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Les Maîtres enlumineurs : Les terres closes

avril 30, 2024

 

Robert Jackson Bennett, Albin Michel Imaginaire, 2023, 688 p., 13€ epub sans DRM

 
Je savais lire en diagonal, je sais désormais lire en levant les yeux au ciel !
 

Pitch de l'éditeur :

Autrefois, Sancia Grado n'était qu'une jeune voleuse dotée d'un talent rare. Puis elle a appris à utiliser ce talent et a battu les grandes maisons marchandes de Tevanne à leur propre jeu. Avec Clef et Bérénice, elle a même éliminé un hiérophante immortel – mais la guerre qu'ils mènent maintenant semble perdue d'avance. Sancia et ses alliés n'affrontent plus les élites de l'enluminure ou un hiérophante revenu d'un passé oublié ; cette fois, ils veulent détruire une entité dont l'intelligence est répartie sur la moitié du globe : un fantôme bien caché, qui utilise la magie pour posséder les objets, mais aussi contrôler les esprits humains.
Malgré tous les efforts de Sancia et de ses alliés, leur implacable ennemi se rapproche de son véritable but : une ancienne porte qui mène au cœur-même de la création.
Mais peut-être leur reste-t-il une ultime chance de survivre à ce combat, en réalisant le casse le plus audacieux qu'ils aient jamais tenté…
 
 

Mon ressenti :

Moi qui pense que la fantasy c'est de la merde, j'avais adoré le système de magie original que l'auteur nous avait pondu dans le premier tome, faisant l'osmose entre magie et science, un peu comme si Einstein avait décidé de jeter des sorts de relativité restreinte ou de mécanique quantique. Le second roman partait plus vers la fantasy et le réalisme que j'avais trouvé dans le premier tome avait disparu, Mais voilà, dans le deuxième opus, l'auteur a pris un virage à 180 degrés vers la fantasy pure et dure, abandonnant toute crédibilité au passage, au grand dam de mon esprit cartésien qui s'est senti trahi.

Et puis, le dernier tome ! C'était comme si j'avais pris un billet pour le dernier blockbuster Marvel. Des combats spectaculaires, mais tellement exagérés que j'ai cru que les personnages allaient débarquer avec des costumes moulants et des capes en spandex. On y arrache des morceaux de montagne pour les balancer sur ses ennemis, on se balance des îles dans la gueule... Bref des demi dieux qui se battent, l'éternelle lutte du Bien contre le Mal. Trop hardcore pour moi.

Pourtant, au milieu de tout ce spectacle, il y avait une lueur d'espoir, une société utopique un peu original, mais esquissée trop rapidement, reléguée au rang de simple anecdote dans ce défilé de grandiloquence. Résultat, je n'ai même pas lu ce roman en diagonal, je l'ai lu en levant les yeux au ciel ! Seul bonne nouvelle, le cycle est terminé.

Je n'en dis pas plus, ayant perdu trop de temps avec ce roman de fantasy trop hardcore pour moi.
 
 
 

Les Maîtres enlumineurs : Le Retour du Hiérophante

octobre 04, 2021

Robert Jackson Bennett, Albin Michel Imaginaire, 2021, 626 p., 13€ epub sans DRM


À défaut d'être un roman inoubliable, sa couverture sera le joyau de ta bibliothèque.

Présentation de l'éditeur :

Une des quatre maisons marchandes de Tevanne est tombée. Sancia Grado et ses associés ont non seulement changé l’histoire de la cité, ils ont aussi créé Interfonderies dans le but de démocratiser l’art magique de l’enluminure. Mais la jeune entreprise a beau accomplir des prouesses, celles-ci ne suffisent pas à la maintenir à flot. La concurrence est rude, et les grandes maisons marchandes de Tevanne sont prêtes à tout pour écraser Sancia et l’idéal qu’elle représente.

C’est alors qu’une ancienne puissance vogue en direction de Tevanne : un hiérophante. Un adversaire qui connaît et maîtrise l’enluminure mieux que personne, fasciné en outre par Sancia et ses pouvoirs. Pour survivre à cette menace et sauver ceux qu’elle aime, la jeune femme devra percer le secret le mieux gardé de l’univers : celui des origines de l’enluminure.

 

Mon ressenti :

Après la claque du tome 1, j'étais très impatient de me plonger dans sa suite, et en même temps une petite appréhension : tiendra t'il la comparaison ? Doute levé dès les premières pages, l'impression de chausser une vieille paire de baskets, nous sommes de suite chez nous. On retrouve avec plaisir nos 4 comparses qui vont jouer un sale tour à une des maisons.

Las, la suite est assez catastrophique, un empilement de missions qui ont l'air d'arriver comme un cheveu sur la soupe, mais n'étonne guère nos comparses : Sancia rêve du retour du hiérophante et vas y que je pars affronter le grand méchant, avec dans ma besace tout ce qu'il faut au moment opportun. Le méchant est méchant, les gentils sont gentils, avec ce qu'il faut de doutes pour laisser éveiller un tant soit peu l’intérêt du lecteur. Les Maîtres enlumineurs était de l'orfèvrerie, intelligent, original avec une touche d'humour. Que s'est-il passé ? L'auteur a changé d'écrivain fantôme pour abaisser les coûts et augmenter son profit ? S'est-il demandé pourquoi faire de la qualité alors que les lecteurs du 1 vont se jeter dessus ? Les dialogues sonnent creux, parfois à la limite du ridicule. Tout y est gros, trop gros pour y croire réellement.

Bennett est-il benêt ?

Mais heureusement, l'amour, que dis je, l'AMOUR est là et peut tous nous sauver. (Bruit d'une personne se soulagent d'une remontée gastrique dans son organe buccale).
L'AMOUR d'une mère pour son fils
L'AMOUR de deux personnes
L'AMOUR pour son prochain
Mais quel curain de merde !
Une morale un peu binaire : Comprenons-nous, ouvrons les yeux et tout devient possible . (Bruit d'une personne se soulageant d'une remontée gastrique dans son organe buccal).

Heureusement, quelques bons moments parsèment. Les rôles de méchants et de gentils se révèle moins manichéen et une interrogation sur le pouvoir nait :
Entre la peste et le choléra, que choisir ? Un but bienveillant vaut-il quelques malveillances ? La question fait tout l'enjeu de ce roman. 
 
Déception donc à cette lecture, surtout par rapport au premier tome qui nous avait laissé entrevoir le meilleur. Lirai-je le tome 3 ? Oui, en espérant que l'auteur s'est sorti les doigts du cul.
Une seule chose a remporté ma totale adhésion : la couverture de Didier Graffet est splendide. Ce qui est loin d'être le cas de la couv' originale. Attention, ça pique les yeux :
 



Roman contrasté, mais une suite valable pour Apophis
Un must-read néanmoins inférieur selon Gromovar


 Avis réalisé dans le cadre d'un service de presse
 

Les Maîtres enlumineurs

mars 29, 2021


Robert Jackson Bennett, Albin Michel Imaginaire, 2021, 604 p., 13€ epub sans DRM

 

La méthode Coué de la magie.

Présentation de l'éditeur :



Toute l’économie de l’opulente cité de Tevanne repose sur une puissante magie : l’enluminure. À l’aide de sceaux complexes, les maîtres enlumineurs donnent aux objets des pouvoirs insoupçonnés et contournent les lois de la physique. Sancia Grado est une jeune voleuse qui a le don de revivre le passé des objets et d’écouter chuchoter leurs enluminures. Engagée par une des grandes familles de la cité pour dérober une étrange clé dans un entrepôt sous très haute surveillance, elle ignore que cet artefact a le pouvoir de changer l’enluminure à jamais : quiconque entrera en sa possession pourra mettre Tevanne à genoux. Poursuivie par un adversaire implacable, Sancia n’aura d’autre choix que de se trouver des alliés.

 

Mon ressenti :

Une voleuse, curiosité aidant, ouvre une petite boîte qu'elle vient de subtiliser de manière peu orthodoxe. Elle découvre une clef qui permet d'ouvrir toutes les serrures et même plus encore. Et en outre, c'est une clef qui parle ! 🧐

Il y a des livres qui à peine commencé vous donne envie de meurtre, d'autres, plus rares, vous donnent envie de ne faire qu'une chose : lire lire et lire.
Malheureusement Les Maîtres enlumineurs fait partie d'une tout autre catégorie : lire jusqu'à plus soif, en oubliant tout ce qui se passe autour de vous, ce que vous avez à faire pour vous immerger complètement, profondément, dans son univers.

Je pourrais vous parler de ce choc culturel entre la plèbe et la Haute, la banlieue et la ville;
Je pourrais vous parler de cette ode à la liberté, à la justice;
Je pourrais vous dire aussi que c'est un roman drôle, la politesse du désespoir;
Je pourrais vous dire que vous allez y apprendre plein d'expressions imagées et grossières;
Je pourrais vous dire qu'il est aussi une fantasy cyberpunk et hopepunk;
Je pourrais vous dire qu'on y parle du rôle de la femme, que le héros est une héroïne;
Je pourrais vous dire dire qu'il est très bien construit, sans lourdeur, que la SF et la fantasy s'y imbriquent de manière surnaturelle, mais parfaite;
Je pourrais aussi vous dire que c'est un roman divertissant et intelligent;
Je pourrais vous dire que c'est une curain de putain de bon bouquin;
Je pourrais vous dire que le plus spectaculaire est que ce roman plaira sûrement au novice comme à l'amateur;
Mais tout ce que je pourrais vous dire ne parviendra jamais à vous faire comprendre combien j'ai apprécié ce roman;
Car je ne suis qu'un simple blogueur, pas un écrivain talentueux;

La seule question que tu dois te poser : Te laisseras-tu embobiner par les maitres embobineurs ?


Avis unanimes pour le moment : forum Le Bélial


Critique réalisée dans le cadre d'un service de presse.



Quelques citations :


« Curain de fils de pute ! retentit la voix dans les escaliers. Sale enfant de putain édentée merdeuse à deux duvots ! »
Gregor s’arrêta au sommet des escaliers de la fonderie Spinola et jeta un bref regard au garde en faction, qui lui renvoya un haussement d’épaules nerveux. La voix continuait de tempêter.
« Comment ça, tu penses que les archives sont précises ? Comment peux-tu seulement penser que tes archives sont précises ? La précision est un curain d’état binaire ; soit elles sont précises, soit elles ne le SONT PAS ! » Les deux derniers mots avaient été beuglés avec une telle puissance qu’ils firent littéralement mal aux oreilles de Gregor, même à cette distance. « Tu es marié ? Tu as des enfants ? Si c’est le cas, ça me sidère, je suis même positivement éberlué, parce que tu es tellement con que je doute que tu saches comment glisser ta chandelle dans ta bonne femme ! Peut-être que tu pourrais regarder un peu dans le voisinage, histoire de voir si d’autres crétins hébétés ressemblent bizarrement à tes sales mioches ? Je jure devant Dieu que si tu ne reviens pas dans une heure avec des archives authentiquement, imparablement, indéniablement précises, j’enduis personnellement tes couilles de gelée de figue et je te jette à poil dans une fosse à cochons ! Maintenant, disparais de ma vue ! »


Tomas Ziani était richissime et avait la réputation d’être un négociant rusé – mais aucunement un enlumineur. En matière de sceaux, il n’aurait pas fait la différence entre son propre cul et un trou dans le sol.


Je dois admettre, glissa Gio, qu’à l’échelle de nos projets, c’est de plus en plus dur de distinguer une connerie mystique d’une autre.

 

Vigilance

octobre 15, 2020

 

Robert Jackson Bennett, 2020, Le Bélial, 176 p., 6€ epub sans DRM

 

Une Amérique blanche, patriote et xénophobe,
Un mass média sans aucune limite,
Un spectacle pour la bonne cause...

 

Présentation de l'éditeur :


Trois tireurs armés jusqu’aux dents lâchés dans un « environnement » public aléatoire délimité. Un but : abattre le plus de personnes possible. Une promesse : un énorme paquet de fric pour celui qui quitte les lieux indemne. Si l’une des « cibles » met hors d’état de nuire l’un des tireurs et survit, une part du pactole lui échoit. Des règles simplissimes, et des dizaines de drones qui filment le tout pour le plus grand bonheur de millions de spectateurs hystérisés, d’annonceurs aux anges et de John McDean, producteur et chef d’orchestre de Vigilance, le show TV qui a résolu le problème des tueries de masses aux États-Unis… 


Mon ressenti :


Une Amérique vieillissante, renfermée, puant la suprématie blanche, reste néanmoins vigilante quand à sa liberté fondamentale : se protéger. Contre elle même ?

Une dystopie glaçante, l'auteur distille peu à peu son univers, un jeu de télé réalité "Vigilance" un tuerie de masse like mise en scène par un producteur cynique et sa horde de technologies. Une technologie poussée un cran de celle qui pointe son nez, avec les vidéos fake, les pubs personnalisées...
Plus que les armes, c'est le voyeurisme, c'est l'envers du monde des médias qui nous est montré. Lorsque l'on commence a vouloir plaire à Monsieur tout le monde, faut pas s'étonner de ce que l'on voit à la télé. J'avais trouvé le pitch un peu gros, mais l'auteur justifie son univers habilement.
J'ai beaucoup aimé les intermèdes avec la serveuse, une personne humaine qui va faire la seule chose possible face à ce show télévisé. C'est elle l'héroïne, le final ne faisant que renforcer ce point. Mais sera t-elle assez vigilante ?

Ils veulent tous être des héros, pense-t-elle avec consternation. Ils veulent tous être des héros débiles dans leurs histoires débiles !

Vigilance est cependant très américain, trop américain pour moi, il perd un peu de ce qui fait les classiques : l'universalité. Le twist final est bien trop gros, trop peu crédible et c'est dommage de finir ce texte coup de feu par ce hiatus.
Ceci dit, ça se lit tout seul et mis à part ces quelques défauts, quelques jours après lecture, elle reste dans la mémoire et les neurones continuent à réfléchir.

C'est pas tout ça, mais moi, je dois aller m'inscrire au programme Voisins Vigilants...

Pour un feu nourri en forme de feu d’artifice enthousiaste, c'est par ici

 

Quelques citations : 

Tout tenait au fait que depuis toujours, l’Amérique est une nation qui a peur.
Peur de la monarchie. Peur des élites. Peur de perdre ses biens, par le fait du gouvernement ou d’une invasion. Peur qu’un voyou stupide ou un petit malin de la ville trouve un moyen légal ou non de voler ce qu’on a durement gagné à la sueur de son front.
Voilà ce qui faisait battre le cœur de l’Amérique : non le sens civique, non l’amour de son pays ou de ses semblables, non le respect de la Constitution… mais la peur.
Et là où il y avait peur, il y avait des armes à feu.

– L’audience qu’on s’est bâtie… aime les jeunes Blancs, ça oui.
– Même si ce sont des putains de nazis ?
– Eh bien, blanc, c’est blanc », répond Perry.
Cela ne manque jamais d’amuser McDean : sa cible démographique, sa Personne Idéale, voue un véritable culte à la Deuxième Guerre mondiale… mais, curieusement, avoir d’authentiques nazis chez elle ne la dérange pas plus que ça.

 

 

 

 

 

 

American Elsewhere

septembre 24, 2018

Robert Jackson Bennett, Albin Michel Imaginaire, 2018, 784 p., 17€ epub sans DRM


Vous ne pouvez pas me blesser.
Personne ne le peut.
Je suis mort tant de fois.
J’ai arpenté tant de champs étoilés.
Je pourris dans bien des déserts,
en ce moment même.
Rien ne peut me blesser.

Un bon blockbuster hollywoodien, de quoi assurer quelques bonnes heures de lecture plaisir.

Présentation de l'éditeur :


Veillée par une lune rose, Wink est une petite ville du Nouveau-Mexique parfaite. A une exception près, elle ne figure sur aucune carte. Des rues calmes bordées de jolis petits pavillons, des maisons qui abritent les choses les plus étranges qui soient.
Après deux ans de voyages incessants, Mona Bright, ex-flic, qui a hérité de la maison de sa mère, disparue depuis de nombreuses années, s’installe à Wink. Plus Mona enquête (fuyez le naturel…) sur le passé de sa mère et les circonstances de sa mort, plus elle se rend compte que les habitants de Wink sont différents, vraiment différents.
Quel sont les inquiétants secrets de cette ville hors d’Amérique ?

Mon ressenti :


Le résumé du livre m'a tout de suite fait penser à un de mes auteurs favoris, le grandiose, l'immense Robert Charles Wilson. Est-ce mon flair pour débusquer du Wilson, ou une présentation qui laisse présager un quotidien qui va être bousculé par un évènement extraordinaire ? Bref, l'éditeur préfère mettre en avant l'influence de Stephen King, du raciste Lovecraft et aussi de Neil Gaiman. Wilson inside, nous verrons bien. La couverture originale me faisait de l'oeil aussi et cette nouvelle collection n'étant pas avare en SP, American Elsewhere est arrivé dans ma liseuse tout naturellement.

Wink est un endroit lumineux, mais l’on n’a jamais à marcher bien longtemps pour trouver une véranda accueillante, ou l’ombre d’un pin, ou un rocher frais. On peut s’y asseoir, regarder le soleil de midi se teinter d’une touche mielleuse de crépuscule, et bientôt les rues retentissent des jeux des enfants, du cliquetis des roues de vélo, et les gens commencent à s’aventurer hors de chez eux, frappent à la porte de leurs voisins, une bouteille de thé glacé, de limonade ou de Martini à la main.

Winck, petite bourgade sympathique du Nouveau Mexique. Ses habitants peuvent profiter des pins et du mesa, tout y est tranquille, le temps passe sur la ville sans y déposer ses outrages. Les façades sont propres, les jardins bien entretenus, des routes sans nids de poule. Seule petit ombre au tableau, Winck est un coin assez difficile à trouver, n'étant répertorié sur aucune carte. Cela permet néanmoins de sauvegarder la tranquillité du lieu, même si un sentiment d'entre soi demeure. Alors lorsque la  belle Mona y débarque dans sa Dodge Charger rouge de 1969  pour percevoir son héritage, la banalité du quotidien est vite bouleversée. Ou est ce Mona qui va découvrir ce qui se cache derrière les façades, les représentations ?

À Wink, aucun automobiliste ne dépasse les 50 km/h. Les voitures glissent dans les rues des lotissements aussi doucement que des gouttes de pluie sur une fenêtre. Il n’y a aucune raison de se presser ; rien n’est vraiment loin et aucun problème n’est véritablement urgent. Si vous êtes en retard, tout le monde se montre compréhensif.

Que les 800 pages ne vous fassent pas peur, American Elsewhere est un thriller efficace, les pages se tournent rapidement. Dès les premiers chapitres, l'intrigue est posée, et le lecteur n'a d'autre choix que d'arriver à la fin pour connaitre le fin mot de l'histoire. Les fans de King et de Lovecraft seront en terrain conquis, l'auteur a bien assimilé leur écriture et style pour les dépasser et les faire siens. Pour ceux qui comme moi qui sont dérangés par les opinions politiques de Lovecraft ou cette mode du moment lovecraftienne, American Elsewhere n'est pas une réécriture des textes sur les grands anciens. C'est plus dans le genre qu'il faut y trouver des ressemblances. Il y a aussi du Wilson par petite touche, l'auteur s'attardant sur quelques personnages pour critiquer la société dans son entier : conservatisme, puritanisme, norme sociale. Ce roman m'a fait penser à Blind Lake.

Les portails sont toujours ouverts, et l’on franchit souvent la clôture du voisin d’un petit bond parce qu’à Wink, ce qui est à moi est à vous, mon ami, et peut-être bien que j’avais justement envie de vous montrer mes rosiers, ou de partager un verre de Old Fashioned avec vous autour d’une partie de billard.

Même si les 800 pages se lisent très facilement, quelques épisodes n'ajoutent pas grand chose à l'intrigue et auraient pu allégrement être retiré et j'ai trouvé le final assez gros, un peu too much Le plus gros défaut que je vois, est dans l'osmose entre le fond et la forme. L'auteur veut y aborder certains sujets, mais cela est amené au bulldozer, quelques paragraphes et le thriller reprend ses droits. Cela aurait pu être un peu mieux insérer dans le récit.


Wink n’est que matchs de base-ball vespéraux, couchers de soleil stupéfiants et sifflements joyeux des autoradios des voitures au point mort. C’est une ville de terrasses, de chaises pliantes, de ventilateurs électriques et de vaisselle en cristal, de pichets de boissons préparées avec amour. Une ville de tomates du jardin, de lierre rampant, de rosiers qui ploient sous le poids de leurs fleurs. Les gens se mettent sur leur trente-et-un avant de se rendre au diner. C’est là que se déroulent toutes les fêtes officielles, c’est là que tout le monde vient entendre les dernières nouvelles, c’est là qu’on emmène ses proches pour leur offrir un bon moment autour d’une belle pièce de viande.


Du mystère, de profonds secrets, de l'action, des touches d'humour, du suspense, de l'horreur, du fantastique, de la SF, un savant mélange des genres réussi. Si vous êtes prêt à regarder la réalité en face, quoiqu'elle recèle et à regarder au-delà des apparences, Wink vous accueillera avec les bras ouverts des regards de travers.


Wink est une ville paisible, une ville joyeuse, un endroit où vous pouvez étaler votre serviette où vous voulez et contempler le ciel bleu pâle sans que personne s’en offusque, parce que c’est toujours l’été ici, et que l’été est fait pour être savouré.
Chaque seconde dure une éternité. Chaque journée est le prélude d’une tiède après-midi. Et la vie se déroule en toute quiétude, les pieds en l’air, au milieu des pelouses mouchetées de soleil, tandis que vous regardez gaiement le monde passer devant vous.

Pas de DRM, un prix correct pour la version numérique étant donné le nombre de pages, les premiers pas numérique d'AMI ont tout bon. En outre, après tant d'epub lus bugués, remplis de coquilles, il est très agréable de lire une version électronique au qualité de la version papier.
Allez, un petit bémol, le watermarkage est assez présent, mais cela permet de ne pas oublier qui a acheté le livre ! Version réservée aux privilégiés des SP ! Voir le commentaire de Gilles Dumay plus bas


Critique réalisée dans le cadre d'un service de presse.


Au pays des cave trolls, Le culte d'Apohis, L'épaule d'Orion, Livrement, Chut… Maman lit !, Le monde d’Elhyandra, L’ours inculte, Un papillon dans la Lune

Quelques citations :

Son visage ne traduit pas très bien ses émotions ; au mieux, il parvient à communiquer une déception cynique, comme s’il s’était attendu à ce que tout parte à vau-l’eau depuis le début et que ses pires soupçons concernant le monde s’avéraient fondés. Par chance – ou par malchance, peut-être –, c’est précisément l’expression qu’il est contraint d’arborer la plupart du temps.
On vit souvent d’étranges expériences, la nuit, à Wink. Par exemple, il n’est pas rare de se réveiller avec l’impression tenace que quelqu’un rôde dans la cour ou le jardin. Vous ne saurez jamais si un inconnu est venu contempler votre maison en particulier, ni s’il vous espionne, vous et votre famille ; il est là, simplement, ténébreux et immobile. Le plus insolite, c’est que tout cela ne relève que du pressentiment, de l’irrationnelle conviction d’un rêve. Quand ça arrive, la plupart des habitants de Wink ne regardent même pas par la fenêtre, essentiellement parce qu’ils savent que cela confirmerait leur intuition : il y a bel et bien un inconnu sur la pelouse, sombre, sans visage et immobile.

Lorsqu’elle était à l’école, dans son minuscule patelin du Texas, les notes d’une de ses camarades de classe, Nola Beth, avaient vertigineusement plongé au cours de sa deuxième année. On avait rapidement découvert que la vue de Nola baissait de plus en plus : elle ne percevait même plus le tableau. Un jour, elle était arrivée à l’école avec des lunettes aux verres incroyablement épais, et malgré leur laideur, Nola était ravie : elle voyait tout, désormais, y compris des choses dont elle ne soupçonnait même pas l’existence. Elle disait qu’elle ignorait jusque-là que les arbres étaient aussi jolis. À présent, elle distinguait la moindre feuille s’agiter dans le vent.
L’idée avait terrifié Mona. Pas parce que la vue de Nola avait changé, mais parce que sa vue avait changé à son insu. Toutes sortes de choses se produisaient autour d’elle sans qu’elle en soit consciente, sans qu’elle les voie. Sa vision du monde lui avait paru juste et entière alors qu’elle était incomplète, criblée de zones d’ombre, et elle n’en avait jamais rien su.

Il est un type d’obscurité particulier qu’on ne peut imaginer tant qu’on n’y est pas plongé. Des ténèbres si profondes et totales qu’elles vous font douter d’avoir jamais vu la lumière, et de l’existence du monde même.

Tout bon Texan, au fond de son cœur, est persuadé que n’importe quel problème peut être résolu par l’emploi d’une arme de gros calibre.
La couverture qui m'avait fait de l'oeil

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