Où s'imposent les silences

juin 28, 2021

 

Emmanuel Quentin, Mnémos, 2021 (Mü éditions, 2017), 252 p., 10€ epub sans DRM


C'est vrai ça, où s'imposent les silences ?
Dans les bibliothèques, paraît-il, et comme l'auteur est bibliothécaire et que l'histoire commence dans ce lieu...
Mais est ce dû plutôt à l'inanité de ce roman que le silence s'impose ?

 

Présentation de l'éditeur :

D’où que vous veniez, quelle que soit votre Terre d’origine, êtes-vous sûr de vouloir lire les lignes qui suivent ? De vous entendre résumer une histoire en quelques mots sous prétexte qu’ils vous éclaireraient sur son contenu ? Voulez-vous vraiment savoir ce que recèlent ces pages ?
Soit. Sachez donc que vous allez partir à la rencontre d’un étudiant confronté à un tableau de la Renaissance pour le moins anachronique, d’un flic enquêtant sur un cadavre improbable, et d’une femme amnésique se réveillant dans un champ désolé. Trois personnes rattrapées par le déséquilibre des mondes.
Si votre Loi vous y autorise, ouvrez ce livre, avant que ne s’imposent les silences.


Mon ressenti : 


Voilà un roman que j'ai lu sans savoir de quoi il retournait, juste du fait d'avoir lu et apprécié des nouvelles de l'auteur. Et bien m'en a pris. Un texte qui m'a emmené là où je ne pensais pas aller et même après avoir compris certains trucs, d'autres me réservaient des surprises. Et dès les premières pages, j’étais pris dans les filets de l'intrigue à cause d'un bout de papier !

Un roman assez dur, très dur par moment, l'auteur réussissant à faire ressentir l'impossible que je ne peux vous dévoiler. Et sombre aussi. On pense parfois à "et si cela se serait passé différemment". Mais ailleurs est-il meilleur ? Dur et sombre, assurément, mais aussi un peu d'espérance de lendemain, si tu décides de ne pas suivre à la lettre la loi qui te dicte ce que tu dois, ou ne dois pas faire.

Les yeux se réduisaient à deux spirales évoquant les sas des vaisseaux spatiaux dans les films de science-fiction qu’il regardait dans sa jeunesse. Ou à un trou de balle de chat.


Un thriller SF original dans sa manière d'aborder les thématiques récurrentes et d'affronter certains sujets difficiles. Une narration découpée pour perdre le lecteur dans ses trames parallèles.
Texte écrit en 2007, son épidémie sonne juste après l'apparition du covid. Et la révélation sur les origines de cette pandémie a de quoi faire rire, jaune, les lecteurs d'aujourd'hui.

Au final, un texte dont je ne m'attendais à rien et qui a réussi à me surprendre agréablement.

Seule incompréhension, pourquoi une réédition grand format au lieu du poche ?
Edit du 28 juin 2021 suite à la réponse de l'auteur :
Mnémos a racheté les droits numériques et a donc modifié la couverture selon sa charte graphique. Les droits en poche n'ayant pas encore été rachetés, seul l'édition Grand format de 2017 existe, avec la couverture d'origine.

Présences d’esprits n.104 : Sorcières

juin 23, 2021

 

Présences d’esprits, hiver 2021, 52 p., 5€ papier

 

Un numéro thématique sur les sorcières qui commencent par un auteur publié chez Bragelonne, Bradley P Beaulieu ! Voilà encore les hasards de l'actualité... Je n'ose imaginer la tête des collaborateurs lorsque leur numéro a été bouclé et que l'histoire Marsan est arrivée.




J'ai appris récemment que la personne qui s'occupait des news de la revue ne m'était pas inconnue, il s'agit d'Emilie Querbalec, la très bonne surprise du catalogue d'Albin Michel Imaginaire avec son roman Quitter les monts d'automne.

Vous ne me croyez pas :

Si toi aussi tu veux devenir Emilie Querbalec lorsque tu seras plus grande,
abonne toi à Présences d'esprits !


Entretien avec Bradley P Beaulieu.

Mais bon, donc l'entretien concerne un auteur que je n'ai jamais entendu parler de ma vie, qui écrit surtout de la fantasy. Le mec me semble assez convenu dans ses réponses (je vous aime la France ) et dans ses auteurs qui l'ont le plus marqué (les auteurs américains sont plus cool que les Français deux auteurs et deux autrices), mais un monsieur qui cite les Chronolithes de Wilson ne peut être mauvais.


Vient ensuite un hommage au prix Actusf de l'uchronie qui a bercé nos enfances d'amateurs de SF. La revue a retrouvé 6 des membres du jury qui sont devenus célèbres depuis pour avoir été les premiers à poser les pieds sur Mars suite à avoir récompensé l'autobiographie de Elon Musk en 2036. Toujours agréable de recueillir les souvenirs de personnes âgées sur leur jeunesse.

Le test
Suit une nouvelle autour du test de Turing dans une version adaptée pour valider les derniers androïdes pourvus d'IA.
C'est léger, badin, mais la chute m'a pris par surprise. Bravo.

Michel Borderie qui signe la couverture avec une non sorcière (une perso d'une de ses BD) !!! Même si l'entretien est plaisant avec ses questions autour des sorcières, je préfère quant à moi m'immiscer dans les coulisses du métier. Je suis resté un peu sur ma faim. La couverture est un peu trop sexy pour moi par rapport au dossier...

 


Place au dossier Sorcières dont je me serais bien passé vu mon peu d'atomes crochus avec la fantasy. Cependant, je dois bien avouer que c'est du lourd, déjà par son volume et la masse de travail que cela a dû représenter. J'ai beaucoup apprécié le fait que l'autrice, Marthe Machorowski, sorte du schéma classique : même si la chronologie historique est respectée, les oeuvres citées font parfois partie du patrimoine, mais aussi d'oeuvres beaucoup plus modernes. Bref, cela donne plus envie à mon sens d'approfondir l'aspect historique tout en lisant des livres récents. En outre, tous les supports sont utilisés BD comics roman séries films. De quoi se faire une année thématique. 

Un dossier Sorcières citant Ma sorcière bien aimée ne peut être mauvais !

 

Présences d'esprits est une revue faite par des amateurs, mais le travail est loin de l'amateurisme.


Lune de métal

juin 21, 2021

 

Dumè Antoni, Éditions Ex Æquon, 2021, 220 p., 4€ epub avec DRM

 

Peut-on dire du mal d'un auteur corse sans se mettre à dos la mafia locale ?
Petit exercice d'équilibriste.

 

Présentation de l'éditeur :

Chris, une fillette de huit ans, est enlevée au domicile de ses parents, une nuit durant son sommeil. Elle n’est pas seule dans ce cas : d’autres enfants disparaissent de façon étrange, au point que le phénomène est qualifié de viral.

 

Mon ressenti :

Il faut toujours écouter ses parents. Lorsqu'ils te disent de faire attention sur les réseaux sociaux, de ne pas passer ta vie sur les jeux vidéo, il faut absolument les écouter. Car sinon, le virtuel pourrait parasiter le réel.
Voilà un thriller fantastique cyberpunk qui nous entraîne dans les pas d'une fillette qui disparaît subitement et de son grand frère qui va le retrouver dans un de ses jeux vidéos. Fillette, ado, je sens que tu commences à tiquer, ne serait ce pas du Young Adult ? J'ai eu la même peur et cela est très bien passé. C'est un livre qui peut autant se lire par les deux publics.

On entre rapidement dans l'histoire même si la plume de l'auteur est parfois dans le travers du trop expliqué. Je lis très peu de fantastique, et j'ai eu un peu de mal, moi lecteur de SF, à ne pas voir le récit sous forme rationnel au début et de tiquer légèrement, mais une fois que mon cerveau a bien voulu me laisser tranquille, j'ai pris plaisir à lire ce roman fantastique qui comporte quelques doses de SF, les amateurs de Snowpiercer devraient apprécier les clins d'oeil. Le pourquoi la fille s'est fait capturer dans le virtuel a su éveiller ma curiosité tout du long.

Au niveau des défauts, les personnages sont assez simples, une personnalité plus étoffée ne m'aurait pas déplu. Il y a aussi certains éléments de l'intrigue dont je me suis demandais leur intérêt. Côté positif, le personnage de la couverture reste mystérieux et est bien croqué. Attention toutefois, le seul délinquant de l'histoire s'appelle Farid !!!

C'est court, ça fait le job et la fin ouverte laisse libre cours l'imaginaire. Ce que j'ai le plus apprécié, c'est le fait que le message derrière est vraiment intégré au récit et n'est pas une charge contre internet.

Dernière question pour terminer : aurait-on trouvé le frère jumeau d'Actes Sud en cet éditeur ? Je pense que oui car le résumé raconte totalement l'histoire ! Comme je suis sympa, j'ai volontairement censuré une grosse partie de la présentation. Pour les amateurs, voici le lien.

Avis réalisé dans le cadre d'un service de presse

Emissaires des morts

juin 18, 2021

Adam-Troy Castro, Albin Michel Imaginaire, 2021, 720 p., 14€ epub sans DRM


Premier livre écrit par une intelligence artificielle !


Présentation de l'éditeur :


Quand elle avait huit ans, Andrea Cort a été témoin d’un génocide. Pis, après avoir vu ses parents massacrés, elle a rendu coup pour coup. En punition de ses crimes, elle est devenue la propriété perpétuelle du Corps diplomatique. Où, les années passant, elle a embrassé la carrière d’avocate, puis d’enquêtrice pour le bureau du procureur. Envoyée dans un habitat artificiel aussi inhospitalier qu’isolé, où deux meurtres viennent d’être commis, la jeune femme doit résoudre l’affaire sans créer d’incident diplomatique avec les intelligences artificielles propriétaires des lieux. Pour ses supérieurs, peu importe quel coupable sera désigné. Mais les leçons qu’Andrea a apprises enfant ont forgé l’adulte qu’elle est devenue : une femme pour le moins inflexible, qui ne vit que pour une chose, « combattre les monstres ».


Mon ressenti :

Pour se faire, l'intelligence artificielle a "lu" ou "vu" tout ce qui a été fait en polar et en SF et a recraché ce pavé indigeste. Les lecteurs français ne s'y sont pas trompés, car malgré les avis dithyrambiques de la blogosphère, cela ne se vend pas. Les français veulent du vrai, voire la sueur de l'écrivain sur les pages et son sang comme encre et pas une insipide paraphrase faite par ordinateur.



L'univers

A lire certains avis sur le net, on apprend que cet univers est exceptionnel et original. Une FOLLE ORIGINALITE pour peu que l'on ne connaisse pas la SF.
Pas besoin de savoir lire pour constater que c'est du remâché, toutes les séries ou films SF le montrent, l'humanité a essaimé et a découvert pleins d'aliens et cela provoque quelques remous.
Qui a lu Dan Simmons, Larry Niven, Arthur C. Clarke, Iain M. Banks (en fait la majorité de ce qui s'est fait avant la publication de ce livre) pourra se passer de somnifère, cette lecture étant un remède anti-médicamenteux très efficace.


Les enquêtes

Le pitch est binaire : un crime, une enquête et un coupable débusqué. Vu, re-vu et re-re-vu.
Le découpage reprend la série New York, police judiciaire et sa fameuse intro qui pourrait être ici :

Dans le système pénal de la Confédération, le Corps diplomatique est représenté par deux groupes distincts, mais d'égale importance : les diplomates, des fainéants plein de vices, et le procureur, qui poursuit les criminels. Voici leur histoire.

 

Le pire, c'est que nous n'avons même pas la bande sonore de la série, un comble !


En outre, la fin est connue d'avance : l'enquêtrice, par son intelligence phénoménale, va confondre le criminel alors qu'il avait commis le crime parfait !


Les personnages :

Le pire dans ce livre est la fameuse Andrea Cort, un cliché de la plus mauvaise littérature :

  • Une anti-héroïne misanthrope  : Aurait-elle un grand coeur rempli d'amour sous son apparence froide ? Oh la la, quel suspense, je meurs d'envie de le découvrir !
  • Un traumatisme durant son enfance : folle originalité ici, les parents de la pov'tiote se seraient ils séparés lorsqu'elle était ado ? ou alors seraient-ils morts dans d'affreuses circonstances ?
  • Injustement haït par le monde entier : seule contre tous, va t-elle s'en sortir ? les gens vont-ils enfin ouvrir les yeux sur ses grandes qualités ?
  • Belle, sportive, intelligente et mystérieuse : pourquoi ne pas y aller à fond dans les représentations !!!


En fait, à chaque fois que le livre se penchait sur ce personnage, j'avais ces paroles en tête :

J'ai besoin qu'on m'aime
Mais personne ne comprend
Ce que j'espère et que j'attends
Qui pourrait me dire qui je suis ?
Et j'ai bien peur
Toute ma vie d’être incompris
Car aujourd'hui : je me sens mal aimé

Je suis le mal aimé
Les gens me connaissent
Tel que je veux me montrer
Mais ont-ils cherché à savoir
D'où me viennent mes joies ?
Et pourquoi ce désespoir
Caché au fond de moi
Si les apparences
Sont quelquefois contre moi
Je ne suis pas ce que l'on croit
Contre l'aventure de chaque jour
J'échangerais demain la joie d'un seul amour
Mais je suis là comme avant mal aimé
Car je suis mal aimé


Ajouter à cela d'autres personnages non genrés, des thématiques à faire pleurer la ménagère (le racisme c'est moche; l'esclavage, c'est honteux;...) et vous avez un bouquin qui flirte de manière très aguicheuse aux sujets du moment.

Sous une apparence noire, cela pue la bienveillance à chaque ligne. Il faut rester positif, se monter résiliant, rebondir, bref, il suffit de traverser la route pour changer de vie. Une idéologie qui me débecte, l'individualisme libéral : si tu es dans la merde, c'est de ta faute !


Cerise sur le livre, la couverture n'indique nullement qu'il s'agit en fait de trois nouvelles et d'un roman. Vu le prix du bouquin, 27€ pour le tout, soit à peine 3-4 euros que le prix d'un roman classique, on se doute que l'éditeur veuille l'écouler le plus rapidement possible. Le prix d'un livre dépend de nombreux facteurs inhérents à la chaine du livre, ne nous laissons pas avoir par des prix aguicheurs qui précarisent les écrivains !!!

Alors à la lecture, Emissaires des morts est formidable, ça se lit tout seul mais ne vous faites pas avoir !
Je déconseille vivement sa lecture, préférez de la vraie littérature de l'imaginaire avec de vrais auteurs, comme Alain Damasio ou Bernard Werber !



Billet écrit sous l'influence des IA "Démons invisibles", mon vrai avis est disponible ici

Bifrost n.102. Arthur C. Clarke, l'odyssée de l'espace

juin 17, 2021

 

Bifrost, Le Bélial, 2021, 192 p., 6€ epub sans DRM

 
Les joies de l'actualité me feront toujours rire. Alors que l'équipe de Bifrost travaille depuis plusieurs mois sur ce Arthur C. Clarke, se déchaîne l'affaire Bragelonne, éditeur principal de cet auteur !!!
Alors choisis ton camp camarade, suit les recommandations de ce Bifrost ou laisse parler ton éthique..
 
 
 
Cela doit bien faire une cinquantaine de numéros que je suis abonné à la revue Bifrost, ce qui équivaut à 15 ans. Mais la revue existait avant et ce dossier spécial Clarke marque leurs 25 ans d'existence, soit une génération. Si j'ai claqué 700€ depuis tout ce temps (à 1000€, j'ai le droit à un UHL HS gratos ?), ce n'est sûrement pas un hasard, je trouve que Bifrost est la meilleure revue SF de France. De nombreux souvenirs en témoignent, comme les longues attentes entre deux numéros afin de me jeter avidement sur le cahier critique, source de mes achats SF. Il y a aussi le fameux numéro 69, Culture Rock et science-fiction, à la couverture horrible et un dossier ni fait ni à faire. Mais il y en a eu tant d'autres qui ont étoffé ma soif de découverte. Reste à savoir si ce spécial Clarck restera dans mes annales, celles du meilleur ou du pire...

On commence par 4 nouvelles, dont aucune d'auteur français, il fallait bien cela pour ce numéro anniversaire d'une revue ayant eu pour ambition à ses débuts de célébrer l'imaginaire francophone !

Les neuf milliards de noms de Dieu, Arthur C. Clarke

Des informaticiens sont envoyés au Tibet pour pondre un programme trouvant les 9 milliards de noms de Dieu. Pourquoi ?
Il paraît que c'est l'un des textes les plus connus de Clarke, ce qui me laisse très dubitatif sur la qualité du reste de son oeuvre...

La viandeuse, Ian R. MacLeod

Seconde guerre mondiale en Angleterre, une secrétaire semble porter la poisse aux pilotes dont elle s’émoustille, jusqu'à sa rencontre avec un pilote qui a "une chance incroyable, insolente" au "sourire qui ne réchauffait jamais ses yeux".
Voilà un texte où il ne se passe rien et où tout est dit, la guerre, ceux qui partent et ne rentrent pas, la place de la femme et les superstitions pour oublier l'horreur. Bref, j'ai adoré cette tranche de vie qui nous conte la grande histoire à travers la petite.

Je me dis, par exemple, que si tout le monde voyait ce que voyait Walt à l’époque, si tout le monde savait ce qui se passe vraiment à la guerre et subissait quelque chose comme ces visions, le monde serait un endroit plus paisible, où les gens se conduiraient de manière plus correcte les uns avec les autres. Mais on a la télé, maintenant, hein ? Tout le monde voit les enfants qui meurent de faim et les morceaux de cadavres dans les rues.

Demande d’extraction, Rich Larson

Des militaires se retrouvent face à une espèce alien hostile.
Même si cela se lit sans mal, je suis passé à côté de ce texte qui n'a rien éveillé en moi

L’Etoile, Arthur C. Clarke

Une expédition scientifique se dirige vers les lieux de l'explosion d'une étoile.
Encore un texte sur Dieu et la science, pas ma tasse de thé.
 
 
 
Le cahier critique, sans la petite pastille de méchanceté de Thomas Day, m'a donné envie de lire Friday Black de Nana Kwame Adjei-Brenyah; Les chats sont éternels de Fritz Leiber si il sort un jour en numérique; Le Grand Abandon de Cory Doctorow (chez Bragelonne, merde !).
Quelques avis sont disponibles en ligne
 
"Paroles de" , ma rubrique préférée avec Le coin des revues, se penche sur celui qui a commis la couverture, Manchu et qui t'apprendra pourquoi Manchu s'appelle Manchu. Et d'autres choses aussi.


Reste le gros de la revue, un dossier sur un des trois de la SF (trois que je n’ai quasi jamais lu). On ne va pas tourner autour du pot, j'ai rarement vu un dossier comme cela. Peut être était ce les célébrations des 25 ans de la revue, où le grand nom de l'auteur ou la covid. Quoiqu'il il en soit, c'est exceptionnel. Tous les articles qui composent ce numéro se complètent harmonieusement et font le tour complet du personnage et de ses différentes casquettes. Un entretien est même présent, un autre avec Baxter.
Pour ce numéro anniversaire, la revue se pare de 2 couvertures : une moche et une magnifique. J'aurais dû jouer au Loto ce jour-là, c'est la dernière que j'ai eue, ouf ! Par contre, les lecteurs numériques sont beaucoup moins chanceux...
 
 

Cela me fait penser aux anciens poids de balance, mais je ne vois pas le rapport avec l'auteur.


 
Ceci dit, j'avais très peu lu du Clarke, sans être enthousiasmé. Après lecture, Rama me fait de l'oeil ainsi que Chants de la Terre lointaine. Arthur est fan de métaphysique et de ce fait, j'ai un peu de mal à voir en Clarke l'un des grands de la SF. En outre, il a assez peu écrit, du moins seul et le dossier montre qu'il a commis pas mal de merde, seul ou à 4 mains. Je trouve qu'il a laissé plus a l'humanité en tant que scientifique qu'écrivain. Car Clarke est quand même l'un des pères des satellites géostationnaires, ce qui n'est pas à la portée de tous. Et les Trois lois de Clarke portent assez bien leur nom, dont la plus célèbre est sans nul doute possible : 

Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie
 
Ces considérations subjectives ne remettent pas en question le traitement complet et qualitatif de ce numéro. Ne tarde pas trop à aller l'acheter directement sur le site de l'éditeur, car il reste encore quelques couvertures belles en stock, après, tu n'auras plus que tes yeux pour pleurer.


Tous les autres avis sur le forum du Bélial (qui offre au regard quelques beaux roughs de Manchu)

AOC n.60

juin 14, 2021

 

Anzala Peytoureau, Jean Christophe Gapdy, Agathe Tournois, Présences d'esprits, printemps 2021, 76p., 3.50€ papier

 

Une couverture ambiguë : est-ce que la personne se suicide après avoir lu les nouvelles de ce numéro ? Ou est-elle tombée due au vertige propre au sense of wonder ?
Pour le savoir, qu'une seule solution, lire en se tenant loin d'une falaise, un homme averti en vaut deux !

 

Nô, Anzala Peytoureau

Dans un théâtre où tous doivent porter des masques (pas ceux du covid !), une comédienne sort de scène pour aller dans les loges.
Une nouvelle étrange, un peu à la lisière des genres même si c'est de la SF. Dans ce labyrinthique théâtre des apparences, ces dernières vont être bousculées et les certitudes vaciller.
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans cet univers (j'ai failli abandonner page 2), ce n'est pas le genre de texte que j'aime, encore moins le théâtre. Au final, je n'ai pas compris le pourquoi, ni le comment de ce texte.


Irréprochable propreté, Jean Christophe Gapdy

Lorsque l'on te dit d'écouter tes parents...
Une nouvelle maison, une adolescente qui n'écoute pas ses parents et une porte fermée.
Lorsque j'ai lu le résumé, je me suis dit, oh que c'est convenu. Puis j'ai lu la dernière phrase et j'ai été emballé.
Voilà donc un texte de SF gore old school qui se lit tout seul. J'ai  beaucoup aimé que l'auteur change ce qui se trouve habituellement derrière la porte pour une chose beaucoup plus SF et l'héroïne n'est pas une dame apeurée.
Jusqu'à la fin, une question me taraudait, pourquoi ce déménagement ? Une erreur de l'auteur ? Mais non tout s'emboîte parfaitement et logiquement.
J'ai pris plaisir à lire ce texte qui change de ce que nous propose l'auteur même si quelques clins d'oeil ici et là font que l'on reconnaît sa patte. Que le terme de gore ne t'effraie pas outre mesure, cela reste léger, mais un conseil cependant, brosse-toi bien les dents... et écoute tes parents !


Entre deux mondes, Agathe Tournois

Changement de paradigme, dans le monde proposé par l'autrice, les handicapés sont les bien portants, depuis que les malformations ont touché la majeure partie de la population après une guerre génétique.
Une bonne idée, une assez bonne réalisation (difficile de traiter de nombreux sujets), un suspense savamment dosé. Par contre, moi j'aime les textes noirs et nous sommes plus ici dans du hopepunk, un peu trop bienveillant à mon goût.
Mais bon, je partage les idées derrière le texte et cela reste le principal ; A bas les fachos racistes et bas du front et vive le melting pot




La revue se clôt par un rappel pour voter au prix des lecteurs avec une belle dose d'humour





Le Novelliste #05

juin 10, 2021

Nina Allan, Ethan Robinson, Yves Letort, Sylvain-René de la Verdière, Didier Pemerle, Alexis-Nicolas de la Vitche, Léa Fizzala, Pascal Malosse, Ketty Steward, Pierre Laurendeau, Céline Maltère

Flatland éditeur, 2021, 212 p., 13€ papier

 

Les éditions Flatland ne m'ont pas fait un cadeau en m'envoyant gratuitement ce numéro : car désormais, comment résister à la tentation d'acheter les prochains ?
Je ne vous remercie pas Monsieur Flatland.

 

Présentation de l'éditeur :


Ce cinquième numéro du Novelliste vous invite à quelques embarquements, immédiats ou différés, qu’il s’agisse de traverser des océans bien réels, spatiaux, ou même métaphoriques. C’est une nouvelle de Nina Allan inédite dans notre langue qui fait l’ouverture, complétée par un entretien. Autre première, la traduction d’un épisode des aventures du Capitaine Mors, pirate des cieux, introduit par un article de fond de Marianne Sydow, LA spécialiste de ce proto-super-héros allemand début vingtième. Les autres rendez-vous ne sont pas à négliger non plus : une rencontre avec Patrice et Viktoriya Lajoye, des éditions Lingva, que complètent un portfolio consacré à un dessinateur russe trop peu connu par chez nous, Anatoli Chpir, ainsi qu’une nouvelle de thriller-maritime-avant-l’heure signée Andréi Zarine. En outre, J.J. Astor et ses héros poursuivent leur voyage apergétique à travers l’espace dans une deuxième livraison de notre roman à suivre, et les talentueux novellistes réunis ici (Ethan Robinson, Yves Letort, Sylvain-René de la Verdière, Didier Pemerle, Alexis-Nicolas de la Vitche, Léa Fizzala, Pascal Malosse, Ketty Steward, Pierre Laurendeau et Céline Maltère) vous proposent d’embarquer sans attendre, le temps d’une lecture, pour le monde qui est le leur. (L.D.)

 

 

Mon ressenti :

Voilà un bon moment que cette revue m'intriguait, surtout grâce aux avis de Thomas Day dans la revue Bifrost, parlant de revue de vieux pour les vieux. Et moi, les vieux, je les aime. Par contre, les vieux et le numérique... Et donc pas de version électronique à mon grand désespoir. Mais Le novelliste dans sa grande largesse m'a envoyé sa dernière production.
Première surprise, c'est beau. Une bien belle maquette et couverture.
Deuxième surprise, c'est dense, très dense. Tu en as pour ton argent. Corolaire, pour faire entrer le tout dans les deux cents pages, il faut écrire petit, parfois très petit. Ce qui m'étonne pour une revue de vieux. À moins que ce ne soit une revue de jeunes ?
Dans tous les cas, me voilà bien embêté, car c'était du haut niveau. (Merde, je suis un vieux !) J'ai adoré y trouver des textes de jadis parsemés de textes récents inédits.


Grande recension de ce qui se trouve à l'intérieur

Angélus, Nina Allan
Une femme rencontre lors de son arrivée dans un hôtel une personne qui lui est familière. Un amant, un ami...
L'autrice, dont c'est la première fois que je lis la prose, délie peu à peu quelques fils de l'histoire de la narratrice. Une tranche de vie qui se déroule dans un monde où l'exploration spatiale est possible, mais semble avoir des effets secondaires handicapants. Très peu d'indices nous sont donnés, laissant libre cours à l'imagination du lecteur, comme sa fin ouverte.
Je continuerai ma découverte de Nina Allan.
Une interview de l'autrice datant de 2013 complète ce texte.


Exitus Mortalis, Ethan Robinson
Voici le compte rendu, factuel, distant et parcellaire des derniers jours d'un employé dont le travail consistait à appuyer sur des touches.
Beaucoup de digression et détour dans ce texte très ironique que j'ai adoré.
Sa présentation indique que ce texte a été refusé par toutes les revues et anthologies SF américaines et a fini par être publié sur le site de l'auteur. Chose que je ne comprends pas, car c'est excellent.


La fièvre, Yves Letort
Un père un fils et un fleuve. Une vie hors de tout.
Même si tout cela est très bien écrit, j'ai trouvé ce texte très classique et manquant cruellement d'originalité.


Portfolio consacré au dessinateur soviétique Anatoli Chpir, commenté par Patrice Lajoye
Voici de l'archeo SF russe qui permet de constater que la SF irrigue le monde depuis fort longtemps. C'est court, plein d'illustrations sont présentes et le commentaire restitue bien l'époque et l'univers qui s'y accroche.


Nuit terrible, Andréï Zarine
Place au thriller maritime avec ce texte russe. Un navire embauche un étrange mousse. À partir de ce moment, rien ne va plus.
Une vieillerie qui tire encore son épingle du jeu et nous emmène dans une nuit de tempête glaçante où l'horreur va peu à peu monter en puissance.


L’affaire de L’Ange gardien, Sylvain-René de la Verdière
Nous restons dans les histoires maritimes dans le genre horreur fantastique. Imitant le style de l'époque 1800, l'auteur nous conte un fait divers étrange : la découverte d'ossements sur un navire fantôme.
Un style ancien, une forme moderne et au final une très bonne aventure au sujet actuel. L'auteur a déjà écrit dans cet univers et s'est inspiré d'un fait divers réel.


Le jour du nuage, Didier Pemerle
J'ai dû rater un truc, car je n'ai rien compris à part que cela parle de merde, de rats, de sexe et de shit. Seul point positif, c'est court.


Les éditions Lingva, entretien avec Viktoriya et Patrice Lajoye
Un bel entretien avec les éditions Lingva. Kesako ? Mais si vous les connaissez, les frères Strougatski chez Denoël, La loi des mages chez Mnemos, les anthos russes chez Rivière Blanche. Et plein d'autres choses. Deux passionnés qui arrivent à nous faire partager leurs passions, celle de la littérature russe ancienne... Une sinécure.


Voyage en d’autres mondes 2/4, roman à suivre de J.J. Astor
Étant la seconde partie et n'ayant pas lu la première, je m'abstiens de le lire, mais les quelques lignes lues et le pitch donnent envie : une histoire d'explorateurs dans un aérostat qui s'envolent vers Jupiter . Par contre, la taille de la police est vraiment toute petite.


Cinq semaines dans l’éther, Alexis-Nicolas de la Vitche
Un scientifique invente un moyen pour aller dans l'espace.
Voilà le type d'histoire vu et revu, cela se lit sans déplaisir, mais l'originalité n'est pas forcément au rendez-vous si ce n'est le moyen. Mais bon, lorsque l'on aime les vieilleries, on y retrouve le charme suranné qui fait tant plaisir.


Terre à terre, Léa Fizzala
Un jeune désoeuvré est sur le point d'entrée en contact avec une race alien.
Voilà un premier contact qui change de ce qu’on lit habituellement. L'autrice nous promène dans son univers avec de légères touches d'humour. La présentation de l'ado est un must.
Un twist final bien mené.




Capitaine mystérieux, article de Marianne Sydow sur le feuilleton allemand Der Luftpirat
Voilà un excellent article sur un feuilleton SF allemand des années 1910. L'autrice nous parle de sa découverte alors que pratiquement tous les textes ont disparu. Des thématiques très modernes ainsi qu'un aspect scientifique et social prégnant. Après lecture, une seule envie : lire ce capitaine Mors. Ce qui tombe plutôt bien, car :


Capitaine Mors, pirate des cieux, premier épisode
La revue nous offre le premier épisode qui est une très bonne découverte. Un pirate des airs cherche vengeance. De l'action, du suspense, une construction que j'ai rarement vu dans des textes anciens.
Plusieurs interrogations cependant : connaîtrons-nous la suite des aventures ? Ce premier épisode correspond-il au premier fascicule ou en regroupe-t-il plusieurs ...
En outre, c'est traduit par un des messieurs du Le belial.


Souvenir d’enfance, Pascal Malosse
Souvenir d'une réunion d'une riche famille corse lors de la Toussaint
Un texte social qui arrive à nous mettre dans ce souvenir, mais dont la fin est un peu trop abrupte à mon goût.


La porte, Ketty Steward
Surtout tu regardes pas la porte !
Voilà comment débute ce court texte.
Pourquoi ne pas la regarder ? On découvre rapidement la raison, fantastique et réaliste. J'ai bien aimé ce texte qui laisse aux lecteurs la possibilité de ressentir ce qu'est l'enfermement.
Je n'ai pu m'empêcher de penser au poème La porte de Guillaume Apollinaire. Ketty Steward écrivant de la poésie, je pense que la coïncidence n'est pas du fait du hasard.Et bien si :

"Comme une image : autour d’un dessin d’Huguette Lendel, trois micro-nouvelles spécialement écrites par Céline Maltère (À nous quatre), Pierre Laurendeau (Le débordement), Didier Pemerle (Quatre fois une opération, de gauche à droite et de haut en bas) " clôt le tout.



Avis réalisé dans le cadre d'un service de presse

Dans la SFère de pensée rmdolhienne

juin 07, 2021

 

crédit : Emmanuel Grandvillain

"Un bon chaton est un chaton mort"

Quel ignoble personnage peut prononcer ce genre de sentence avec autant de haine et de délectation ?
Tu ne seras pas étonné d'apprendre que cet odieux est aussi fan de métal et adepte des mauvais genres, la SF. Voilà qui pose son bonhomme !
On peut donc conclure sans sourciller que c'est un mécréant.

D'un autre côté, c'est grâce à lui que les bouquinistes et libraires de genre existent, au vu de ses nombreux achats.
Sans oublier que sans lui, Bordage, Dufour, Caza ou encore Vonarburg seraient SDF. Il leur a ouvert en grand les portes de son antre.

Voilà donc les deux visages de René-Marc Dolhen dont nous allons tenter de percer la psyché pour voir ce qui se passe dans sa SFere de pensée

 

 

Tu vas nous raconter plus bas comment est née la nooSFere, mais avant peux-tu nous dire comment tu es tombé dans la marmite SF et son fandom.

J’ai toujours lu du genre. J’ai appris à lire en CP avec « Le merveilleux voyage de Nils Holgersson » de Selma Lagerlöf, autant dire que c’était mal barré dès le départ. Je n’ai jamais arrêté par la suite ; j’ai la chance d’avoir grandi dans une ville de banlieue disposant d’une belle bibliothèque municipale, j’ai commencé au premier rayonnage et j’ai lu tout ce qui ressemblait à de la SF dans cette bibliothèque, de Asimov à Zelazny.
Le fandom, je savais que ça existait aux US, mais je n’ai jamais essayé d’explorer l’équivalent français, j’étais un lecteur solitaire et je ne parlais avec qu’avec 3 ou 4 copains étudiants. Ce n’est que sur un groupe de discussion (fr.rec.arts.sf), vers 96/97, que j’ai découvert qu’on pouvait discuter avec d’autres gens. Mais j’ai vraiment eu l’impression de découvrir le fandom en allant aux Utopiales.


Si tu ne veux pas que ton gosse finisse comme René-Marc,
ne lui fais pas lire ce livre !


NooSFere est né en 1999, il y a 22 ans donc, comment l’idée vous est-elle venue ? Qui se cache derrière le site ?

A l’époque, plusieurs personnes de ce groupe de discussions avaient des sites persos consacrés à des auteurs ou des livres chez le même hébergeur. Mais celui-ci a arrêté l’hébergement gratuit, et on a discuté de l’idée de se regrouper pour partager les frais. Une personne, Fabrice Fauconnier, a proposé de créer une asso, une vingtaine de personnes ont envoyé un chèque (alors qu’on ne s’était jamais vu !), Yann Minh a proposé le nom, et hop !, nooSFere a démarré. On ne se doutait évidemment pas que le site existerait toujours vingt ans après et aurait cette ampleur.

En 2003, une BDD de 20 000 livres et 2000 avis.

Près de 20 ans plus tard, 73 000 livres et 8500 critiques
Productifs les nooSferiens ?


La nooSFere, c'est de la SF. Nous sommes d'accord, la fantasy et le fantastique c'est de la merde ?

Bien sûr, mais tous les adhérents de nooSFere n’ont pas des gouts aussi raffinés que moi ! Plus sérieusement, nous sommes extrêmement larges dans ce que nous référençons dans nooSFere, je lis d’ailleurs beaucoup de livres qui sont à l’extrême limite des genres et que beaucoup de personnes ne classeraient pas en SF/fantasy/fantastique. Cela nous donne aussi plus de boulot pour tout référencer !

 

Les autoédités ont-ils le droit de vie sur la nooSFère ?

Oui, mais nous ne sommes pas proactifs sur les ouvrages autoédités. Nous passons déjà énormément de temps à référencer ce qui parait chez les éditeurs classiques, nous ratons une partie des publications des petits éditeurs, alors pour les autoédités, nous ne saisissons que ceux qui nous contactent ou dont nous entendons parler.

 

2500 visiteurs par jour et aucune publicité sur le site. Vous êtes plein aux as ou une bande de communistes anticapitalistes comme le laissent penser tes quelques billets sur La brèche numérique ?

OMG, le déterrage de vieux trucs ! C’est beaucoup plus simple : on a choisi dès la création de l’asso de refuser la publicité pour que le site soit propre. Notre budget est assuré uniquement par les cotisations des adhérents (autour d’une centaine), on est à peu près à l’équilibre et c’est un confort incroyable qu’on peut aussi se permettre, car on a les compétences pour tout gérer nous-mêmes. Mais tout le monde peut nous donner de l’argent via le bouton paypal de la page d’accueil…

Bifrost, Galaxies SF,  Fiction, il y a de nombreuses recensions provenant de diverses revues. Vous êtes les fossoyeurs des avis ? Avez-vous des partenariats avec ces revues ?

Bien sûr ! On demande l’autorisation aux revues (quand elles existent toujours) et aux chroniqueurs et chroniqueuses. On a notamment passé les premières éditions des Utopiales à repérer ces gens pour leur demander l’autorisation et leur présenter le site (on disposait d’ordinateurs installés par la cité des congrès à l’époque, cela nous a beaucoup aidé).

 

Crâneur !

Je suis lecteur de SF, je voudrais déposer un avis sur un roman, est-ce possible ?

C’est possible, mais pas automatique. On ne veut pas, autant que possible, que n’importe quoi soit posté sur le site, donc il faut nous contacter par mail, nous envoyer une chronique dont on va éventuellement discuter et corriger. On est pas Babelio ou Senscritique.


Noosfere est partenaire de pas mal de festivals, en quoi consiste ce partenariat ?

Tu es en retard, on ne fait plus rien pour les festivals, on se contente de les annoncer dans notre liste des événements.  On a longtemps hébergé le site des Utopiales, car au début ils n’avaient pas les compétences et ça les arrangeait, mais ce n’est pas notre métier, on ne peut pas fournir la même prestation qu’un véritable hébergeur, on a même eu un crash disque quelques jours après une édition des utos provoquant l’indisponibilité temporaire du site. On a juste encore les sites de certaines conventions françaises de SF, mais là c’est du fandom, ce n’est pas la même importance et la même fréquentation que le site des Utopiales.

 

Lune a montré l'exemple récemment en prenant son adhésion à l'association. À part un soutien à la Noosfere, qu'est-ce que cela peut apporter aux adhérents ?

Plein de choses ! Une fois adhérent, on peut travailler, saisir des nouveaux livres, scanner des couvertures, corriger les fiches des auteurs et autrices, bref choisir sa servitude ! Bon, il y a quand même une compensation : on peut gérer sa bibliothèque à un niveau impossible ailleurs, puisqu’on a les multiples éditions et retirages de chaque livre. Et c’est pas mal utilisé par les adhérents et adhérentes : on a aujourd’hui 185330 livres papier VF, 2269 livres papier VO et 7086 livres numériques dans leurs bibliothèques.

 


Pour moi, Noosfere est le site de référence en SF, un formidable contenu, mais qu'est-ce que ça pique les yeux même si des efforts ont été faits. Vous avez de la merde dans les yeux à force d'intégrer des milliers de couvertures hideuses ?

Tu touches le point noir du site : le design n’est pas top. D’une part, ce n’est pas notre priorité, on préfère ajouter des fonctionnalités, et d’autre part, nos pages contiennent énormément d’informations, ce qui complique la mise en page, notamment sur téléphone portable (ce qui représente plus du quart des visites). Et puis quand je compare à isfdb.org, qui est notre équivalent anglosaxon, je trouve qu’on est pas si moche… Mais ça fait plusieurs années que je veux travailler avec un ou une webdesigner pour vraiment améliorer ça. Faut juste que je trouve le temps…

 

Crâneur bis !

Mettons les mains légèrement dans le cambouis : hébergez-vous votre vos propres serveurs ou êtes-vous hébergé ailleurs ? Est-ce toi qui s’occupes de la maintenance ?

Nous sommes nos hébergeurs, nooSFere tourne sur deux serveurs dédiés. La maintenance de serveurs, c’est mon métier, j’en gère une centaine à mon boulot, alors deux de plus ou de moins…


Petite question très technique posée par une informaticienne, Mariejuliet pour ne pas la nommer : Combien faut-il de litres de gin rhubarbe pour saisir 11000 liens de nooSFere vers le site La Base De Donnée Francophone de l'Imaginaire ?

Je vais décevoir Marie, mais je ne bois qu’après avoir codé ! Pour les liens vers BDFI, ça a été assez simple : j’ai discuté avec eux du format de leur site et j’ai codé un script qui teste auteur par auteur. Ça n’a représenté que quelques heures de boulot, donc pas beaucoup de gin.

 

J’ai quelques représentations, dont l’une veut que les informaticiens ne sachent pas écrire. Cependant, j’ai croisé quelques développeurs et j’ai été très surpris par leur capacité à s’exprimer, à écrire dans un bon langage. A quoi cela est-il dû ?

C’est l’excellence du système éducatif français ! (ahem) Bon, une partie des informaticiens ont fait des études supérieures, ce qui implique un minimum de culture générale… Mais le développement implique de structurer sa pensée, pas forcément de l’exprimer, donc tous les développeurs ne sont pas loquaces…

 


Noosfere a t-il des équivalents étrangers ?

isfdb.org, bien sûr ; mais je ne connais pas vraiment d’équivalent ailleurs. Dans l’enthousiasme de la jeunesse, Fabrice avait monté un projet pour créer un site européen, on en avait parlé avec des gens de différents pays, tout le monde était enthousiaste, sauf quand on parlait budget et financement.


Est-ce toi le mécréant qui se cache sous le site https://sf.mecreant.org/ ? Peux-tu nous en toucher un mot ?

Oui, à une époque j’écumais les festivals et expo avec un appareil photo et je mettais tout ça en ligne sur ce site. Mais les smartphones sont apparus, j’ai moins pris mon appareil photo et j’ai plutôt posté mes images sur facebook ou twitter, ce que je regrette maintenant, car c’est bien plus périssable. J’ai décidé il y a quelques temps de reprendre mon appareil, mais tous les festivals sont tombés à l’eau…


René-Marc, Pierre-Paul, Jean-Daniel, le fandom SF est-il phagocyté par une certaine bourgeoisie ?

C’est surtout que la fandom est plein de vieux : les prénoms composés ont été à la mode dans les années 50/60.



Tu es bibliophile et collectionneur, lis-tu tout de même en numérique ? Que penses-tu de ce format ou celui de l’audiolecture ?

Le numérique me sert surtout pour la VO. Je suis aussi lecteur pour J’ai lu (je ne chronique d’ailleurs jamais de livres pour cet éditeur alors que ce sont forcément ceux que je préfère) et les agents anglosaxons envoient tout en numérique, donc je les lis sur ma tablette. Je préfère malgré tout lire sur papier, mais je suis bien incapable de te dire pourquoi. L’audiolecture ne m’attire pas, j’aime trop maitriser mon rythme et faire des retours arrière. Je n’écoute d’ailleurs quasiment pas de podcast pour les mêmes raisons.



Comment devient ton collectionneur ? Quelles sont les collections dont tu es le plus fier ?

Je le suis devenu par hasard, juste en ne pouvant pas me débarrasser de mes vieux livres. Je n’ai pas de fierté particulière, mais je suis content d’avoir des collections qui m’ont marqué comme lecteur (je ne crois pas collectionner beaucoup de livres pour leur esthétique). J’ai ainsi beaucoup de présence du futur, d’ailleurs & demain, ainsi que titres/sf qui m’a fait découvrir que le genre pouvait oser des trucs trash (j’ai d’ailleurs dit toute ma gratitude à la directrice de collection, Marianne Leconte, la première fois que je l’ai croisée !). J’ai aussi presque tout ce que l’atalante a produit dans les années 90, beaucoup de Denoël lunes d’encre… Ainsi que toute la revue galaxie de chez Opta et pas mal de fiction.

Je crois me rappeler un de tes tweets où tu disais t'être séparé de livres pour faire de la place pour d'autres. Comment fait-on pour choisir quoi garder ?




Oui, j’ai mis 40 ans avant d’envisager de me débarrasser de livres… J’ai commencé par virer tout ce qui me parait anecdotique, donc beaucoup de fantasy (arf) ou de la SF de faible qualité, ainsi que pas mal de romans que j’avais en double ou triple (et parfois plus…) et que j’ai donné à des proches. Mais il me reste encore beaucoup à faire.


Quels sont les moyens que tu mets en œuvre pour dégoter les perles rares qui te manquent ?

J’ai eu une grosse période ebay où il m’arrivait d’acheter des cartons entiers pour compléter noosphère (bonjour l’intégrale de jimmy guieu). Mais je me fournis surtout chez mon libraire (l’excellent Scylla) qui a un stock impressionnant.

Cette homme est devenu extrêmement riche grâce à rmdohl
Découvre toi aussi sa méthode ! (source)


J'imagine ta maison envahie de livres. Mais un jour, tu vas passer l'arme à gauche. As-tu déjà prévu l'après ? As-tu peur de voir ta collection partir aux quatre coins du monde ?

Alors ça, je m’en fous complètement pour l’instant. C’est plutôt mon fils que ça inquiète, il veut que je m’en occupe avant !

 

Comment ton entourage familial voit ta passion dévorante ?

Je ne suis pas le seul à avoir beaucoup de livres, donc ça règle le problème, on a chacun beaucoup de livres (et une grande maison, heureusement).


Pour moi, un livre est fait pour être lu. Prêtes-tu tes livres ou c'est sacrilège ?

Je ne les prête qu’à des gens de confiance qui ne les ouvrent pas à plus de 30 degrés.


Sur ton compte twitter, on voit du bookporn, de la foodporn et même du metalporn, mais aucune photo de tes chats. Tu n'aimes pas les chatons ?

Un bon chaton est un chaton mort.

 

Un autre amoureux des livres passionné de SF, Joseph Altairac, est décédé récemment, le connaissais-tu ?


Tous les gens qui ont trainé dans le milieu SF parisien ont connu Joseph. J’ai d’abord parlé avec lui sur les groupes de discussion, puis régulièrement dans les rencontres parisiennes ; c’était toujours un plaisir de discuter avec Joseph qui possédait une énorme culture et aimait la partager sans pédanterie.



Tu connais ma passion pour Robert Charles Wilson, que penses-tu de cet auteur ? Penses-tu que Spin est l'un des meilleurs bouquins de SF de ces 30 dernières années ?

Attends que je vérifie… hum, désolé, il n’est pas dans mon top10. Mais il est certainement dans mon TOP 50, c’est déjà ça, non ?


Quels sont les auteurs et autrices que tu préfères et pourquoi ?

J’ai une fascination totale pour Philip Dick, et ça a commencé alors que j’étais ado et que je ne savais pas du tout que c’était assez partagé en France. Ensuite, j’ai découvert James Ballard, John Brunner et Ursula Le Guin ; ce n’est pas le même niveau de fascination, mais je les aime beaucoup quand même. Du coté Français, dans le prolongement de Dick, j’ai dévoré Michel Jeury et Dominique Douay.
Plus tard, j’ai découvert Iain Banks, Neal Stephenson, Tim Powers et Ted Chiang. Si tu ajoutes Catherine Dufour et Ann Leckie, tu n’es pas loin d’avoir mon panthéon SF personnel. Hors SF, je ne vais surprendre personne en ajoutant George Orwell.



Finissons par quelques scénarios :

Lecteur de SF tu dois savoir quoi faire à la fin du monde. Qu’est-ce qu’il faudrait faire en cas de survenue d'une épidémie d'un virus inconnu qui envahit le monde ?

Pourquoi faire quelque chose ? Je ne suis pas sûr qu’on mérite de survivre.


Autre scénario , dans une ville imaginaire appelait disons Marsan, le maire Stéphan utilise son pouvoir pour harceler la gent féminine. Quelle serait selon toi la ville utopique bannissant ce style de comportement et prônant le vivre ensemble ?

Facile : Le monde deLimbo, de Bernard Wolfe : sans bras, sans jambe, avec une lobotomie ; la seule solution pour pacifier les hommes (on va encore dire que je suis pessimiste).


Je te laisse clore cet entretien si tu le souhaites…

Même si je parle souvent au nom de nooSFere (je m’occupe d’ailleurs des comptes facebook et twitter quand j’ai le temps), il ne faut pas oublier qu’on est une association et que beaucoup de monde travaille sur le site : Bruno Para gère la base de données et c’est un boulot énorme, mais il y a aussi une vingtaine  de personnes qui saisissent les livres, complètent les informations sur les auteurs et autrices, mettent à jour les évènements, écrivent des critiques, bref, c’est avant tout un travail d’équipe !

 

crédit : Alfred Zaillemeure
Il porte le masque pour ne pas montrer qu'il mâche un chaton !

 

 

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Entretien :
https://www.noosfere.org/icarus/articles/article.asp?numarticle=463

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C'est 30 € par an et encore moins cher si tu es pauvre


J'avais fait du teasing pendant trois jours sur les RS :


Premier indice :
Il s'agit de Céline Dion et feu mari René



Deuxième indice :
Il s'agit de marc de café

 



Troisième indice :
Il s'agit de l'actrice Ingrid Chauvin, devenu célèbre pour son rôle dans la série Dolmen : Dolhmen


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