rôles hommes femmes. J'en attendais un plus de l'auteur.

L’appendice à l’air vont les S’morrrrrr, de Herr Mad Doktor

Une réunion diplomatique galactique doit statuer sur le sort des S’morrrrr, une race exubérante et invasive.
Un texte marrant, dans la veine pulp comme il se doit mais dont j'aurai aimé une chute différente.
Rare sont les textes sur les peuples nomades, gens du voyage, Rroms et autres, c'est ce qui me restera en mémoire.

Le destin des Nornes, de Denis Labbé

De nos jours, un militaire se retrouve au valhalla...
Un texte qui associe légendes nordiques et musique métal. Ne connaissant ni les unes, ni l'autre, je suis passé à côté.

Pour un baiser, de Nicholas et Séverine Maire

Un aventurier atterrit sur une planète censée être désertique depuis longtemps...
J'ai bien aimé ce texte à l'ambiance old school mais calme et sereine. On découvre la particularité de ce monde étrange peu à peu pour finir dans une sorte d'utopie biaisée.

Le cimetière des innocentes, de Jean-Pierre Favard

On débute par une scène sacrificielle pour ensuite dévier sur une enquête menée par deux olibrius.
Un petit air anar se dégage de l'ensemble et l'humour permet de passer un bon moment de lecture, en dépit des incohérences.

Tempête stellaire, de Jean Christophe Gapdy

Espace, un duo de pilotes est appelé à la rescousse suite à une embuscade faite par des pirates.
Toujours dans l'univers de SysDol, le pilote bourru et la jeune fille apprentie vont aller de péripéties en péripéties. Connaissant (et appréciant) nombre des écrits de l'auteur, je reste ici sur ma faim, seul le petit twist vers le final a éveillé mon intérêt.

Djinn Djihad, de Bruno Pochesci

Texte qui s'ouvre sur un avertissement de l'auteur : comme certains textes sont en hébreux et arabe, ils risquent de ne pas d'afficher selon la liseuse. En tout cas, chez moi, ça merde... Liseuse raciste ?
Pourquoi ne pas avoir mis ces passages en image ? L'epub n'étant pas encore sortie, gageons que le problème sera réglé d'ici là.

Mais revenons en au texte : Les Maures envahissent le monde et sont aux portes du Vatican dont le seul occupant est le pape.
Une pochade - une pochesci ? - anar donc antireligieuse qui en fait des tonnes sur l'envahisseur musulman. J'ai bien aimé la "petite" machine bras droit de l'islam radical. Le twist final m'a surpris agréablement. Pas inoubliable mais cela m'a fait me marrer et c'est suffisant pour moi. A déconseiller cependant à Gilles Dumay...

Les souveraines de Bal-Shima, de Henri Bé

Un explorateur s'en va chercher sur une planète des fleurs hallucinogènes, il découvre alors une société traditionnelle.
Un texte plus introspectif, autour de l'addiction et de ce qui peut en coûter. J'aurais aimé une fin un peu plus brute de décoffrage mais j'ai bien aimé ce glissement progressif du village oublié vers une utopie. Beau rebrousse poil.

Les orphelins de l’hôpital Saint-Jude, de Gwen Geddes

Nouvelle fantastique, deux couples se réfugient dans un hôpital psy lors d'une nuit d'orage. Ce qui devait arriver arrive ...
Une écriture qui retranscrit l'ambiance oppressante du lieu. Juste un bémol, le texte aurait mérité quelques pages supplémentaires pour augmenter le réalisme qui en prend un coup lors des évènements dramatiques dont les réactions des personnages semblent particulièrement bancales.


Léviathan, de Yoann PS Anderson

Les combats font rage entre l'humanité et une race alien. Les hommes pensent remporter une victoire décisive en abattant un des vaisseaux. Mais ...
Une histoire classique avec un peu d'horreur cosmique, qui se lit très bien mais dont la chute aurait pu être plus marquante.

Zombie love, de Frédéric Lyvins

Un homme est en deuil depuis le décès de sa femme et de son enfant. Il va chaque soir se recueillir sur leurs tombes.
C'est fluide, voir un peu trop, j'aurai aimé être plus surpris. En outre, je connais l'auteur par ouïe dire et son nom se résume souvent à qualité mais horreur bien horrifique, je suis donc déçu dans mes attentes.

Droit dans le mur, de Jean-Marc De Vos

Un homme entend des voix en provenance d'un des murs de sa maison.
Voilà une bonne blague, certes un peu longue pour la raconter lors d'un repas familial, dommage.
Sur un départ con, le reste l'est tout autant mais on a plaisir à vouloir connaître le twist final. Qui arrive à surprendre.
Con et drôle, what else ?

Nous n’irons pas dans les étoiles, de Southeast Jones

Rien que le titre donne vie de lire cette nouvelle qui m'a fait penser par son ton mélancolique à la nouvelle Comment c'est là-haut ? de Edmond Hamilton .
Un scientifique doit annoncer à ses collègues une triste nouvelle : nous n'irons pas dans les étoiles.
A la manière d'un journal, nous allons être peu à peu éclairer. L'auteur arrive à nous faire poser des questions et se rapproche de RC Wilson et de sa disparition des étoiles, rien que ça !
Seul envie après lecture, qu'un roman sorte pour approfondir le contexte et l'ambiance. Voilà le plus beau texte de cette anthologie, et de loin.



TmbM, encore une fois, à un avis identique au mien
Le galion des étoiles quand à lui, semble y avoir trouvé la pulpe.

Avis réalisé dans le cadre d'un service de presse

14 commentaires:

  1. C'est vrai qu'il claque le titre de Southeast Jones.
    "A déconseiller cependant à Gilles Dumay..." : je suis obligé de demander : pourquoi ?

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    1. Je vois que tu n'es pas abonné à Bifrost !
      Bruno Pochesci publie beaucoup de nouvelles dans la revue Galaxie SF. Gilles Dumay chroniquant les revues et n'étant que rarement tendre avec cette dernière (et au vue de mon abonnement d'un an à celle ci, je partage son avis), il nous donne toujours son avis sur la plume de l'auteur. Et difficile de ne pas constater dans quel état ça le met... En bref, Bruno Pochesci est la bête noire de Gilles Dumay, mais cela donne aux lecteurs de la revue Bifrost de jolies crises de rire, car cela éveille aussi son talent critique !

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  2. Généralement le pulp, c'est un truc que j'adore. Mais, j'avoue que je ne suis pas tentée.

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    1. Leurs anthos sont souvent gratuite en epub, alors peut être que... Il y a tout de même quelques textes qui sortent du lot.

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  3. A ce rythme-là, on va finir par faire blog commun !

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  4. Même question que Baroona. Je crois qu’il me manque la réf Gilles Dumay là.
    En tout cas chouette objet livre ce pulp revival. Pour le reste hormis le texte phare, je suis moyennement tentee

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    1. J'ai répondu à Baroona...
      ET ma réponse à Lutin82 pourrait te plaire.

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  5. Ah, moi j'adore les pulps, mais je n'essairai quand même pas, pas sûre d'y trouver mon bonheur vu ce que tu en dis... :D
    Je me joins à Baroona et Yuyine pour demander plus de précisions!

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    1. Merci, je n'y serais jamais arrivée 😉

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    2. Par contre, j'ai du, à mon corps défendant, avertir qui de droit :
      https://twitter.com/ChienCritique/status/1358143660794277891?s=20

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